Soucieux de relancer l’intérêt de la licence Assassin’s Creed, Ubisoft a décidé de briser le rythme des sorties annuelles pour prendre du recul et revenir avec un épisode innovant et digne des avancées technologiques actuelles. Pour nous immerger dans une Égypte antique plus authentique que jamais, les développeurs se sont entourés d’égyptologues et ont pris plus de trois ans à mettre sur pied cette superproduction. Réalisé pour les 10 ans de la franchise, cet épisode ramène aux prémices de la confrérie des assassins et nous fait vivre une aventure inoubliable, entre moments épiques et personnages historiques. Pas de doute, Cléopâtre a un sacré nez !
Après quelques heures d’une marche interminable, Bayek arrive sur les terres d’Alexandrie. Surplombant la ville, il reste de longues minutes à contempler la cité située à l’ouest du Delta du Nil. Majestueuse, mystérieuse, la capitale de l’Égypte antique se dresse devant le joueur et sidère par sa reproduction. Les équipes d’Ubisoft ont mis un point d’orgue à mesurer chacune de leurs décisions. Le héros, tout d’abord, est originaire de Siwa, une oasis située à la frontière libyenne. Désireux de marquer la complexité culturelle et la diversité ethnique du pays à cette période, le staff a opté pour un protagoniste noir afin d’éviter les clichés et le syndrome « acteurs blancs peinturlurés » des films historiques. Au fil de l’histoire, le joueur va ainsi découvrir les difficultés d’intégration mais aussi croiser des personnages emblématiques, tels que Jules César ou la divine (et très libérée) Cléopâtre. Avec un tel socle, on pouvait s’y attendre, Ubi n’a pas lésiné sur les moyens et offre un jeu d’une richesse stupéfiante.
Approche moderne
L’histoire de ce nouvel opus débute en 49 avant Jésus-Christ. Alors que l’Empire Romain se rapproche inexorablement, la grande Égypte vit ses dernières heures après plus de 3 000 ans de domination. Le héros, comme dans n’importe quel jeu de la franchise, va ainsi gravir les échelons en supprimant des ennemis de haut rang. Mais à l’inverse des précédents épisodes, Origins se veut bien plus proche d’un Witcher 3 que les Unity et autres Syndicate. À l’image du sorceleur ou de Link dans Breath of the Wild, le jeu propose une carte gigantesque, composée de différentes régions, qu’il va falloir arpenter en exécutant quantité de quêtes. Comme pour n’importe quel jeu du genre, vous aurez ainsi à effectuer des missions pour faire progresser l’histoire mais aussi suivre des objectifs secondaires visant à améliorer les capacités et l’équipement de votre héros. Si la plupart de ces défis annexes n’ont rien d’originaux (libérer un camp ennemi en tuant le capitaine, porter secours à des habitants, récupérer des trésors enfouis sous l’eau, chasser des animaux…), certaines s’imbriquent intelligemment à la trame principale et viennent étoffer l’univers du jeu. Vous aurez aussi à contrôler Senu, l’aigle de Bayek, afin de survoler des zones précises et débusquer des cibles. Le compagnon ailé de l’assassin a une véritable importance dans l’aventure mais on vous laisse la découvrir par vous-mêmes.
Égypte numérique
Assassin’s Creed Origins est une véritable performance visuelle et sonore. L’Égypte que vous allez visiter est absolument énorme et s’étend sur des kilomètres à la ronde, entre villages, dunes, pyramides, montagnes, canyons, temples ou encore cavités souterraines. Façonné en collaboration avec de véritables historiens, le monde imaginé par les équipes d’Ubisoft s’avère très fidèle à ce qu’était la terre du Sphinx à cette époque. À la fois colorée et luxuriante, la région était d’une beauté sans pareille. Les pyramides à la teinte blanche répondent à l’immensité d’Alexandrie et de son célèbre phare, reproduit le plus fidèlement possible grâce aux documentations. Il est aussi amusant de découvrir comment les personnages historiques, Cléopâtre et Jules César en tête, ont été traités. Là encore, selon les spécialistes, la Reine d’Égypte – bien loin de l’image qu’elle dévoile dans l’album d’Astérix – usait de ses charmes auprès des hommes et organisait des nuits de débauche avec ses fidèles. C’est en tout cas ce qui ressort lorsqu’on se penche sur les manuscrits romains la décrivant. À l’inverse, elle est décrite par son peuple comme une femme forte, politique, parfois cruelle et surtout comme une dirigeante. Il est donc fort intéressant de croiser sa route avant qu’elle n’accède au trône. Assassin’s Creed Origins est donc très fidèle à l’Histoire mais prend tout de même quelques libertés pour accentuer le côté spectaculaire du jeu. Ainsi, Cléopâtre est plus grande, la ville de Sirène possède une arène où se réunissent des gladiateurs venus du monde entier, les statues des temples sont bien plus imposantes, etc. Ceci dit, la reproduction est si impressionnante qu’un mode exclusif permettant de visiter l’Égypte Ptolémaïque sera disponible en 2018. Concrètement, le joueur pourra se déplacer sur la carte sans qu’il n’y ait aucun ennemi, ni mission, juste pour le plaisir de se rendre sur les lieux historiques afin d’en apprendre plus. On nous promet même des visites guidées virtuelles conçues par de véritables historiens. Cela promet et on a hâte de découvrir ça ! Mais si Assassin’s Creed Origins est somptueux, notamment sur Xbox One avec la résolution 4K et le HDR, on ne doit pas omettre ses autres qualités.
