On le sait, lorsque Nintendo renouvelle ses licences, il le fait avec une extrême précaution et nombreux sont les prototypes et autres tests à ne jamais voir le jour sous forme de jeux commercialisés. Née sur Wii U, la série Splatoon a su conquérir le cœur des joueurs par son concept convivial et son univers peinturluré. De la part de la firme de Kyoto, ce shooter compétitif avait quelque chose d’assez unique et la franchise a su évoluer avec la Nintendo Switch en élargissant son champ d’action. 2022 signe l’arrivée du troisième épisode et on sent que le bateau a trouvé son rythme de croisière, mais est-ce qu’un Kraken attend l’équipage durant la traversée ?
Pensé à fin du développement de la Wii U, Splatoon est l’aboutissement d’une réflexion de développeurs ayant, chacun de leur côté, œuvré sur des jeux comme Nintendo Land, Super Mario Bros. U et même le menu de la console ! À l’époque, ces derniers voulaient créer un nouveau type de jeu et ils ont alors posé sur papier près de 70 idées sur une durée d’environ six mois. En ce temps-là, cela faisait plus d’une décennie que Nintendo n’avait pas créé de nouveaux personnages et tout a commencé par… un cube blanc dans un labyrinthe. Cette espèce de « tofu » projetait de l’encre (par un petit nez à l’avant pour savoir où était l’avant et l’arrière) et devait reprendre du territoire, un peu à la manière de DeBlob d’Electronic Arts. Trouvant l’idée intéressante, ils ont alors intégré un système de camouflage où le tofu pouvait plonger dans l’encre. Comme il n’était pas assez visible, le staff a d’abord imaginé des personnages humanoïdes et c’est là que les « ennuis » ont commencé. La réflexion partait dans tous les sens (on revient au tofu ? on asperge les murs de peinture ? on transforme les personnages en personnages Mario ? et si on faisait des lapins ?) et c’est finalement en reliant l’encre aux calamars qu’ils vont finir par aboutir à un concept accrocheur. Depuis cette époque, bien de l’encre a coulé sur les feuilles et c’est toujours un moment particulier lorsqu’arrive un Splatoon.
À l’encre de tes pétoires
Et justement, c’est quoi Splatoon ? Concrètement, il s’agit d’un jeu de tir en vue à la troisième personne dans lequel deux équipes, à coups de pistolets à encore, essayent de récupérer un maximum de territoire en tapissant le sol et les murs de leur propre couleur. La particularité réside dans le rechargement des armes qui passent par une transformation en calamar en mode furtif et donc par un plongeon dans l’encre. L’intérêt de la métamorphose repose sur la vitesse du déplacement, bien plus rapide qu’en forme humanoïde, qui permet de surprendre l’ennemi ou de fuir une situation mal embarquée. À tout cela viennent se mêler des bonus pour dynamiser les parties. Par rapport à l’épisode précédent, l’équipe a considérablement amélioré le mode solo. Après un tutorial, on est propulsé dans un hub, Alterna, qui permet d’accéder aux différents stages et défis. Pour débloquer les zones et détruire l’espèce de matière noirâtre, il faut donner des œufs au Salmioche, un petit poisson qui accompagne l’avatar. Et ces œufs s’obtiennent, vous l’aurez compris, en parcourant les niveaux. Enfin, niveau… on parlera plutôt de défis et la difficulté, au rendez-vous, oblige le joueur à améliorer son équipement pour pouvoir progresser. On retiendra tout de même la variété des situations, même si le côté défis – plus que véritables niveaux – en gênera certains. Même chose pour les environnements qui manquent terriblement d’un renouvellement dans les couleurs, la direction artistique, etc.
Le multijoueur, le cœur de Splatoon
En ce qui me concerne, le mode solo m’a laissé totalement froid, peut-être à cause de ce manque de renouvellement graphique et de cette impression d’avoir à réussir des défis et non parcourir des niveaux. Les goûts parfois… En revanche, je me suis éclaté sur les douze cartes (dont quatre issues de Splatoon 2) du mode multijoueur et ses différents modes (Anarchie, Défense de Zone, Expédition Risquée, Pluie de Palourdes…). Outre la guerre de territoire, on participe ainsi à des défis online qui invitent les joueurs à s’emparer de zones clés, à pousser un stand mobile jusqu’au camp adverse, à ramasser des palourdes pour les placer dans un panier ou à récupérer un Bazookarpe pour le ramener dans le camp de l’adversaire. L’interface, les menus, les salles d’attente, tout est plus fluide, naturel et agréable ! Celles et ceux qui préfèrent les modes coopératifs pourront se rabattre sur le Salmon Run hérité du second épisode et consister à récupérer des œufs en repoussant les Salmonoïdes. À 4 joueurs, on se retrouve à défier des boss, à vivre des moments épiques, l’ensemble fonctionne bien, même si le manque de nouveautés se fait sentir. Et c’est sans doute là le plus gros problème de Splatoon 3. Il n’y aucun doute là-dessus, c’est un super jeu, très convivial et qui se montre très généreux dans plusieurs domaines, mais on ne peut s’empêcher de penser qu’il a tous les contours d’une grosse extension. Il n’y a pas de nouveautés majeures et même si le mode de personnalisation est bien plus poussé, il manque une petite étincelle pour le faire entrer dans la cour des grands. C’est assurément un bon titre, très fun, mais on fait vite le tour de la douzaine de maps et on sent, on le sait, que la durée de vie va être agrémentée par des DLC. Vu le carton absolu du jeu dans les charts, Nintendo a raison et il faut d’ailleurs souligner la très bonne réalisation d’ensemble (le hub plein de charme, les musiques géniales, les animations…).
BON
Si Splatoon 2 n’existait pas, ce troisième épisode serait absolument incontournable pour toutes celles et ceux qui aiment le genre shooter convivial. Malheureusement, si l’expérience globale est d’excellente qualité, on ne peut s’empêcher de comparer cette itération à une sorte de grande extension qui ne dit pas son nom. Cela n’enlève en rien la générosité et la réalisation de l’œuvre de Nintendo et les amateurs de la franchise se feront un malin plaisir à parcourir le solo amélioré et les différents modes multi. Une réussite donc, sorte de Splatoon 2.1, qui devrait pousser la firme de Kyoto à apporter de réelles nouveautés la prochaine fois.
Points positifs :
Un mode solo plutôt complet et assez long
Le multijoueur et la coopération en ligne
Un univers attachant, classe et branché
Un gameplay vraiment maîtrisé et drôle
Personnalisation bien plus poussée (cosmétiques, armes, etc.)
La bande-son est géniale
Points négatifs :
Des défis et pas vraiment des niveaux pour le solo
Manque global de renouvellement graphique
Huit cartes inédites uniquement
L’impression d’un Splatoon 2.1
Éditeur : Nintendo / Développeur : Nintendo / Genre : Shooter / Date de sortie : 9 septembre 2022 / PEGI : 7 / Support : Nintendo Switch