Après plusieurs décennies de conquête, le jeu vidéo FIFA s’apprête à rendre sa couronne. Alors que la franchise est en situation de quasi-monopole sur le marché des titres virtuels de football, Electronic Arts signe avec cet épisode un moment historique. En effet, à compter de l’année prochaine, le bien-nommé FIFA, celui qui a fait chavirer des générations entières, sera remplacé par une nouvelle licence intitulée EA Sports FC. Et forcément, on peut s’attendre à de profonds changements. En attendant de pouvoir découvrir le renouveau de la célèbre saga sportive, profitons comme il se doit de ce FIFA 23, dernier pion d’un échiquier bâti il y a de cela presque 30 ans.
Pour la plupart des joueurs ayant connu les débuts de FIFA, l’histoire a débuté sur console de salon. À l’époque, la vue était de trois quarts et il fallait pas mal d’entraînement pour maîtriser ses joueurs et se frotter aux équipes les plus redoutables du moment. En ce qui me concerne, l’idylle avec le célèbre jeu de foot d’EA a démarré sur… Game Boy ! Exit donc les graphismes en couleurs et place à des joueurs monochrome luttant farouchement pour récupérer le ballon (qui ressemblant à une balle de tennis sur la machine de Nintendo). Malgré sa difficulté apparente, j’ai poncé ce FIFA International Soccer et je me souviens que j’utilisais, à l’époque, une lampe de bureau vers l’écran de ma portable pour avoir une meilleure visibilité de l’action. Pour la petite histoire, cette lampe chauffait pas mal et je me suis retrouvé à plusieurs reprises à cramer littéralement sous cette foutue lampe à bras, au point de me retrouver un jour avec une marque rouge sur le front ! Oui, le jeu vidéo autrefois, ça pouvait être impitoyable. Tout ça pour dire que FIFA et moi, ça remonte à la genèse de la série et j’ai vu son évolution, année après année, pour tenter de lutter contre une concurrence (Actua Soccer, Adidas Power Soccer, PES, Worldwide Soccer…) toujours plus acharnée. Depuis quelques temps, on avait le sentiment que la saga tournait franchement en rond et on espérait, à défaut d’un bouleversement, quelques petites variantes dans la façon d’appréhender le jeu. Est-ce vraiment le cas ?
Omar et Benji, le duo tant attendu !
Avec l’éviction de Pierre Ménès, on se doutait qu’Hervé Mathoux n’allait pas tenir le navire en solo. S’il a admirablement fait le job sur FIFA 22, Electronic Arts a répondu aux appels des fans qui réclamaient depuis un bon moment l’arrivée du duo de beIN Sports, Benjamin Da Silva et Omar Da Fonseca. Ce type d’exercice demandant une certaine expérience, on excusera bien volontiers certains commentaires un peu surjoués. Car dans l’ensemble, c’est vraiment positif ! Les deux trublions de beIN ont un sens de la formule bien à eux et ce renouvellement des commentaires hexagonaux est une vraie aubaine pour nous autres, frenchies. Côté musique, difficile ne pas souligner l’excellence de la bande son. La sélection, éclectique au possible, est tout simplement géniale ! Au moment de choisir les morceaux qui accompagneront leur jeu, les protégés d’EA savent y faire, il n’y a pas de doute.
Des licences en pagaille
Pour le dernier baroud d’honneur de la série FIFA, Electronic Arts a fait en sorte de mettre le paquet sur les licences et les amateurs de football seront ravis du retour officiel de la Juventus Turin (aurevoir le Piemonte Calcio), de la Bombonera (le stade mythique de Boca Juniors) ou de l’arrivée des Rangers ou de la sélection marocaine ! Par ailleurs, et pour la toute première fois, il est possible de se plonger dans la seconde division italienne (BKT) ou dans les championnats féminins anglais et français ! L’Euro féminin 2022 et la superbe victoire des Three Lionesses ont donné des idées à l’éditeur qui permet de s’éclater avec la Barclays Women’s Super League et la D1 Arkema. Pour certains, cela tiendra du détail, mais c’est oublier que le nombre de licenciées ne cessent d’augmenter dans les clubs. Papa d’une jeune fille de 11 ans qui ne lâche pas un instant son ballon dès qu’elle se trouve à l’extérieur, je le vois tous les jours ! Le football féminin est en plein boom et il faut vraiment espérer que ça dure tant le spectacle proposé lors de l’Euro était de qualité ! Et preuve qu’EA n’a pas pris la chose à la légère, les modélisations pour certaines joueuses, y compris dans des clubs moins huppés que le PSG ou Lyon, sont franchement réussies. On peut maintenant espérer que les États-Unis soient mieux représentés la prochaine fois pour incarner Eugénie le Sommer (OL Reign, anciennement Seattle Reign FC) ou Alex Morgan (San Diego Wave). Mais que le foot féminin soit de plus en plus en vue, y compris dans les jeux vidéo, c’est tout simplement une excellente nouvelle et c’est mérité !
