Découvrez notre interview de Yann-Cédric Mainguy, directeur eSport de GamersOrigin et Co-fondateur de LNL Consulting et du Meltdown. Un parcours riche en rebondissements d’un entrepreneur qui ne manque jamais d’idées ambitieuses et accomplies avec succès.
Joypad : D’où vient ton amour du jeu vidéo ? Et celui de l’eSport ?
Yann- Cédric Mainguy : Je suis tombé dedans quand j’avais à peine 3 ans et je n’ai eu de cesse de jouer jusqu’à l’âge de 24 ans quand je suis passé « de l’autre côté ». A 18 ans quand je suis parti faire mes études « à la ville » j’ai découvert les salles de jeu en réseau et je suis tombé amoureux de l’eSport dans l’une d’entre elle (Micro Evasion à Nantes, l’une des plus anciennes salles de France). Je n’ai jamais pu décrocher depuis :).
Quelle formation et quel parcours as-tu fait avant de fonder le Meltdown en 2012 (à seulement 28 ans) ?
Je n’ai pas vraiment fait d’études, un Bac S, un DUT Tech de Co et une première année de LEA validée, mais tout cela sans vraiment y prêter attention car ça ne m’intéressait pas. Je ne faisais que jouer h24 ;). A 22 ans, j’ai tout arrêté soudainement pour ne plus faire que jouer. Et à 24 ans, tournant un peu en rond dans les jeux, je me suis lancé dans le côté business du gaming et de l’eSport en travaillant d’abord pour Millenium puis Square Enix. Ensuite, j’ai monté une agence de community management et j’ai eu l’idée du Meltdown quelques années plus tard.
As-tu eu le soutien de tes proches (famille, amis) ?
Pas de ma famille non, ils ont toujours été contre ma passion pour les jeux vidéo, mais mes amis étaient tous passionnés de jeux oui. Par contre j’étais le seul à aimer l’eSport. Les autres jouaient pour se détendre, pas pour faire la compétition. Quand je me suis lancé dans le business, ça n’a pas trop surpris qui que ce soit mais ils ne pensaient pas que je pourrais en vivre.
Quelles difficultés as-tu rencontré et comment les as-tu dépassé ?
J’ai rencontré un milliard de difficultés différentes, le milieu n’existant pas, pas d’argent, pas de crédibilité (trop jeune) etc etc. Mais j’ai foncé tout droit sans regarder en arrière et sans me poser de questions et ça a marché :).
Tu es actuellement consultant à LNL, Co-fondateur du Meltdown, du Guru et de GamersOrigin. Et comme si ce n’était pas assez, tu aides aussi BeatMe, Shadow France, WGF GG…
D’où te vient ta force et ton énergie pour avoir autant de projets ?
Je suis insomniaque depuis l’âge de 7 ans, je ne dors que très peu et je récupère très vite. Du coup je peux travailler 20/24 sans me fatiguer et ça me donne un bel avantage par rapport à un travailleur lambda. De plus je n’aime pas rater des opportunités alors je dis oui à tous les projets et je m’y lance à fond :).
Où et comment as-tu trouvé les investissements nécessaires ?
Les premières boîtes ont été montées en fonds propre, avec mon argent et celui de mes associés à chaque fois. Au final, on a toujours réussi à s’en sortir plutôt bien. Et puis quand les projets ont commencé à marcher, les banques ont commencé à suivre et les investisseurs aussi :).
Tu as vécu l’ouverture du Meltdown. Depuis, quels ont été les événements les plus marquants ?
Pour moi, les événements qui m’ont marqué sont les différentes victoires de mes joueurs à diverses périodes, que ce soit l’époque de Millenium de 2007 à 2012 puis des joueurs Meltdown entre 2013 et 2015 et enfin depuis 2015 toutes les victoires de mes équipes chez GamersOrigin. La plus belle était sans doute la victoire de Luffy à l’EVO 2014 :).
Par ailleurs, un meilleur et pire souvenir dans l’ensemble de ta carrière ?
Le meilleur souvenir c’est sans doute l’opening du Meltdown 2 à Bastille mais en fait j’ai vécu tellement de choses extraordinaires ces dernières années que j’aurais du mal à choisir. Le pire moment a été mon départ du Meltdown.
En 2017, il semblerait que le Meltdown faisait 1 500 000 d’euros en chiffre d’affaire ? Est-ce exacte ? Ce montant inclut quoi ?
Je ne suis plus membre de Meltdown depuis 2015 donc je n’ai plus accès à leurs chiffres (j’ai vendu mes parts de la boite), mais à l’époque notre CA était constitué de vente d’alcool dans les bars, des royalties de nos franchises ainsi que de la vente d’events et sponsorings dans les bars.
