Du jeu vidéo au cinéma, il n’y a qu’un pas et vice versa. Évitons d’aborder le sujet délicat des adaptions (pour cela, on vous invite à lire notre Tous pour un ?), mais il y a tout de même eu de beaux projets qui traitent de notre divertissement préféré. Vainqueur toute catégorie dans le cœur de la rédaction Joypad, Scott Pilgrim vs. The World. suivi par le vieux The Last Starfighter et sur la dernière marche de ce podium, Avalon. Ce dernier est justement l’une des sources d’inspirations du projet dont il est question dans cet article. Virtual Revolution est un film qui propose une véritable vision lointaine de notre propre futur et du jeu vidéo.
Pitch rapide sur le film, le JV prend une place de plus en plus importante dans la société, jusqu’à l’envahir quasiment complètement. Mais laissons la parole au réalisateur du film ainsi que l’une de ses actrices pour en parler. Nous avons en effet eu la chance de rencontrer le patron de l’équipe de cet ambitieux projet. Cet interview écrite a donc l’avantage de recueillir des propos sur ce qui se passe aussi bien devant que derrière la caméra. À noter que le projet nécessite une dernière phase de financement, afin notamment de gagner en notoriété. Je vous laisse sans plus attendre en compagnie du réalisateur Guy-Roger Duvert et de la comédienne Melissa Mars (dont voici le dernier clip, tiré d’un autre film, Curse of Mesopotamia), qui vont vous parler un peu plus concrètement du film et de leurs expériences avec le jeu vidéo.
Le film :
Ce que l’on peut voir actuellement du film dévoile peu de choses sur l’intrigue, peux-tu nous présenter brièvement le scénario ?
GR : Ce qui a inspiré le film est un article que j’ai lu en 2005 et qui parlait d’un MMO auquel je jouais à l’époque : Everquest 2. Il disait que 25% des joueurs avouaient accorder plus d’importance à leur vie virtuelle dans le jeu qu’à leur vie réelle. C’est énorme ! Surtout qu’on parle d’un jeu technologiquement archaïque (écran 2D, interface basique de type clavier-souris). On sait très bien ce vers quoi on va technologiquement. Selon Kurweitz, dans les années 2030 il n’y aura plus de différence de sensations entre les mondes virtuels et les mondes réels. Ce jour-là, ce ne sera plus 25%. Le film décrit notre monde en 2047 et se situe à Paris. 75% de la population passe son temps connecté et n’en a pus rien à faire du réel. Notre héros, Nash, est un shadow-agent, un tueur, payé par les multinationales pour traquer, identifier, éliminer les terroristes qui menacent le système.
On a constaté la présence d’environnements variés dans le film, comme par exemple un futur cyberpunk ou un univers médiéval. Peux-tu nous en citer quelques-autres ?
GR : Le futur cyberpunk correspond à la réalité de Paris en 2047 et le héros se retrouve connecté à deux mondes virtuels : l’un post-apo-futuriste (imaginons Tatooine avec que des humains, après 200 ans de guerre), et l’autre héroïc-fantasy.
À quel public est destiné le film ?
GR : Il est évident que c’est un film qui parlera aux gamers. Ceci étant dit, il pourra plaire à tous les fans de SF en général et de cyberpunk en particulier.
À priori, sa diffusion est pour le moment programmée aux États-Unis. Qu’en est-il de la France ?
GR : Ça va complètement dépendre de quel distributeur va acheter le film. Plus le film fait de buzz, plus ça augmente nos chances d’être en salles. On commence à entrer en contact avec les distributeurs lors de l’AFM (American Film Market). Donc on croise les doigts.
MM : … On croise les doigts… mais pas les bras !!!! 😉
Le lien avec le jeu vidéo :
Les références et inspirations aux jeux vidéo sont flagrantes (Deus Ex, Remember Me), ainsi qu’au cinéma (Blade Runner, Akira) et même la littérature (Avalon, Cyberpunk 2077), En avons-nous oublié ?
GR : Pour le monde post-apo-futuriste, certains concept-art du jeu Destiny nous ont inspirés. On peut aussi citer l’anime Ghost in the Shell. Le jeu de rôles Shadowrun. Mais les principales références restent en effet Blade Runner et Deus Ex.
MM : Pour entrer dans le monde virtuel, Guy-Roger m’a suggéré de regarder Sword Art Online, un animé japonais. Ça m’a beaucoup aidée dans la préparation de mon personnage virtuel.
En 2016, les jeux vidéo vont connaître une révolution avec l’arrivée sur le marché des casques VR. Le scénario du film n’est-il pas un dérivé futuriste de cette nouvelle technologie ?
GR : Le scénario du film est complètement un dérivé de cette technologie. D’ailleurs, une manière pour moi de présenter les mondes virtuels du film était de dire qu’il s’agissait de la 7eme génération de World of Warcraft. Concrètement l’avènement de la réalité virtuelle va se faire en 3 phases :
– La première arrive : casques virtuels et autres interfaces qui nous immergent mais en utilisant encore nos organes de perception (yeux, oreilles…)
– La seconde : on connectera directement des machines à nos cerveaux un peu à la manière de Matrix, ce qui fait qu’il n’y aura plus de différence de sensation entre le réel et le virtuel (La fameuse prédiction de Kurweitz). La seule chose, c’est qu’il faudra des artifices pour connecter nos cerveaux (plugs, puces électroniques), ce qui implique donc de la chirurgie, ce qui fait que tout le monde ne suivra pas.
