La baffe collée par Uncharted 4 nous avait scotché à notre fauteuil. En plus d’offrir une aventure passionnante, Naughty Dog a donné une véritable leçon technique à la plupart des studios. On pensait à l’époque que la PlayStation 4 était en train de cracher ses tripes et qu’il était impossible de faire mieux. Et puis, un certain Horizon Zero Dawn est apparu et nous a foutu une nouvelle droite. Une héroïne sauvage, un monde organique peuplé de créatures préhistoriques robotiques, des étendues à perte de vue… c’est comme si Nathan Drake et le jeu de Guerrilla Games avaient fusionné. Comment une telle production pouvait tourner sur PS4 ? On a alors vu poindre sur les forums (d’une grande intelligence ou pas) la mélodie du downgrade, avec son lot de couplets plus ou moins gratuits. Il n’y a pas de doute, les femmes ont pris le pouvoir et ce Horizon Zero Dawn est là pour le prouver. Il y a un adage qui dit « jamais deux sans trois ». Soyez-en sûr, la troisième baffe vient de nous atterrir sur le museau !
À l’image de Lara Croft, Aloy est une femme forte. Elle n’hésite pas à rentrer dans le lard de celles et ceux qui lui cherchent des crosses et possèdent de vrais talents de combattante. Chasseuse dans l’âme, elle a été élevée à la dure dans un monde qui n’a jamais voulu d’elle. À cause de sa nature de paria, elle n’a eu de cesse d’apprendre à survivre en compagnie de son mentor, Rost. Cet homme, fort comme un roc, l’a pris sous son aile dès sa plus tendre enfance et en a fait une guerrière capable de subsister dans une époque instable. Horizon Zero Dawn plonge le joueur dans un futur post-apocalyptique où les machines ont pris le contrôle. Comme si le temps s’était arrêté, la nature a repris ses droits et des tribus, revenues à l’âge de pierre ou presque, ont redonné un sens à la vie. Mais depuis peu, une corruption a altéré le comportement des machines et nombre d’entre elles sont redevenues « sauvages », à l’image de créatures du cétacé. Bien évidemment, ce revirement soudain a une raison…
Aloy ou la vie sauvage
La vraie force de Horizon Zero Dawn vient en premier lieu de sa diversité. Le scénario, très bien ficelé, rappelle les débuts de la civilisation et nous fait naviguer dans les méandres de la science, des croyances, de la religion et de la quête d’identité. Aloy, rejetée au départ, va peu à peu fracasser les habitudes des peuples qu’elle rencontre, en leur prouvant sa valeur. Mais pour y parvenir, la charismatique demoiselle à la crinière rousse va braver les plus fous des dangers. À la fois traqueuse et guerrière, elle va apprendre à dompter des bêtes de plus en plus féroces et surtout de plus en plus imposantes. Sans être d’une richesse renversante, le bestiaire est suffisamment varié pour que l’expérience se renouvelle constamment. Toutes les machines, qu’elles soient terrestres ou volantes, possèdent des réactions cohérentes. Pour la plupart, elles sont à la fois basées sur des animaux existants (buffles, autruches, aigle…) mais aussi calqués sur des dinosaures. Par exemple, le Grand-cou est un mélange entre une girafe et un long cou. Et bien évidemment, il faut adapter son approche aux attitudes de cette faune souvent hostile. Ainsi, à la manière d’Aloy, le joueur apprend petit à petit à évoluer dans cet environnement et à maximiser ses chances de survie. La moindre imprécision peut coûter cher…
Un monde ouvert renversant
Dans sa progression, Horizon Zero Dawn ne réinvente rien. Il s’agit d’un mix entre Far Cry, Uncharted 4 ou encore Red Dead Redemption. Et comme dans n’importe quel monde ouvert qui se respecte, on évolue où bon nous semble en suivant une série d’objectifs, soit par le biais de la trame principale, soit par la validation de quêtes annexes ou de lieux à explorer. Le jeu exploite des dialogues à la Mass Effect, assez figés mais plutôt bien écrits et intéressants à suivre. Les habitués du craft, quant à eux, ne seront pas surpris de retrouver un loot assez important et des possibilités assez vastes. Plusieurs tenues, aux capacités différentes, sont disponibles et Aloy peut utiliser plusieurs armes et gadgets pour parvenir à ses fins. Les créatures que vous rencontrez ont toutes un comportement différent et il faut donc l’analyser pour pouvoir se défendre. Une machine lente aura plus tendance à utiliser son corps et à vous foncer dessus tandis qu’une entité de type « féline » se jettera sur vous avec une grande vivacité en vous lacérant le visage. Les bestioles mécaniques qui peuplent ce monde peuvent être gigantesques et il est souvent préférable, sauf en cas d’obligation, de les éviter. Horizon Zero Dawn fait ainsi la part belle à l’infiltration et les herbes hautes vous tireront de bien des mauvais pas. Par ailleurs, Aloy obtiendra rapidement la capacité de piratage et elle pourra utiliser une monture pour couvrir de longues distances en un minimum de temps. En explorant les creusets, elle pourra même apprivoiser des créatures de plus en plus puissantes. Les possibilités sont vastes et on plonge dans cet univers sans aucun problème. Au départ, il est vrai que les inspirations sautent à la figure et qu’on se demande par quel biais on va être surpris. Et puis, on obtient un lance-corde et différents pièges qui permettent d’immobiliser ou ralentir les machines. On prend aussi conscience des capacités du focus (l’appareil que porte Aloy), qui permet de matérialiser la piste des créatures ou de revivre les évènements du passé. C’est aussi par ce biais qu’on récupère un nombre édifiant de « points de données » (documents, enregistrements audio, artefacts…). En terme de structure, Horizon Zero Dawn ne déçoit pas et se montre surtout très solide. Il n’y a pas de doute, les 5 ans de gestation ne sont pas là par hasard. Quant aux graphismes, il n’y a pas de superlatifs assez forts pour les décrire.