Concernant GamersOrigin, quelle relation entretiens-tu avec tes joueurs (Coach, prof, ami, bourreau, entraîneur, leader…) ?
Je suis plutôt le grand frère un peu fou qui court dans tous les sens et qui est toujours à fond la caisse. Ils ont du mal à me suivre ;).
Sur quels critères les choisis-tu ?
Je ne choisis pas mes joueurs, on me propose des projets d’équipes sur divers jeux et j’analyse la pertinence pour GO d’aller sur ces jeux. Si le jeu m’intéresse, que l’équipe semble bonne, le projet solide et qu’on trouve les sponsors pour nous suivre, alors on fonce toujours :).
Es-tu seul à gérer le groupe ? Comment te débrouilles-tu pour “tenir” une dizaine de jeunes (hommes) de différentes nationalités ?
Nous avons une vingtaine de joueurs sur 5 – 6 jeux différents et chaque équipe a son manager attitré qui ne gère qu’une équipe. Ils ont aussi des coachs et divers staff qui travaillent avec nous (coach mental, community manager etc) donc on gère le tout, tous ensemble 🙂 et moi je fais tourner tout ce petit monde ^^.
Pourquoi HearthStone et LoL ? Ce choix pourrait-il changer, s’élargir ? Pourquoi ?
Quand je suis arrivé chez GO ils étaient déjà sur HS, qui était un jeu extrêmement en vogue à l’époque. Donc on est resté dessus car c’est notre jeu historique 🙂 En ce qui concerne LoL c’est le projet qu’on m’a proposé qui m’a plu. A l’époque, une place dans le trio de tête des équipes française était envisageable, on s’est lancé et on a tout raflé :). Maintenant qu’on est au top français, on continue l’ascension en Europe :).
Quels moyens (matériel, sponsors, communication, recrutement, entraînement) utilises-tu pour tes joueurs ?
Cela dépend des équipes mais toutes les équipes ont un discord attitré où on gère les diverses affaires courantes (inscriptions et organisation en LAN, contrats, recrutements, entrainements etc). Pour ce qui est des sponsors, c’est géré par notre équipe commerciale, et pour ce qui est du matériel la plupart des joueurs ont leur matos chez eux, sauf l’équipe LoL qui habite dans notre Gaming House en banlieue parisienne. Nos bureaux ont aussi une gaming zone qui nous permet d’organiser des bootcamps et autre session de team building.
Un petit mot pour expliquer ce que sont les gaming houses et les bootcamps ?
Une gaming house est une maison où habitent les joueurs et où ils s’entraînent en communauté. C’est extrêmement efficace pour s’assurer que les joueurs soient le plus performant possible. Les bootcamps sont des entraînements qui vont d’une à deux semaines dans des locaux adaptés au gaming et qui permettent au joueur de s’entraîner de façon plus intensive avant un événement important.
Question peut-être naïve, les meilleurs joueurs s’achètent-ils au plus offrant comme au foot ?
L’eSport fonctionne exactement comme le sport, il y a des contrats et les équipes peuvent acheter les contrats des joueurs des autres équipes. On appelle cela un buyout. Et la négociation se fait entre les deux équipes à coup de gros sous :).
Comment ça marche le changement d’équipe ?
Comme je le disais, une équipe en contacte une autre pour recruter un joueur. Ils se mettent d’accord sur un prix, une date et la communication et ensuite signent un contrat de vente du joueur.
De plus, comment se passe la gestion des cashprizes ?
Chez GO nous prenons 0% des cashprizes du coup c’est plutôt simple. On facture l’event du montant du gain et ensuite nos joueurs nous refacturent leur part.
Concernant l’avenir, quels projets (nouveau ou changement) prévois-tu ?
Nous allons bientôt annoncer pas mal de choses très importantes pour la mutation de GO mais malheureusement je ne peux pas encore en parler :/.
Une idée pour attirer plus de filles dans l’eSport ?
Des initiatives popent de partout depuis peu pour aider l’eSport féminin. Women in Games, la League Féminine de LoL, des conférences etc. On va y arriver :).
Enfin, un conseil pour celui ou celle qui souhaite vivre de sa passion, l’eSport ?
La seule et unique chose à faire c’est de se lancer, rejoindre une structure existante en bénévole, faire ses armes et continuer d’avancer en persévérant jusqu’à ce qu’on atteigne ses objectifs. Socialiser et se faire un carnet d’adresse intéressant est aussi une très bonne idée (en se rendant au Guru, un resto à Paris où pas mal de professionnels de l’eSport se rejoignent le weekend).
Article similaire : Débat sur l’eSport, quand le jeu vidéo entre en compétition