Oubliez de suite le carnage artistique et l’échec médiatique d’Alien Colonial Marines. Et mettez-vous bien en tête que ce nouvel Alien Isolation se distingue, sur de nombreux points, du jeu développé par Gearbox . Ainsi, le studio The Creative Assembly (responsable des Total War) met toutes ses cartes en jeu, pour se rapprocher au mieux de l’œuvre de Ridley Scott.
Cette première expérience de trente minutes de jeu sur Alien Isolation est déjà très prometteuse. Revenons sur les points forts de ce futur survival horror, mais n’oublions pas de préciser les quelques points noirs qui pourraient ternir le tableau.
Petit rappel des faits
Alien Isolation se déroule 14 ans après (donc en 2136) les événements du film Alien, Le huitième passager (sorti en 1979 et réalisé par Ridley Scott). Amanda, la fille de Ripley (héroïne du premier film) apprend que la boîte noire du vaisseau de sa mère, le Nostromo, a été repérée sur la station commerciale Sevastopol. L’innocente Amanda décide alors de s’y rendre. Évidemment, elle ne sera pas seule, et ce n’est pas les jupons de sa maman qu’elle va trouver!
Ce premier extrait d’Alien Isolation nous plonge au cœur de « l’action », dans un niveau situé au milieu du jeu. Une alarme s’est déclenchée, nous devons rejoindre au plus vite la sortie, et surtout en toute discrétion … En effet, munie d’une clef à molette et d’un radar (objet de survie important dans le jeu) qui commence à s’affoler, Amanda sent le danger roder. Point lumineux sur notre radar, il approche… Enfin, « elle », la créature, l’Alien…
Et que devons-nous faire
Face à cette horrible bête visqueuse à la double mâchoire bien aiguisée, nous évitons tout affrontement. En effet, ce n’est pas notre petite clef à molette qui va lui éclater une vertèbre ou un tuyaux. Plus sage, nous tentons de courir, mais le danger a des oreilles. Attirée par le bruit, son ouïe et son appétit sont aiguisées. Trop tard, elle court derrière nous (je suis schizophrène quand je parle de Samantha). Plus rapide que bruyante, la créature est déjà dans notre dos et nous plante le ventre d’un de ses nombreux appendices perforants. Petit haut le cœur, cette fin quelque peu ensanglantée rappelle Dead Space (qui lui-même s’inspire d’Alien, un juste retour donc).
Heureusement, les points de sauvegarde automatiques sont nombreux. Et nous en avons bien besoin face à l’intelligence de la bête qui rode et qui veut notre peau. Seul ennemi rencontré (du moins dans ce niveau), son Intelligence Artificielle et ses réactions aléatoires nous en font voir de toutes les couleurs…Et surtout celle de la peur ( Et oui, Alien ce n’est pas l’école du slip). Alors, la meilleur solution reste d’avancer à pas feutrés, jouant à cache-cache avec notre tortionnaire. Heureusement, le radar permet de localiser la moindre présence dans le vaisseau. Pratique surtout quand celle-ci se cache dans les conduits d’aération, et que nous sommes bloqués dans une pièce, isolés du monde terrestre.
Une créature affamée et sans pitié
La créature d’Alien Isolation est extrêmement fidèle à l’œuvre du peintre illustrateur H.R Giger http://www.hrgiger.com . Ainsi le design original du film est respecté. Nous retrouvons avec effroi et délectation cette forme organique élancée et féminine accouplée de tuyaux métalliques effrayants, d’une mâchoire renfermant une autre rangée de dents, et d’un crâne allongé ou plutôt en érection.
Les développeurs ont réussi le pari de retranscrire la peur, et la première apparition ne se fait pas sans quelques rebonds. Ils se sont aussi appliqués à rendre la créature imprévisible, afin qu’elle soit une menace à tout moment, et non un robot programmé. Enfin (à voir sur le long terme), les game designers nous promettent de construire une véritable relation avec la créature. Celle-ci devrait apparaître peu de fois, pour plus d’impact et une progression marquante de notre tension.
Principes d’immersion dans la fiction
D’autres mécanismes, que l’arrivée marquante de la créature, sont mis en place pour nous faire peur. Elément basé sur la surprise, la vilaine bestiole nous fait sursauter. Mais les décors et l’ambiance sonore sont surtout mis en place pour nous angoisser. Les couloirs et salles du vaisseau sont vides et froids, les seules traces d’êtres humains sont laissés à l’abandon. Le sentiment d’être isolé fonctionne alors relativement bien.
Surtout, le jeu est vu à la première personne, et nous sommes désarmés donc fragiles. Le succès de jeux comme Amnesia ou Outlast ont prouvé à maintes reprises que cette recette fonctionne. Vous êtes dans la peau d’un personnage victime d’élément incontrôlables qui le dépassent. Alien Isolation est donc loin du jeu de Shoot comme Dead Space 3.
Enfin, le design sonore nous rappelle bien que nous sommes en orbite, plus ou moins seuls. Pas de musique, seul le bruitage de nos pas et notre souffle accompagne ce cache cache. Mais, entre le sentiment d’abandon et d’ennui, il n’y a qu’un pas… Le rythme!
Mais des défauts bien réels
Pour ne pas vous le cacher, nous (moi dédoublée dans la peau d’Amanda) sommes mortes à de nombreuses reprises. Transpercée par devant ou derrière (oui c’est sale), la créature m’en a fait voir de toutes les couleurs. Certes elle est maligne et inquiétante au début , mais cette répétition des game over la rend de plus en plus énervante, fatigante et surtout quelconque.
De plus, le manque de bruits « étranges » ou d’éléments insolites voir organiques (hormis la bestiole aussi gluante que tranchante) laisse un sentiment de vide qui pourrait devenir ennuie. En effet, ce niveau, assez aseptisé et trop bien rangé nous donnent de nombreux repères et cachettes biens senties. Avec quelques tours en rond, mécanismes et portes à déverrouiller, puis allers-retours à prévoir, la découverte du vaisseau risque d’être lente.
Une bonne surprise
Enfin, attendons de voir la version finale pour juger si ces quelques défauts ne sont pas finalement des qualités pour poser lentement l’univers et nous surprendre par ses révélations.
En tout cas, Alien Isolation est très fidèle à l’univers de Ridley Scott. La créature est inquiétante et nous fera sursauter comme à l’époque du film. Les décors, les musiques et les mécaniques de jeu sont assez rudimentaires. Mais après tout pourquoi pas, quand le seul objectif consiste à fuir, alors que nous sommes pris au piège, isolés.