À couper le souffle
D’emblée, vous pouvez oublier tout ce que vous avez vu sur PS4 ou presque. Horizon Zero Dawn propose un monde ouvert tout simplement hallucinant. C’est simple, on passe autant de temps à jouer qu’à contempler la nature qui nous entoure. Les développeurs hollandais ont fait un travail incroyable pour que l’écosystème soit réaliste et que les lieux visités s’imbriquent de façon cohérente. Vous foulerez ainsi des environnements très naturels (plaines, plateaux, forêts denses, montagnes majestueuses…), vous visitez des villes et villages à l’architecture variée et vous aurez même à plonger dans les entrailles d’un passé à la Alien. Graphiquement, c’est juste une claque à tous les niveaux. Les textures sont somptueuses, les animations sont parfaites et on est constamment gratifiés d’effets fantastiques. On ressent le vent et la pluie, on craint les éléments quand ils se déchaînent et on est subjugué par la beauté des couleurs, des couchers de soleil et des différentes lumières tamisées qui viennent se marier à l’environnement avec une élégance rare. Horizon Zero Dawn est une baffe technique, graphique et il se permet, en prime, de proposer un champ de profondeur tout simplement ahurissant. Il n’est pas rare de se poser en haut d’un village ou d’une colline et de scruter les créatures qui évoluent à des kilomètres à la ronde. Le moteur de Guerrilla, le Décima, est juste incroyable. Et comme si cela ne suffisait pas, le son est à la hauteur du visuel. Ce titre est une démonstration et on se demande bien comment une « simple » PS4 peut faire tourner pareil prodige. Sur PlayStation 4 Pro, le rendu est encore plus impressionnant mais c’est véritablement en 4K que le jeu assoit sa domination sur le reste de la ludothèque. Face à un tel monstre, il n’y a que Uncharted 4 pour rivaliser. Autant dire que passer à côté, lorsqu’on est possesseur de la machine de Sony, tient de la gageure.
Conclusion du rédacteur : INDISPENSABLE
Une trame qui s’étend sur 25/30 heures, des quêtes annexes par paquets de douze, une carte gigantesque, un monde aussi fascinant que magnifique… Horizon Zero Dawn met la misère à la plupart des jeux de ces dernières années. Techniquement et graphiquement, il n’a quasiment pas d’équivalent et offre une histoire et des personnages très intéressants à suivre. Solide de bout en bout, il profite d’un gameplay et d’un background maîtrisés et saura faire fondre celles et ceux qui adorent se noyer dans les mondes ouverts. Alors oui, il pompe allègrement ses compères de l’open world que sont les Far Cry, GTA, Assassin’s Creed et j’en passe. Mais en attendant un certain Red Dead Redemption 2, on peut dire sans trop se tromper que l’élève a dépassé ses maîtres.
Points positifs :
Technique impressionnante
Visuellement extraordinaire
Patte artistique unique
La musique et le sound design
Aloy
Scénario agréable
Points négatifs :
Les combats contre les humains
Dialogues figés
Progression classique du monde ouvert
Fin un peu expédiée
Éditeur : Sony – Développeur : Guerrilla Games – Genre : Action -Aventure – Sortie : 1er mars 2017 – Plateformes : PlayStation 4
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