Assassin’s Creed Syndicate – London Calling
Reg'
Londres, superbement modélisée
Personnages intéressants
L'ambiance, assez géniale (musiques et voix)
Les nouveautés prometteuses sur le papier...
... mais qui auraient pu être mieux ajustées
Même schéma que Unity
Répétitivité des missions
Scénario finalement assez limité
La licence a besoin d'une pause
Les années passent mais ne se ressemblent pas. En 2015, le nouvel épisode de la franchise Assassin’s Creed a été accueilli avec une chaleur toute relative, si ce n’est plus. Lassés par les problèmes gravitant autour de Unity et des mécaniques ultra redondantes, les joueurs se sont peu à peu détournés des héros à la capuche. Cette réalité, si elle peut faire mal pour toute personne travaillant sur ou autour de la saga, ne dois pas cacher pour autant les réelles qualités des derniers volets. Certes, Unity était un titre infesté de bugs à sa sortie mais il n’en demeure pas moins un titre passionnant et incroyablement immersif. Pour cette édition, Ubisoft a décidé de conserver le rythme (frénétique) de la série et nous transporte de l’autre côté de la Manche. Étant un amoureux de la ville de Londres, c’est pourtant avec une certaine retenue que j’ai débuté ce Syndicate. Est-il parvenu à me faire changer d’avis ?
Le problème avec les séries qui reviennent tous les ans, c’est leur quasi impossibilité à réitérer un effet de surprise aussi fort qu’à leurs débuts. Et encore plus dans le cas d’Assassin’s Creed qui a été émaillé de conflits en interne (avec Patrice Desilets, créateur de la saga qui s’est brouillé avec Ubi). Bref, tout ça pour dire que Syndicate suit les traces de ses confrères. Avant même de commencer l’aventure, on sait que l’on va crapahuter sur les toits, se battre et zigouiller les ennemis à coups de lame tranchante ou encore se faufiler discrètement sans éveiller les soupçons de gardes peu scrupuleux. Malgré tout, Ubisoft Québec, qui réalise là son plus gros projet, a tenté d’apporter sa pierre à l’édifice. C’est donc en pleine Révolution Industrielle que l’on débarque, en 1868 très précisément. Le scénario campe les péripéties de deux jumeaux : Jacob Fry et sa sœur, Evie. Jeunes, fougueux et ne reculant devant rien, ils sont pourtant très différents l’un de l’autre. Jacob est l’archétype du garçon qui était en conflit constant avec son père (qui leur a tout appris) et qui ne supporte pas les règles. En clair, il suit ses intuitions, quitte à créer le chaos autour de lui. Evie, quant à elle, est plus réfléchie et utilise sa tête avant de passer à l’acte. Ils vont pourtant devoir travailler en tandem s’ils veulent faire tomber Crawford Starrick, un Templier régnant en maître sur la capitale britannique. C’est bien simple : cet individu contrôle absolument tout, des bâtiments à l’opinion publique.
UNE SIMPLE SKIN ?
Et le jeu dans tout ça ? Eh bien, il s’agit d’un vrai Assassin’s Creed, mais qui organise les missions selon que vous jouez avec Jacob ou sa frangine. Cette dernière va plutôt avoir tendance à chercher les fragments d’Eden tandis que le frangin passera son temps à foutre des pains aux Templiers. Libre à vous ensuite de switcher entre les deux protagonistes, notamment pour les missions annexes. Dans l’ensemble, Syndicate est une aventure assez plaisante mais qui a une propension à répéter sans arrêt les mêmes objectifs. Alors oui, ce n’est pas tout à fait comme dans Unity. Il y a des enfants (qui se tuent à la tâche dans les usines) à sauver, des quartiers à nettoyer mais on a franchement l’impression de se retrouver devant un clone londonien de Unity, avec les calèches en plus. Le scénario est assez bien fichu et la mise en scène, dynamique à souhait, participe grandement à l’immersion. Il faut aussi parler des personnages historiques qui interviennent, comme Charles Dickens notamment. Mais en terme d’intensité, de renouveau ou tout simplement d’inspiration, il y a quelque chose qui cloche dans la progression de Syndicate. Parfois, le jeu en fait trop et d’autres fois, pas assez. De là à parler d’un jeu trop ambitieux pour Ubisoft Québec (Syndicate étant le plus gros projet jamais conçu dans ce studio), nous n’irons pas jusque-là. Car des idées innovantes, il y en a, mais elles n’ont sans doute pas été ajustées suffisamment.
