Dans ce dossier, en compagnie d’un rédacteur passionné (Julien Lecomte), nous abordons le lien entre l’univers du jeu vidéo et l’inoubliable Michael Jackson.
Roi de la pop, Michael Jackson est un artiste incontournable qu’il n’est pas la peine de présenter.
Et bien qu’il pourrait être intéressant de discuter autour des multiples talents de la légende (danseur, chanteur, musicien, inventeur, dessinateur,…); nous allons « seulement » aborder ce qui fait notre passion, les jeux vidéo !
En effet, l’artiste a fait plusieurs apparitions dans différents jeux, mais il semble surtout que l’homme était fort intéressé par le média. De plus, la superstar ne s’est pas arrêtée là, puisqu’elle s’est invitée à différentes occasions dans le monde vidéoludique.
De toute évidence, le roi de la pop adorait les jeux vidéo, au point d’en posséder une bien belle collection. Il semble d’ailleurs que la star avait une préférence pour SEGA.
Par quels jeux et quels moyens, l’artiste s’est fait une place dans notre média préféré ? Réponses dans cette première partie qui retrace le début de sa carrière dans le monde des pixels.
Moonwalker (1989-1990) :
Après le succès planétaire de l’album Thriller et l’engouement autour du court-métrage Captain Eo, Michael Jackson sort en 1987 son nouvel album BAD. Puis, en décembre 1988, le film Moonwalker surgit !
Le film est une sorte de comédie musicale fantastique qui comporte trois parties. La première retrace brièvement la carrière du chanteur. La seconde a pour but de promouvoir l’album BAD en regroupant les clips des nouvelles chansons (dont certaines exclusivités). Et la dernière partie est un mini film d’action-aventure enfantin. Le mini-film s’apparente à un Peter Pan des temps modernes dans lequel Michael sauve des enfants capturés par l’infâme méchant. Le vil personnage projette de conquérir le monde avec sa drogue. Il veut faire des enfants ses principaux clients, dans le but de les rendre dépendants très jeunes et d’assurer le succès de son business.
La VHS de Moonwalker est la vidéo musicale la plus vendue de tous les temps (battant ainsi The Making Of Thriller). Il n’est donc pas très surprenant de voir apparaître une adaptation éponyme en jeu vidéo pour appuyer la promotion du film et de l’album.
Entre 1989 et 1990, trois jeux vidéo sortent sous le nom « Michael Jackson’s Moonwalker ». Bien que tous reprennent l’univers du film et les musiques des albums Bad et Thriller; chacun de ces jeux est développé sur un type de plateformes différent et aborde un style de jeu spécifique.
En outre, le roi de la pop se rend en personne dans les studios de SEGA, afin de suivre et de collaborer sur l’avancée des différents projets.
Sur ordinateur, un jeu de réflexion :
En 1989, la première adaptation du film voit le jour. Le jeu se nomme Michael Jackson’s Moonwalker et il est développé par Emerald Software et Keypunch Software.
Le jeu est édité par U.S. Gold qui le propose sur sept ordinateurs personnels : Amiga, Amstrad CPC, Atari ST, Commodore 64, MS-DOS, MSX et ZX-Spectrum.
Le jeu comprend deux parties bien distinctes reprenant chacune une scène marquante du film :
– La première possède un gameplay de labyrinthe game (un peu dans l’esprit de Pacman), elle est inspirée de la séquence de « Speed Demon » (avec un Michael recherchant son costume de lapin pour échapper à des méchants humains qui le harcèlent, le tout dans un style de pâte à modeler). Cette partie est reconnue comme étant particulièrement difficile. – Et les deux derniers niveaux du jeu reprennent la scène du clip de « Smooth Criminal » avec un gameplay de jeu d’aventure/shoot de type NES. Ici, c’est plutôt une section assez mauvaise et qui nécessite de jouer en mode bourrin.
Sur consoles de SEGA, un jeu d’action/aventure en 2D :
L’année suivante, SEGA développe et édite l’adaptation du film sur les consoles Master System, Megadrive et Game Gear.
