Interview sur Pokolpok : Apprendre en s’amusant… chez les Mayas !

Pokolpok est une application ludo-éducative qui associe dessins animés et jeux éducatifs ! Dans un univers maya où se poursuit l’aventure des jumeaux Huna et Balanke, des jeux d’éveil et d’apprentissage sont proposés aux enfants de 3 à 7 ans. Tout au long de cette aventure riche en rebondissements, chaque défi comprend un apprentissage comme la reconnaissance des couleurs, des lettres, des formes ou encore le calcul. De plus, un espace est dédié aux adultes pour suivre l’apprentissage et les progrès de l’enfant. Les premiers épisodes sont disponibles dès maintenant sur iOS et Android, affaire à suivre sur les réseaux sociaux, via Facebook et Twitter.

Pour en savoir plus sur Pokolpok et son développement, découvrez notre interview de Fabien Goupilleau, chef de projet et responsable communication chez Apprentice Player.

Questions sur le projet :

Aurélie Knosp : Bonjour Fabien. Que fais-tu dans le beau monde du jeu vidéo et quel est ton rôle sur Pokolpok ?

Fabien Goupilleau : Bonjour Aurélie, je travaille dans le jeu vidéo depuis plusieurs années maintenant. Je suis actuellement chef de projet et responsable communication pour le studio Apprentice Player, basé à Nantes. Apprentice Player crée et édite des jeux éducatifs afin de proposer aux enfants des produits adaptés à leurs apprentissages. Je m’occupe plus spécifiquement du jeu Pokolpok, jeu éducatif sur tablette et mobile pour les enfants de maternelle, dont l’histoire se déroule chez les mayas.

Combien de personnes ont travaillé sur les trois premiers épisodes et pendant combien de temps ?

Nous travaillons sur Pokolpok depuis près de 2 ans. En tout, ce sont une dizaine de personnes qui ont travaillé dessus à temps plein. Nous avons actuellement 3 épisodes de sortis, mais les suivants ne vont pas tarder à pointer le bout de leur nez !

Quel est le métier de chacun et en quoi consiste-t-il ?

Nous sommes une équipe plutôt complète. Je suis le chef de projet, autrement dit, le chef d’orchestre, qui s’occupe de coordonner tous les autres membres de l’équipe. L’équipe possède plusieurs développeurs et intégrateurs, dont le rôle est de réaliser les fonctionnalités du jeu, et d’intégrer les différentes scènes du jeu au sein de l’application. Nous avons bien évidemment plusieurs artistes 3D. L’un s’oriente plus vers le character design, et s’occupe de la création de tous les personnages du jeu. Le second est un environment artist, et réalise tous les décors. Nous avons également des animateurs, qui s’occupent de récupérer les éléments 3D, et de les animer pour nos cinématiques.

Quelle est l’idée d’origine ? Le résultat correspond-il à vos attentes ?

L’idée d’origine était de réaliser un jeu éducatif pour les enfants de maternelle, sur iPad, dans un univers maya. Après 2 ans de travail, le résultat s’approche de plus en plus à nos attentes. Nous souhaitons faire évoluer nos premiers épisodes en terme de difficulté, mais tout le reste correspond désormais à ce que nous souhaitions au départ !

Pourquoi avez-vous choisi l’univers des mayas ?

C’est un univers qui n’est pas énormément représenté dans les jeux vidéo. Nous souhaitions nous démarquer par rapport à cela. En plus, l’univers maya est super coloré, et nous permet de raconter des dizaines et des dizaines d’histoires pour les enfants ! En fait, c’est autant un choix personnel que stratégique. Nous adorons tous l’univers maya !

Quelles sont vos sources d’inspiration (que ce soit en termes d’histoire mais aussi de gameplay et de serious game) ?

Nous nous inspirons du Popol Vuh, la bible maya, pour la totalité de nos histoires. Bien sûr, nous l’adaptons aux enfants, car l’histoire d’origine est plutôt sanglante ! Ahah. Pokolpok se veut totalement sécurisé et sécurisant pour les enfants : aucune allusion sexuelle ou de violence n’est permise ! En terme de gameplay, nous n’avons pas réellement d’inspiration. Nous reprenons le programme de l’éducation nationale, et nous voyons comment nous pouvons l’intégrer dans des mini jeux qui collent à l’histoire et qui sont jouables par des enfants de maternelle !

