Alerte ! Rast et son gang des Scrap Riders débarquent sur Nintendo Switch et PC ! Lore à la Mad Max, humour corrosif rappelant Full Throttle et graphismes en pixelart, voilà un trip oldschool qui s’assume ! Entre point’n click caustique et beat’em up déjanté, le studio espagnol Games for Tutti se joue des codes du genre et multiplie les références à la pop-culture et au monde du jeu vidéo. Alors que le début d’année 2023 est un peu poussif en matière de sorties vidéoludiques, cet OVNI motorisé a de sérieux atouts pour s’imposer. On a beaucoup aimé et on vous explique pourquoi.
Le héros de notre aventure, Rast, n’a rien du sex-symbol à même de faire tomber toutes les minettes. Sa cabine est un vrai dépotoir et la découverte de l’avatar se résume à un mec défoncé, en slibard et affalé sur son pieu. Après une fête bien arrosée, notre gaillard se réveille. C’est l’occasion des premières interactions avec l’environnement et la mise en application d’un tutorial savamment amené (en gros, il faut débusquer un code pour ouvrir un placard où se cache un adaptateur import pour une cartouche de jeu). En plus d’afficher les poncifs du point’n click, Scrap Riders répond aussi aux mécaniques des beat’em up, à l’ancienne, avec la combinaison de différents boutons/touches (poing, pied, saut, coup puissant, etc.). Côté interface, l’ensemble fait dans l’efficace avec une barre de vie et une barre de furie – qui se remplit quand le personnage frappe ou se fait frapper. De quoi se défaire d’un encerclement de loubards prêts à vous rosser !
Tout moteur dehors !
Impossible de ne pas repenser à Full Throttle au moment où Rast, accompagné de son pote androïde, sillonne les terres arides d’un monde à la Mad Max. Enfourchant sa bécane, il fonce jusqu’à un bar où l’attend toute une galerie de personnages plus loufoques les uns que les autres. Entre le saoulard du coin complètement éméché, la chasseuse de primes trash, la pépée aux poumons généreux et le tenancier louche, il y a de quoi faire ! Scrap Riders navigue ainsi entre les énigmes inhérentes au genre, entre obtention de codes et association d’objets, et les séquences de baston à la Street of Rage, boss compris. L’ambiance du jeu est géniale et on tombe sous le charme de cet univers transpirant l’amour pour la science-fiction, le cyberpunk et les œuvres cinématographiques des années 1980/1990. Les noms d’oiseau fusent, l’humour (sous la ceinture) est percutant et le titre n’est jamais avare en boyaux étalés sur la sacro-sainte bien-pensance de cette époque de fragiles où le moindre second degré doit être détaillé et expliqué (mode vieux con en marche, mais ça fait du bien).
En dépit d’un bestiaire un peu chiche et qui affiche plus ou moins les mêmes patterns d’animation, Scrap Riders manie l’humour et la castagne pour notre plus grand bonheur. Pour mettre un terme à la conspiration, Rast va coller de sacrées roustes, en plus de se frotter à des individus prêts à tout pour annihiler son gang. Les boss sont d’ailleurs l’occasion de mettre à profit les différentes techniques, tout en profitant d’environnements soignés (et variés), d’animations léchées et de finish sauce cartoon bien amenés. On peut aussi lâcher un mot sur les séquences de piratage qui en rendra fou plus d’un. Bref, durant les six heures réclamées par le jeu, on s’amuse à déambuler dans un monde barré, hilarant, mais qui n’est, malheureusement, pas parfait.
Scrap Raiders
Si le jeu, dans sa globalité, est plutôt bon, il est entaché de défauts qui ont tendance à hacher l’expérience. À mon sens, le plus gros problème provient des allers-retours et du manque d’inventivité dans le level design. On aurait souhaité que la progression soit plus ambitieuse et propose, pourquoi pas, des phases à moto pour pousser le concept jusqu’au bout. L’autre point dommageable vient de l’absence de multijoueur, même si on peut concevoir que cette intégration aurait complexifié l’aventure pensée pour une épopée en solo. Mais dans le cadre d’un mode dédié, l’idée aurait eu de la gueule. Certains jugeront également que les séquences de combat, malgré leur dynamisme, manquent de surprise (là encore, dans le level design ou les patterns ennemis). Malgré cela, et même s’il est bavard, Scrap Riders est un périple qui se déguste grâce ses persos complètement perchés, son rythme et ses clins d’œil incessants à la pop-culture. Manier point’n click et beat’em up était un sacré défi, mais pour ce premier jet, Games for Tutti a vraiment assuré ! Le studio dispose de tous les ingrédients pour faire une suite encore plus ambitieuse. Et on ne demande que ça !
BON
Avec son ton à la Full Throttle et son univers singulier en pixelart, Scrap Riders est la bonne surprise de ce début d’année. Fort d’un concept original, mêlant beat’em up et point’n click, le titre de Games for Tutti en a sous le carénage et nous propulse dans un monde complètement déjanté où l’humour, les dialogues grinçants et l’hémoglobine vont de pair. Avec sa bande-son rock et son scénar’ tourmenté, voilà un jeu d’enquête/baston à même de faire vrombir tous les PC et Nintendo Switch ! Il ne lui manque pas grand-chose (level design plus inspiré, un mode multijoueur, moins d’allers-retours…) pour en faire un grand. Vivement une suite !
Points positifs :
Les persos complètement déjantés
Les références à la pop-culture
Le mélange point’n click / baston
L’atmosphère visuelle et musicale
Un humour corrosif qui prend aux tripes
Points négatifs :
Trop d’allers-retours dans les phases point’n click
Pas de mode multi
Un level design un peu trop en ligne droite
Éditeur : Microids / Développeur : Games for Tutti / Genre : Point’n Click – Beat’em up / Date de sortie : 9 janvier 2023 / PEGI : 16 / Supports : Nintendo Switch, PC