The Coral Cave est un jeu d’aventure point&click en 2D.
Plongez dans un univers poétique, étrange mélange de conte traditionnel et de voyage merveilleux.
Découvrez l’histoire de Mizuka, une jeune fille qui habite sur une petite île d’Okinawa en apparence paisible. Mais les esprits qui hantent les forêts l’observent avec appréhension.
Alors que la limite se brouille entre le monde des hommes et celui des esprits, vous devrez mener l’enquête.
La direction artistique enchante et fascine. En effet, le jeu est intégralement fait à l’aquarelle. Les personnages sont animés sur papier, image par image, et les décors sont peints à l’aquarelle. Les dessins sont ensuite scannés et intégrés au logiciel de création du jeu.
Surtout, à part le doublage et les traductions (originaire d’Okinawa, Ryoko Kokuba traduit le jeu), seulement deux personnes, Cécile et Olivier, développent The Coral Cave (le scénario, les dessins, la programmation, la prise de son, la musique…)
D’ailleurs, l’histoire, les personnages et les décors sont inspirés par leurs longs séjours au Japon, dont le voyage à Okinawa et les gens rencontrés.
Si des jeux comme Child of Light ou Ni no Kuni vous ont marqués, alors suivez de près le développement de Coral Cave. En attendant d’en savoir plus, nous les avons interviewé durant Animasia.
Teaser :
Aurélie Knosp : Bonjour Cécile et Olivier, pouvez-vous vous présenter ? Quel est votre parcours ?
Cécile et Olivier : Nous sommes deux dessinateurs. Olivier a fait une fac d’arts plastiques et Cécile une fac de japonais. Quand on s’est rencontrés, on a commencé à faire des voyages au Japon et à vouloir créer des projets ensemble, en lien avec ce pays : bande dessinée, court métrage, jeu vidéo…
AK : Vous êtes auteurs de BD, quel a été le déclic pour vous mettre au jeu vidéo ? Quels sont vos jeux coup de cœur ?
C&O : L’émergence du jeu vidéo indépendant nous a donné l’impression de pouvoir créer notre propre jeu, loin de l’image que l’on se faisait de jeux nécessitant de grosses équipes. Nous avons beaucoup de coups de cœur mais on retient surtout ceux qui proposent un univers bien personnel, par exemple Void&Meddler (jeu cyberpunk créé par 2 musiciens punks), The Dream Machine (jeu en stop motion dans un univers lynchéen), Machinarium (entièrement griffonné sur papier) etc.
Quels sont les points communs entre ce projet de jeu et vos BD ?
Le Japon contemporain, l’utilisation de l’aquarelle et un univers à la limite du fantastique qui reflète l’incroyable capacité de la culture japonaise à continuer de développer son folklore à notre époque.
En quoi le jeu-vidéo offre des possibilités (narration, émotion, découverte) plus « riches » que la BD pour créer Coral Cave ?
Nous ne pensons pas que le jeu vidéo offre des possibilités plus riches que la BD mais différentes. En BD, toute la richesse est dans la part d’imagination donnée au lecteur, par exemple en qui concerne les ellipses entre 2 cases. C’est passionnant et complexe de travailler sur ce genre de choses. En jeu vidéo, on touche à plus de techniques : musique, animation, interactivité, etc. Grâce à ces nombreux effets, il est plus facile de susciter l’émotion chez le joueur mais d’un autre côté, il est plus difficile de maîtriser parfaitement toutes les techniques.
D’ailleurs, que raconte la BD tirée du jeu ?
Le minicomic de Coral Cave raconte une aventure mystérieuse que vit l’héroïne, la petite Mizuka, quelques temps avant l’histoire du jeu. Nous l’avons dessinée pour définir précisément l’univers du jeu, les personnages et la géographie de l’île où se déroule le jeu.
Cécile, tu as appris le japonais à la fac, et Olivier, toi, tu as fait une fac d’arts plastiques. En quoi vos formations vous ont-elles amenés à développer Coral Cave (culture du Japon, dessins de paysages, maîtrise de l’aquarelle, etc) ?