Le jeu fait l’objet d’une campagne promotionnelle assez importante pour un jeu de l’époque. Il fait notamment partie de la désormais légendaire campagne de publicité « WHAT NINTENDON’T » qui soutient la Megadrive de SEGA.
Il est également présent dans le numéro 2 de « Méga Force : le magazine des jeux de SEGA » avec la couverture et un poster géant du jeu inclus. Michael Jackson’s Moonwalker connaît aussi plusieurs publicités télévisées dont vous pouvez avoir un aperçu dans la vidéo qui suit :
Concernant le contenu de l’œuvre, c’est un jeu d’aventure/action en 2D avec des phases de plates formes. Celui-ci peut rappeler le gameplay d’un Shinobi. Au niveau de l’univers du jeu, le personnage de Michael Jackson traverse des niveaux en se débarrassant des sbires de M. Big (le grand méchant) et en libérant les fillettes (Katie) kidnappées. L’ensemble se déroule dans l’ambiance des clips du film Moonwalker et des plus grands clips de la carrière du chanteur comme Smooth Criminal, Beat It, Thriller, etc.
Un soin particulier a été apporté à l’animation du jeu. Effectivement, les coups du héros reprennent les célèbres pas de danse de la star, avec notamment le lancer de chapeau, le fouetté (coup de pied), le moonwalk… Allant jusqu’à une super technique (utilisant de l’énergie vitale) où Michael reproduit une séquence de la chorégraphie propre au clip du niveau. Il inflige alors des dégâts colossaux à tous les ennemis présents sur l’écran.
Au-delà du contraste dû aux capacités techniques de la machine, 8 bits sur Master System contre 16 bits pour la Mégadrive, il y a d’autres différences à noter entre les versions : – la technique du lancer de chapeau ne consomme aucune énergie sur Master System. – la super technique de danse a une consommation moindre sur Master System et Michael y danse tout seul contrairement à la version Mégadrive où Michael ensorcelle les ennemis présents qui vont effectuer la chorégraphie avec lui avant de manger sévère. – un mode 2 joueurs est présent sur Mégadrive (à tour de rôle). – le boss final est différent entre les deux versions : avec une phase de tir en vue cockpit du vaisseau spatial sur Mégadrive (vraiment pas terrible) et en mode shoot en vue extérieure d’un vaisseau sur 8 bits (un peu plus sympa).
Quant à la fin du jeu, elle n’est vraiment pas exceptionnelle, ceci dans les deux versions.
Sur bornes Arcade, un beat-them-all en 3D :
SEGA et Triumph (Michael Jackson : Game Concept) développent, toujours en 1990, une version arcade de Michael Jackson’s Moonwalker.
Le jeu est un beat them all en 3D isométrique comprenant cinq stages, ayant chacun trois sections. Quelques cinématiques sont présentes dans un style bd. La musique et les coups du personnage sont toujours inspirés du répertoire de l’artiste; néanmoins l’univers est beaucoup moins fidèle à une reproduction des clips de Jackson, car l’ambiance est plus fantaisiste et futuriste (bien que cette idée de voir un Michael se transformant en robot avec de nouveaux pouvoirs soit bien tirée du film).
Une autre nouveauté de cette version est la possibilité de pouvoir jouer à trois joueurs en mode coopération avec un Michael en costume blanc, un autre en rouge et le troisième en noir. La réalisation du jeu est, encore une fois, bien faite et elle est assez agréable, bien que plus originale par rapport aux autres adaptations.
Michael Jackson’s Scramble Training (1993) :
En 1993, SEGA développe un jeu vidéo appelé « Michael Jackson’s Scramble Training » pour leur attraction « Advance Simulator One » (AS-1).
C’est un simulateur de vol hydraulique géant et Michael Jackson en est le pilote. Il donne les instructions au joueur en piste. Celui-ci apprend les commandes puis exécute quelques manipulations/figures afin de valider et recevoir un brevet de pilote.
Michael Jackson, en plus d’être fan de jeux vidéo, admire également tout ce qui touche au cosmique.