Évolution guerrière
Par rapport à ses prédécesseurs, Origins va plus loin dans son gameplay. Au gré de ses pérégrinations, le joueur améliore son niveau et peut donc accéder à des missions encore plus difficiles. Il est ainsi tout à fait possible de quitter votre zone de confort et d’effectuer des missions délicates avec un niveau plus faible mais c’est à vos risques et périls. C’est là qu’intervient le système de combat qui est bien plus étoffé et réaliste qu’il ne l’était auparavant. Outre la capacité de Bayek à porter plusieurs armes, le jeu propose des joutes épiques et moins téléguidées. Lorsque vous combattez un ennemi, ses potes ne restent pas à regarder bêtement mais attaquent pour aider leur camarade. De la même manière, leur intelligence artificielle couvre un terrain plus important et ils agissent de différentes façons selon la situation. Il faut donc être extrêmement prudent et jongler entre les multiples offensives pour s’en sortir. Libre à vous d’opter pour un coup rapide mais faible ou lent mais puissant. Vous aurez aussi à esquiver les armes d’ennemis imposants ou encore à parer pour contre-attaquer de plus belle. Assassin’s Creed Origins offre une large gamme d’armes (épées, arcs, masse…) et permet également d’affronter vos adversaires en restant sur votre monture, qu’il s’agisse d’un cheval, d’un chameau ou autre (on peut apprivoiser des animaux sauvages). Moins chorégraphié et plus réaliste, le gameplay du jeu d’Ubisoft a été longuement pensé et réfléchi et c’est une bonne chose.
Indispensable ?
Le jeu est d’une telle ampleur que tout n’est pas parfait. On recense quelques bugs et l’histoire, empreinte de vengeance, peine à nous emporter totalement. On peut aussi douter des séquences « modernes » qui n’apportent rien ou de certaines missions vraiment peu inspirées. Ne parlons même pas des expressions faciales (sérieux, le regard des perso est robotique) ou de la synchronisation labiale, pas vraiment au point en langue française (c’est beaucoup mieux en anglais). Mais sorti de là, Assassin’s Creed Origins est une claque absolue ! Dépaysant au possible, le jeu offre des panoramas à tomber à la renverse et jouit d’une luminosité (les effets visuels sont dingues !) stupéfiante. Il faut également souligner la qualité de la bande son, en adéquation parfaite avec la thématique égyptienne. Ses points forts sont bien supérieures à ses faiblesses et risquent de vous laisser une empreinte indélébile. Et pour celles et ceux qui sont fascinés par l’Égypte (il y en a beaucoup), le titre est tout simplement immanquable.
Conclusion du rédacteur : FANTASTIQUE
Depuis toujours, l’Égypte et ses mystères fascinent. On ne compte plus les reportages qui traitent de cette période et le jeu vidéo n’a pas échappé à cet envoûtement pour les pharaons et les pyramides. On a ainsi vu des titres comme Exhumed, Ankh, Pharaon ou encore la licence Égypte nous amener sur les traces de Ramsès II et Cléopâtre. Mais aucune des productions sorties jusqu’alors ne va aussi loin qu’Assassin’s Creed Origins. D’une fidélité bluffante avec cette époque, il nous immerge dans une aventure à la portée historique et symbolique inoubliable. Ubisoft a parfaitement réussi son pari et cette fresque d’une beauté hypnotique fera, à n’en pas douter, date.
Points positifs :
C’est juste sublime
Un voyage touristique et historique
Combats plus intéressants
Durée de vie colossale
Map gigantesque
Direction artistique à tomber
Bande-son immersive
VF et VO efficaces
Le gap visuel sur Xbox One X
Le « Discovery Tour » à venir
Points négatifs :
Quelques bugs
Certaines quêtes peu inspirées
Le scénario peu passionnant
Éditeur : Ubisoft – Développeur : Ubisoft – Genre : Action/Aventure – Sortie : 27 octobre 2017 – Plateformes : Xbox One, PS4, PC
Commentaires