Olivier n’a pas vraiment appris le dessin à la fac d’arts plastique mais plutôt dans un petit atelier à Bordeaux où il a étudié surtout le dessin d’observation. Les études de japonais de Cécile nous a permis de vivre une année entière au Japon en échange universitaire et d’aller plus loin dans la découverte du folklore. En voyage, nous faisons de nombreuses aquarelles qui nous servent ensuite de documentation pour nos projets. Ces dessins et les rencontres que nous faisons sont nos sources d’inspiration.
Comment vous êtes-vous formés aux techniques du jeu vidéo ?
Il existe maintenant des logiciels gratuits facilitant la création de jeu vidéo. Celui qu’Olivier utilise, Wintermute, est déjà prévu pour créer des jeux d’aventure et l’on trouve toute la documentation nécessaire sur internet pour apprendre à s’en servir ainsi que des forums où les créateurs s’entraident.
Justement, quelles techniques (traditionnelles et numériques ) utilisez-vous pour développer votre jeu ? Quels sont les avantages et inconvénients ?
Nous essayons au mieux de faire fusionner les techniques manuelles avec les outils numériques. Tous les dessins sont faits à la main sur papier au crayon et à l’aquarelle. On les scanne et on les intègre au logiciel. L’avantage de l’aquarelle c’est que c’est une technique très rapide et intuitive. L’inconvénient c’est que notre scanner ne restitue pas correctement les couleurs et qu’il y a un gros travail de récupération des couleurs à faire sur ordinateur.
Expliquez-nous Coral Cave en trois mots-clefs ?
Conte : The Coral Cave est un conte de notre époque.
Okinawa : L’archipel d’Okinawa était un royaume indépendant avant d’être annexé par le Japon il y a environ 200 ans. Toujours à l’écart de Tokyo, Okinawa a gardé sa propre culture.
Aquarelle : Loin d’être « traditionnelle », cette technique manuelle est tout à fait moderne et adaptée à notre époque : rapide, transportable partout et bon marché. Nous espérons qu’elle apportera une atmosphère naturelle et chaleureuse à notre jeu.
Quel a été le point de départ ? Comment a évolué le projet ?
Nous étions en train de jouer aux Chevaliers de Baphomet, lorsque nous avons réalisé que ça ressemblait à de la BD animée. On s’est dit qu’on allait faire un petit projet pour s’amuser sur notre temps libre. Voyant qu’il n’existait pas vraiment de jeu vidéo entièrement fait sur papier, nous avons décidé que le projet serait plus ambitieux. Finalement, cela fait 5 ans que nous sommes dessus mais depuis, nous avons appris l’animation, la musique, la programmation, nous avons réalisé plusieurs jeux vidéo avec des étudiants et nous avons sorti une BD, un carnet de voyage et un minicomic. On ne peut pas dire qu’on ait perdu notre temps !
En quoi, votre voyage à Okinawa fut-il décisif pour la mise en œuvre de votre projet ?
Okinawa est un archipel d’îles. Sur chaque petite île, on récupérait une carte joliment dessinée et on partait à l’aventure pour trouver les choses indiquées à voir. Quand nous avons eu l’idée de faire un jeu, c’est ce souvenir qui nous est revenu : explorer une île dans ses moindres recoins et imaginer ce que peuvent se raconter les enfants qui vivent là pour faire passer le temps…
Quelles sont vos (autres) sources d’inspiration ?
En ce qui concerne notre vision du monde, nous sommes inspirés par de nombreux auteurs comme le mangaka Daisuke Igarashi qui joue à faire se côtoyer le monde réel avec l’invisible ou encore le cinéaste Kiyoshi Kurosawa qui ouvre les portes de l’étrange dans un Japon contemporain. Nous aimons les contes modernes, les légendes urbaines, les histoires de notre époque.
Comment vous partagez-vous le travail, sur quelles tâches et depuis combien de temps ?
Au début de chaque projet, nous faisons des tests pour nous répartir les tâches bien distinctement. Sur The Coral Cave, Olivier fait les décors, la programmation, écrit le scénario et les énigmes tandis que Cécile fait les personnages, les animations et la musique. C’est comme ça depuis le début.