Le simulateur de vol est sorti dans le parc d’attractions de SEGA en 1993. Cette même année, SEGA a silencieusement retiré « Scramble Training » à cause des (fausses) accusations qui éclatent à l’époque.
Aparté : Si je (l’auteur de cet article) parle de fausses accusations, cela ne vient pas uniquement de mon point de vue, mais bel et bien des résultats de l’enquête judiciaire de l’époque. Auquel nous pouvons ajouter le témoignage de Jordan Chandler (accusateur de l’affaire), qui en 2009, quelques jours après le décès de Michael Jackson, a avoué avoir menti à la justice sur toute l’affaire… mais revenons sur le sujet.
Michael Jackson et les nouvelles technologies :
Nous avons vu que Michael Jackson s’est impliqué dans une série de jeux vidéo autour de son film Moonwalker. Il est également intéressant de noter que la star est notamment et tout simplement un passionné de nouvelles technologies.
Cela s’est principalement remarqué avec ses clips vidéo qui ont changé le monde de la musique. Il est considéré par le milieu comme l’inventeur du clip vidéo, son influence a donné naissance à une véritable révolution du genre.
En effet, Michael Jackson veut et sait s’entourer de très grands afin d’obtenir un résultat de haut niveau. Aussi, il adore apprendre à leur côté et apporter sa touche personnelle.
Il n’y a qu’à voir les réalisateurs de ses clips et courts métrages pour s’en rendre compte. John Landis pour Thriller, Georges Lucas et Francis Ford Coppola pour Captain Eo, ou Martin Scorsese pour Bad, sont des exemples parmi tant d’autres. Il en est de même au niveau des musiciens avec Eddie Van Halen, Steve Porcaro, Greg Philinganes, etc.
Et que dire de l’innovation sur l’aspect danse, au point d’inventer un nouveau concept, de dessiner des plans avant de déposer les brevets dans le but de réaliser le mouvement du « lean » (fameux mouvement de penché vers l’avant du clip Smooth Criminal). L’artiste a également montré son intérêt pour les nouvelles technologies de par son processus de création de ses clips, mais aussi de ses chansons, en utilisant par exemple la sonnerie de son téléphone portable sur The Way You Make Me Feel (enregistré en 1986 : époque où le téléphone portable était encore ultra rare) ou en reprenant le bruit des battements de son coeur sur Smooth Criminal. Tout ceci uniquement dans le but d’apporter une complexité et d’ainsi perfectionner la mélodie de ses œuvres.
Nous pouvons aussi évoquer la première utilisation de la technique du morphing dans le clip de black or white, mais je vais m’arrêter là sinon je vais vous ennuyer. ^^
Retenons juste que l’innovation et les nouvelles techniques/technologies sont des maîtres mots pour l’artiste.
Et si ces éléments sont parfois connus, c’est nettement moins le cas concernant la grande amitié et le respect mutuel qui existent entre la superstar et Monsieur Akio Morita.
Hein ! Qui c’est que c’est que celui-là ??? Si vous vous posez la question, alors, lisez l’aparté ci-dessous … Sinon lisez-le quand même, car une piqûre de rappel, ça ne fait jamais de mal !
La vie d’Akio Morita et ses faits d’armes :
– Akio Morita est né le 26 janvier 1921 dans le village de Kosugaya, au Japon.
– La famille Morita possédait des productions de sauce saké, miso et de soja dans la péninsule de Chita, Aichi Prefecture depuis 1665. Il était l’aîné de quatre frères et sœurs et son père, Kyuzaemon, l’a formé dès le plus jeune âge à reprendre l’entreprise familiale.
– Akio a trouvé sa véritable vocation dans les mathématiques et la physique. En 1944, il sort diplômé en physique de l’Université Imperial d’Osaka.
– Il a ensuite été nommé sous-lieutenant dans la Marine impériale japonaise, et a servi durant la Seconde Guerre mondiale. Pendant son service, Morita a rencontré son futur partenaire d’affaires Masaru Ibuka dans un comité de recherche de guerre de la Marine.
