Gravity Rush Remastered – La pomme de Newton

Il y a parfois des hasards dans la vie qui font bien les choses. Cette rencontre ne devait pas avoir lieu, mais l’un des créateurs du destin en a voulu autrement. Cette fille a probablement marqué mon existence de gamer à tout jamais. Elle n’est pas spécialement jolie, assez naïve, mais on partage beaucoup de valeurs en commun. La version PS Vita de Gravity Rush m’était inaccessible sans la console portable de Sony. Cette version Remastered PS4 était donc l’occasion idéale de voir enfin à quoi ce gameplay énigmatique pouvait ressembler. Je n’étais pas destiné à travailler sur ce test, mais l’épidémie de grippe (soigne-toi bien Régis) m’a propulsé dans les bras de Kat et ce fut le coup de cœur. C’est donc avec un œil nouveau que je vous propose de partager ce test et cette histoire merveilleuse.

Le premier moment ensemble

Je ne savais absolument rien de ce qui m’attendait, n’étant pas très au fait de l’actualité PS Vita à l’époque. Je savais simplement que c’était une fille qui volait dans un monde imaginaire. Cette histoire débute par un simple QTE de tapotage de bouton X afin de faire tomber une pomme. Commencer par un QTE n’est pas des plus séduisant pour me motiver, mais la suite prend une toute autre tournure. Après une chute sans fin, le fruit déboule en un seul morceau dans une rue aux allures de vieux Paris. Celle-ci roule autour des passants qui vaquent à leurs occupations, et immédiatement je suis saisi par l’esprit très Miyazaki de cette scène. Elle finit sa course en percutant la tête d’une jeune fille étendue sur le sol, visiblement inconsciente. Ce fut mon premier regard sur Kat.

Le trou noir

Kat est totalement amnésique, elle s’éveille aux côtés d’un étrange chat scintillant, qui va devenir son compagnon de route et bien plus encore. La première personne qu’elle rencontre a besoin de son aide et sans savoir quoi faire notre futur héroïne va lui prêter main forte. Dans une langue incompréhensible pour nos oreilles, ce père en détresse lui apprend qu’elle peut sauver son fils grâce au pouvoir lié à son chat. Le gamin semble être aspiré par une sorte de trou noir que les gens appellent tempête gravitationnelle. Complètement désemparée, Kat observe l’animal qui se met à briller et, sans crier gare, la jeune fille se retrouve dans les airs, la tête à l’envers, puis à marcher sur un mur !

Une pincée de Point Break

Sautant d’un débris à l’autre, elle apprend en un éclair à utiliser ce pouvoir au combien original, lui permettant de créer une force gravitationnelle autour d’elle et dans n’importe quelle direction. Ainsi, elle peut marcher sur les murs ou les plafonds et en apparence voler, même si en réalité il s’agit de chute libre. À l’aide d’un réticule, elle pointe ou bon lui semble et d’une simple pression de bouton, force la gravité à agir là ou elle le souhaite (pendant un laps de temps défini par le niveau d’expérience). C’est simple comme bonjour et cela procure des sensations uniques. On prend un plaisir infini à voltiger dans le ciel et glisser à toute allure dans les rues aux côtés de Kat. La jeune femme apprend progressivement quatre autres pouvoirs, dont le premier est de glisser sur une surface comme-ci celle-ci était en pente. Ce jeu est donc un mélange de sports extrême dans un univers surréaliste, sur une base de saut sans parachute et de surf sans planche…

Quand on arrive en ville, les gens changent de trottoirs

Malgré cette capacité au combien utile, Kat a beaucoup de mal à s’intégrer auprès de la population de cette ville. Comme toujours, la différence effraie et les gens méprisent les personnes comme elle. Ma p’tite blonde aux yeux rouge apprend qu’une autre femme comme elle réside en ville, mais qu’elle n’est pas vraiment du genre aimable. Cependant, Kat se met en tête que c’est là sa seule chance d’en savoir plus sur son passé disparu. Elle s’installe donc en ville, où elle peut, et le seul endroit accueillant qu’elle trouve est un conduit d’égout… Cela ne la démoralise pas pour autant, et elle l’aménage en petit nid douillet, avec douche chaude intégrée (peut-être était-elle plombier dans son autre vie…).

