Mario dans un jeu de rôle tactique à damier, c’est une association qui paraissait improbable il y a quelques années. Même si le petit moustachu – et pas gaulois celui-là – nous a conviés à quelques combats au tour par tour, il faut reconnaître que Kingdom Battle, le premier crossover avec les Lapins Crétins, avait de quoi interloquer. Bien que mitigé sur certains aspects, le public a répondu favorablement à cette aventure au ton déjanté et à la réalisation exemplaire. Le génial directeur artistique d’Ubisoft Milan, Davide Soliani, ne pouvait en rester là et il a profité de l’E3 2021 pour annoncer cette suite. Intitulée Sparks of Hope, elle améliore tous les aspects de l’original pour un résultat passionnant. Non seulement on a succombé à cet épisode, mais on attend les trois extensions avec impatience !
Après la première aventure de Mario et ses compagnons, le Royaume Champignon a retrouvé la quiétude qui était la sienne. Alors que tout le monde profite de cette paix, Mario lève les yeux et voit quelque chose qui tombe du ciel. Il tente de regarder de plus près et se fait soudainement percuter par une petite étoile apeurée qui est rejointe par d’autres de ses congénères, les Sparks. C’est alors qu’une gigantesque raie manta survole la zone, transformant tout le paysage en une terre désolée. N’écoutant que son courage, Mario bondit vers la raie manta et se retrouve dans un monde parallèle. Il fait alors la connaissance de Crusa, une entité qui a décidé de mettre l’univers à sa botte en consommant les Sparks – nées de la fusion entre les Lumas et les Lapins Crétins. Et il va bien sûr falloir l’arrêter !
Une relecture de Kingdom Battle
Par rapport au précèdent épisode, Sparks of Hope est beaucoup plus libre. Désormais, les personnages peuvent aller où ils veulent et ne répondent plus au petit appareil qui leur servait de guide auparavant. En matière d’exploration, ça change tout ! Le joueur peut, à son envie, visiter chaque monde de fond en comble, parler avec les PNJ (des lapins crétins qui font les pitres et d’autres protagonistes loufoques), effectuer des quêtes alternatives en résolvant des puzzles, et ainsi profiter de chaque point d’intérêt de la map. Chaque lieu à thème est une ode à la découverte et il est même possible d’entrer dans les bâtiments ou d’interagir avec l’environnement (bosquets, rochers, etc.) pour récupérer des pièces ou des étoiles. Ces items ne sont pas superflus puisqu’ils permettent, pour les premières, d’acquérir des cosmétiques pour armes et objets qui vous serviront en combat (champignon revigorant, bloc POW, immunité, etc.) et, pour les secondes, d’améliorer les compétences des Sparks qui viennent épauler les membres de votre escouade. Sparks of Hope s’émancipe de la progression linéaire de son prédécesseur grâce à ses cinq planètes très différentes à visiter, tout en restant vivant et drôle. Tout a été réinventé et les combats, vous l’aurez bien compris, n’y échappent pas.
Oh, la belle bleue !
Durant les affrontements, Sparks of Hope conserve la limitation de déplacements inhérente au genre, mais se défait du damier habituel. Tout est beaucoup libre et les personnages peuvent, en plus, interagir entre eux pour s’entraider. En s’approchant d’un acolyte, votre avatar peut effectuer un saut pour planer temporairement jusqu’à une zone choisie. En phase offensive, il n’est pas rare d’affronter des Goombas qui se meuvent en file indienne et le jeu exploite un « dash » qui permet de dégommer tout ce petit monde. C’est fûté et ça apporte une donnée stratégique supplémentaire très intéressante. Bien évidemment, selon le protagoniste, les capacités d’attaque, de défense ou encore de déplacement sont plus ou moins importantes. Il faut alors prendre en compte les compétences de chaque personnage (que l’on choisit soigneusement dans son équipe) et s’adapter au terrain et aux ennemis en place. Au départ, on navigue un peu dans le flou en alternant entre les individus adeptes du tir à distance et ceux, plus bourrins, attirés par le corps-à-corps. Mais petit à petit, la difficulté grimpe, les opposants sont plus résistants, plus vicieux (certains sont plus costauds, d’autres se régénèrent…) et il faut alors parfaitement équilibrer son escouade en veillant à booster ses aptitudes via l’arbre de compétences. Outre leurs armes, les personnages ont accès à différents « pouvoirs spéciaux » (soin, bouclier, contre-attaque…), mais aussi aux Sparks. Ces petites étoiles, mix entre des Lumas et des Lapins Crétins, ne sont pas là que pour faire joli. Elles représentent la touche tactique supplémentaire en se basant sur les éléments : le feu, l’eau, l’électricité, la glace, etc. Une fois assignées aux héros, ces entités toutes mignonnes – mais redoutables – octroient des pouvoirs additionnels bien pratiques. Il y en a une bonne trentaine à débusquer dans le jeu et les obtenir offre un panel de possibilités encore plus vaste. Avec Sparks of Hope, on sent que les développeurs ont cherché à optimiser la formule en la rendant plus agréable et fluide. Et le pari est largement réussi. On s’éclate, les combats sont parfois bien tactiques – comme avec Bibi, l’un des gros ennemis du jeu – surtout dans les modes les plus costauds.
Il faut des gens beaux
Avec Kingdom Battle, les développeurs avaient démontré tout leur talent et ils le prouvent une nouvelle fois avec Sparks of Hope. En plus d’être mis en musique par de petits génies de l’industrie (Yoko Shimomura, Grant Kirkhope, et Gareth Coker), le jeu affiche des mondes assez vastes, colorés et remplis de petits détails qui insufflent un sentiment de vie. En déambulant dans ces différents environnements, on ne peut qu’être charmé par les trouvailles des artistes. On se délecte de pistes sonores délicieuses et il n’est pas rare de simplement se balader en fouillant chaque buisson pour récupérer un maximum de pièces. Il y a même des mini-jeux (parfois planqués) pour diversifier l’exploration. Mario + The Lapins Crétins est une licence qui pouvait être immensément casse-gueule, mais les créateurs ont réussi ce tour de force avec brio et on attend avec impatience les prochaines extensions. Trois sont prévues en 2023 et l’une d’entre elles mettra en scène un certain Rayman. Assurément une pépite et sans doute l’une des franchises exclusives les plus réussies de ces dernières années.
TRÈS BON
Propulsé par le moteur Snowdrop, Mario + The Lapins Crétins Sparks of Hope est une réussite totale. Bien plus libre que son prédécesseur, le jeu exploite de nouvelles idées qui s’adaptent parfaitement à sa structure tactique. Bourré d’humour, bien écrit et très intelligent dans sa démarche, il propose des combats passionnants et n’est jamais avare en surprise (mini-jeux, objectifs à atteindre, PNJ complètement barrés…). Avec sa bande-son magistrale signée par trois grands noms de l’industrie et sa réalisation remarquable, Sparks of Hope est tout simplement l’un des meilleurs jeux de l’année de la Nintendo Switch. Vivement les prochaines extensions !
Points positifs :
Une bande-son extraordinaire (Shimomura, Kirkhope, Coker)
Combats tactiques et dynamiques
Les Sparks, influenceurs de victoire ou défaite
La réalisation graphique
5 planètes très différentes à visiter
Plein de choses à faire !
Beaucoup plus libre que son prédécesseur
Points négatifs :
Quelques ralentissements
Quelques baisses de rythme (mais rien d’important)
Éditeur : Nintendo / Développeur : Ubisoft / Genre : Jeu de rôle tactique / Date de sortie : 20 octobre 2022 / PEGI : 7 / Support : Nintendo Switch