Subject 13
Ghost
Scénario à la J.J Abrams
Certains puzzles procéduraux
Faits archéologiques réels
Interface à l’ergonomie imprécise, ainsi que les zones de sélection
Enigmes redondantes
Dernière épreuve à se tirer les cheveux (Si vous en avez encore)
Jeu d’acteurs pas toujours à la hauteur
Paul Cuisset a vécu une ascension fulgurante dans les années 90. Papa du grandiose Flashback et du très fun Moto Racer, ce monsieur est rapidement devenu l’un des piliers de la « french touch » (avec Frederick Raynal et Éric Chahi). Malheureusement, ces derniers temps, le créateur a connu quelques difficultés avec Amy et Flashback HD. Non pas que ces jeux soient mauvais, mais la critique internationale a été assez tiède, pour ne pas dire virulente par moments. Mais quand on aime, on ne compte pas. Passionné comme au premier jour, Paul Cuisset revient avec Subject 13 à ses premières amours : le point & click (financé par une campagne Kickstarter). Ne vous attendez pas à un voyage dans le passé, le titre est parvenu à trouver sa propre identité. Malgré de nombreux défauts, son interface « touch screen », son univers et son scénario auront de quoi interpeler les joueurs curieux. Si vous souhaitez découvrir tous les mystères qui se cachent derrière Subject 13, franchissez le pas et embarquez pour une nouvelle dimension.
Les inspirations de Subject 13 sautent à l’esprit, tel un facehugger alien qui s’accroche à la tête de sa victime. Même le nom du jeu fait référence à l’une des œuvres du maître J.J Abrams (le réalisateur du prochain Star Wars). Le scénario du jeu est un savant mélange de Lost et de Fringe, à base d’île tropicale, d’expériences obscures et de dimensions parallèles. Vous incarnez Franklin Fargo, un scientifique au bout du rouleau qui ne supporte plus de vivre sans la femme de sa vie. En retard à un rendez-vous qui a changé son existence, le pauvre homme assiste impuissant à la mort de sa bien aimée lors d’une rixe qui tourne mal. L’aventure commence huit ans plus tard, alors que Franklin décide de se supprimer, au volant de sa voiture. Le véhicule finit sa course au fond d’un lac et s’enfonce dans les profondeurs. Le scientifique, inconscient, disparaît d’un coup comme par enchantement et se réveille dans une étrange sphère.
Le gameplay du jeu s’articule autour de mécaniques relativement classiques, basées sur trois actions : observer, utiliser et prendre. Vous pouvez également combiner certains objets entres eux quand une icône spécifique apparaît. Jusque là, rien de nouveau sous le soleil. On sent tout de même que ce point & click a été prévu initialement pour une technologie mobile. L’interface est parfaitement adaptée pour coller nos gros doigts boudinés sur un écran tactile. Ainsi, on se retrouve à glisser le pointeur en cliquant longuement sur le bouton de souris adéquat. Ceci afin d’ausculter des objets 3D sous toutes les coutures, ou même manipuler certains d’entre eux pour découvrir leurs secrets. Malheureusement, ces manipulations manquent cruellement d’ergonomie et il faut souvent s’y reprendre plusieurs fois pour réaliser l’action souhaitée. L’autre bémol, ce sont les zones de sélection, on veut cliquer sur un objet et on clique sur autre chose. Si cela ne concernait que quelques éléments du jeu, ça serait excusable. Le problème, c’est que le jeu entier pâtit de cette tare…
La progression dans les premiers chapitres est plutôt aisée. On ne se casse pas la tête, les énigmes et les mini-jeux sont accessibles. Un bon point. Il est toutefois regrettable de retrouver les mêmes casses-têtes à deux ou trois reprises. Pour l’originalité, on repassera. Heureusement, le titre de Cuisset a un autre tout : certains puzzles sont générés de façon procédurale. En d’autres termes, cela signifie que l’énigme évoluera d’une partie à une autre. Gros point noir en revanche pour la dernière épreuve (un mini-jeu qui faisait fureur dans les années 90, mais chut, pas de spoil) qui, malgré son concept intéressant, s’éternise et finit par lasser. Il faut non seulement ne pas être allergique à ce jeu (contrairement à moi), mais en plus avoir une patience en acier inoxydable. La résolution de ce casse-tête prend au minimum une vingtaine de minutes et le tout est d’une répétitivité à se mettre la tête dans le mur. Alors oui, on peut voir cette ultime phase comme le boss de fin, mais en l’état, ça ressemble plus à une augmentation artificielle de la durée de vie.
Attardons-nous maintenant sur un aspect plutôt intéressant du jeu : son réalisme. Si le scénario est composé en grande partie de science-fiction, l’histoire s’intéresse également à la civilisation maya, à travers de véritables faits archéologiques. Aussi bien ludique qu’éducatif, Subject 13 vous initie au système numérique du peuple maya (dont les descendants sont toujours parmi nous) : la méthode dite Vigésimal. De la théorie, on passe à la pratique. On se retrouve devant une énigme, particulièrement complexe, qui vous invite ensuite à mettre en pratique tout ce que vous avez appris. Pas de doute, l’équipe de Paul Cuisset doit avoir un goût prononcé pour cette civilisation. Dommage que ces séquences soient en nombre limité…
Conclusion du rédacteur : Moyen
Subject 13 nous plonge dans une intrigue des plus passionnantes, inspirée des œuvres de J.J Abrams. Ce point & click propose une nouvelle façon de jouer mais n’évite pas certains écueils, la faute à des jeux d’acteur un peu légers et qui font parfois sourire. Pour le reste, il faut avouer que la partie musicale, signée Olivier Derivière, est excellente. On regrette juste que certains sons tournent un peu trop en boucle (surtout lors des énigmes). La force de Subject 13 vient de son scénario, prenant, qui pousse à aller au bout de l’aventure. Il faut tout de même garder à l’esprit qu’il s’agit d’un jeu indépendant au prix de 10 euros (si on fouille bien, sinon c’est 20 euros sur Steam). Si le succès est au rendez-vous, on aura sans doute le droit à une suite. En espérant, cette fois, que la replay-value soit présente. Ce qui n’est pas le cas de cette première tentative (à moins que vous n’ayez l’envie de connaître absolument tous les dialogues).
Éditeur : Microïds – Développeur : Microïds – Supports : PC – Date de sortie : 28 mai 2015