Lors de la Paris Games Week, il était possible d’essayer le casque VIVE fabriqué par HTC. Un gadget de plus pour une place de nid à poussière dans votre salon ? Pas vraiment, car derrière ce concentré de technologie se cache Valve, la boite qui opère Steam et son impressionnant catalogue de jeux PC.
C’est l’un des avantages d’avoir les tempes grisonnantes : être suffisamment vieux pour avoir vécu quelques révolutions technologiques. Première fois avec un ordinateur dans son domicile, première utilisation d’un minitel (on rigole mais imaginez le délire dans les années 80), premier téléphone mobile de la taille d’une chaussure, premier modem chez soi etc. Malgré tout, le progrès peut devenir une habitude et il m’est de plus en plus difficile d’être surpris par la technologie.
Autant dire que c’est sans trop d’illusions que j’ai revêtu le casque d’HTC accompagné d’écouteurs conséquents. Première surprise, le casque est relativement léger, mais en revanche, mieux vaut bien le régler si vous avez une grosse boite crânienne. Au bout d’un quart d’heure, j’avais l’arcade sourcilière en feu et il m’a fallu deux jours pour que la gène s’estompe !
Autre différence par rapport à la concurrence montrée durant la PGW, la démo se passe dans une petite pièce d’environ 3-4 mètres de coté presque entièrement vide. Les démonstrateurs annoncent la couleur : préparez-vous à bouger !
Welcome to the Matrix
Après quelques secondes dans le noir, et le silence à cause du casque, la magie opère : la démo commence dans une sorte de hub, une grande pièce blanche se matérialise sous mes yeux et pour peu on s’attendrait presque à y croiser l’architecte de Matrix. Des écrans font alors l’apparition, partout autour de moi. En tournant la tête, je vérifie qu’il s’agit bien d’une vue à 360 degrés. Je peux m’approcher, les écrans grandissent, la grande classe.
Vient le premier contact avec les deux joysticks associés au casque. Ils sont conçus pour être saisis par le manche avec des gâchettes sur l’index et le pouce. La seule fonction que j’utilise dans cet hub est de les utiliser pour gonfler des ballons dont je peux modifier la couleur et la taille. Bien entendu, je peux aussi interagir avec les ballons et les envoyer voler dans le décor.
C’est bien joli tout ça, mais il est où le progrès ? Il arrive avec le deuxième environnement de cette démo. Et là, c’est la baffe ! Me voici vingt-mille lieux sous les mers sur le pont d’un navire gisant dans le sable. En faisant quelques pas, je peux voir que le bateau est en équilibre au dessus de l’abysse, et la vue s’étend presque à l’infini. Des poissons passent de tout coté, et je peux presque les toucher pour modifier leur trajectoire. Il me vient l’idée de tester les limites de la simulation, d’essayer de descendre du bateau. Impossible, pas tant à cause du programme que de la réalité : en me déplaçant dans la pièce, j’approche aussi du mur. Je ne vois peut être pas le vrai mur physique mais il est matérialisé dans mon champs de vision par une mosaïque de petits carrés bleus si je m’approche trop. D’ailleurs à propos d’approche, un forme massive se déplace vers moi. Une baleine vient me rendre visite sur le pont ! Elle est à un mètre de moi, et je peux la toucher malgré son œil qui semble mesurer deux mètres ! J’imagine déjà les implications de cette technologie pour les futures visites d’aquarium, ou pourquoi pas pour la projection des Dents de la Mer 19.
L’enfer du quotidien
L’environnement suivant change complètement de décor et d’intentions. Me voici dans un open space cauchemardesque, entre photocopieuse et machine à café. Si les interactions avec les divers objets qui m’entourent sont marrantes, la qualité des graphismes fait très années 80. On se croirait dans le clip de Money for Nothing, à la limite dans les Sims premier du nom. Pas de quoi s’extasier. Mais cet enfer de bureau virtuel me permet de tester les manettes. Elles sont réactives et à ma surprise, plutôt précises. Plus généralement, il n’y a pas de latence tant dans les actions que dans les déplacements. Autant dire que l’immersion est là. Dommage que l’on ne puisse pas s’asseoir, mais j’imagine que dans les futures applications, il sera possible de scanner une vraie chaise présente dans la pièce.
