E3 2014. Depuis la présentation de Watch Dogs, Ubisoft a pris l’habitude de présenter un jeu totalement inédit à la fin de sa conférence. Cette année-là, l’assemblée découvre un nouveau Rainbow Six. Intitulé Siege, le jeu revient aux premières amours de la saga ; à savoir un FPS porté sur la tactique avec une punition immédiate pour tout déplacement bourrin. Grande Messe du jeu vidéo oblige, le tout est savamment mis en scène avec des graphismes spectaculaires et un travail remarquable sur les lumières et les ombres. On se doutait que le jeu à sa sortie n’aurait pas ce visage et il faut bien avouer que Rainbow Six Siege est un peu passé aux oubliettes. Non pas qu’il n’était pas prometteur, mais les mois qui suivirent furent très riches en gros jeux et son arrivée paraissait lointaine. Avec les tragiques évènements de novembre, beaucoup ont pensé à un report mais il n’en fut rien. C’est donc sans trop savoir à quoi s’attendre que l’on a posé nos mains sur Rainbow Six Siege. Et qu’on s’est pris une véritable claque dans la gueule ! Sans crier gare, le studio français vient de signer l’un des meilleurs FPS tactiques de tous les temps. À la fois accessible, fin et spectaculaire, R6S est tout simplement renversant !
Lorsque j’ai touché au jeu pour la première fois, je m’attendais à quelque chose dans la lignée d’un Counter Strike, à savoir un assaut des Forces de l’ordre contre les Terroristes. Je me suis lourdement trompé. Même si Rainbow Six Siege n’est pas aussi profond que les premiers épisodes de la série (qui étaient, il faut bien le dire, difficiles d’accès), il prend tous les FPS actuels à contre-pied en offrant une véritable dimension tactique. Pour se faire la main, la dizaine de missions solo proposées n’est pas de trop. Il s’agit d’objectifs à réaliser contre l’IA avec une difficulté exponentielle. On peut choisir d’y jouer en normal, difficile ou réaliste (et là, il faut s’accrocher) mais ça donne un bon aperçu de la partie principale du jeu : le multi !
Chasseur et proie à la fois
Qu’on se le dise, Rainbow Six Siege est un jeu essentiellement tourné vers le multijoueur en ligne. En solo, le tout se termine beaucoup trop vite et représente un intérêt quasiment nul. Mais à plusieurs, avec un casque sur la tête, c’est là que le titre d’Ubi se livre comme jamais. Le concept en lui-même est très simple : les parties à 5 contre 5 sont divisées en deux sections. L’assaut (qui débute par une phase avec un drone) consiste à tuer tout le monde, récupérer un otage (et l’amener en lieu sûr) ou désamorcer une bombe. On peut au choix suivre l’objectif (otage ou bombe) ou zigouiller les joueurs adverses pour gagner la partie. En mode défense, l’escouade doit sécuriser l’otage ou faire en sorte que la bombe ne soit pas désamorcée. Là aussi, éliminer l’autre équipe permet de remporter la victoire. Chaque partie est constituée de trois manches et les équipes tournent, à tour de rôle, passant de la phase assaut à la phase défense, et vice-versa. Rien de sorcier et de foncièrement original dans l’absolu.
Des joujoux par milliers
Oui mais voilà, les développeurs sont parvenus à surprendre grâce à un système de classes, de gadgets et d’armes vraiment génial. Chaque faction, assaillants ou défenseurs, a bien sur ses propres spécialités. Pour s’y retrouver, les développeurs se sont inspirés des Forces Spéciales de différents pays, voyez plutôt : GIGN (France), SAS (U.K), FBI SWAT (États-Unis), SPETSNAZ (Russie) GSG 9 (Allemagne). Toutes ces unités sont à débloquer via la « renommée ». Il s’agit de crédits permettant d’accéder à de nouvelles factions et armes. Au départ, tout le monde commence par la classe de base : RECRUE. Eh oui, il faut bien un bas de l’échelle. Une fois que vous avez sélectionné votre escouade, le gros de la stratégie se met en place avec pas moins de 20 classes :
ASSAILLANTS
TWITCH (GIGN) : Sa capacité première est d’utiliser un drone qui électrocute les adversaires et désactive les pièges.
MONTAGNE (GIGN) : Une vraie force de la nature. Il peut déployer un bouclier extensible lui permettant d’être en ligne de mire, tout en tirant debout et en protégeant ses partenaires.
