Dès l’écran-titre, State of Decay 2 nous fait comprendre deux choses par sa musique. La première, c’est que ses délicates mélodies à la guitare – un peu à The Last of Us – laissent espérer une certaine immersion, que l’on pourrait présenter comme… émotionnelle. La seconde, par ses lignes de basse, c’est que la tension n’est jamais loin et qu’il suffit du moindre faux pas pour n’être plus qu’un souvenir en ce bas-monde. Sorte de Walking Dead interactif, le jeu Xbox One et PC ne laisse décidément pas indifférent et nous plonge dans la difficulté de gérer une communauté en proie à un monde dévasté par des entités décharnées. Alors que le jeu débarque ce 22 mai, et bien que la mode des zombies soit passée, qu’en est-il de cette exclusivité Microsoft ?
Avant d’entrer dans le vif du sujet, un petit passage par le menu « Comment jouer » s’impose. En un coup d’œil, le joueur accède à diverses informations pratiques. Un bon moyen de démarrer en douceur avant de s’attaquer à la gestion d’une nouvelle communauté. Ceci fait, il ne vous reste plus qu’à pénétrer dans l’univers post-apocalyptique de l’œuvre signée Undead Labs.
Cela fait maintenant 18 mois. 18 mois que notre planète a totalement dérapé, piégée entre une invasion de zombies et la cupidité des hommes. Malgré l’intervention des États et de puissantes forces militaires, rien ni personne n’a été en mesure d’arrêter le fléau, obligeant les hommes, femmes et enfants à se calfeutrer dans des camps de fortune. C’est en ces lieux que divers personnages – à sélectionner en début de partie – vont tirer leur épingle du jeu. Tous, par leur histoire, leurs aptitudes (cardio, astuce, combat, tir, mécanique, artisanat, jardinage, chimie…) et leur destin, vont être amener à faire des choix. À noter que si vous relancez une partie, en sautant le tutoriel, les personnages deviennent aléatoires avec ou plusieurs spécialités pour chaque.
La survie ou rien
State of Decay 2, avant d’être un jeu d’action, est avant tout un jeu de survie. Coûte que coûte, vous devez veiller sur votre binôme (si vous choisissez d’être accompagné) et éviter de vous faire croquer. Si l’effort de mise en scène est palpable, il est en revanche peu convaincant. Disons-le tout net : les doublages anglais sont totalement bidons et n’instaurent aucune sensation de danger. Non, mais sans rire, le mec voit que l’état de sa moitié est en train d’empirer et son intonation ne change pas et reste d’une platitude effarante. Autant dire que ce n’est pas avec les dialogues que l’aventure va vous immerger. Après un passage faisant office de tutoriel, vous êtes amenés à quitter la zone. Trois destinations sont disponibles et c’est à vous qu’incombe le choix de votre future planque. Une fois l’endroit nettoyé de toute menace, vous pouvez en faire votre base. C’est en ces lieux que vous allez établir votre Q.G avec tout ce que cela peut comporter comme nécessités : nourriture, eau, électricité, infirmerie, etc. Et comme vous vous en doutez, les ressources nécessaires à un tel attirail se trouvent dans les environs. Il va donc falloir explorer la carte, vous approcher des habitations et autres bâtiments… et peu à peu vous éloigner de votre planque. Si des véhicules sont disponibles, ils exigent du carburant (et parfois des réparations) et demeurent très limités. Par conséquent, on passe le plus clair de son temps à répéter encore et toujours les mêmes actions en se tapant des allers-retours interminables. Et à force de ramener des objets à domicile, la répétitivité ne tarde pas à pointer le bout de son museau. Tout n’est pas à jeter pour autant… Très loin de là même…
Dead or alive
L’aspect survie, par ses nombreux éléments, est vraiment réussie. Même si le bestiaire n’est pas d’une variété folle, il faut apprendre à reconnaître les pestiférés (ils ont les yeux rouges) pour ne pas se faire surprendre. De même, tomber sur un hurleur, qui ameute toute sa bande de potes, peut s’avérer fatal. Autant dire qu’il est préférable bien souvent – et c’est pour ça que le jeu pourra paraître lent à certains – de s’accroupir et d’avancer en sourdine. Par ailleurs, la vie d’une communauté exige que chacun tire dans le même sens, sous peine de rencontrer des situations malencontreuses. On le sait, dans un groupe, il y a certaines affinités qui se créent et State of Decay 2 ne déroge pas à cette règle. Vous pourrez ainsi rencontrer une véritable hostilité de la part de certains compagnons, ce qui peut entraîner des conséquences désastreuses pour votre camp. Il vous sera aussi possible de demander l’exil d’un des vôtres, surtout dans le cas où les individus sont mordus par des zombies. Dans ces conditions, le temps sera compté et vous aurez, au choix, à trouver un remède pour guérir l’intéressé, lui demander de se casser… ou bien en finir avec lui. Dans le cas contraire, le carnage au sein du camp pourrait s’avérer catastrophique pour la suite des opérations.