La suite est plus réjouissante puisqu’elle me plonge en plein cœur du film John Wick. Cette-fois je suis dans un hall d’hôtel peu éclairé. Après m’être énervé sur la sonnette du comptoir de l’accueil, un concierge vient me réceptionner. La modélisation est correcte mais pas démentielle (niveau XBOX 360). Il me confirme ma chambre et m’envoie près d’un ascenseur secret qui m’emmène dans la suite du dernier étage. Et là, il y a le petit truc qui m’a fait penser pendant quelques secondes que je veux ça chez moi : dans la suite, il y a un écran géant ou passe le film avec Keanu « Face de Mérou » Reeeves. Elle est là l’application qui tue : si je met un casque sur la tête, je peux faire comme si j’allais au cinéma mais chez moi. Avoir l’écran géant, la salle mais pas le bruit du popcorn, le cinéma sans la carte d’abonnement, le rétro projecteur sans le recul, l’immersion sans avoir besoin d’installer 25 enceintes dans le salon.
Néanmoins, pas trop le temps de m’extasier : des loupiotes rouges pointent dans ma direction : on me tire dessus ! J’ai heureusement la possibilité d’esquiver les tirs et de me réfugier dans l’ascenseur. Direction la démo suivante.
A l’Ouest, du nouveau
Cette fois, c’est moi qui utilise les flingues. Mes manettes se sont transformées en pistolets, et je vais pouvoir m’en servir. Je suis dans un désert digne du Far West et des zombies viennent vers moi, de tous les cotés. Il faut bouger, viser, recharger son arme. Oui, comme dans ces vielles consoles de jeu vidéo, le mouvement des jambes en plus ! Mine de rien, c’est du sport. Le rythme n’est pas démentiel et il faut faire attention à ne pas se prendre les pieds dans le fil du casque. Mais ça marche et les sensations sont vraiment là.
Hélas, la fin de la présentation ne sera pas du même acabit. D’abord avec la visite d’une tour de magicien, entre Harry Potter et Walt Disney. C’est très sympa pour le petit cousin de 7 ans, on jette des sorts pour se téléporter ou être miniaturisé, mais ça reste une démo peu interactive qui aura nul doute sa place dans les parcs d’Euromickey. Enfin, la démo se termine avec un atelier de peinture en 3D. Imaginez un paint où vous pouvez tourner autour de votre œuvre, rajouter de la neige qui tombe, des réflexions de lumière, etc. De quoi faire exploser sa créativité, mais il va falloir lourdement investir en matos avant d’exposer !
Sur la vingtaine de minutes de démo, je n’ai jamais eu la nausée et je ne me suis jamais cogné. Mis à part le casque trop serré, tout fonctionne nickel. Les situations relativement terre-à-terre (pas d’espace ou de hauteurs vertigineuses) y sont peut-être pour quelque chose. À moins que le fait de se déplacer permette à l’oreille interne de s’y retrouver.
Quoiqu’il en soit, la technologie est convaincante surtout dans ses applications ludiques. J’imagine très bien m’essayer à un jeu d’aventure (un point & clic) ou un jeu d’action « lent » sur ce genre de support. J’ai quand même l’impression que la techno aura du mal à suivre dès qu’il faudra monter en résolution graphique ou en rythme. Mais surtout, c’est la fin des tables basses dans le salon. D’ailleurs difficile d’envisager l’achat de ce casque si vous n’avez pas de place dans votre pièce de jeu. Je serais néanmoins curieux d’avoir une vidéo de moi en train de jouer dans la pièce avec le casque sur la tête. À mon avis, ça peut cartonner sur Youtube !