Fin 1996. Alors que la Saturn de SEGA n’en finit plus de m’émerveiller, je décide de craquer pour un jeu de football annoncé comme l’un des mastodontes du genre. Son nom : Worldwide Soccer 97. Et là, c’est la claque : la musique, les images de synthèse, la mise en scène, les références footballistiques… tout y est ! Pendant longtemps, je me dis que Worldwide Soccer atomise Victory Goal… jusqu’à ce que je découvre qu’il s’agit en fait de la même série. Alors que la Coupe du Monde féminine bat son plein (et qu’on assiste à de superbes matchs !) et que FIFA accueillera prochainement les équipes féminines, voici une rétrospective de l’une des meilleures séries footballistiques des années 90.
Avant de parler des jeux, faisons un rapide focus sur l’équipe de développement. Il s’agit d’une division appartenant au studio AM#6 (qui deviendra Smilebit en 2000), qui regroupe l’incontournable Team Andromeda (Panzer Dragoon). Cette division, spécialisée dans les simulations sportives est appelée Team Aquila. A l’instar de la Team Andromeda (Andromède), la Team Aquila puise son nom dans les constellations spatiales. Il s’agit en effet de la constellation de l’Aigle, Aquila étant le dénominatif latin. D’ailleurs, pour l’anecdote, sachez que SEGA donnait les noms des équipes en fonction des plannings de développement. Ainsi, la Team Aquila ( AQ) devait sortir son jeu avant celui de la Team Andromeda (AN). Mais SEGA a dû se rendre à l’évidence : il était difficile de s’y tenir. Ainsi, Clockwork Knight, développé par la Team Ara (AR) est sorti avant le Panzer Dragoon de la Team Andromeda. Alors que ça devait être le contraire…
Mais revenons à nos ballons…
VICTORY GOAL (JP) / INTERNATIONAL VICTORY GOAL (EUR) / WORLDWIDE SOCCER : SEGA INTERNATIONAL VICTORY GOAL (US) / WORLDWIDE SOCCER (BRA)
C’est en 1994 que la Team Aquila se met à travailler sur le premier jeu de foot de la Saturn. A la tête du projet, on y trouve Tetsuo Shinyu, qui a notamment œuvré sur la série Pyramid Magic en tant que game designer ou encore Yuichiro Mine (qui utilisait le pseudo Proto 2) qui a programmé l’excellente adaptation de Mercs sur Mega Drive ou s’est occupé de la programmation des animations de Sonic CD. Loin d’être à l’aise avec le nouveau système, la Team Aquila parvient à mettre en place un jeu de foot exploitant un mélange de 3D (environnement) et 2D (joueurs). Très arcade et dynamique, le résultat est spectaculaire et profite d’une bande son tonitruante signée Jun Senoue. Le musicien se fait plaisir avec de multiples riffs de guitare et s’essaye même à des mélodies à l’acoustique de toute beauté. Bien évidemment, exclusivité japonaise oblige, Victory Goal propose tous les clubs emblématiques de la J. League et leurs mascottes ultra kawaii. Pour la version occidentale, le moteur 3D sera réadapté et optimisé (avec la participation de SEGA Sports) tandis que les équipes japonaises laissent place aux équipes internationales.
VICTORY GOAL ’96 (JP)
Suite directe de Victory Goal premier du nom, cette édition 96 est bien plus spectaculaire et donne un aperçu de ce que deviendra Worldwide Soccer en Europe. Désormais, les joueurs sont modélisés en 3D et les environnements sont beaucoup plus détaillés. Les commentaires (en japonais) sont dans le ton et le public est bien plus expressif. On note également l’arrivée du grand Takenobu Mitsuyoshi (Daytonaaaaaaaaa…), dont la voix résonne de plus belle dans l’intro et la séquence de fin. Développé par la Team Aquila, Victory Goal ’96 en profite pour mettre à jour les effectifs. Un excellent titre !
LEAGUE VICTORY GOAL ’97 (JP)
Pas facile de s’y retrouver, non ? Cette édition 97, qui est une évolution de la mouture précédente, s’appuie sur le même moteur 3D avec des améliorations perceptibles. Les commentaires sont nettement supérieurs et le jeu paraît plus fluide. A noter la participation vocale de Girolamo Panzetta, un italien qui a fait carrière au Japon.
VICTORY GOAL WORLDWIDE EDITION (JP) / SEGA WORLDWIDE SOCCER 97 (EUR/US/BRA)
Qu’on ne s’y trompe pas, Worldwide Soccer 97(durant le développement, le jeu s’appelait Worldwide Soccer) s’appuie entièrement sur les précédentes moutures japonaises. Toujours aussi plaisant et agréable, le jeu propose une 3D de grande qualité et des matchs spectaculaires. En lieu et place des commentateurs japonais, on retrouve un certain Gary Bloom, qui a enregistré pas moins de 832 phrases. Version occidentale oblige, ce sont les équipes nationales que l’on retrouve. A noter que le jeu est aussi sorti sur PC dans une mouture intitulée SEGA Woldwide Soccer PC.
SEGA WORLDWIDE SOCCER 98 (JP/US/BRA) / SEGA WORLDWIDE SOCCER 98 : CLUB EDITION (EUR)
Pas de révolution au programme, mais Worldwide Soccer 98 a le mérite de proposer un jeu plus rapide et de nouveaux mouvements (le petit saut pour éviter un tacle notamment). Notre version européenne est la seule à proposer l’ajout des clubs (d’où le nom Club Edition). On retrouve d’ailleurs cette particularité assez originale de lier les clubs à la langue sélectionnée en début de partie. Si vous voulez jouer avec Newcastle par exemple, il faut sélectionner la langue anglaise. Si vous voulez jouer avec Marseille, il faut choisir la langue française. A l’époque, des joueurs français avaient d’ailleurs regretté que notre version hexagonale ne propose que trois langues (Anglais, Français et Espagnol). En gros, adieu les clubs allemands ou encore italiens (ou alors il fallait réussir à mettre la main sur une autre mouture territoriale).
WORLD CUP ’98 FRANCE : ROAD TO WIN (JP)
Exclusivement sorti au Japon, ce titre reprend tous les éléments de la précédente édition mais met en avant les affichages de la Coupe du Monde. Le jeu est désormais sous licence officielle (aussi bien par la Japan Football Association que par la FIFA) et propose le nom réel des équipes et des joueurs. Il s’agit du dernier titre de la série tel qu’on l’a connu en 95. L’ambiance et les commentateurs valent le coup.
Au final, s’il y a eu énormément de recyclage, la série Victory Goal / Worldwide Soccer est l’une des meilleures du genre. Très bien réalisée et vraiment passionnante à jouer, elle a aussi le mérite de proposer, selon des versions, des introductions et conclusions en images de synthèse totalement différentes. Ces séquences, de toute beauté, sont vraiment un pur régal ! Par la suite, les Worldwide Soccer sur Dreamcast ont changé de main… Le développement a été confié aux anglais de Silicon Dreams et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça a juste été… un massacre. Oubliez tout de suite les graphismes colorés et les animations de grande qualité, là on a un peu l’impression de voir jouer des Playmobil. Visuellement, on est à des années-lumière de Virtua Striker et le gameplay manque de panache à tous les niveaux. Une édition Sega Worldwide Soccer 2000 : Euro Edition aura le mérité d’améliorer les choses mais sans jamais atteindre ne serait-ce qu’une cheville des Worldwide Soccer de la Saturn. Depuis, la série a totalement disparu mais garde une place de choix dans le cœur des footeux (et des autres) de l’ère 32 bits. A raison.