Test Rain sur PS3
Aurelie Knosp
- Le monde enchanteur d'un rêve
- L'univers magique et mélancolique de l'enfance
- L'éventail d'émotions apporté par une direction artistique maîtrisée
- Une mécanique de jeu basée sur l'entraide et l'environnement
- Un voyage, à petit prix, qui ne s'oublie pas
- Zéro combat pour ceux qui aiment se défouler
- Pas de niveaux ou bonus cachés
- Certaines phrases difficiles à lire dans les niveaux
- Court
De la pluie, pour le meilleur de notre enfance
Lors de notre preview, la première rencontre avec Rain fut un enchantement. Ce jeu PS3, édité par Sony et développé par PlayStation C.A.M.P.! nous a transporté, dans le monde magique et mélancolique de l’enfance.
Aujourd’hui, nous reprenons la main de ce jeune garçon, perdu sous la pluie. Il court derrière un autre enfant, « ce moi qui n’est pas moi ».
En jouant, plus longuement, à Rain, nous pouvons maintenant répondre à nos doutes et espoirs.
L’histoire des personnages, leur relation, et les mécaniques de jeu sont-elles cohérentes?
Le rythme de Rain, est-il à la hauteur de son ambiance?
L’univers de la pluie et de la mélancolie n’est-il pas lassant à long terme?
Réponses ci-dessous, pour savoir si Rain mérite un coup de coeur.
Rain vous emmène dans une ville, abattue par la pluie et la nuit. Vous guidez un jeune enfant, qui semble tiré d’un conte comme « Where the wild things are », ou d’un rêve comme ceux de Nemo.
Vous devez suivre une jeune fille, tout en vous cachant dans l’obscurité, pour fuir d’horribles créatures. Heureusement, vous allez rapidement la rattraper, et votre relation va évoluer. Vous devez alors faire route ensemble, et vous entraider pour avancer.
Rain ne s’encombre pas de dialogues, et laisse place aux silences entre les deux enfants. L’histoire est racontée par des phrases lumineuses, qui s’inscrivent dans le décors. Ne vous attendez pas à voir de cinématique. Ce sont les gestes et les actions des enfants qui « parlent ». Comme le jeu Limbo, l’intrigue se dévoile pas à pas, de manière poétique et mystérieuse.
Pour raconter ce voyage initiatique vers l’autre et l’inconnu, le rythme a été minutieusement travaillé. Les environnements et les actions sous la pluie se suivent, sans jamais se ressembler. Le début de Rain vous transporte dans un monde triste et nostalgique. La pluie s’abat de façon lourde et assommante. Puis, des décors comme le cirque, vous rappellent des souvenirs à la fois joyeux et inquiétants. La taille des bâtiments reste impressionnante. Pourtant, les enfants peuvent faire de cette ville inondée, un terrain de jeu et d’épanouissement.
A l’inverse d’un jeu tel Ico, la jeune fille prend de nombreuses initiatives. Celle-ci a un caractère bien trempé. Elle peut fuir avant vous un danger, ou anticiper un obstacle et vous aider.
Cette relation d’inter-dépendance crée un large éventail d’actions et de sentiments.
Les énigmes de Rain sont variées. Vous devez faire fonctionner vos méninges, pour accéder à certains endroits, en utilisant la force et l’agilité des deux enfants. Les niveaux sont à explorer, sans objet ni arme à ramasser. Vous devez principalement vivre cachés, pour ne pas être dévorés, par les « unknown ». Heureusement, certains ennemis peuvent aussi vous servir de moyens de défense ou de diversion. D’autres, de taille plus imposante, peuvent être utilisés, pour interagir sur un élément du décors. C’est la loi de la jungle, or vous n’êtes pas en haut de la chaine alimentaire. Mais, chaque difficulté surmontée est un pas vers l’autre, dans ce beau voyage initiatique. Ce respect, et cette crainte pour l’autre et l’environnement, est proche de l’oeuvre d’Hayao Miyazachi.
La direction sonore est travaillée, pour enrichir ce panel d’émotions. Au début du jeu, la musique est lourde et inquiétante, comme la pluie. Puis, lorsque que vous rencontrez la fille, l’averse devient fine et légère. Mais, lorsque des ennemis surgissent, la mélodie reprend un ton grave, avec un refrain percutant.
Ainsi, la musique et l’animation des enfants sont très sensibles. Les gestes et les notes sont liés, pour raconter une histoire autant qu’une action. Comme nous le disions dans la preview, les bruitages sont essentiels pour guider vos choix et vos actions. Votre environnement et vous, êtes contraints par le son de la pluie. Vous devez le respecter, et rester sur vos gardes pour ne pas être entendus.
Enfin, graphiquement, la direction artistique est parfaitement maîtrisée. Les niveaux sont variés, et ne se ressemblent pas. Malgré ce monochrome de gris, chaque chapitre est un lieu clef différent, sur le ton de la mélancolie.
La pluie tombe toujours, elle se combine aux effets de lumière pour de nombreux et beaux effets. Les puits lumineux et les contrastes du clair/ obscur dessinent subtilement le chemin à prendre.
Par ailleurs, la finesse de l’animation permet de se passer d’autre dialogue, que celui du corps. Les ennemis, sorte de créatures squelettiques et fantomatiques, sont plus rigides et inquiétants. Une fois encore, la technique est au service de l’émotion.
Conclusion : Rain mérite un gros coup de coeur !
Si vous êtes sensible au monde de l’enfance, Rain est fait pour vous. Soyez prêt à vivre un court voyage, riche en découvertes sur autrui et l’inconnu. Rain ne fait pas dans la surenchère d’effets. Il se contente de viser juste et de vous marquer. Sans carapace, c’est le coeur qui est touché, pour la nostalgie d’un soir de pluie.