Plic ploc, plic, ploc: Il pleut sur la ville, il pleut sur mon cœur
Alors qu’il pleut depuis dix jours sur la ville, et que je pense me chercher une corde, j’entends les pas d’une petite fille. Elle semble perdue, fuyant mon regard, seule dans la nuit. Je suis désemparée, que dois-je faire? Je vais jouer à son petit jeu, et la suivre.
La pluie s’abat sans cesse, dans mon monde, et dans le sien. Le moment est donc à l’immersion, je peux me lancer à corps perdu dans l’aventure de Rain, sur PS3.
Cette exclusivité Sony, développée par PlayStation C.A.M.P.! , nous avait déjà émue à l’E3. Aujourd’hui, nous avons la chance de jouer au trois premiers niveaux, de ce nouveau bijou de poésie.
Rain est un jeu d’aventure, à la troisième personne. Avec l’introduction, nous découvrons un petit garçon, qui ressemble énormément à « Little Nemo » au pays des rêves. Ainsi, la frontière du songe et de la réalité est très ténue. Rapidement, nous prenons contrôle de cet enfant.
Alors que l’univers de Rain semble naïf en apparence, les contrôles du personnage sont simples et intuitifs. Une touche pour courir, une autre pour sauter, et la dernière pour interagir avec des éléments du décors. Cette manière de contrôler le personnage, très épurée, est en corrélation avec l’univers.
Ce fragile petit’homme de Rain, semble poursuivre inlassablement une jeune fille. Nous savons peu de choses sur leur relation. Seulement, le jeu nous prévient: « Leurs regards se croisent. Sur le moment, ils ne se comprennent pas ». Alors, ces deux enfants deviennent invisibles. Heureusement, dans cette étrange ville, la pluie ne s’arrête jamais. Ainsi, les gouttes d’eau révèlent leur corps, à la lumière de la lune.
En effet, ces premiers niveaux se déroulent de nuit, l’ambiance est très mélancolique. La pluie est torrentielle, mais il n’y a pas une once de vent pour animer le décors, et donner vie à cet univers. Pourtant, les deux enfants sont, eux, animés avec beaucoup de sensibilité et de justesse. Ainsi, ils sont habités d’un indéniable souffle de vie, ce qui tranche avec le froid, et la tristesse qui les entourent.
Mais, ils ne sont pas les seuls habitants du monde de Rain. D’horribles créatures, à l’aspect squelettique et fantomatique, rodent dans la nuit. Que ce soit le « Diable » en personne, ou d’agressifs quadrupèdes aux longues griffes, traverser la ville n’est vraiment pas une partie de repos.
L’objectif de ces premiers chapitres consiste à toujours suivre la fille et garder un œil sur elle. Pour cela, vous prenez le risque de mourir au premier coup de patte. Vous n’avez aucun moyen de combat, et votre seule défense est la fuite. Or, il n’existe qu’une seule sortie (de secours), et une seule solution aux énigmes qui entravent votre progression. Heureusement, pour vous rendre invisible des ennemis, de nombreux endroits sont abrités de la pluie . En outre, les jeux d’ombre et de lumière servent autant aux énigmes, qu’à créer un univers triste, beau et envoûtant.
Dans Rain, vous arpentez de grands décors, aux couleurs délavées. Et, votre route se dessine par le ruissellement des gouttes, qui forme des parcelles lumineuses. Par ailleurs, dans un cimetière, lorsque vous tombez sur un champ de fleurs colorées, c’est l’émerveillement. De la même façon, le contraste d’énormes tuyaux gris d’une usine, avec les vitraux colorées d’une église, est enchanteur.
Enfin, les bruitages et la musique de Rain sont au cœur de l’expérience de jeu. D’une part, le bruit de votre course est nécessaire quand, invisible, vous devez vous repérez. Flaque d’eau, pavé, bois, objets sur le sol, sont des indicateurs de votre présence. Alors que la caméra vous suit en plongée, avec une vue d’ensemble sur le niveau, ces bruits sont utiles pour vous retrouver. Malheureusement, les ennemis ont aussi des oreilles. Et vous devrez parfois avancer à pas feutrés, donc au sec et invisible, pour ne pas être entendu et dévoré.
D’autre part, vous ne trouverez ni dialogue, ni commentaire audio dans Rain. Seul le son de la pluie, et une musique principalement composée au piano, sont présents. Quand le garçon est à l’abri, la musique orchestrée débute. Il en va de même, quand un élément de l’histoire se révèle, par une phrase écrite dans le décors. Sous l’averse, cette musique est inexistante. Cependant, la pluie semble composer une mélodie, tant les gouttent frappent fort sur le pavé. Une fois encore, Rain vise juste avec une bande son minimaliste et touchante.
Pour conclure, ces trois premiers niveaux de Rain semble confirmer nos premières impressions. Ce jeu est bien une ode à la poésie et la mélancolie. Jamais la pluie n’aura été aussi belle et triste, à la fois. Entre le rêve, et la réalité, ce monde semble doux et dangereux en même temps. A l’instar d’Ico et de Limbo, Rain fait une synthèse du monde de l’enfance, entre la fuite et la recherche d’un autre moi. Rain sera peut-être un indispensable 2013. Mais pour en être sûr, il faudra aller jusqu’au bout de l’aventure. Attendons le test, pour savoir si le jeu tient sur la longueur, et ne finit pas en queue de poisson (dans l’eau).