Homefront : The Revolution – La désertion de l’ambition
Reg'
Une ville ouverte
Action et infiltration
Certaines vues sympa
Le multi est classique mais efficace
Gros travail des développeurs pour sauver le projet
Trop générique
Scénario bateau
Pas assez varié visuellement
Missions sans âme
Freeze, ralentissements, framerate asthmatique
Après un premier épisode plus que mitigé, la franchise Homefront fait son come back avec la ferme intention de remettre les pendules à l’heure. Malheureusement, et comme on pouvait s’y attendre, le parcours ultra chaotique de son développement n’a pas arrangé les choses. Pour comprendre, il faut se remettre dans le contexte. À l’origine, Homefront était une licence de THQ. L’original, développé par Kaos Studios, est sorti sur les machines de la génération précédente et il n’a pas laissé un souvenir impérissable. Malgré l’accueil plutôt glacial qu’il a reçu, l’éditeur a confirmé l’arrivée d’un nouvel opus et c’est ainsi que cette suite a vu le jour. Le problème, c’est que THQ a fait faillite, entraînant dans sa chute Kaos Studios. Dès lors, tous les actifs de la société ont été mis en vente et la franchise Homefront est tombée dans l’escarcelle de Crytek. Plus tard, Deep Silver est entré dans la danse pour coproduire le jeu et c’est Crytek UK qui a repris le projet en main. S’en est suivi un véritable parcours du combattant, entre problèmes de financement et de salaires, employés faisant la grève ou quittant l’entreprise et arrivée de Koch Media refilant le bébé à Dambuster Studios. Un vrai bordel qui se solde, il faut bien le dire, par une expérience digne d’une Alpha.
Lorsqu’on découvre le jeu pour la première fois, on se demande vraiment dans quelle galère sont allés se foutre Koch Media et Dambuster Studios. En se faisant refiler la patate chaude de la sorte, c’est évident qu’ils n’ont pas eu toutes les clés en main pour parvenir à atténuer les angles d’un titre né dans la douleur. Et on imagine sans mal que les responsables ont tout fait pour sauver le jeu d’une fin cruelle. Mais très sincèrement, avec la meilleure volonté du monde, il aurait fallu un miracle pour faire de cette suite un jeu digne de ce nom. Lors des premières présentations, et il suffit de lire les dernières previews pour s’en convaincre, les intéressés montraient déjà du doigt les nombreux problèmes techniques : aliasing, graphismes un peu datés et surtout un frame-rate à la limite du catastrophique. On pensait que ces grosses tares seraient corrigées et on l’a, disons-le tout net, dans le baba ! (Le premier qui me parle de Cyril Hanouna…)
Homefront : la désolation
L’histoire du jeu se déroule dans la ville de Philadelphie et le moins que l’on puisse dire, c’est que le futur tel qu’il est présenté n’aspire vraiment pas aux sourires. La population est enchaînée et réduite à l’état d’esclavage par des soldats nord-coréens qui n’hésitent pas à les abattre de sang-froid en pleine rue. En clair, on est loin des paillettes et des plumes dans le euh… où en étais-je ? Ah oui ! Donc, en gros, c’est la pagaille et la liberté n’est plus qu’un souvenir que les plus jeunes n’ont pas pu connaître. C’est justement ce marasme communiste que la résistance tente de renverser. Mais l’objectif, s’il est clair dans la tête de chaque individu armé, est difficile à atteindre. Les soldats de l’APC sont sérieusement équipés et sont appuyés par des drones et autres soutiens aériens d’envergure. Autant dire qu’il faut avoir une bonne étoile pour s’en tirer sans égratignures. Et donc, Homefront, c’est ça ! Une ville avec différents objectifs et missions qui permettront, peut-être, l’annihilation de l’APC. Charmant programme, n’est-il pas ?