De quoi tenir une année !
Du côté des modes de jeu, on ne peut pas dire qu’EA se soit frotté le bulbe pour cette édition, mais difficile de s’ennuyer devant la pléthore de possibilités offertes par FIFA 23. On retiendra notamment le mode Carrière est encore plus riche qu’auparavant grâce la mise en avant de la personnalité du joueur et de l’entraîneur que l’on incarne. Grâce à une série d’interactions, on modèle peu à peu le tempérament de son athlète. Plutôt solitaire et personnel, plutôt collectif et ouvert au groupe, toutes vos actions ont un impact ! Sur le pré, mais aussi en dehors ! Même si ce ne sont pas des moments mis en scène, il est possible de participer à une association caritative ou d’aller voir un coéquipier blessé à l’hôpital ou chez lui. Il est également possible d’acheter des cosmétiques et des éléments tape-à-l’œil (une grosse voiture) ou encore de se procurer des outils pour améliorer sa condition physique en dehors des moments au club. Franc-tireur (Maverick), Battement de cœur (Heartbeat) ou Virtuose (Virtuoso), à vous de mener votre joueuse ou joueur vers les sommets ! Et en plus, on peut jouer des bouts de match, profiter d’une interface repensée et assister à des cinématiques inédites ! En dehors du crossplay pour les partie solo (une excellente nouvelle pour affronter des potes qui ont le jeu sur une autre console que la vôtre), FIFA 23 mise également sur son sempiternel mode FUT. Concrètement, l’approche de l’Ultimate Team a été revue et les développeurs ont cherché à faciliter l’apprentissage des nouveaux joueurs. Il n’y a plus de lien de couleur comme dans le passé. Désormais, tout passe par une jauge à trois niveaux et les affinités entre chaque joueur. Il faudra donc attendre pour savoir si ce mode convient à un maximum de joueurs et si ça tient sur la longueur. N’étant pas un fan de FUT (je préfère le mode Saison par exemple), on verra dans les prochains mois si les retours des intéressés sont positifs.
Comme au stade
FIFA 23 n’est pas un chef d’œuvre de technique, la faute à un moteur qui commence à prendre de l’âge, mais il faut reconnaître que tout est fait pour que l’on s’y croit. Les stades, les joueurs, l’ambiance… on y est ! Les traces sur la pelouse restent, les maillots et shorts se salissent, la transpiration apparaît sur les visages, on ne peut pas dire que le réalisme visuel n’est pas de la partie. L’Hypermotion 2 apporte des animations très réussies, bien que parfois un peu stéréotypées, et la physique de la balle est plus convaincante que par le passé. Le gameplay profite de ces évolutions et le nouveau système pour les coups francs et les pénaltys me semble plus agréable. FIFA 23 ne révolutionne pas la série et certains n’y verront, une énième fois, qu’une timide évolution. Mais une nouvelle fois, c’est un bon jeu de football, très prenant et qui peut s’avérer fantastique à plusieurs.
BON
Fidèle à la ligne de conduite établie par EA depuis des années, FIFA 23 ose quelques innovations intéressantes et délivre une belle prestation. Sans révolutionner la formule, le jeu de football de toute une génération nous plonge au cœur des stades avec une ambiance réussie et des rencontres au rythme agréable. Épaulé par les nouveaux commentaires de Benjamin Da Silva et Omar da Fonseca, le titre affiche des animations souvent saisissantes de réalisme et promet des matchs passionnants grâce à son contenu pléthorique. Ce dernier volet historique, avant l’arrivée d’EA Sports FC, est dans l’ensemble une édition de qualité.
Points positifs :
L’ambiance générale
La technologie Hypermotion 2
Les commentaires de Benjamin et Omar
Un contenu toujours plus pléthorique
Un foot féminin mis en avant
Certains modes (Carrière, FUT) qui se réinventent
Le crossplay entre machines de même génération
Gameplay plus lent et nouveau système pour les coups de pied arrêtés
Points négatifs :
Le FUT pourra en déstabiliser certains
Clubs Pro, VOLTA, on prend les mêmes…
Des licences absentes (mon Japoooooooooon…)
Éditeur : Electronic Arts / Développeur : Electronic Arts / Genre : Football / Date de sortie : 30 septembre 2022 / PEGI : 3 / Support : PS5, PS4, PC, Xbox Series X, Xbox One