Battlefield V : La guerre de naguère ?

En prenant le parti pris de conserver l’époque de la Seconde Guerre Mondiale, les développeurs de DICE ont pris un vrai risque avec Battlefield V. Bien que très attendu, le jeu se doit d’être suffisamment bon pour ne pas souffrir de l’image d’un titre « reskin », autrement dit un copier-coller à peine voilé de Battlefield 1. Car il faut bien se l’avouer, c’est bel et bien le refrain que l’on entend de la part des fans depuis l’annonce de cette nouvelle itération. C’est donc avec un réel a priori, ce qui n’était pas le cas auparavant, que l’on s’est emparé de la manette. Avant d’être rassurés ?  

Inspiré par le « V » de Winston Churchill, Battlefield V propose, comme à son habitude, une partie solo et une large section multijoueur. Pour cet épisode, le studio suédois a eu la bonne idée de reprendre le découpage en actes du dernier volet. Ces récits de guerre permettent ainsi de se plonger dans le quotidien d’hommes et de femmes, dispatchés aux quatre coins du monde, qui luttent tous pour la même cause : sauver leur liberté et éradiquer la menace nazie. En plus de faire voyager (Afrique du Nord, France, Norvège…), ces trames scénaristiques immergent le joueur dans des situations très différentes les unes des autres même, s’il est vrai, cela ne se retrouve pas dans le gameplay. En dépit de l’aventure liée à Solveig et ses déplacements à ski, tout le reste demeure assez classique mais ce n’est pas pour autant une tare car Battlefield V dépeint une ambiance vraiment fantastique. La force de ces histoires vient du statut même des personnages que l’on incarne. Si certains sont entraînés, d’autres se retrouvent là, au beau milieu d’un conflit qui les dépassent. Entre l’ex-taulard, l’adolescente aguerrie ou le tirailleur africain qui se bat pour une patrie qu’il n’a jamais vu, ce Battlefield inédit sait émouvoir grâce à des séquences fortes et une bande son magistrale, qu’il s’agisse des musiques ou de l’atmosphère générale qui enveloppe les combats sur le champ de bataille. En plus de ces actes se déroulant du côté des forces alliées, un épisode intitulé « Le dernier tigre » permet de prendre le contrôle d’un char allemand qui se bat contre l’artillerie américaine. Même si l’ensemble est un peu court, il faut avouer que ce solo est plutôt réussi, malgré des objectifs qui se répètent et une certaine inégalité qualitative selon les épisodes.

LE NERF DE LA GUERRE

S’il reprend l’époque du dernier volet, ce Battlefield V offre tout de même de belles améliorations en matière de multijoueur. Désormais, l’accent est porté sur la coopération et l’entraide là où les précédents épisodes avaient tendance à privilégier l’action en solo. Là, DICE a clairement fait en sorte que l’on joue avec d’autres collègues. Cela se traduit par des encouragements qui prennent la forme de nouveaux principes : possibilité de réanimer un camarade tombé en combat (même sans être médecin mais l’opération est plus longue), récupération de kits de soin et de munitions (qui se font rares si on joue en solo) et bien sûr, téléportation auprès d’un membre du groupe à chaque respawn. Du côté des classes, on retrouve les poncifs de la série avec le spécialiste de l’assaut, le soutien et donc le médecin. L’autre nouveauté majeure réside dans le rôle du commandant d’escouade qui peut donner des ordres comme faire appel à des renforts ou demander d’attaquer un point précis. Les différentes modes de jeu, quant à eux, laissent profiter de cartes sympathiques mais au nombre assez limité (8). Comme EA a fait volte-face depuis Star Wars Battlefront 2, on pourra ainsi profiter des extensions gratuitement. Un bon point mais il est vrai que le contenu est un peu chiche pour le moment. Heureusement, le tout se rattrape grâce aux Grandes Opérations, un mode qui dure 45 minutes et qui se divise en plusieurs sections scénarisées. On peut customiser les armes ainsi que l’équipement et les véhicules sont toujours de la partie. On regrettera néanmoins l’absence de batailles navales et l’impression d’un fouillis général que l’on n’avait pas dans un Battlefield 4 pour ne citer que lui. Et ça, clairement, quand on débute, c’est un handicap car on en prend plein la tronche, quelques secondes sur le champ de bataille étant suffisant pour se prendre un headshot. Battlefield V, s’il est épique et spectaculaire, a besoin d’un rééquilibrage mais on peut imaginer que la communauté fera en sorte que quelques ajustements soient effectués.

OH LA BELLE BLEUE

DICE l’a prouvé à maintes reprises : la mise en scène, ça les connait ! Et ce nouveau Battlefield ne déroge pas à la règle, même si tout n’est pas parfait. Graphiquement, il ne faut pas s’attendre à une révolution. C’est en revanche très joli et le Frostbite 3 fait le job mais le jeu souffre de bugs persistants qui nous font penser à une sortie un peu rushée. Et c’est sans doute là le problème principal de ce Battlefield V, surtout pour ceux (comme moi) qui ont adoré le côté plus stratégique de BF3 ou BF4. En l’état, on se rapproche un peu trop d’un Call of Duty avec des environnements qui sont très peu interactifs. Il y a quasiment plus de destruction, les cartes manquent de panache et l’impression de copier-coller peine à s’estomper avec le temps. On attend donc le mode Battle Royale avec une certaine impatience, ne serait-ce que pour retrouver un soupçon de tactique.

Conclusion du rédacteur : CORRECT

Battlefield V est un épisode correct mais qui manque pour l’heure de contenu et qui surprend avec un rythme à la Call of Duty. Si les sensations sont agréables et que le jeu, poussé par une réalisation réussie, est immersif, l’ensemble s’éloigne considérablement de ce que l’on a pu connaître avec Battlefield 3 ou 4. En dépit de petites nouveautés sympathiques, le titre de DICE a beaucoup de mal à virer cette impression de « reskin » de Battlefield 1, malgré les bons moments qu’il fait passer, ne serait que par son ambiance franchement hallucinante. Au final, en prenant le jeu dans sa globalité, on est un peu entre deux eaux en attendant le mode Battle Royale qui arrivera en mars.

Points positifs :

• Très solide au niveau sonore et visuel

• Les grandes opérations

• La coop’ poussée à son paroxysme

• Level design convaincant

Points négatifs :

• Bugs et problème d’équilibrage

• Seulement 8 cartes

• Solo inégal

• Cette impression de copier-coller persistante

Éditeur : Electronic Arts – Développeur : DICE – Genre : FPS – Date de sortie :  20 novembre 2018 – Plateforme : PlayStation 4, Xbox One, PC