– Le 7 mai 1946, Morita et Ibuka fondèrent Tokyo Tsushin Kogyo Kabushiki Kaisha (Tokyo Telecommunications Engineering Corporation, l’ancêtre de Sony Corporation) avec environ 20 employés et un capital de 190 000 ¥. Ibuka avait 38 ans, Morita, 25. La famille de Morita investit dans Sony pendant la première période et en était le principal actionnaire.
– En 1949, la société développa une bande d’enregistrement magnétique et en 1950, vendit le premier magnétophone au Japon.
– En 1957, elle produit une radio de poche (la première à être entièrement transistorisé), et en 1958, Morita et Ibuka décident de rebaptiser leur entreprise Sony (dérivé de « Sonus » (Latin pour « son », et « Sonny » (garçons, expression américaine la plus courante).
– En 1960, il produit la première télévision à transistor dans le monde. En 1973, Sony reçoit un Emmy Award pour sa technologie de télévision-set Trinitron.
– En 1960, la Sony Corporation of America (SONAM, aussi abrégée en SCA) est créée aux États-Unis.
– En 1961, Sony Corporation est la première société japonaise à être cotée à la Bourse de New York, sous la forme d’American Depositary Receipts (ADR).
– En 1975, il produit le premier enregistreur vidéo Betamax maison, un an avant que le format VHS ne sorte.
– En 1979, c’est le Walkman qui est introduit, ce qui en fait le premier lecteur portable de musique au monde.
– En 1984, Sony lance la série Discman qui a étendu leur marque Walkman aux produits de CD portables.
– En 1988, Sony a acheté CBS Records Group, qui se composait de Columbia Records, Epic Records et d’autres étiquettes de CBS.
– En 1989, Sony a acheté Columbia Pictures Entertainment (Columbia Pictures, Photos TriStar et autres).
– Morita a été victime d’un accident vasculaire cérébral en 1993, lors d’un match de tennis. Le 25 novembre 1994, Morita a démissionné du poste de président de Sony. Il est alors remplacé par Norio Ohga, qui avait rejoint la société dans les années 1950 après l’envoi d’une lettre à Morita dénonçant la mauvaise qualité des bandes des enregistreurs de l’entreprise.
– Le 3 octobre 1999, Morita meurt d’une pneumonie, à Tokyo, à l’âge de 78 ans.
Maintenant que vous connaissez un peu le monsieur, nous pouvons dire qu’au vu de l’intérêt commun porté par les deux hommes envers l’évolution des nouvelles technologies, et plus largement dans une recherche d’amélioration du quotidien, il n’est pas totalement farfelu de comprendre que ces deux visionnaires se soient côtoyés, vénérés, appréciés et respectés mutuellement.
C’est donc tout naturellement qu’ils ont entretenu pendant de longues années, une réelle et sincère amitié de leur rencontre jusqu’à la fin de leur vie. P.S : Si jamais vous passez à Tokyo, n’hésitez pas à aller visiter le Memorial Hall qui rend hommage à M. Akio Morita.
Merci à Julien Lecomte pour la rédaction de cette première partie et rendez-vous la semaine prochaine pour la suite !
Petite, Aurélie faisait du poney sans selle et décapitait ses barbies. Plus grande, elle réclamait des billes et un robocop. On lui disait "Plus tard, tu feras du dessin, à quoi elle répondait, "Non je veux faire du jeu vidéo". Ses premiers amours, Crash, Abe et Donkey l'ont finalement amené à faire une licence de dessins (LISAA), puis un Master graphisme dans une école de jeu vidéo (l'ENJMIN). C'est à ce moment qu'elle commença à écrire sur le jeu vidéo et la peinture, pendant un an dans IG mag. Une chance de plus qui l'amena au monde de la rédaction. Après quelques conduites de projets pédagogiques sur l'art et le jeu vidéo (pour prouver au monde entier que jouer est fondamental), la petite est toujours petite mais un peu moins. Et c'est avec eurogamer.fr devenu joypad.fr qu'elle continue à parler du jeu vidéo comme une culture, voir une forme artistique.
Et plus que tout je mange du Lion au réveil, en chevauchant mon Poney
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