Avez-vous pensé à développer votre jeu sur d’autres supports (livre, dessin animé, site internet…) ?

Nous avons déjà étendu notre domaine en passant des iPads à toutes les tablettes ! Puis aux smartphones ! Chaque chose en son temps. Mais nous n’écartons aucune possibilité. Tout dépendra de la demande.

Pourquoi le choix du jeu vidéo/ ludo éducatif comme support à l’éducation ?

Nous sommes partis du principe que tout s’apprend beaucoup plus facilement par le jeu ! Surtout lorsqu’on est un jeune enfant. Du coup, toutes les notions vues à l’école maternelle se retrouvent dans notre application sous forme de jeux. Un vrai moyen de conforter l’enfant dans ses apprentissages, par le jeu vidéo !

Comment avez-vous financé le développement du jeu ? Avez-vous reçu des aides ?

Nous avons en effet reçu plusieurs aides pour le développement du jeu, comme par exemple les labels « Initiative Nantes » et « Initiative Remarquable » (http://initiativeremarquable.com/) ! Ces labels appuient la qualité de nos réalisations, et nous ont permis de débloquer des fonds supplémentaires pour subvenir aux besoins du studio.


Questions sur le jeu :

Peux-tu nous expliquer l’histoire de ces deux jumeaux, de Vukub et des trois dieux ?

Expliquer l’histoire sans spoiler tout le monde sur la suite va être assez compliqué ! Mais pour faire simple, les jumeaux, Huna et Balanke, sont nés d’un arbre à fleurs (oui oui !). Ils ont été adoptés par une grand-mère maya (dont personne ne connait le nom !). Très rapidement, les différents dieux mayas leur apparaissent et leur donnent plusieurs missions. La première est de remettre Vukub sur le droit chemin. Vukub est un énorme oiseau, demi-dieu. Il est très orgueilleux et cela le pousse à commettre des actions plutôt mauvaises. Mais il n’a pas un méchant fond. Les jumeaux arriveront-ils à faire comprendre à Vukub qu’il est préférable d’être gentil et bienveillant ? La réponse dans les prochains épisodes de Pokolpok !

Êtes- vous inspirés par des légendes mayas ?

Nous nous sommes en effet inspirés des légendes mayas pour réaliser nos histoires. Elles sont toutes tirées du Popol Vuh, la bible maya. Attention, elles sont inspirées, et ne reprennent absolument pas fidèlement ce qui est décrit dans le Popol Vuh. Le Popol Vuh est extrêmement violent, et n’est pas du tout adapté aux enfants. Mais nous trouvions l’univers ainsi que les différents personnages très intéressants pour nos différents artistes 3D.

Quel est le public visé (quelle tranche d’âge) ? Quel est le rôle des parents, que peuvent-ils faire ?

Pokolpok vise les enfants de maternelle. Toute notre application, disponible sur iOS et Android, est adaptée pour eux. Que ce soit dans les notions d’apprentissage, la difficulté des mini jeux, le rythme de l’histoire, les différents graphismes, nous avons tout pensé et réfléchi pour que les enfants de 3 à 7 ans puissent apprendre en s’amusant. Les enfants peuvent jouer à Pokolpok en totale autonomie, puisque le jeu est sécurisé et ne demande aucune connexion internet. Mais nous conseillons tout de même aux parents de les accompagner tout au long de leur phase de jeu. C’est toujours un moment agréable à passer en famille !

Quelles compétences faîtes-vous travailler aux enfants et comment ? De quelle pédagogie vous inspirez-vous ?

Nous nous inspirons du modèle de l’éducation nationale française pour faire travailler aux enfants l’apprentissage des couleurs, des lettres, des chiffres, ou encore de la logique. Nous avons également des mini jeux sur l’anatomie des animaux, notion que des enfants parfois plus âgés ont du mal à maîtriser ! Et, bien entendu, nous les faisons travailler de façon totalement naturelle sur leur rapport aux nouvelles technologies, et l’utilisation des tablettes tactiles !

Quel est votre rapport à l’erreur, quelles sont les récompenses ?

