Vous rêvez de travailler dans le jeu vidéo ? Alors même que vous portiez encore des couches, vous étiez biberon dans une main et manette dans l’autre. Vous parlez un langage binaire avec des « zéro » et des « un » ou vous préférez tenir un crayon que de discuter…
Effectivement, vous avez peut être votre place dans le vaste monde du jeu vidéo. Mais attention, les places sont chères. Car la France est un petit territoire qui regorge de talents ! Il vous faudra de la patience, de la passion et peut être même de l’acharnement. Si vous n’êtes pas prêt à déménager (le jeu vidéo ce n’est pas qu’un marché français) et découvrir de nouveaux horizons, vous allez suer ! Mais ne paniquez pas. S’il n’y a pas de place pour tout le monde, il y en a peut être pour vous ! Voici dix conseils que nous avons récolté pendant la dixième rencontre vidéoludique sur l’Emploi dans le jeu vidéo en France.
» Les talents français sont très prisés. » Et oui bande de petits chanceux et petites chanceuses, vous avez une image « frenchie » positive. La « French Touch » est un mot certes un peu galvaudé, mais être français est très bien vu. D’une part, nous avons de très bonnes formations qu’elles soient techniques, artistiques ou commerciales. D’autre part, la France a déjà fait ses preuves dans le jeu vidéo et les talents s’exportent. Apprêtez-vous à faire vos valises pour augmenter vos chances.
» Une bonne lettre de motivation, ça différencie énormément. Il faut oublier les formules de base. » Le fameux CV, il ne faut pas l’oublier celui-là. C’est votre porte d’entrée pour rentrer dans un studio. C’est aussi la première image que vous donnez de vous. Et pour accompagner le CV, la lettre de motivation est presque obligatoire car elle peut vous différencier. Mais faîtes attention aux fautes d’orthographe, aux phrases déjà vues et revues. Soignez votre syntaxe, montrez votre amour pour le studio et que vous êtes utile pour vos compétences.
» Être créatif, ce n’est pas être un ado attardé. » Évitez les petits dessins de cœurs ou de têtes de mort sur le CV. Montrez qu’aimer les jeux et vouloir en faire, n’empêche pas d’être sérieux. Le monde du jeu vidéo a besoin de professionnels et non d’enfants attardés qui ne pensent qu’à jouer.
» Être capable de montrer des choses. Il faut blinder son book perso, faire des projets. » Vous pouvez faire l’école la plus prestigieuse et avoir un doctorat, que ce n’est pas suffisant pour trouver un métier. Sur le marché, ce n’est pas la valeur de votre diplôme qui compte mais vos projets (surtout dans le domaine artistique). Il faut surtout montrer de quoi vous êtes capables et que vous en avez dans le ventre. N’attendez pas votre premier job pour faire des jeux et travailler en équipe. Vous êtes passionnés, alors faîtes-le sans attendre d’ordre (c’est encore plus marrant) !
» On ne peut pas être fonctionnaire de la création… Mais c’est une voie intéressante qui peut faire gagner de l’argent. » Très peu de boîtes proposent des CDI en 35 heures. Premièrement, les studios marchent par projet et vous serez embauchés le temps de celui-ci. De plus, il ne faudra pas compter vos heures, et vous risquez même de devoir vous levez tôt certains week-End. C’est un peu triste ou heureux, mais quand on aime, on ne compte pas. La création est un vaste champ de bataille rempli de montagnes russes, surtout pour les indépendants. Vous devrez faire vos preuves avant de trouver de la stabilité. Mais vous pouvez aussi décider de travailler en chaussettes sur votre canapé avec l’aide de votre chômage. Certaines studios ont commencé comme ça et peuvent maintenant embaucher.