Homefront : la répétition
Au fil des missions, vous rencontrez d’autres membres de la résistance qui n’hésitent pas à vous refiler des objectifs supplémentaires. Vous passez ainsi de planque en planque, en vous déplaçant à pied ou à moto et en évitant ou en zigouillant les innombrables patrouilles qui font des rondes en ville. Comme dans n’importe quel jeu du genre, le joueur suit une trame principale autour de laquelle gravitent des quêtes annexes, avec postes d’observation à récupérer, civils à sauver, et cætera, et cætera. Ah ça, pas de doute, si vous voulez obtenir le 100% dans chaque recoin de la cité, il y a de quoi faire. Homefront : The Revolution montre d’ailleurs de vrais signes d’intérêt au départ. La ville est ouverte, on se déplace où on veut et on crapahute joyeusement sur les immeubles en profitant de la verticalité des lieux. Au détour d’une ruelle, on se méfie d’une patrouille et d’un drone avant de se faire repérer et de tirer dans le tas. Le rythme est donc bien présent et il y a de bonnes idées, comme le smartphone (avec différentes options, dont un transpondeur qui sert d’indicateur pour les planques cachées) ou les petites phases de réflexion pour pirater un système, par exemple. Et comme la difficulté est quand même assez relevée, vous pouvez à tout moment vous approcher d’un PNJ pour le recruter, afin qu’il rejoigne votre escouade. C’est classique mais c’est toujours mieux que se faire exploser la cervelle en solo, surtout qu’ils sont assez efficaces dans leur statut de soutien. On apprécie également d’avoir accès à un arsenal conséquent et upgradable. Par ailleurs, la ville est découpée en trois sections : jaune, verte et rouge. La première concentre les poches de la résistance, la seconde est une zone où est regroupée la population et la dernière est assurément la plus hostile. En fonction des missions, il faut donc choisir entre l’affrontement ou l’infiltration et cette approche est, il faut bien le dire, plutôt intéressante. Malheureusement, les décors sont si peu variés (du gris, du marron, du blanc, du noir… des ruines, des métros, des tunnels, des… ) qu’on a l’impression de faire toujours la même chose ! Et comme le scénario est bateau au possible (le leader de la résistance s’est fait capturé, whoo, whoo), on tourne en rond et on enchaîne sans garder de séquences qui restent en tête. En somme, le jeu générique par excellence, qui peine à se démarquer de son image de production sans âme.
Homefront : la stupéfaction
Si Homefront : The Revolution n’a rien d’infamant, il est malheureusement amoché par une réalisation ultra chaotique. Les textures sont, pour certaines, tirées de la génération précédente et le jeu accuse un retard certain dans la modélisation de son environnement, mais aussi de ses personnages. Mais le plus douloureux reste à venir… Pour une raison inconnue, le jeu subit de violentes chutes de frame-rate et l’animation n’est jamais constante. Et le plus surprenant, c’est que cette tare se retrouve également dans les intérieurs, qui n’ont pourtant pas des tonnes d’éléments à afficher. En dehors de ces ralentissements, il faut signaler la présence de véritables freezes qui interviennent à chaque changement d’objectif. Pour qui, pour quoi ? Aucune idée ! Ces suffoquements techniques foutent presque la migraine à force et c’est assez désespérant de se dire qu’il n’y a finalement pas une ribambelle de trucs à calculer (la ville est vide la plupart du temps). Pour couronner le tout, les chargements sont longs et font, eux aussi, état d’un jeu dont l’accouchement s’est fait dans la douleur, avec forceps et tout le tintouin.
Homefront : la coopération
En nous lisant, vous vous dites sûrement que le titre n’est pas loin de se vautrer. Pourtant, il y a un mode qui relance l’intérêt : Résistance. Celui-ci prend la forme de missions coopératives avec une idée assez délirante : un casting regroupant un joueur de baseball, un pharmacien, un conducteur de taxi, un ouvrier agricole, un plombier, un électricien… en clair, un « people » lambda qui se grime soldat pour rejoindre la résistance. Bien évidemment, chacune des « classes » a des facultés qui lui sont propres (méninges, survie, combats ou encore muscles) et le tout est améliorable via un arbre de compétences. En fait, c’est très classique mais c’est finalement assez plaisant. Cela ne sauve pas le jeu, loin de là, mais cela permet de faire passer la pilule plus facilement. Et les développeurs, lorsqu’on leur a filé les bouts du projet avorté par THQ, auraient sans doute voulu choisir le pilule bleue…
Conclusion du rédacteur : MOYEN
Une véritable patate bouillante ! En passant de main en main, Homefront : The Revolution a probablement été dénaturé par rapport au projet initial et la réalité se solde par un FPS générique, peu enclin à nous motiver et souffrant de tares techniques assez abominables pour un titre de notre époque. Il n’est sauvé que par la sensation de liberté qu’il procure et l’impression d’évoluer à couvert, à travers les lignes ennemies. Le solo est assez conséquent et le multi apporte la dose communautaire dont on raffole à notre époque. Mais au global, c’est un titre bien trop moyen pour rejoindre les ténors de la discipline. Et vu son parcours chaotique, c’est presque un miracle…
Éditeur : Deep Silver – Développeur : Dambuster Studios – Sortie : 20 mai 2016 – Genre : FPS – Support : PS4, Xbox One, PC