Quel est le contexte (réel, imaginaire, fantastique…) et l’histoire (la petite fille, le fantôme, l’île…) de Coral Cave ?
L’histoire se déroule de nos jours. La petite Mizuka vit sur une île d’Okinawa. Une nuit, elle fait un rêve étrange qui annonce un malheur. A son réveil, une vieille légende a refait surface et menace son village. Mizuka va et vient entre le monde des hommes et celui des esprits pour trouver une solution.
Quel est le gameplay ? Quels sont les actions possibles du joueur ?
Le joueur fait avancer l’histoire en résolvant des énigmes et puzzles. L’essentiel se fera par l’observation d’environnements fourmillant de détails avec lesquels il faudra se familiariser grâce quelques indices mais sans mode d’emploi ! Comme lorsque l’on voyage dans un pays étranger.
Vous venez de présenter votre jeu à Animasia. Quels sont les premiers retours des joueurs ? En quoi ces retours vous aident-ils pour développer votre jeu ?
C’est toujours intéressant de soumettre son jeu à un public varié pour avoir des retours et progresser, mais ces grands festivals très animés ne sont pas forcément adaptés à l’ambiance reposante de notre jeu… Nous pouvons tout de même voir où les joueurs buttent, les maladresses qu’ils pointent du doigt… le genre d’erreurs que l’on évitera de faire à l’avenir. Mais de manière générale, les visiteurs sont agréablement surpris par l’utilisation de l’aquarelle et apprécient l’atmosphère du jeu, ce qui est plutôt encourageant.
Quel est le prochain rendez-vous avec les joueurs ?
Nous serons au Toulouse Game Show les 1 et 2 décembre sur le stand de notre éditeur Issekinicho, pour dédicacer notre BD Onibi. Nous ferons une conférence et nous présenterons peut-être The Coral Cave.
Comment financez-vous le développement du jeu ?
Nous ne finançons pas le jeu car nous n’avons aucun frais réel (logiciels gratuits, matériel à dessin très abordable). Nos frais sont ceux notre vie de tous les jours (loyer, nourriture etc.). Si nous voulions obtenir une aide financière, il nous faudrait d’abord justifier d’un vrai budget. C’est dommage mais sans argent, il est difficile d’obtenir une aide. Heureusement, même sans argent on peut faire des projets.
Avez-vous déjà une idée pour la date de sortie et les supports ? Si oui, à quoi s’attendre ?
Nous espérons finir The Coral Cave en 2018 mais c’est difficile à dire… Il sortira sur PC et Mac. On verra ensuite si on arrive à l’exporter sur d’autres supports comme les tablettes.
Pensez-vous que le jeu vidéo est une forme d’art à part entière ? Pourquoi ?
Le jeu vidéo est un média artistique, ce qui ne veut pas dire que tous les jeux vidéo sont des œuvres d’art de même que toutes les peintures ne sont pas des œuvres d’art. C’est en tous cas un moyen d’expression et d’expérimentation artistique qui peut se montrer incroyablement ambitieux. En ce qui nous concerne, nous sommes plutôt à la recherche d’un média populaire lorsque nous faisons de la BD ou du jeu vidéo. Il faut pouvoir toucher les gens, sinon ça ne sert à rien. Et quand on voit l’image que se donne le monde de l’Art, on n’a pas forcément envie d’en faire partie…
Video Tutorial # 01 – Coloring a Background :
Enfin, un conseil pour celui ou celle qui souhaite se lancer dans le développement d’un jeu vidéo en partant de rien (formation, rencontres, aide, budget, ressources, inspirations…) ?
Difficile pour nous de donner des conseils alors que nous n’avons pas encore fini The Coral Cave ! Mais entre temps, nous avons réalisé des petits jeux vidéo en ateliers avec des étudiants et nous avons trouvé ces courtes expériences très enrichissantes. Le conseil que nous pourrions donner, c’est de commencer par de très courts projets. D’autre part, il ne faut pas hésiter à développer des univers vraiment personnels qui trancheront avec les autres jeux vidéo. Pas la peine d’être au top de la technique tant qu’on a des choses à raconter et des univers nouveaux à proposer.