» Quand ils cherchent quelqu’un, c’est qu’ils sont déjà en retard. Donc ils cherchent tous des seniors. » Cette phrase est plus ou moins à prendre au pied de la lettre. Si vous regardez les chiffres, effectivement plus de 90% des annonces s’adressent à des seniors. Dans certains cas, vous pouvez très bien exercer votre métier dans un autre champ d’action; par exemple être animateur 3D sur une série télé. De plus, si vous vous déplacez dans des conventions, n’hésitez pas à faire des candidatures spontanées et à marquer votre futur employeur. Là aussi il vous faudra des travaux sous le coude qui montrent vos compétences. En ce sens, ne sous-estimez pas la valeur de vos projets étudiants. Par ailleurs, ces chiffres concernent uniquement la France. Alors si vous ne trouvez pas, exportez-vous !
» Ubisoft a le temps de former. Or les petits studios n’ont pas le temps. » Évidemment, vous ne trouverez votre premier CDD avec les deux indépendants talentueux qui vivent de leur chômage. De même, un studio qui a moins d’un mois et joue sa vie sur son premier jeu sera sûrement plus frileux à devoir former un junior. Pour recevoir une formation, suivez plutôt les annonces des moyennes et grandes boîtes. Évidemment Ubisoft, Ankama et Quantic Dream ont la capacité, en taille, de former des nouveaux talents. Mais vous pouvez aussi tenter votre chance à DontNod, Pastagames, Amplitude, Cyanide, Pretty Simple ou HeSaw, etc. La formation a marché pour certains, ça peut marcher pour vous !
» C’est un marché mondial, donc global. Les jeux, faut les vendre partout. Et 40% du marché est aux États-Unis. » Et ça revient au premier point qui consiste à dire que « les talents français sont prisés ». Alors oui, vous risquez de devoir faire vos bagages et ce n’est pas un mal. Il ne faut pas avoir peur du changement pour évoluer. Tout le monde ne peut pas se le permettre, mais si vous êtes mobiles et motivés, alors bougez ! Il y a trop de formations en France et pas assez de postes dans le jeu vidéo. Il faut donc élargir votre champ de recherche à l’Europe (Angleterre, Espagne, Italie, Allemagne, …) mais aussi au Canada et aux États-Unis (de nombreux studios à San Francisco).
» Communiquez, faîtes des salons ! Tout se décide en amont. » La communication, c’est la moitié de votre projet. Si vous voulez être (re)connu et vous faire des contacts, mettez en avant vos jeux ! De nombreux concours et événements sont organisés chaque année en France, en Europe et dans le monde. Le Paris Games Week n’est pas accessible à tout le monde, mais des événements comme Geekopolis, le FLIP, le MAGIC, Evry Games City, le Stunfest, Futur en Seine, etc… Sont l’occasion idéale de rencontrer des créateurs, de discuter, de présenter vos jeux, d’avoir des conseils, et de progresser tout simplement. Alors sortez de chez vous et soyez sociables (oui c’est pas toujours facile, mais c’est en faisant qu’on apprend).
» Faîtes des jeux et ne sortez jamais sans votre carte de visite. » Tout est dit. C’est comme en soirée, n’arrivez jamais les mains vides et armez-vous de votre plus beau sourire :). Les intervenants :
- Anne-Marie Joassim (Answers Recruitment)
- Emmanuel Forsans (Agence Française pour le Jeu Vidéo)
- Fibre Tigre (Développeur indépendant)
- Simon Péneau (Ubisoft)
Animé par :
- Mickaël Newton (Association Loisirs Numériques)
- Anthony Avila (Association MO5)
Quelques chiffres en vrac :
- 85% des entreprises se considèrent comme indépendantes (les Capitaux leur appartiennent)
- 2/3 des studios font de la prestation
- Seulement 8% des studios français font des jeux triple A (budget au dessus de 15 millions d’euros)
- Plus de 50% des postulants sont juniors alors que 95% des annonces sont pour les seniors
- Seulement 5 à 10 studios étrangers en France
- 75% des jeux sont développés pour le PC
- 40% des métiers sont techniques (Prog), 35% artistiques (son, image, GD…) et 25% service (Communication, Vente, qualité produit…)