Créer un empire des transports en créant des voies de communication et en les exploitant sur fond d’avancées technologiques qui vous font passer des attelages à chevaux aux trains à grande vitesse : en voilà une bonne idée. Sur le papier, Transport Fever propose un concept de rêve pour un jeu de gestion. Mais comme souvent dans le domaine des grands chantiers, il y a une énorme différence entre le plan et la réalité.
Que ce soit en mode scénarios ou en bac à sable, le jeu vous fait commencer avec un petit capital, une région à « exploiter » et la possibilité de construire des routes, des rails et autres voies de communications. À vous d’exploiter au mieux la région pour établir des routes de marchandises, des liaisons fiables pour les voyageurs qui sont autant de moyen de vous assurer des revenus réguliers.
C’est là que les problèmes commencent. En effet, le jeu porte très mal son nom, et en fait de Transport Fever il devrait s’appeler Transport Migraine. Pour commencer, l’interface date de Mathusalem et tout y est pénible. C’est bien joli de vouloir construire une ligne de voyageurs, mais vous n’avez presque aucun feedback sur la demande et ce qu’elle rapporte. Aucune info sur ce que vous rapporte telle ou telle marchandise, aucun moyen de modifier le prix de vos prestations ou de connaître l’évolution prévue du trafic. Tout se fait au jugé, à l’instinct, ce qui est un comble pour un titre qui se veut une simulation relativement pointue.
Pire, si vous ne faite pas gaffe, c’est à dire si vous ne trifouillez pas au fin fond de trois menus bien cachés, votre train vedette de marchandise va transporter du bœuf alors que vous voulez du charbon. Rien que changer la composition d’un train est un petit travail à plein temps. Et bien entendu, le jeu se traîne ! Il faut parfois deux heures de jeu pour vous apercevoir qu’un de vos choix n’est pas viable, et bien entendu, la partie est perdue quand vous allez vouloir changer ça. Car comme tout jeu mal foutu, Transport Fever est difficile.
Vivement la gréve
Ajoutons la plaie ultime : la possibilité de tracer ses parcours. Le jeu tient compte des lignes de niveau, de la courbure des voies etc. Et là encore c’est la misère. Pour avancer efficacement, il faut procéder par tronçons, mais avec le risque de ne pas pouvoir relier deux points éloignés pour cause de pente trop forte, de fonds insuffisants ou de gêne avec le décor. Mais vous n’avez pas le droit à l’erreur, et il faudra dépenser avant de pouvoir supprimer et corriger. Dans un jeu où l’argent ne coule pas à flots, c’est impardonnable.
C’est dommage car il y a une poignée de bonnes idées mal exploitées. Par exemple, les régions où vous tentez de faire affaire entre deux combats avec l’interface évoluent. Les villes grossissent, les entreprises changent un peu. De même, le progrès permet de remplacer vos vieux véhicules par d’autres plus performants, plus rapides.
Coté réalisation, les graphismes sont au top de ce qui se faisait en 2007. La palette de couleur évoque avec joie les extravagances de la télévision polonaise des années 70 mais on peut se glisser en vue à la première personne pour profiter des horribles paysages depuis une locomotive ou le siège conducteur d’un tramway.
Bref, à moins d’avoir beaucoup trop de temps libre et un amour inconsidéré pour l’utilisation d’un tableur la main trempée dans un café bouillant, Transport Fever est à éviter. Les enjeux ludiques sont faibles pour ne pas dire inexistants, la réalisation ne tient pas compte de l’utilisateur et la vie est beaucoup trop courte pour savoir si votre liaison entre deux villes germano-suisses est viable ou non au bout de 3 heures. Non seulement le jeu n’apporte rien de nouveau au genre, mais il est ennuyeux et pénible comme un joueur d’accordéon dans le métro, le jour où vous avez oublié vos écouteurs.
Conclusion du rédacteur : MAUVAIS
Trop vieillot, mal foutu et sans intérêt ludique, Transport Fever est au jeu ce que la ligne 13 du métro parisien est aux croisières de luxe.
Points forts :
Grosse diversité de véhicules
L’évolution dans le temps
On peut couper la musique
Points faibles :
Interface pour masochistes
Manque d’infos économiques
On peut écouter la musique
Éditeur : Gambitious Digital Entertainment – Développeur : Urban Games – Genre : Simulation – Sortie : 8 Novembre 2016 – Plateformes : PC
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