Nous sommes à la fin de l’année 1999. La Dreamcast de SEGA vient de débarquer dans l’hexagone et les rumeurs concernant la nouvelle console de Sony s’amplifient. De son côté, la PlayStation, forte de son succès stratosphérique, poursuit sa conquête en abreuvant les joueurs de titres d’exception. Parmi eux se trouve une œuvre qui n’atteindra jamais le Vieux Continent. Son nom ? Chrono Cross. Suite spirituelle de Chrono Trigger, dont il reprend l’univers et le concept du voyage dans le temps, le jeu bouleverse les esprits. Réalisation d’orfèvre, récit poignant, moments épiques… tous les ingrédients du J-RPG moderne sont réunis et le monde vidéoludique prend une baffe ! Il aura fallu plus de vingt ans pour que ce bijou de l’ère 32-bits rejoigne nos terres. Accompagné de l’extension Radical Dreamers, le remake est-il à la hauteur de l’attente suscitée ?
Réalisé par de grands noms de Squaresoft, Chrono Cross relate une histoire extrêmement poignante. Le joueur incarne le jeune Serge, un garçon qui vaque à ses occupations dans le village d’Arni en compagnie de son amie d’enfance Léna. Sa rencontre avec Kid va pourtant bouleverser son destin et il va se mettre en quête de la vérité. Voyageant entre les dimensions, Serge va vivre une aventure incroyable et faire face à de terribles évènements. Si Chrono Trigger avait marqué en son temps, Chrono Cross va encore plus loin ! Poignant et profond, le titre interpelle régulièrement sur les choix de la vie et sur la relation que l’homme noue avec le passé. En effet, au cours de son périple et sa quête d’identité, Serge rencontre un très grand nombre de personnages qui vont s’unir à lui. Chrono Cross accroche immédiatement et nous pousse à chercher ce qui se cache derrière l’antagoniste Lynx.
COMBATS ARC-EN-CIEL
Mêlant exploration et combats au tour par tour, Chrono Cross ne reposent pas sur les mêmes poncifs que la plupart de ses homologues. Les affrontements reposent en effet sur trois niveaux d’attaque (faible, moyen et fort) dont le pourcentage de réussite diminue en fonction de leur puissance. Concrètement, vous pouvez opter pour un coup puissant, mais vous avez alors moins de chance d’atteindre votre but. À l’inverse, les coups faibles vous assurent pratiquement de toucher l’ennemi. Les offensives physiques ont donc une véritable part de stratégie, d’autant qu’il faut ensuite y intégrer un système d’éléments matérialisés par des couleurs (le grand classique avec le feu, l’eau, le vent, etc.) et des magies à la puissance plus ou moins dévastatrice. Les personnages s’équipent à la manière de la materia de Final Fantasy VII et on évolue ainsi en récupérant des objets auprès des marchands ou dans les coffres. L’ensemble peut paraître classique, mais il est surtout dynamique et plus profond qu’on peut le penser au premier abord.
UN REMAKE À LA HAUTEUR ?
Chrono Cross est un jeu qui tient en haleine du début à la fin. Les quarante d’heures (en moyenne) qu’il faut pour terminer le jeu font la part belle aux décisions qui influent sur l’histoire et les rencontres. On évolue ainsi dans un monde incroyablement immersif, porté par des protagonistes passionnants et sujet à des retournements de situation constants. D’une exploration à pied, on sillonne les mers à bord d’une embarcation avant de s’accrocher aux ailes d’un insecte géant. Chrono Cross est un jeu riche en surprises et on comprend l’impact qu’a pu avoir celui-ci à sa sortie en 1999. Indéniablement, c’est un chef d’œuvre ! Sa réalisation, ses musiques, sa diversité visuelle, ses thématiques, tout met une claque ! Dans ces conditions, on était en droit d’attendre un remake digne de ce nom, avec de réelles avancées techniques, ludiques et musicales. En ce sens, le contrat n’est qu’à moitié rempli…
Square-Enix nous a refait, grosso modo, le coup de Secret of Mana. Si les compositions orchestrales (et absolument divines) font plaisir à entendre, on ne peut que regretter leur absence en jeu ! Elles sont uniquement disponibles à l’écran-titre, ce qui oblige de poirauter des heures devant un écran fixe (bien que joli) pour en profiter. Un choix vraiment étrange ! Mais là où la pilule a du mal à passer, surtout au vu de la direction artistique magistrale de Chrono Cross, c’est pour les graphismes ! Le lissage des textures, la haute définition et le travail extrêmement limité apporté aux modèles 3D font qu’il y a une impression bizarre qui ressort de l’expérience. Les cinématiques sont dans leur jus d’époque et on a le sentiment d’évoluer dans une œuvre qui a le cul entre deux chaises, entre son aspect 2D et ses textures en 3D. Qu’on se le dise, le jeu d’origine est absolument génial (surtout qu’il est accompagné de plusieurs options pour aider à la progression) et inoubliable. En plus, il est désormais entièrement traduit en français ! (à noter que le nom de nombreux personnages et lieux changent par rapport à l’original). Mais avec une telle aura, il aurait mérité un traitement bien supérieur. Pour ma part, je suis très vite revenu au rendu « Classique » dispo dans les options car j’avais l’impression d’avoir en face de moi une œuvre dénaturée. Pour terminer, sachez que l’extension Radical Dreamers concerne en réalité un programme paru à l’époque sur… Satellaview, le support connecté de la Super Famicom au Japon. Il s’agit d’un roman interactif plutôt plaisant, mais qui est destiné aux fans de curiosité et de visual novels à la japonaise.
BON
Entièrement en français et accompagné de l’épisode paru sur Satellaview, Chrono Cross : The Radical Dreamers Edition est une œuvre indispensable pour quiconque s’intéresse à l’univers du J-RPG. Musicalement époustouflant et doté d’une intrigue passionnante, il a aussi le mérite d’être porté par une direction artistique fabuleuse. Avec ses personnages énigmatiques, sa diversité visuelle et ses nombreux retournements de situation, il demeure incontestablement l’une des pièces-maîtresse du Squaresoft de la grande époque. Mais pour en profiter pleinement, il faut passer outre un rendu trop lisse, trop propre et qui fait ressortir le manque de polygones sur les objets 3D. Certains diront qu’il souffre du syndrome « Secret of Mana » (le remake) et ils n’auront pas tort. Un remake moyen pour un jeu magistral !
Points positifs :
Chrono Cross est une baffe artistique
Plein d’aides pour novices
Un système de combat dynamique
Les musiques inoubliables de Mitsuda-san
Entièrement traduit en français
Radical Dreamers disponible
Scénario incroyable
Plein de personnages à débloquer
Points négatifs :
Trop lisse, trop propre, trop aseptisé
Des modèles 3D en manque de polygones
Des chutes incompréhensibles de framerate
Cinématiques en résolution d’époque
Les nouvelles musiques de ouf – seulement au menu !
Éditeur : Square-Enix / Développeur : Square-Enix / Genre : J-RPG / Date de sortie : 7 avril 2022 / PEGI : 12 / Support : PS4, PS5, Xbox Series, One, Switch, PC