Armello – Lapin Compris
Ghislain Masson
- Un univers tout mignon
- Mécanismes simples et riches
- Il y a des lapins !
- Un peu répétitif
- Parties un peu courtes
- La place accordée au hasard
Les relations entre le jeu vidéo et le jeu de plateau s’intensifient avec de plus en plus d’adaptations des descendants du Monopoly et compagnie. Armello franchit une étape supplémentaire dans cette évolution : c’est un jeu de plateau directement pensé pour le jeu vidéo !
Rien ne vas plus au royaume d’Armello. Le vieux roi est atteint d’une maladie qui corrompt aussi bien son corps que son âme. Alors que sa mort semble inévitable, il prend des décisions dangereuses et brutales contre son peuple. Des ombres se lèvent depuis les sites sacrés, et les gardes du palais font parfois du zèle contre les villages environnants. Face à cette situation, les clans du royaume réagissent en envoyant leurs champions résoudre cette crise : soit en assassinant le roi fou, soit en se positionnant comme sauveurs du royaume le jour où la maladie l’emportera.
C’est beau comme du Games of Thrones, non ? Pourtant, l’univers d’Armello est bien moins sanglant et réaliste. En effet, les champions du royaume sont des loups, des ours, des rats ou des lapins anthropomorphes ! Cependant, si ces animaux trop humains sont tous mignons, ils n’en sont pas moins dangereux. Chacun des huit personnages proposés, à raison de deux par clans, a des capacités uniques qui en font un bon combattant, magicien, ou voleur. Avec ces talents, ils vont disposer des pouvoirs nécessaires pour sauver le Royaume, et surtout empêcher les autres clans de le faire avant eux !
Nous ne sommes que des pions
Une partie d’Armello se joue à 4 joueurs, dont 3 peuvent être gérés par le programme. Le gros du jeu se déroule sur une carte du royaume en 3D où se déplacent les héros, un peu à la manière d’un Might&Magic Heroes. La partie dure au maximum 9 jours, eux mêmes divisés en 2 tours, un de jour et un de nuit. Si personne n’a tué le roi à la fin de ce laps de temps, le joueur qui a le plus de prestige l’emporte. Et pour cela, il faut soit remplir des quêtes, soit éliminer les autres champions, soit défaire les Fléaux, des monstres qui rôdent dans le royaume. Si chaque personnage est défini par des caractéristiques et un équipement, Armello n’est pas un RPG. C’est en effet une adaptation d’un jeu de plateau qui n’existe pas physiquement !
On y trouve des dés, des cartes, les héros pourraient être des figurines et chacun joue l’un après l’autre comme s’il était assis à une table. Le cœur du jeu, ce sont justement les cartes. Au début de son tour, chaque héros en reçoit de nouvelles pour en disposer de 5. Elles se divisent en plusieurs types. Les sorts consomment des points de magie et permettent d’avoir de multiples effets, comme booster son combat, se soigner ou blesser un adversaire à quelques cases de soi. Les objets se divisent entre les permanents qui occupent un emplacement dans l’inventaire et les instantanés qui disparaissent après utilisation. Leur utilisation demande des pièces d’or, que l’on gagne par divers moyens dans le jeu (quêtes, explorations de donjons, captures de villages).
Les compagnons occupent également des espaces d’inventaire. Ils donnent des pouvoirs permanents comme par exemple des revenus, de l’ajout de magie etc. Mais les cartes les plus intéressantes sont les ruses. Elles vont permettre d’en mettre plein le museau aux autres héros, ou éventuellement de se tirer de mauvais pas. Ce sont en quelque sorte des pièges, des embuscades qui peuvent affecter un lieu et se déclencher quand un héros y pénètre. D’autres effets plus vicieux permettent également de s’allier avec un autre champion et de gagner du prestige à chaque tour, jusqu’à la mort de l’un des deux alliés.
Les dés décident
Outre les cartes, il y a aussi les dés. Ils interviennent dans deux cas : les combats et les Périls. Dans les combats, chaque belligérant va lancer un certain nombre de dés en fonction de sa caractéristique de combat. Les dés sont ornés de symboles qui permettent d’obtenir des réussites en attaque ou défense. L’équipement va souvent donner des résultats automatiques, mais au prix de moins de dés à lancer. Par exemple, une armure donnera deux points de défense, une épée quelques points en attaque. Les assauts ne se font que sur un lancer, mais sont souvent très violents, se terminant par la mort d’un des combattants. Heureusement pour les champions, elle n’est pas définitive. Un héros vaincu repart à son village de départ avec un point de prestige en moins.
Les Périls fonctionnent eux-aussi avec les dés, mais un peu différemment. Il faut la obtenir des combinaisons de symboles, comme dans une machine à sous. Ce n’est plus le combat, mais la présence d’esprit ou la spiritualité qui est prise en compte. Enfin, les quêtes consistent en des périls un peu particuliers où il suffit de se rendre sur la bonne case et de choisir entre une solution « facile » ou une plus risquée, mais avec l’opportunité d’améliorer sa récompense. Mis bout à bout, tous ces mécanismes fonctionnent parfaitement, même s’il est conseillé de se frotter au tutoriel pour comprendre de quoi il en retourne. Le jeu est rythmé, avec pas mal d’interactions entre joueur et une bonne re-jouabilité. En effet, chaque champion est différent, et multiplier les parties permet de débloquer des variations dans leurs capacités de départ.
Les oripeaux de l’Ours
Même si on est sur un jeu de plateau transformé en jeu vidéo, Armello est plutôt joli et bien animé. Le design est attachant, les cartes ont de très belles illustrations, et une fois n’est pas coutume, les artistes sont mentionnés. La musique n’est pas en reste, inspirante et agréable. Reste qu’il manque tout de même un petit quelque chose au jeu. La possibilité de pouvoir mieux customiser ses parties ou ses personnages ? Ou tout simplement de moins dépendre du hasard ? Les dés font intégralement partie du jeu, avec leurs mauvais cotés. Quelques mauvais jets et votre personnage meurt, repart dans sa ville de départ à trois tours de sa quête active, avec de plus en plus de mal à revenir dans la partie au fur et à mesure que les tours passent. C’est souvent dans ce cas là qu’il faut oser le tout pour le tour et tenter l’assassinat du roi…..qui demande à avoir encore plus de chance. Pour peu que le tirage de cartes s’y mette, il est facile de perdre une partie une demi-heure avant sa fin ! Heureusement, les parties sont assez courtes (comptez moins d’une heure), voire trop courtes. Au moment où votre personnage commence enfin à ressembler à quelque chose avec un minimum d’équipement et de points de prestige pour peser dans la partie, c’est souvent le game-over. Un peu frustrant !
Conclusion du Rédacteur : BON
S’il ne remplacera pas une vraie partie de jeu de plateau, Armello est un bon divertissement qui a l’avantage de pouvoir se jouer tranquillement chez soi et sans ses amis. Il a cependant plus sa place sur une tablette que sur un PC ou une console. Sa réalisation et ses mécanismes simples en font toutefois un bon divertissement.
Éditeur : League of Geeks – Développeur : League of Geeks – Genre : Jeu de plateau – Sortie : 1 Septembre 2015 – Supports : PC/PS4/iOS/Android