Nous partons du principe que l’enfant a totalement le droit à l’erreur. Il est là pour apprendre en s’amusant. S’il se trompe trop de fois sur le même jeu, des cinématiques d’encouragement lui sont jouées. Nous ne le pénalisons pas, ce n’est pas le but. Concernant les récompenses, elles sont simples : l’accès à un dessin animé si l’enfant réussit à terminer son jeu et donc sa notion d’apprentissage. Entre chaque niveau du jeu, nous jouons également de nombreux effets spéciaux, très appréciés par les enfants.

Comment et avec qui avez-vous fait des playtests ? Quels sont les premiers retours ?  

Nous avons fait des playtests avec un grand nombre d’enfants ! Environ 400 enfants, répartis dans tout l’ouest de la France, et dans la tranche d’âge 2-10 ans. Pour cela, nous nous déplaçons dans des salons dédiés à la petite enfance, ou à la famille. Nous avons notamment couvert les Utopiales à Nantes, ou encore la Foire Internationale de Rennes. Les retours sont vraiment excellents. Enfants et parents adorent l’application ! Nous avons eu quelques petits retours négatifs sur un des jeux, jugé trop simple par les enfants les plus âgés. Mais nous sommes déjà en pleine amélioration de ce jeu, qui saura désormais ravir les plus grands d’ici quelques jours !

Questions pour la suite :

Comptez-vous retoucher les épisodes déjà sortis ? Si oui, pourquoi et comment ?

Nous sommes en effet déjà en pleine retouche des épisodes déjà sortis. Le premier épisode a parfois été jugé beaucoup trop simple pour les enfants en limite de cible (6-7 ans). Nous avons donc réfléchi à de nouveaux gameplays et de nouvelles difficultés, qui sont actuellement en développement et qui devraient être en ligne d’ici quelques jours. Quant à l’épisode 2, nous nous sommes aperçu que nous pouvions ajouter de nouveaux animaux pour augmenter le vocabulaire et les connaissances de l’enfant. Nous avons donc doublé le nombre d’animaux, et cela sera également en ligne d’ici quelques jours ! Bref, Pokolpok est en constante évolution, ce qui permet aux enfants de rejouer à volonté.

Quelles sont les compétences (ou disciplines) travaillées dans les prochains épisodes ?

Nous allons parler des épisodes 4 et 5, qui vont voir le jour d’ici quelques semaines. L’épisode 4 sera entièrement dédié à l’anatomie des animaux. Nous travaillons avec plusieurs instituteurs, qui nous ont rapporté que beaucoup d’enfants ne connaissaient pas les parties du corps des animaux. Il nous paraissait donc important de traiter ce point là rapidement. Quant à l’épisode 5, il sera en rapport avec les chiffres. Nous ne demanderons pas à des enfants de maternelle de savoir effectuer des calculs ! Mais nous souhaitons les accompagner dans leur apprentissage des chiffres, et qu’ils apprennent à compter avec Pokolpok.

D’après toi, comment va évaluer le jeu vidéo éducatif ? VR, transmedia, liens avec les écoles…

C’est une question vraiment difficile. De mon côté, j’ai beaucoup de mal avec la VR… C’est une technologie qui demande actuellement beaucoup trop d’efforts et de coûts pour se démocratiser rapidement. Mais il faut voir d’ici une quinzaine d’années. En revanche, je crois énormément à la puissance du transmedia. Sans aucun rapport avec l’éducation, on peut facilement voir l’impact qu’a eu la websérie Noob en multipliant ses supports. C’est un modèle de réussite pour beaucoup. Beaucoup d’écoles se mettent petit à petit à l’utilisation des nouvelles technologies pour leurs cours. C’est une petite révolution pour nous, qui créons des jeux éducatifs pour les enfants !

Un dernier mot pour rassurer les parents sur les bienfaits du jeu vidéo ?

Les jeux vidéo, quand ils ne sont pas pratiqués à l’excès, sont extrêmement positifs pour l’enfant. J’ai moi-même appris l’anglais très jeune grâce à différents jeux vidéo (qui n’étaient pourtant pas éducatifs !). Je généraliserais même à l’utilisation des nouvelles technologies pour les enfants. Certains parents souhaitent tenir leurs enfants hors de tout cela, mais c’est une grosse erreur. Un usage dès le plus jeune âge peut être très bénéfique quand il est bien cadré ! C’est d’ailleurs ce que prouve cette étude de l’académie des sciences.