– La troisième, la connexion se fera par induction. Concrètement, ça veut dire que le casque enverra directement les informations au cerveau sans passer par des implants. Ce jour-là, il n’y aura plus de barrières psychologiques.
Le film décrit une société où la troisième phase a eu lieu.
MM : VR sont aussi les initiales du film… Virtual Revolution pour une Virtual Reality… 😉
Quelles affinités l’équipe entretient-elle avec les jeux vidéo ? Êtes-vous tous les deux des joueurs ?
GR : Je suis clairement un gamer, avec une prédilection pour les jeux à mondes ouverts (Assassin’s Creed, GTA5, Skyrim, Fallout). Mais il y a bien évidemment d’autres jeux qui m’ont marqué : Deus ex, Mass effect…
MM : Quand j’ai eu mon premier et unique PC ( je suis très vite passée sur MAC !! ), j’ai découvert un jeu vidéo, un jeu de guerre, SWIV 3D. J’en suis devenue addict. J’y jouais nuit et jour. Le passage sur Mac m’a désintoxiquée et depuis, j’essaie de ne surtout pas replonger ! Par contre, je suis passionnée par les graphismes et j’achète pleins de bouquins de concept-art de jeux vidéo. Ça m’inspire beaucoup pour la conception de mes costumes de scène et l’univers de mes clips.
Des professionnels de l’industrie du jeu vidéo ont-ils été consultés pour le tournage ?
GR : Des pros de jeux vidéo non, en revanche on a été en contact avec des sociétés développant aujourd’hui des technologies de réalité virtuelle pour le futur.
Nous sommes nous aussi les propres acteurs de nos personnages dans un jeu vidéo. L’occasion de pouvoir poser des questions à une comédienne permet de constater à quels points nos rôles peuvent être similaires (les cascades en moins…).
Tournage et souvenirs :
Melissa, quel rôle incarnes-tu dans le film ?
MM : Je suis Finlen, combattante archère dans le monde héroïc-fantasy.
Quel a été votre meilleur et pire souvenir sur le tournage ?
MM : J’ai plein de beaux souvenirs, j’ai adoré la transformation de mon look, mon personnage avait des tresses africaines qui me faisaient très mal pour dormir !!! J’étais excitée par les scènes de combat avec Gil de Murger et son équipe, tous adorables. Je devais rebondir en me projetant en arrière ! Pas facile, mais cet entraînement m’a appris à surmonter la peur de le faire !!
Le pire souvenir, c’est quand je suis tombée malade le dernier jour du tournage, j’étais coincée dans la tente, emmitouflée sur une couchette, gardée au chaud, ce qui m’a empêché hélas de profiter de l’ambiance et d’être avec les autres.
GR : Mes pires souvenirs, en fin de certaines journées, la peur de ne pas réussir à tout mettre en boite. Et mes meilleurs souvenirs, quelques heures plus tard lorsque tout était en boite.
Projets et jeux vidéo :
Melissa, tu nous faisais part de ton intérêt pour le milieu du jeu vidéo, qu’apprécies-tu le plus ?
MM : Ce qui m’excite vraiment dans les jeux vidéo, c’est le concept art, les personnages, les designs, les costumes, les décors. Quand je vois les pubs pour Assassin’s Creed ou d’autres jeux vidéo, je ne distingue plus la frontière entre le cinéma et le jeu. Ça me fait rêver, ça me transporte ailleurs.
Tu nous faisais également part de ton envie de continuer d’avoir des projets liés à notre 10ème art. Que rêverais-tu de faire ?
MM : J’adorerais incarner un personnage de jeu vidéo. J’ai d’ailleurs été récemment « scannée » !!! dans une « bulle » de 83 appareils photos, mon visage a été capté sous tous les angles, avec différentes expressions pour un jeu vidéo en développement. J’espère aller plus loin et devenir un personnage virtuel. Comme dans Army of Love, un de mes clips d’animation où je me transforme en armée de mini-moi (trop cute), ça pourrait même devenir un jeu vidéo !!!
Toi qui a désormais eu l’occasion d’affiner ton expérience avec le jeu vidéo, l’image que tu avais de ce divertissement a-t-elle changé ?
MM : Je jouais déjà aux jeux vidéo, mais j’en sais un peu plus en pénétrant leurs mondes virtuels via le film. En plus, j’ai acquis du vocabulaire : RPG, PvE, PvP, loot, respawn…
Vois-tu des similitudes entres les mondes de la comédie, du cinéma ou du théâtre avec celui du jeu vidéo ?
MM : Le rêve. L’illusion. Le déplacement dans une autre dimension.
GR : Dans tous les cas, il n’y a jamais assez d’argent !
Quels conseils peux-tu donner aux gens qui voudraient suivre une carrière de comédien ?
MM : Difficile de donner des conseils quand on est soi-même encore en quête et en construction… Il faut avoir beaucoup de courage, de persévérance et de foi. Après c’est la magie de la vie, qui nous transporte au bon moment au bon endroit…
Pour participer au financement du film : https://fr.ulule.com/virtual-revolution/