LONDON CALLING
Déjà, il faut bien reconnaître que le duo frangin/frangine fonctionne bien. Si le jeu a tendance par moment à manquer de personnalité, ce n’est pas le cas de ses personnages principaux. Sur ce point, le héros de Unity est bien plus lisse… et donc moins intéressant. Côté gameplay, on passera très rapidement sur les calèches. Si l’intention est louable, le résultat est proche de la cata. Les vrais amoureux d’équitation ont sans doute été nombreux à faire une attaque en découvrant le comportement surréaliste des voitures tirées par les canassons. C’est à se demander si les chevaux ont un volant (et s’ils sont en acier tant ils défoncent les poteaux avec grande facilité) ! Et on ne parle pas des collisions. Et puis, en parallèle de ces moyens de transport, il y a le fameux grappin. Celui-ci permet de se mouvoir sur de grandes distances sans perdre de temps mais il a un peu tendance à dénaturer l’esprit de la série, en facilitant les missions et les déplacements. Comme en plus, la visée n’est pas des plus précises, on aurait tendance à vite le zapper. Ce qui serait une erreur car il peut se révéler très utile et fun à utiliser. On n’en dira pas autant des enlèvements. En gros, ce système permet de prendre en otage un ennemi mais sans éveiller les soupçons. Et donc de se balader peinard, sans être trop inquiété. L’idée est intéressante mais mal exploitée car l’intérêt de certaines missions est flingué par ce principe. Il aurait fallu équilibrer la durée de l’enlèvement. Dans l’ensemble, Syndicate se laisse apprécier mais on le traverse un peu comme un « fantôme », la faute à des errances de gameplay assez ennuyeuses. Sur l’une des premières missions du jeu, lorsqu’on doit éliminer un individu posté sur un train, il m’a juste fallu me mettre entre les wagons en tirant plusieurs balles. Et pour cause, même si les adversaires peuvent tirer à leur tour, il est possible d’esquiver les balles. Je n’ai eu qu’à me mettre dans un coin et à appuyer à trois ou quatre reprises sur la gâchette. Pas génial en terme d’immersion. Et à côté de ça, en face à face, il faut coller un nombre incalculable de coups de poing avant de pouvoir planter sa lame. Là encore, tout est une question d’équilibre.
LE TEMPS DE LA PAUSE ?
Si Syndicate n’est pas un mauvais jeu, on sent qu’il est temps pour Ubi de faire une pause et une vraie. Il y a trop de bémols à émettre pour une licence de ce prestige. C’est dommage car la partie graphique est franchement convaincante, avec une ville de Londres stupéfiante de réalisme. Comme pour Unity, on reconnaît les monuments de la splendide capitale british et chaque quartier est découpé comme au XIXème siècle. Et surtout, on ressent cette course effrénée à la production industrielle, avec des dizaines d’usines aux cheminées fumantes, ses bateaux qui transportent la marchandise sur la tamise, les habitants qui vaquent à leurs occupations (beaucoup travaillent) et cette impression de vie omniprésente. Par rapport à l’épisode précédent, Ubi a choisi de diminuer la densité de la foule, ce qui offre une animation plus stable. Cela n’empêche toutefois pas le clipping et l’aliasing mais ça reste léger. Quoiqu’il en soit, Syndicate reste un jeu très agréable à l’œil, même si certaines décors auraient mérité d’être moins ternes. Du côté du son, la musique est une des plus grandes réussites du jeu et les voix sont également de qualité. Chose étrange, il arrive que le français soit utilisé dans la rue et d’autres fois, c’est de l’anglais non sous-titré. Un peu bizarre, même si on s’y fait vite.
Conclusion du rédacteur : BON
Assassin’s Creed Syndicate est un jeu qui fait passer par différents sentiments. C’est une certitude, c’est un véritable plaisir de fouler le sol du Londres victorien, de grimper sur les hauteurs de BigBen et de faire la rencontre de personnages historiques. En ce sens, la liberté offerte est toujours aussi prenante et le niveau de reconstitution de la capitale anglaise est absolument… royal. En revanche, le gameplay peine vraiment à évoluer. Il ya bien l’ajout du grappin et des petites choses à droite et à gauche, mais rien de transcendant. Unity avait placé la barre si haut que Syndicate marche tout simplement sur ses pas, sans bouleverser la structure des AC. On note aussi l’absence de la coop’ à 4. En clair, Ubisoft doit prendre son temps, s’appuyer sur les formidables qualités de sa licence et revenir avec un épisode qui terrasse tout sur son passage. Syndicate reste malgré tout un titre des plus corrects.
Éditeur : Ubisoft – Développeur : Ubisoft – Genre : Action/Aventure – Date de sortie : 23 octobre 2015 – Supports : PS4, Xbox One