Compilation temporaire, Super Mario 3D All-Stars réunit trois hits du petit père moustachu. Phénomène parmi les phénomènes, Nintendo ne pouvait omettre l’intégration du génial Super Mario 64, le jeu de plate-forme qui a démocratisé le genre avec son utilisation remarquable de la 3D. En deuxième sélection, on retrouve le très original Super Mario Sunshine, hymme au soleil, à la peinture et aux bienfaits de l’eau. Puis vient, pour terminer, le fabuleux Super Mario Galaxy et son système de planètes à visiter. Si les trois œuvres sont issues de périodes différentes, elles se réunissent aujourd’hui pour fêter les 35 ans du plombier. Un voyage exquis entre les générations mais qui, il est vrai, aurait mérité un petit coup de polish supplémentaire. De là à faire vasciller la mascotte à la salopette ? Jamais de la vie !
Le jeu se présente sous une forme assez simple. Un écran-titre standard, représentant les trois aventures, accueille le joueur et donne accès à une sélection de 6 éléments avec un petit historique. Aux Super Mario 64, Super Mario Sunshine et Super Mario Galaxy viennent s’ajouter les bandes-son des trois œuvres éponymes. La présentation est plutôt sympathique avec des extraits vidéos en arrière-plan et la présentation des jaquettes de chaque production.
Le symbole de la plate-forme 3D
Tout ou presque a été dit sur Super Mario 64. Le jeu a été une telle révélation pour l’industrie qu’il a tout simplement dessiné les contours des développements de jeux en 3D à l’époque. Pour comprendre, il est important de se remettre dans le contexte des années 1993/1994. Durant ces années-là, seules quelques compagnies, comme Nintendo et Rare, disposent de stations Silicon Graphics et entrevoient les premières expérimentations 3D. C’est le cas des Star Fox, Donkey Kong Country ou encore Killer Instinct. Mais ces firmes sont extrêmement rares et beaucoup sont en plein tâtonnement en espérant une transition en douceur. Du côté d’Infogrames, studio français, l’heure est à la 2D et la création de jeux en 3D est une lointaine chimère. Aussi, l’arrivée en Super Mario 64 est un électrochoc considérable ! Le jeu de Shigeru Miyamoto et son équipe est une telle révélation qu’il pousse de nombreux studios à tenter l’expérience du jeu en 3D… sans que les studios soient équipés ! Résultat, les développeurs comme Infogrames se retrouvent à travailler sur l’élaboration d’un jeu Les Schtroumpfs 64, qui a pour but de singer Super Mario 64, avec des niveaux conçus sur papier millimétré. Manque de temps, de moyens, d’expérience de la 3D… il faudra de nombreuses années au studio lyonnais pour qu’il trouve la bonne marche à suivre. Et pour beaucoup d’entreprises, il en sera de même, ce qui démontre l’avance qu’avait Nintendo en son temps. Super Mario 64 définit tout ce qu’on est en droit d’attendre d’un univers en 3D avec un monde composé de plusieurs zones, des missions diverses, des thèmes graphiques variés, une myriade de petits jeux dans le jeu, des artefacts (en l’occurrence, des étoiles) à récupérer et un système de caméra libre efficace. Sans qu’il s’agisse d’un monde ouvert, Super Mario 64 est parvenu à traverser les générations, représente le summum du jeu de plate-forme 3D à l’ancienne et demeure toujours aussi exquis de nos jours. Un mythe tout simplement et on comprend aisément en quoi ce fut une révolution à l’époque. Pour les besoins de ce remaster, Nintendo n’a pas fait de grosses retouches puisque les graphismes sont lissés et c’est à peu près tout. Mais ça suffit à notre bonheur. Même à notre « P’tit bonheur ».
