Narcosis est un jeu de survie et d’horreur qui vous emporte dans une histoire au coeur des abysses. Seul, perdu dans les profondeurs de l’océan Pacifique, vous tentez de rejoindre la surface. Sans oxygène ni lumière, l’expérience sera terrible et petit à petit, la folie vous gagnera. En effet, les abysses sont aussi fascinantes, qu’inquiétantes et redoutables !
Développé par le collectif franco-californien, Honor Code, Narcosis est prévu sur Mac, PC (Steam), PS4 et Xbox One, courant 2016. Pour en savoir plus, découvrez la preview (ici) et notre interview de l’équipe, ci-dessous.
Joypad.fr : Quand et par qui a été créé le studio ?
Honor Code : Honor Code a été créé il y’a un an et demi par quelques français et un américain, tous professionnels du jeu vidéo, et désirant travailler hors des sentiers battus.
Joypad.fr : Quel est votre leitmotiv ?
Honor Code : Au delà du gameplay, du graphisme et de l’audio, il s’agit surtout de faire vivre une expérience. C’est quelque chose de très mental en fin de compte.
Joypad.fr : Quel est le parcours des personnes présentes chez vous (études, expériences professionnelles)?
Honor Code : La majorité des membres est issue de l’ENJMIN (École Nationale des Jeux et Médias Interactifs Numériques). L’équipe réunit des expériences sur des jeux et des licences telles qu’Assassin’s Creed, Metal Gear Solid, Remember Me, Syberia… Mais globalement nous sommes assez jeunes (moins de 30 ans en moyenne).
Joypad.fr : Narcosis est donc en premier lieu un jeu étudiant, développé durant la deuxième année de l’ENJMIN. Comment êtes-vous passés de projet d’étude à projet professionnel ? Quand et pourquoi un tel déclic ?
Honor Code : Après l’ENJMIN, on a continué de travailler dessus en effectif (très) réduit. On sentait qu’on tenait un truc intéressant, alors on a emprunté un PC portable et un Oculus Rift, et on s’est pointé à la GDC 2014 à San Francisco avec notre démo. La réception des joueurs et des journalistes a été enthousiaste, et on a fait nos premières connexions avec des gens de Microsoft, Sony, Oculus, Unity… En rentrant de San Francisco on s’est dit qu’on pouvait pas faire les choses à moitié. Soit on abandonnait, soit on se lançait à 100%. On s’est lancé à 100%.
Joypad.fr : Qui est resté de l’équipe d’origine et qui s’est rajouté ? Sur quelles compétences ?
Honor Code : Le noyau dur été composé des différentes compétences fondamentales (audio, design, graphisme, programmation), mais très vite on a ressenti le besoin d’étoffer notre groupe en incluant un scénariste-dialoguiste. On a aussi renforcé notre force de frappe en graphisme, passant d’un à quatre artistes. Actuellement l’équipe comporte dix personnes à temps plein, et quelques collaborateurs occasionnels.
Joypad.fr : Que pensez-vous des formations françaises pour le jeu vidéo ? Avez-vous quelques conseils à donner pour rentrer dans une bonne école ?
Honor Code : On sort de l’ENJMIN. C’est une très bonne école mais ce n’est pas la seule. Mon conseil serait de bien se renseigner et de tout donner pour entrer dans une des quelques meilleures écoles françaises. C’est un milieu compétitif, et sans être un sésame, l’école d’où tu es issu influera grandement sur ton avenir pro.
Joypad.fr : Honnor Code est un studio franco-américain. Quels sont les avantages et les inconvénients ? Le fait de travailler avec un auteur américain change-t’il votre façon de raconter une histoire, d’autres points de vue, une culture de l’horreur et du jeu différente ?
Honor Code : En effet l’équipe est composé d’un tiers de californiens, et deux tiers de français. L’anglais est donc de mise, et il faut composer avec les 9 heures de décalage horaire. C’est bien d’avoir du monde sur place aux USA, car plein de choses se passent là bas, que ce soit d’un point de vue media, business, ou communauté de joueurs. Notre auteur américain a travaillé avec diverses équipes internationales, ce qui lui donne une vision plutôt universelle. Quelque fois, on doit lui dire quand même « this is too american » !
Joypad.fr : Quels sont les principaux métiers ? En quoi consistent-ils ?