ASH (FBI) : Cette femme projette une charge explosive pour un maximum de destruction. Très pratique pour ouvrir des brèches mais aussi éliminer plusieurs ennemis à la fois.
THERMITE (FBI) : Comme son nom l’indique, ce spécialiste des explosifs peut placer des charges capables de détruire des parois et zones renforcées par l’ennemi.
FUZE (SPETSNAZ) : Celui-là pose des charges murales éjectant des mini-grenades à travers la pièce. Redoutable, mais attention de ne pas blesser ou tuer l’otage !
GLAZ (SPETSNAZ) : Un expert de la visée. Avec sa lunette grossissante, il peut abattre un opposant en étant à longue distance.
IQ (GSG 9) : Son détecteur électronique localise les appareils de même type. Pratique pour éviter les pièges mais assez peu utilisée en mission, il faut bien le reconnaître.
BLITZ (GSG 9) : Son bouclier déclenche un flash pour aveugler l’ennemi. Bien utilisé, cette arme est terrible pour les opposants.
SLEDGE (SAS) : Lui, c’est le « bourrin ». Il utilise carrément une masse pour démolir les surfaces destructibles. Mais attention à ne pas se retrouver sous le feu ennemi durant l’opération.
THATCHER (SAS) : Ses grenades IEM neutralisent le matériel électronique visant à piéger votre unité.
DÉFENSEURS
DOC (GIGN) : Son pistolet spécial lui permet d’envoyer une injection hypodermique pour relever un coéquipier blessé. Si c’est lui qui est touché, cette injection peut le réanimer. En gros, c’est le toubib, mais il sait se battre !
ROOK (GIGN) : Très pratique ! Il fournit à toute son équipe des plaques de protection améliorant la résistance aux tirs ennemis. Prévenez vos coéquipiers si l’un d’entre eux n’a pas enfilé sa plaque, cela peut s’avérer vital.
CASTLE (FBI) : Par défaut, les défenseurs installent des barricades en bois faciles à détruire. Avec ce spécialiste, les barricades sont bien plus résistantes et à moins d’utiliser une arme spéciale, l’ennemi ne peut pas pénétrer par ces entrées protégées.
PULSE (FBI) : Grâce à un appareil à détection, ce dernier entend les battements cardiaques à courte distance. Redoutable pour repérer un ennemi planqué.
KAPKAN (SPETSNAZ) : À lui seul, il peut faire de gros dégâts. Sa faculté est de placer des pièges explosifs sur les encadrements des portes et fenêtres. Si l’ennemi ne fait pas attention, c’est le carnage assuré !
TACHANKA (SPETSNAZ) : Lui, il ne fait vraiment pas dans la demi-mesure. Il déploie une mitrailleuse utilisable pour toute l’équipe. Attention toutefois, cette arme est statique.
JÄGER (GSG 9) : Son système de défense lui permet de neutraliser les grenades avant détonation.
BANDIT (GSG 9) : Lui, son arme, c’est l’électricité ! Il place des fils électrifiés sur les gadgets métalliques infligeant des dégâts à l’ennemi. Genre vous vous rapprochez d’un porte pour poser une détonation et vous vous prenez une série de volts dans la face. Ça calme !
SMOKE (SAS) : Muni d’un masque à gaz, ce spécialiste libère du gaz toxique à distance. Selon les situations, cela peut s’avérer radical et terrible pour l’adversaire.
MUTE (SAS) : Il est spécialisé dans les appareils électroniques et peut brouiller les communications des gadgets télécommandés ou des drones à sa portée. En clair, c’est lui qui pose ces satanés brouilleurs qui altèrent l’image des drones.
Autant dire qu’il y a de quoi faire ! Et surtout, détail important : la plupart des armes sont améliorables. Via la renommée obtenue, vous pouvez ajouter un silencieux, abaisser le recul, changer le viseur, etc. Cela devient d’ailleurs vite indispensable pour viser juste.