J’veux du soleil
Avec son background insulaire, son gameplay à base de jets d’eau et sa direction artistique tranchante, Super Mario Sunshine est décidément un titre à part dans la galaxie des Mario. C’est sans doute pour la simple et bonne raison qu’à ses débuts, le jeu était tout sauf une aventure mettant en scène Mario. Derrière cette aventure « étrange » se cache Yoshiaki Koizumi, qui est aujourd’hui l’homme fort de la Nintendo Switch. Après avoir travaillé sur des titres d’exception comme A link to the Past, Link’s Awakening ou encore Majora’s Mask, le protégé de Miyamoto a une révélation en découvrant le prototype de la manette Gamecube. Alors qu’il travaille sur une série de tests basés sur l’eau et sa physique, il s’aperçoit que la manette fait penser à un pistolet à eau. Il suffit en effet de prendre une manette Gamecube, d’enlever la partie gauche comportant le stick et la croix directionnelle pour avoir l’illusion d’un pistolet à eau. Koizumi-san trouve l’idée si intéressante qu’il en parle immédiatement à Shigeru Miyamoto. Le créateur japonais va alors imaginer un univers ensoleillé sur une île appelée Delfino (en hommage au nom de code de la console, Dolphin) prenant la forme d’un dauphin. Ils souhaitent que les joueurs aient l’air de visiteurs découvrant Hawaii. Pour fonder un univers original, l’équipe de Nintendo décolle pour le sud-est de l’Asie afin de faire du repérage, notamment dans les stations balnéaires. C’est petit à petit, au cours des expérimentations, que le jeu va devenir un titre canonique de la série Mario. Pourtant, le pistolet à l’eau, qui ne convainc pas tout le monde, va disparaître au profit d’une pompe capable de projeter l’eau de différentes manières. Avec ce J.E.T (Jerrycan Expérimental Transformable), le plombier peut se déplacer sur l’eau à grande vitesse, planer, éteindre des flammes, nettoyer des surfaces… et c’est justement sur ce dernier principe que vont s’appuyer les membres du staff. Mario débarque sur une île pour passer des vacances et se retrouve accusé d’avoir souiller l’endroit à coups de tâches de peinture. Il doit alors prouver son innocence en accomplissant des défis et en récupérant les soleils qui redonnera toute la lumière à Delfino. Ce qui est amusant, c’est que l’idée de munir Mario d’un tel appareil a été rendue possible après que les développeurs aient fait le rapprochement avec l’aspirateur de fantômes de Luigi’s Mansion. Après tout, si Luigi a une « arme », Mario peut en posséder une aussi. J.E.T a d’ailleurs été designé par le même dessinateur qui a conçu l’Ectoblast 3000 de Luigi’s Mansion. Comme quoi. Fruit de trois ans de travail, Super Mario Sunshine est un titre assez particulier, très solaire, qui marche sur les traces de Super Mario 64 en intégrant des phases de plate-formes à l’ancienne (parfois prises de tête) et le fameux Yoshi. En termes de réalisation, Super Mario Sunshine n’a rien perdu de sa superbe. Les effets de l’eau sont toujours aussi somptueux, les lumières ont été affinées et l’univers est vraiment accrocheur avec ses graphismes lissés. Enfin, et ce n’est pas un détail, il est désormais possible – depuis peu – de profiter de l’expérience Super Mario Sunshine avec la manette Gamecube ! Celle-ci est en effet compatible en utilisant l’adaptateur 4 manettes de la console. Vraiment une option géniale pour retrouver les sensations d’antan. De quoi faire tourner bien des têtes. Et en parlant de faire tourner…
La porte des étoiles
Super Mario Galaxy, paru en 2007 sur Wii, fait donc son come-back. Là encore, le processus de création a été le fruit d’une longue réflexion. Souvenez-vous, cela remonte à l’année 2000 lorsque Nintendo a présenté la démo « Mario 128 » lors de la conférence Gamecube. On pouvait y découvrir un plateau qui prenait différentes formes avec une centaine de Mario qui interagissaient les uns avec les autres. Cette démo, censée démontrer les possibilités techniques de la Gamecube en matière de physique, n’a jamais quitté l’esprit de Yoshiaki Koizumi. En réfléchissant à une nouvelle aventure de Mario, il s’est souvenu d’une discussion avec Miyamoto. Celui-ci lui avait fait part de faire un jeu se déroulant sur des plate-formes sphériques. La technique évoluant, Koizumi-san a alors estimé que la faisabilité d’une telle expérience était à portée. Bien évidemment, la phase de tests n’a pas été de tout repos mais la révélation a eu lieu lorsque l’équipe a associé la forme sphérique à une planète en y ajoutant une sorte de gravité. Le projet, supervisé par Miyamoto, a demandé une foule d’aménagements et de changements en cours de route. Tout le gameplay a été pensé pour l’association Wiimote + Nunchuk inhérente à la Wii et on pouvait alors se demander comment l’action pouvait être transposée sur Switch, les Joy-Con étant différents dans le principe. Dans l’ensemble, la transition est plutôt convaincante même si le Joy-Con ne remplace, en rien, une Wiimote. Super Mario Galaxy est une aventure fabuleuse, portée par une musique orchestrale de toute beauté et qui a vraiment bien vieilli. Le nombre de mécaniques associé à chaque planète est prodigieux et il serait fort dommage de passer à côté d’une telle merveille.
VERDICT DU RÉDACTEUR : CULTE
Super Mario 3D All-Stars réunit trois jeux d’exception, chacun ayant ses propres symboliques et inspirations. Le premier d’entre eux représente la quintessence du jeu de plate-forme en 3D à l’ancienne. Super Mario 64 a permis à tout un genre de subsister en alignant des idées toutes plus ingénieuses que les autres. Sunshine, quant à lui, apporte de la fraîcheur et du soleil avec son originalité. Pour terminer, Galaxy est une ode à l’ingéniosité et au fun avec ses planètes aux mille trouvailles. Un trio gagnant mais qui aurait pu, il est vrai, profiter d’améliorations plus marquées qu’un simple lissage de graphismes.
Points forts :
- Trois jeux fantastiques
- La bande son orchestrale de Galaxy
- Sunshine jouable à la manette Gamecube
- Une durée de vie colossale
- Mario reste Mario, indémodable
Points faibles :
- Où est Super Mario Galaxy 2 ?
- Améliorations très légères
Éditeur : Nintendo – Développeur : Nintendo – Genre : Plate-formes – Date de sortie : 18 septembre 2020 – Plateforme : Nintendo Switch