Le jeu de Microsoft a aussi le mérite de proposer d’excellentes idées. Vous pouvez ainsi passer des appels radio pour rejoindre la partie d’un autre joueur requérant votre aide, pour vous débloquer (pathfinding foireux) ou obtenir des indications sur la présence de nourriture, matières premières, etc. Le jeu est réellement exigeant et votre communauté ne tardera pas à manquer et ressources pour survivre. Il faut donc constamment changer de personnage (l’endurance, la maladie ou encore le sommeil peut affecter l’efficacité des individus), s’assurer qu’il y a suffisamment de lits pour tout le monde et parcourir les différentes zones pour trouver des survivants et diverses formes d’aides. Dans ce monde en perdition, RIEN ne doit être négligé.
Peste sanglante
Comme si cela ne suffisait pas, une épidémie vient se greffer aux problèmes existants. Intitulée la Peste Sanglante, c’est une maladie qui cause des ravages et que vous pouvez attraper en vous faisant mordre par des pestiférés. Une fois atteint par ce virus, une seule solution s’impose : il faut trouver suffisamment d’échantillons de plague (que l’on trouve sur un certain type de zombies ou en détruisant des cœurs de pestes) pour ensuite créer un remède. Au fur et à mesure de votre progression, et de l’expérience acquise, il faudra en plus améliorer votre infirmerie mais aussi recruter des connaisseurs (médecin biologiste) pour continuer à trouver des remèdes efficaces. Chaque zone atteinte de peste sanglante est indiquée, sur la map, par une tête de mort (qui rappelle un peu celle du logo de Gears of War d’ailleurs). Une fois entré dans cette zone, vous ne devez pas traîner sous peine d’être contaminé à votre tour. C’est pourtant en ces lieux que les zombies aux yeux rouges sont les plus nombreux. Autant dire qu’il faut agir vite et bien.
Un grand bac à sable
Même s’il est un peu dépassé sur le plan visuel (y compris sur Xbox One X et PC), State of Decay 2 n’en demeure pas moins une belle surprise. Malgré ses défauts et son aspect répétitif, il convie les joueurs à une véritable expérience de survie, dans le sens où il faut tout gérer. L’une de ses forces réside dans cette liberté laissée au joueur et sa façon d’opérer. Certains n’hésiteront pas à euthanasier ou exiler les individus qu’ils estiment hostiles ou dangereux pour la survie de la communauté, tandis que d’autres choisiront d’aider tout le monde. Rien n’est à négliger, pas même l’aide extérieure proposée par d’autres survivants… même s’il est de bon ton de rester prudent. D’une richesse assez épatante, le jeu de Undead Labs ne réinvente pas le genre mais optimise toutes les qualités du premier volet. Grâce à sa coop’ et ses excellentes idées, State of Decay 2 – qui plus est, est vendu à petit prix – est plus surprenant qu’on peut le penser au départ. Même si la mise en scène est complètement naze, que les dialogues sont surjoués (ou mous) et que la monotonie peut s’installer, cela reste une expérience convaincante et portée par une ambiance, notamment musicale, très réussie. C’est loin d’être un canon sur le plan des graphismes (malgré un cycle jour/nuit réussi et des effets corrects) mais il assure tout de même l’essentiel de ce côté-là avec certaines animations qui sortent du lot.
Conclusion du rédacteur : BON
Par sa réalisation et son approche, State of Decay 2 est un jeu clivant. Loin d’être à la hauteur des attentes de 2018 sur le plan visuel, il souffre en plus d’une répétitivité agaçante (ah, les allers-retours incessants) et d’un manque flagrant de mise en scène. Et pourtant, lorsqu’on s’immerge pleinement dedans, on a du mal à en ressortir car la notion de survie est sans doute l’une des plus convaincantes qu’il nous ait été donné de voir dans un jeu vidéo. Seul ou avec ses compagnons, il faut organiser sa communauté, gérer l’intégralité des ressources et s’assurer qu’aucune animosité ne vienne ébranler l’entente du groupe. Les choix à faire sont parfois forts mais c’est le prix à payer pour survivre dans ce monde infesté. Alors, même si les objectifs sont rengaines et toujours les mêmes (va là, va chercher Lycos, va rapporter), State of Decay 2 a tout de même de sacrés atouts pour les fans du premier et ceux qui aiment ce genre.
Points positifs :
Notion de survie parfaitement exploitée
D’une richesse assez folle
Quelques jolis effets et cycle jour/nuit réussi
Difficulté exponentielle bien dosée
La gestion de la communauté et le coop’
Points négatifs :
Animations un peu rigides
Loin des standards sur le plan technique
Objectifs rengaines et monotonie grimpante
Bestiaire assez léger
Quelques bugs encore
Éditeur : Microsoft – Développeur : Undead Labs – Genre : Action/Survie – Date de sortie : 22 mai 2018 – Plateformes : Xbox One, PC
Commentaires