Splatoon va diviser. Oui, c’est une certitude, le titre de Nintendo ne fera pas l’unanimité. Cela fait des années que le constructeur n’a pas lancé une nouvelle licence et cela reste toujours un exercice délicat. En gestation depuis les débuts de la Wii U, Splatoon est un TPS que l’on pourrait qualifier de familial, où les armes habituelles sont remplacées par des pistolets et autres gadgets à peinture. Titre convivial par excellence, il aura la lourde tâche de nous faire lâcher, pour un temps, un certain Mario Kart 8. Alors Splatoon va t-il faire couler beaucoup d’encre ?
Splatoon, c’est l’histoire de Inklings (en gros, les personnages que l’on incarne) qui s’affrontent pour la conquête du territoire. C’est aussi simple que ça. N’espérez pas de fioritures scénaristiques ou de quêtes en tout genre, le jeu de EAD garde sa ligne de conduite du début à la fin. D’ailleurs, le mode d’emploi est tout aussi sobre dans sa présentation. Passé le flash spécial nous informant des dernières nouvelles du moment, on débarque à Chromapolis. Sorte de réplique miniaturisée de Tokyo, cette ville possède un quartier animé qui sert de place centrale à chacune des activités. Première constatation, on retrouve un peu le hub de Nintendo Land avec ses individus qui regroupent aussi bien des joueurs que des PNJ du jeu. Peu étendue, cette zone permet de se balader tranquillement ou de taper la discute. C’est aussi à partir de cet endroit que l’on peut choisir entre une aventure solo, un match en multi ou des emplettes à effectuer dans l’une des boutiques de la cité.
Sang d’encre
Si Splatoon fait penser à DeBlob, ce n’est pas pour rien. L’idée de base est assez proche puisqu’il faut balancer des hectolitres de peinture en veillant à supprimer ses adversaires. La base du jeu repose principalement sur son mode multi. Et pour montrer l’importance des parties à plusieurs, cette activité est matérialisée par une immense structure faisant penser à la Tour de Tokyo. C’est une certitude, c’est là que les joueurs vont passer la majeure partie de leur temps. Concrètement, deux équipes de quatre joueurs s’affrontent en tentant de conquérir un maximum de territoire (l’encre qu’on lance est toxique pour l’adversaire). La particularité des Inklings est de pouvoir se métamorphoser instantanément en calamar afin de se mouvoir à grande vitesse dans la peinture, tout en évitant d’être repéré. Le principe est absolument délirant et s’accorde parfaitement aux joutes colorées qui ne manquent pas de retournements de situation. Bien évidemment, cette transformation offre plusieurs possibilités, comme celle d’utiliser la peinture pour ensuite sauter d’un tremplin. Les idées ne manquent pas dans Splatoon ! Si on est touché par un projectile adversaire, on revient immédiatement au point de départ. On a alors le choix de repartir à l’abordage à pied ou de rejoindre l’un des partenaires via l’écran tactile du GamePad (le protagoniste fait alors un bond pour atteindre son but). C’est d’une simplicité enfantine et c’est sacrément fun de balancer de la peinture dans tous les sens. Bien évidemment, ces matchs répondent à la règle ancestrale du gain d’expérience. Au fur et à mesure de ses exploits, le joueur gagne de l’expérience qui sert alors de monnaie d’échange pour de nouvelles armes ou encore fringues. Il est aussi possible de choisir, via les menus, de se balader tranquillement dans chaque stage afin d’appréhender le terrain.
Jetez l’encre
Chacun des achats permettent de gagner en compétences. Chaque tee-shirt, chaussure, casquette, lunette aura une incidence sur les combats (amélioration de votre rapidité, de votre force, etc.). Si ces éléments sont importants, ils ne sont rien en comparaison des différentes armes que propose le vendeur à lunettes ressemblant à un Minion. Du liquidateur au Décap’ Express en passant par l’incontournable Rouleau, on en a pour son argent ! Plus l’expérience augmente, plus l’équipement devient puissant. Nintendo n’a pas réinventé la fibre des TPS, cela reste classique mais efficace. Par ailleurs, Splatoon propose, en plus de l’arme principale, une arme secondaire comme des bombes (gluante, splash, ballon…) ou le fameux mur d’encre. Toujours très pratique pour se sortir d’un mauvais pas. Pour terminer, l’arme spéciale permet de faire des ravages mais en quantité limitée. Cela peut aller du bouclier au bombardement en passant par les terribles lances-tornades ou haut perceurs.
Sucreries en bonus
Au delà de ses attributs en ligne, Splatoon propose de petites choses qui certifient du travail bien fait. Tout d’abord, lors de l’attente des sessions multi (ou via la borne placée dans la rue), le joueur peut s’adonner à un petit jeu bondissant appelé « Saute-qui-peut ». Faisant penser à un titre venu tout droit d’un téléphone portable, celui-ci s’appuie sur une règle simplissime : il faut grimper en bondissant (en concentrant plus ou moins son saut) pour atteindre l’oiseau qui fait office de fin de niveau. Au fil des stages, les obstacles sont de plus en plus vicieux et l’environnement peut lui aussi s’apparenter à un danger (comme un sol verglacé par exemple). Plutôt sympathique. On peut aussi écrire des messages Miiverse ou participer à des affrontements à deux joueurs (dommage que ce chiffre ne monte pas à 4). Dans ce mode, l’un des joueurs regardent la télévision tandis que l’autre utilise le GamePad. Le problème, c’est que le tout consiste à une bataille de ballons à exploser (exit donc la Guerre de Territoire, c’est à rien y comprendre). Enfin, sachez que des fonctions Amiibo sont prévues mais nous n’avons pas pu tester celles-ci. Elles donneront accès à de nouvelles missions, des armes spéciales et même des fringues inédites.