Immersion totale
Et en jeu, ça donne quoi tout ce contenu ? Autant le dire clairement, c’est de la folie pure ! S’il est tout à fait possible de jouer avec des inconnus, rien ne vaut les parties où on se coordonne avec ses potes pour surprendre l’ennemi. La richesse de chaque classe (le joueur n’incarne à aucun moment un terroriste, il s’agit toujours d’un opérateur) fait que chaque partie est différente et que les approches sont ultra nombreuses. Si l’on se réfère à la présentation du jeu à l’E3 2014 (à condition d’oublier les graphismes qui étaient largement supérieurs par rapport au résultat final), on retrouve exactement le même type de gameplay : approche frontale avec un bouclier, explosif posé à l’étage pour tomber sur l’ennemi, exercice en rappel (avec possibilité de se mettre la tête en bas) pour passer par les fenêtres, grenade flash ou fumigène lancée dans la pièce des terroristes pour les faire sortir… etc. Les possibilités sont si vastes qu’il est impossible de résumer tout ça dans un seul texte. Un détail toutefois, il n’y a plus de descente en rappel à partir d’un hélicoptère comme on peut le voir dans la démo de l’E3 2014. Au départ, on en prend un peu plein la gueule et puis, petit à petit, on commence à comprendre qu’il est possible de pencher son arme pour avoir un meilleur angle de visée, on apprend la topologie des lieux pour contourner l’adversaire et on devient de plus en plus efficace. Les développeurs ont vraiment pensé à tout et les assauts assourdissants (le moteur de destruction est fantastique), tout comme les quelques dialogues balancés ça et là, font que l’on s’y croit. Vraiment. C’est d’autant plus vrai qu’il faut constamment faire attention aux caméras. Via la touche Y, l’ennemi peut repérer votre position et vous êtes mis au courant. Pour contrer cela, les joueurs (qui utilisent des casques) décident de plus en plus de prévenir leurs coéquipiers sans utiliser le bouton Y. De cette manière, les adversaires ne sont pas mis au courant de leur « détection » et ils peuvent tomber comme des mouches. Les caméras et les drones jouent d’ailleurs un rôle primordial dans la manière d’appréhender les opposants. En clair, vous l’aurez compris, il faut toucher à Rainbow Six Siege pour prendre conscience des possibilités quasi infinies du jeu.
Un level design de qualité
Si le jeu est aussi percutant, il le doit également à la variété et la construction de ses maps. On espère d’ailleurs en découvrir de nouvelles dans les prochains mois (avec le Season Pass, on se doute bien que le contenu va s’enrichir) ! Pour l’heure, voilà chacune des cartes et leurs spécificités :
BANQUE : Cet établissement financier est constitué de multiples salles menant jusqu’au coffre. À l’entrée, après un couloir, les joueurs pénètrent dans un gigantesque hall constitué d’un guichet. Au niveau des étages, certaines caches comme les ascenseurs sont des repères parfaits pour se planquer derrière un bouclier fixe.
CHALET : Les vacances à la montagne ! On se croirait dans une villa digne du jeu Until Dawn. La bâtisse est constituée d’un étage avec balcon, d’un grand salon et d’un bar. Au sous-sol se trouve une cave. Les lieux sont vastes donc assurez vos arrières et méfiez-vous des caméras.
CLUB HOUSE : Un gang de motard a élu domicile dans cette boite. Rien de particulier à noter, si ce n’est qu’il ne s’agit pas de la carte la plus inspirée. Il y a un bar pour se planquer, ainsi que pas mal de mobilier.
CONSULAT : En Côte d’Ivoire, ce bâtiment va être le théâtre d’un assaut redoutable. Très vaste, avec de grandes salles, il permet différentes approches (notamment par les escaliers). Et n’oubliez pas, si un mec se planque dans la salle des serveurs informatiques, il est possible de contourner cette dernière et d’avoir une ligne de mire parfaite via une petite grille située à l’une des extrémités. Évitez également de vous regrouper dans l’open-space.
BASE d’HEREFORD : Terrain d’entraînement de l’unité des SAS, cette base est constituée de plusieurs étages avec un grand nombre de salles plus ou moins vastes. En raison de sa taille assez restreinte et ses multiples ouvertures, c’est une des cartes les plus appréciées du jeu.
MAISON : Très sympa, cette carte fait penser (un peu) à la map « Mansion » de Counter Strike. On se trouve dans un pavillon de la banlieue américaine. Le danger peut venir de partout : hall d’entrée, cuisine, salle de bain, chambre… Ou quand un lieu quotidien devient un piège mortel.
CAFÉ DOSTOJEWSKI : Situé au cœur de la capitale russe, ce lieu chic est pris pour cible en pleine période de Noël. Il est constitué de grandes salles avec énormément de mobilier.