Une aventure hors du commun vous attend

Une fois installée, la nouvelle habitante de Hekseville part en exploration dans cette magnifique cité. Celle-ci a été dévastée par ces fameuses tempêtes gravitationnelles, qui ont englouti des quartiers entiers ainsi que les gens qui y vivaient. Mais quand Kat arrive à la jonction où l’un de ses pâtés de maison a disparu, elle se rend compte que la ville est en réalité suspendue dans le vide, rattaché à un gigantesque pilier dont on ne voit ni la base, ni le sommet. Nous voilà plongés dans un monde totalement étrange, que nous apprenons à connaître en même temps que notre jeune amnésique. Elle va progressivement se faire sa place et développer ses compétences, à l’aide de cristaux disséminés dans tous les recoins de la métropole. Pour accentuer le charme, la plupart des dialogues et séquences cinématiques sont matérialisés sous forme de B.D aux dessins magnifiques. On peut également lire les pensées de notre héroïne (en parenthèse, comme ceci), l’occasion de parfois bien rigoler.

Un gameplay d’une simplicité déconcertante, mais jubilatoire

Le Sixaxis peut permettre de vous amuser à changer les angles de caméra ou tournicoter les B.D dans tous les sens. Cependant, l’utiliser pour s’orienter relève du parcours du combattant et je suis vite revenu à des contrôles plus classiques. Notre jeune héroïne va bien évidemment devoir se battre, contre des créatures mystérieuses qu’on appelle Névis. Le système de baston est également d’une simplicité enfantine, mais dans certains cas assez fastidieux. Au sol, vous rushez le bouton carré pour donner des coups de lates façon Bruce Lee et vous esquivez en roulade avec R2 (très classique). En vol, vous visez et vous plongez sur votre cible avec carré, les talons aiguilles prêt à planter votre ennemi. Si pour la plupart des monstres c’est un régal de les déglinguer à toute vitesse, pour certains il faut prendre son mal en patience. Certaines bestioles ont une fâcheuse tendance à virevolter dans tous les sens, et c’est parfois un calvaire d’atteindre leur point faible. Mais cette difficulté reste peu frustrante : plutôt que d’être perçue comme une tâche pénible, je l’ai vu comme un défi corsé.

Upside Down

En jouant comme ça avec la gravité, il faut avoir un sens de l’orientation à toute épreuve. On est parfois totalement désorienté en sortant d’un combat et l’on se surprend à tourner la tête devant l’écran pour s’aider à se repérer (vous savez, comme les chiens quand ils ne comprennent pas !). Il arrive également parfois où l’on se colle sur le mauvais mur à quelques pixels près et l’on se retrouve pas du tout dans le sens que l’on voulait. Cependant, tous ces petits défauts s’effacent en un éclair, tant le plaisir de jeu et l’expérience est excellente. De fil en aiguille, notre petite Kat va finir par se faire des amis et même une identité de super-héroïne. Elle va voyager bien au-delà de Hekseville, jusqu’au plus profond des entrailles de ce monde et même plus loin encore. Tout comme moi, vous serez tenu en haleine du début à la fin, avec même quelques décrochages de mâchoire par moment.

Conclusion du rédacteur : Coup de Coeur

J’étais loin de m’imaginer à quel point le titre de Japan Studio allait me séduire. Un gameplay unique en son genre dont on ne se lasse jamais. Une ville somptueuse, complexe, chatoyante et colorée à explorer dans tous les sens (au sens propre). Des graphismes qui ne sont pas du dernier cri mais on s’en fout, c’est beau quand même. Une histoire haletante qui nous emmène au bout du monde (là encore, littéralement). Des animations de mouvements en vol très réalistes (mouvements du corps, inertie des vêtements et des cheveux). Des quêtes relativement originales, ou votre sens de l’observation va vous être très utile. Si vous en redemandez encore, une multitude de défis en tout genre rallonge un peu plus vos moments avec Kat. Mais finalement le plus marquant, ce sont ces personnages et cette ambiance incroyablement attachants, presque comme-ci on jouait dans un film de Miyazaki. Une chose est certaine, on va se battre au sein de la rédaction pour savoir qui va tester Gravity Rush 2 !

Éditeur : Sony Entertainment – Développeur : Japan Studio – Genre : Action/Aventure – Sortie : 02 février 2016 – Supports : PS4