Encre de Macalamar
Longtemps resté sous silence, le mode solo de Splatoon est bel et bien présent. Via les informations du Capitaine Macalamar, on participe à différentes missions dans le but de récupérer les poissons-charges. Lorsqu’on parvient à en réunir un certain nombre, un boss barre la route avant de passer à la région suivante. C’est très classique, mais au moins, les joueurs en solo ne seront pas lésés. Même si, il faut l’avouer, Splatoon, n’aura pas grand intérêt pour celles et ceux qui ne sont pas intéressés par le mode multijoueur (que ce soit en local ou en ligne). Ceci dit, l’aventure en solo est assez soignée, les ennemis sont variés et les boss ne manquent pas d’originalité. C’est juste que ça manque de « fil rouge » et de profondeur. Dans l’absolu, les missions manquent de saveur et l’environnement, composé d’îlots, n’aide pas à s’immerger pleinement dans cet univers. Vos exploits permettront de débloquer des croquis du recueil de documents ou de booster votre équipement.
Le tir parfait ?
Non, Splatoon n’est pas parfait. C’est un bon jeu, c’est évident mais on sent que Nintendo est loin d’être à l’aise avec ce type de productions. Tout d’abord, l’équilibre des joutes en ligne est assez olé-olé. Il arrive parfois que les équipes soient totalement déséquilibrées, ce qui conduit à une défaite violente de votre bande d’Inklings. Ensuite, la différence de niveau fait que les nouveaux arrivants risquent de vivre de sacrées désillusions, tant certaines armes se montrent impitoyables. Se limiter à un petit flingue à peinture lorsque les autres ont un rouleau, c’est loin d’être une partie de plaisir. Alors oui, c’est normal dans le sens où c’est l’expérience acquise qui va permettre aux joueurs d’améliorer leur équipement et compétences. Le problème, c’est qu’en l’état, il faut un sérieux rééquilibrage de l’ensemble, sous peine de perdre des joueurs. On regrette aussi que les zones soient en nombre si limité et que le GamePad ne serve que de façon succincte (afficher la carte, gyroscope, quelques bidules tactiles, rien de plus). En fait, on a un peu l’impression que le contenu a été densifié à la dernière minute. Par conséquent, on en fait très vite le tour et seul les parties en ligne gardent cet intérêt et ce fun de la première découverte. On a tout de même du mal à comprendre que les zones proposées soient si peu nombreuses.
A l’encre de tes yeux
Visuellement, c’est plutôt pas mal. Même si l’aliasing est assez voyant, l’animation carbure à 60 images par seconde (sauf dans Chromapolis, où le framerate souffre un peu) et l’ensemble est vraiment coloré. C’est sûr, la direction artistique très particulière ne plaira pas à tout le monde, mais on ne peut enlever au jeu son identité. Qui plus est, le moteur physique est assez remarquable. C’est un vrai régal de voir le décor et les participants se faire asperger de peinture, soit par petites touches, soit de gros impacts. Côté musique, on est dans un ton très décalé, un peu à la manière de ce que proposait un titre comme Jet Set Radio sur Dreamcast. En revanche, tous les thèmes ne sont pas réussis et celui du salon d’attente des joutes en ligne devrait vite vous taper sur le système.
Conclusion du rédacteur : BON
Pour une nouvelle licence, Splatoon s’en sort correctement. Plutôt joli, bien animé, le jeu vaut surtout pour son concept et ses parties en ligne. Le reste, malheureusement, est assez anecdotique. Pour que cette IP gagne en consistance, il faudra attendre un hypothétique second volet. On sent que Nintendo n’est pas à « l’aise » avec ce type de productions, comme le prouve l’équilibrage assez étrange du matchmaking. Se retrouver dans une équipe avec des niveaux 3 et 4 pendant que la team adverse est composée de niveaux 10 à 14, c’est hardos. Difficile de rivaliser dans de pareilles conditions (surtout quand les ennemis ont des armes bien plus efficaces que la vôtre). En définitif, c’est un bon jeu mais qui aura besoin de mises à jour pour peaufiner l’équilibrage des parties. N’est pas né celui qui remplacera Mario Kart 8. Reste que ce dernier a un atout de taille : son prix mini !
Points forts :
- Concept décalé et fun
- La physique de la peinture
- Direction artistique assumée
- Du solo et du multi local et en ligne
- Ne manque pas d’humour
- Une nouvelle IP chez Nintendo
- Des armes originales
- Petit tarif (on le trouve facilement à 35 euros !)
Points faibles :
- Contenu trop faiblard
- Le multi local limité à 2
- Pourquoi une bataille de ballons en multi local ?
- Le solo manque de profondeur et d’inventivité dans ses décors
- Et le chat vocal ?
Éditeur : Nintendo – Développeur : Nintendo EAD – Date de sortie : 29 mai 2015 – Disponible sur : Wii U