CANAL : À Hambourg en Allemagne, cette zone industrielle comprend plusieurs bâtiments avec différents points de connexion stratégiques. Il y a pas mal de bureaux et de petits couloirs, donc avancez prudemment. Chaque recoin pourrait être synonyme de balle dans la tête.
OREGON : Une carte qui rappelle la map MAISON. Ici, il s’agit d’une place fortifiée située aux États-Unis. Là aussi, les ouvertures sont assez vastes, donc coordonnez-bien vos déplacements et actions.
AVION PRÉSIDENTIEL : Quand on découvre cette map, impossible de ne pas penser à l’assaut qui s’est déroulé en 1994 sur le tarmac de l’aéroport de Marignane. En l’état, l’appareil est totalement vide d’occupants mais c’est assurément l’une des cartes préférées des joueurs. On peut entrer par différents points stratégiques et l’endroit confiné donne beaucoup d’intérêt à l’assaut.
Pas très « net »
Rainbow Six Siege serait le jeu quasi parfait s’il n’y avait pas cette satanée instabilité de réseau. Si les parties se passent, dans la majeure partie du temps, correctement, il arrive bien souvent que des problèmes de connexion empêchent de rejoindre une escouade. Il n’est pas rare de se taper le message « Erreur de connexion au serveur de Rainbow Six Siege ». Il se peut également que vous soyez éjecté d’une partie sans rien comprendre. Et forcément, pour un jeu qui se veut foncièrement multijoueur en ligne, c’est un sacré handicap ! On espère que tous ces soucis de netcode instable seront rapidement corrigés. Mais force est de constater que, pour le moment, ce n’est pas encore ça. Ensuite, on ne peut nier le problème d’incohérence. Forcément, avec les évènements de ces dernières semaines, il aurait été incongru d’incarner un terroriste. Mais, en l’état, ça fait quand même bizarre de voir des mecs du GIGN et du FBI s’en mettre plein la tronche tant bien même qu’ils sont dans le même camp à l’origine. Cela tient plus du détail et c’est très compréhensible de la part d’Ubisoft, il faut juste s’y habituer. Du côté de la réalisation, on est à des années-lumière de la démo de l’E3 2014. Malgré tout, le visuel reste cohérent sans être un canon de la beauté. C’est l’essentiel. En revanche, on ne peut qu’applaudir des deux mains et des deux pieds le travail effectué sur le son, réussi et assourdissant lors des assauts (un vrai bonheur avec un casque !). Il faut aussi souligner la qualité du moteur de destruction des éléments. Je vous dis pas la tronche de la baraque après un assaut, ça déconne vraiment pas.
Conclusion du rédacteur : TRÈS BON
Génial, tout simplement génial. À la fois exigeant et accessible, Rainbow Six Siege demeure l’un des meilleurs FPS tactiques de ces dernières années. Prenant comme jamais, il impose une nouvelle direction aux titres compétitifs. S’il n’avait pas ses problèmes de serveur et son netcode instable, il n’était pas loin de l’indispensable pour tous les fans de FPS qui préfèrent les approches stratégiques et posées. Certes, en phase d’action, son gameplay fait très arcade mais il est bien plus fin qu’on pourrait le penser au premier abord. Allez, j’y retourne !
Éditeur : Ubisoft – Développeur : Ubisoft – Genre : FPS stratégique – Sortie : 1er déc. 2015 – Supports : PS4, Xbox One, PC
Régis, toujours aussi ULTRA-ENTHOUSIASTE ! \o/ ! :p
Bon papier sinon 😉 j’accroche beaucoup aussi ! et le format permet sans problème de se faire quelques courtes sessions régulièrement (genre 2h tous les soirs ;p). Il a clairement mis la quenelle à Battlefront en prouvant que les graphismes ne font pas un jeu ! Et même si je regrette amèrement l’absence de solo dans les deux jeux, mon coeur va pour une fois du coté de chez Ubisoft (et c’est assez rare pour etre précisé !).
JoPe
TuYaTroJoueY – http://www.tuyatrojouey.net
http://www.facebook.com/tuyatrojouey/
Je te l’accorde, c’est un gros gros coup de cœur 🙂
Très bon test, complet et détaillé. Savez vous que votre site est déconseillé par Google pour une faille de sécurité ?