Le tsuchinoko est un serpent fourbe et menteur. Une sorte d’ouroboros mélangé à Gollum.
Pourtant Tsuchinoko est un créateur aussi talentueux que travailleur qui a attiré la confiance de gros éditeurs comme Blizzard, Bethesda, Konami, etc…
Mais la chance n’a rien à voir dans cette histoire. Il s’agit plutôt de passion et un besoin viscéral de création. Découvrez notre interview de Tsuchinoko, et suivez son actualité, vous en entendrez reparler !
Aurélie : Bonjour Tsuchinoko. Pour t’éviter une énième présentation, on va faire un rapide portrait chinois. Si tu étais une planète, un animal et un légume, que serais-tu et pourquoi ?
Tsuchinoko : Hello.
Pour la planète, je dirais la Lune. J’aime bien cette idée qu’il y ai une face cachée que personne ne voit. On entend les histoires les plus folles là dessus.
Pour l’animal, ça sera le chien, j’aime le côté fidèle des toutous. j’adorerais avoir un bull terrier, mais je voyage souvent… pas évident.
Le gingembre, j’adore ça.
Comment expliques-tu ton surnom ? Es-tu ce fameux serpent japonais menteur et qui se mange la queue, est-ce un clin d’œil au trophée « Ripley’s Believe it or Not » de Metal Gear Solid 3, Solid Snake, ou tout autre chose ?
Tout simplement un surnom que des potes japonais m’ont donné, même si effectivement, étant fan de MGS, je vois très bien de quoi tu parles ;).
Exerces-tu ton métier par passion ? Si oui, par passion de quoi ? Quel est ton leitmotiv ?
Cela fait maintenant un bon moment que je bosse dans les milieux « créatifs », plusieurs agences de pub, M6, ma propre boite et maintenant en freelance.
Il est clair que ce qui me fait avancer c’est la passion de créer des choses, c’est un besoin. Dessin, logo, toile, mur… peu importe, faut que ça sorte.
De toute ton expérience, as-tu un bon et un mauvais souvenir à nous raconter ?
Le bon est sans doute d’avoir trouvé un bon mode de fonctionnement avec le freelancing. Salarié, gérant de ta boite qui elle-même a des salariés, c’est pas mal de contraintes au final.
Là, j’ai trouvé un équilibre qui me convient, c’est d’ailleurs ce que je raconte dans mon livre. Mauvais souvenir c’est la manière dont j’ai dû fermer ma société en 2011. Ton pote d’enfance qui tape dans la caisse, c’est un peu moyen…
Quand tu as travaillé pour une grosse chaîne comme M6, de quoi es-tu le plus fier, quels sont tes regrets ?
À l’époque M6 est venu me débaucher et m’a donné carte blanche pour tout, monter mon équipe de créas etc… Avec le recul, je pense avoir vécu l’âge d’or de la chaîne. La période où « l’argent n’est pas un problème » dixit un de mes boss de l’époque, maintenant les échos que j’en ai sont totalement différents. J’ai vécu une véritable expérience humaine et j’ai encore beaucoup d’amis de l’époque. Après, c’est sûr que quand tu es véritablement créatif au fond de toi ce n’est pas dans ce genre de boîte qu’il faut rester. Au bout d’un moment, tu tournes en rond à décliner la charte au millimètre. c’est frustrant à la longue.
As-tu un combat ou un engagement que tu exprimes dans l’art ? Si oui, comment et lequel ?
Je suis Vegan et il m’est arrivé de soutenir et de travailler pour des organisations du genre Sea Shepherd par le passé. Mais en général j’essaie de ne pas trop politiser mon travail même si le regard que je porte sur le monde me dit au contraire d’être plus saignant dans mes productions.
Quelles émotions/sensations cherches-tu en créant ? Est-ce les mêmes en jouant ?
Je ne suis pas figé sur mes acquis en fait et j’aime bien prendre des risques à tenter de nouvelles choses, de nouveaux styles. Quelque part ça me sert et me dessert car je suis un peu un artiste « couteau suisse », je peux faire du Web, du print, de l’identité, de l’illustration, du street, etc… Difficile de me mettre dans une case. Donc oui, j’aime bien sortir de ma zone de confort et prendre des risques de temps en temps. Le mur de la PGW devant les 300 000 visiteurs en est un exemple.
En ce qui concerne les jeux vidéo, j’adore me faire peur. Les survival horror sont ce que je recherche le plus (hello RE7, je t’attends de pied ferme).
Vidéo Dishonored 2 à la PGW 2016 :
Parmi tes différentes commandes, sur quel titre as-tu préféré travailler ?
