Critique – Warcraft : Le commencement – Film Item Level 650 ch Healer, noob s’abstenir
Ghislain Masson
Le fan service
Pas de temps morts
Les orcs bluffants
Où sont les elfes ?
Le fan service omniprésent
Le montage
Les acteurs inégaux
Vous connaissez la chanson, les adaptations au cinéma de jeux vidéo, c’est souvent catastrophique, et ça n’a souvent rien à voir avec le matériel de départ. Pourtant, avec Warcraft, déclinaison filmique de l’univers crée par Blizzard (en regardant par dessus l’épaule de Warhammer), on voulait y croire…
Le film commence chez les Orcs, quelque part dans une terre désolée. Durotan, chef d’un clan appartenant à la Horde s’occupe de sa femme, enceinte jusqu’aux crocs. La Horde, ou tout du moins une avant-garde, s’apprête à passer un portail menant à un autre monde, celui d’Azeroth. Les fans de WoW l’auront compris dès les premières minutes. Nous ne sommes pas face à une adaptation du MMORPG mais plutôt du premier Warcraft (le RTS de 1995) : plusieurs décennies avant le titre qui a monopolisé d’une à dix années de leur vie. Les événements qui vont être comptés sont donc une préquelle de WoW : comment les orcs son arrivés en Azeroth, comment ils ont lancé les hostilités sur les humains.
Tout au long du film, la fidélité à l’univers est pratiquement irréprochable et les adeptes de la « Lore » vont être enchantés de retrouver quelques têtes ou noms connus, dans leurs versions jeunes. Cependant, si l’utilisation de références au jeu est plaisante (c’est fun de voir un murloc ou un sort de moutonnage), elles deviennent parfois envahissantes. Warcraft fait dans le name dropping à répétition, comme s’il fallait citer toutes les zones du jeu une à une. De là à lâcher le profane (ou en tout cas à le perdre), il n’y a q’un pas que le film franchit allègrement avec sa gestion de l’espace bordélique.
Dans Warcraft, on se téléporte, on voyage à dos de griffon ou de loup. Du coup, d’une scène à l’autre, on part des Forêts de Taretempion jusqu’aux montagnes de Jséplukoa en multipliant les allers-retours. Le film ne prend même pas la peine de s’attarder sur ses décors emblématiques pourtant bien reproduits. La ville de Hurlevent n’existe que par un plan large de ses toits et deux bâtiments. Ne reste donc qu’une impression de carton pâte, de décor qui n’est qu’un gros fond vert sans importance.
Le montage est clairement le point faible du film, qui confond rythme et précipitation et ne prend donc pas le temps de creuser ses personnages et ses intrigues. Encore une fois, si vous avez les clés de l’univers parce que vous avez fréquenté WoW pendant des centaines d’heures ce n’est pas un problème, mais dans le cas inverse, le monde et l’histoire est un collage de poncifs et de déjà-vu qui emprunte autant à Donjons & Dragons qu’à Tolkien et consorts.
En attendant Thrall
Coté réalisation Duncan Jones ne s’en sort pas si mal. Les quelques scènes de bravoure sont lisibles, les effets spéciaux à la hauteur et la musique entrainante. Les décors sont plutôt réussis à défaut d’être exploités, et surtout les orcs sont crédibles ! C’est encore mieux fait qu’Avatar ou le Gollum du Seigneur des Anneaux, avec une intégration réussie face aux humains… qui eux par contre font toc. Les armures, les armes et soldats de l’Alliance semblent sortir d’un concours de cosplay où le plastique l’a emporté sur le métal. En ça, le film est sans doute prisonnier de l’imagerie du jeu et son coté cartoon. Pour ne rien arranger, l’interprétation est un peu hasardeuse. Si coté orcs à grosse voix ça passe, coté humain c’est mitigé, le personnage du gardien de Ben Foster étant le plus ridicule (on dirait une mauvaise imitation du Merlin d’Excalibur). À signaler la palme du mauvais goût pour le personnage de Garona, qui ressemble plus à une actrice peinte en vert avec un mauvais dentier en plastique qu’à une demi-orc.
Enfin dernier écueil du film, son coté premier épisode d’une série. Tout n’est pas résolu à la fin du film, et il appelle clairement à une suite qui ne sera sans doute pas réalisée s’il se plante au box-office (ce qui semble assez bien parti).
Dommage car malgré de nombreux défauts, on sent une réelle passion derrière ce projet, un vrai respect du matériel de départ. On ne s’ennuie pas, et l’histoire même si elle est aussi passionnante que la lecture des quêtes dans WoW, n’est pas non plus au niveau d’un Xena. Warcraft est un honnête divertissement, le genre de film qu’on est content de trouver sur Netflix en attendant la réouverture des serveurs.