Honor Code : Assez classiquement, on retrouve des designers, des graphistes, des programmeurs… Mais également un scénariste-dialoguiste, qui représente un poste-clef dans l’élaboration de Narcosis.
Joypad.fr : Comment s’articulent ces différents métiers (hiérarchie, outils de communications, logiciels en commun…) ?
Honor Code : On a un directeur créatif, qui est le seul poste « hiérarchique » de l’équipe. Globalement, les responsabilités et les prises de décisions sont assez réparties.
Joypad.fr : Quels sont vos outils de production (crayons, feuilles, red bull, ordi, logiciels) ?
Honor Code : À l’échelle de l’équipe, on travaille avec Unity comme moteur de jeu, Skype pour la communication, Drive pour la documentation, et Tortoise pour le versionnement du projet.
Joypad.fr : Comment définissez-vous le genre de Narcosis, horreur, action, survie, simulation… ?
Honor Code : Narcosis est à la croisée des genres. C’est autant un jeu d’horreur que narratif. C’est aussi une histoire de survie, de résilience. Avec Narcosis on espère toucher le public comme Gone Home, Amnesia, Stanley Parable et Silent Hill, qui nous ont touché.
Joypad.fr : Vous présentez votre jeu avec l’Oculus Rift, et une version Morpheus était dans vos tiroirs. Qu’en est-il finalement ? Qu’apporte la VR (Réalité Virtuelle) dans le jeu vidéo ?
Honor Code : Notre priorité est de délivrer une version impeccable pour Oculus, PC et Mac. Mais que les joueurs Consoles se rassurent, la version Xbox One et PS4 (Morpheus) ne sont pas dans les tiroirs, mais bel et bien sur l’établi.
La VR apporte un niveau d’immersion qu’on ne peut atteindre avec un écran normal, pas même avec des lunettes 3D. Devant un écran, on est FACE au monde virtuel, avec la VR, on est DEDANS. La VR ne plaira pas à tout le monde, mais c’est une expérience à vivre, et Narcosis est idéal pour cela.
Joypad.fr : Quels sont vos moyens de financement ?
Honor Code : On a reçu un peu d’argent de différentes personnes qui nous soutiennent dans cette aventure, ainsi que nos propres économies. Comme on n’a pas de studio physique, on arrive à travailler avec des moyens très modestes.
Joypad.fr : Sur cette création, de quoi êtes vous le plus fier ?
Honor Code : Pour le moment on travaille, assidûment, humblement. La fierté, s’il y a lieu, viendra plus tard.
Joypad.fr : Avez-vous un regret ?
Honor Code : Quelques erreurs de production qu’on aurait pu éviter, mais c’est le lot commun de toutes les productions de jeux vidéo, même dans les grosses boites. On voulait se lancer et on l’a fait, et chaque jour on donne notre maximum. À partir de là, il n’y pas de place pour les regrets.
Joypad.fr : Un bon et un mauvais souvenir dans votre carrière ?
Honor Code : Bon, notre première démo devant les représentants d’Oculus qui s’est super bien passée. Ils ont vraiment accroché au projet.
Mauvais, notre première démo devant les représentants de Sony America qui, à causes de bugs et d’un PC portable pas branché sur secteur, a tourné à la catastrophe.
Joypad.fr : Comment vous différenciez-vous ?
Honor Code : On essaye d’être fidèles à notre vision, sans chercher à suivre une tendance ou à s’inspirer de ce qui fonctionne sur le marché. Narcosis ne plaira pas à tout le monde, mais ce n’est pas grave.
Joypad.fr : Qu’est ce qui vous pousse à continuer dans le domaine du jeu vidéo ?
Honor Code : L’amour du medium ? Rien ne nous pousse à arrêter en tout cas !
Joypad.fr : Le jeu vidéo est-il un art à part entière ?
Honor Code : C’est un medium, un moyen d’expression. À toi d’en faire quelque chose de plus ou moins artistique. C’est comme de la peinture. Tu peux repeindre ta barrière, ou faire la Joconde.
Joypad.fr : Un conseil pour monter son propre studio ?
Honor Code : Commence sans studio mais avec un projet déjà bien avancé. Assure-toi un noyau dur motivé et compétent, qui n’est pas là pour l’argent. Prend du plaisir à ça, sinon tu vas pas tenir la distance !