Même si je ne suis pas satisfait du rendu final (beaucoup de contraintes etc), je pense que travailler sur une tour de la BNF reste un de mes projets préférés. Ne serait ce que par la dimension de l’opération qu’on a mis en place avec Blizzard & ARTtitude. La BNF ne dit pas oui à tout le monde et jusqu’à présent seul JR avait eu l’autorisation de faire quelque chose (de beaucoup plus petit 😉 ) avec eux. Après j’ai un affect particulier pour des licence comme MGS de Konami, j’ai grandi avec Snake donc forcément quand on m’a demandé de bosser sur MGSV j’étais ultra content.
Quels sont tes outils de prédilection pour dessiner ? Quels sont ceux que tu as utilisé pour faire ce gigantesque Ilidan de la BNF ?
Je touche à tout, je ne suis pas cantonné à tel ou tel outil, même si j’adore taper des illus uniquement au ball pen.
En ce qui concerne la BNF, pour des questions de timing, de budget et d’assurance, on a opté pour un poster géant collé de l’intérieur. Comme un puzzle géant en fait, un boulot titanesque et on a dû monter des équipes spécifiques pour ça.
Asian Rebel forever :
Quel est ton jeu préféré ? Quel est celui que tu adorerais interpréter puis coller dans les rues ? Où ?
Je suis plutôt survival horror donc RE7 retient toute mon attention 😉 On était en pourparlers avec Capcom pour bosser dessus, mais le timing est trop short en fait. Vraiment dommage.
Sinon, le prochain bébé de Kojima avec Reedus à l’air dément, je me verrais bien faire quelque chose dessus.
« Kick ! Punch ! It’s All in the Mind » :). Pourquoi as-tu choisi Parappa The Rapper (au passage très bon choix 🙂 ) quand tu as parlé d’un jeu sur la culture urbaine ? Quel est ton niveau/morceau préféré ?
Comme je le disais à la conférence, mon approche des jeux « urbains » c’est fait par la musique. Depuis toujours, j’écoute du hip hop et forcément quand cet ovni a débarqué, j’ai adhéré tout de suite. La zik, le chara design, le system de jeu, les boss… Pas de préférence, pour moi ce jeu complet est une véritable réussite et je suis hyper content qu’ils viennent d’annoncer un reboot sur PS4.
Le Jeu Vidéo et le Street Art ne sont-ils pas déjà trop « vieux » pour être des modèles de rébellion ? Pourquoi ?
Le jeu vidéo est bien trop mass market pour la rébellion, et le street art n’est devenu qu’un moyen cool d’expression pour les éditeurs. Selon moi on trouvera plus de rébellion vers les éditeurs indépendants, et les artistes qui bossent leur art pour eux sans prendre de commission de grosses boites qui veulent se donner une « street cred’ ». J’essaye de garder un juste milieu en travaillant mon art et les commandes, c’est pas toujours évident.
Est-ce vraiment possible de concilier œuvre esthétique et subversive ? As-tu des exemples ?
Vaste sujet. Déjà tout est tellement relatif dans l’art. Je vois passer très souvent des choses que je qualifierai de « naze » ou « facile » et pourtant ces choses déchaînent les foules, c’est à n’y rien comprendre. Chacun à sa propre appréciation de l’esthétisme, chacun est différent, donc difficile de répondre à cette question en fait.
Que pensait et que pense ton entourage proche de ton métier ?
Ce n’est pas si simple. Difficile pour quelqu’un de mon entourage de comprendre pourquoi parfois je bloque sur un taf pendant des jours, jusqu’à ce que je sorte exactement ce que je veux. J’aime vraiment pas le terme « artiste ». Je suis mal à l’aise avec ça, mais il faut reconnaître qu’au-delà de la question du talent (que je ne pense pas avoir comparé aux personnes que j’admire), on ne fonctionne pas comme tout le monde et c’est parfois dur pour l’entourage de suivre.
Qu’est-ce qui te pousse à continuer ton métier ?
Créer, créer, créer. Toujours cette envie de produire des choses et à vrai dire je ne me vois pas dans un autre taf. Depuis mes écoles de dessin jusqu’à aujourd’hui, ma vie se résume à la création donc je vais essayer d’aller le plus loin possible encore.
Website : www.tsuchinoko.fr
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Pour en découvrir plus sur le Street Art et le Jeu Vidéo, découvrez l’intégral du débat » Jeu Vidéo et Culture urbaine » organisé par Loisirs Numériques et MO5.com :