Avec 31 millions de ventes cumulées depuis le premier volet, la série des Civilization est l’un des mastodontes du jeu vidéo. Mais tout comme l’histoire des peuples dont il simule le développement à travers les époques, le parcours de Civilization a été un long fleuve tortueux. En voici l’histoire.
L’histoire de Sid Meier’s Civilization. Première époque : L’âge de Bronze
L’origine de Civilization provient certainement d’un jeu de plateau homonyme. En effet, en 1980, Hartland Trefoil, une petite société britannique sort le jeu Civilization, qui va devenir un classique.
Le principe ? Chaque joueur dirige l’une des civilisations majeures de l’antiquité (romains, égyptiens, celtes, etc) et va tâcher de la développer au mieux sur toute la période. Le jeu se déroule sur un plateau représentant le bassin méditerranéen. En construisant des villes, il est possible d’acquérir des marchandises et ultérieurement des progrès technologiques comme l’agriculture, la poterie etc. Ces progrès donnent des avantages pour le reste de la partie. À la fin du jeu (qui prenait facilement une demi journée), la civilisation la plus avancée gagne la partie.
Aux Etats-Unis, le jeu Civilization est distribué par une autre société appelée Avalon Hill où travaille un certain Bill Strealey. Deux ans plus tard, il s’associe avec Sid Meier pour créer une entreprise de jeu vidéo : MicroProse.
Technologie découverte : MicroProse
La jeune société va se faire connaître en sortant des simulations militaires, notamment de sous-marins. Jusqu’en 1987 où Sid Meier se dit qu’il aimerait bien sortir un jeu avec des pirates. Mais pour ne pas troubler les clients habituels des jeux Microprose, Bill Strealey insiste pour que ce jeu de pirates porte le nom de son auteur. Ce sera donc Sid Meier’s Pirates. Et le début d’une tradition pour cet auteur de donner son nom à ses jeux.
Quelques années passent et le petit monde des jeux de stratégie connaît une révolution avec la sortie de Sim City, qui permet de créer et gérer toute une ville. Microprose embraye et propose Sid Meier ‘s Railroad Tycoon qui s’inspire de Sim City mais dans l’univers ferroviaire. Le jeu fonctionne très bien mais donne à Sid Meier l’idée de faire « plus gros ». À la tête d’une petite équipe d’à peine une dizaine de personnes, il conçoit un jeu reprenant le principe de Sim City, mais à l’échelle de l’histoire. C’est le premier Civilization qui va être développé en à peine à un an.
Si vous avez déjà joué à un titre de la série et donc certainement raté quelques nuits pour faire « un tour de plus », imaginez l’ambiance dans les locaux de Microprose. Pendant un an, chaque nouveau build du jeu est l’occasion pour tout le personnel de relancer des parties, tenter de nouvelles choses et très probablement vider la machine à café. Contrairement aux pratiques modernes du jeu vidéo, le jeu ne s’appuie pas sur des documents de conception ou des recettes pré-établies. Chacun apporte ses idées et elles sont testées une à une pour voir si elles fonctionnent ou non. Sid Meier étant lui même un programmeur, il s’enferme parfois plusieurs jours pour implémenter une fonctionnalité qu’il croit intéressante. Quelques idées n’y survivront pas. Par exemple, la carte devait être deux fois plus grande que celle qui figurera dans Civilization 1. De la même façon, il a failli y avoir deux arbres technologiques très différents l’un de l’autre.
Essais multiples
L’un des premiers prototypes du jeu se déroulait en temps réel. À la manière d’un Starcraft, vous passiez des ordres et regardiez ce qui se passait au fur et à mesure que le temps passait. L’idée fut heureusement abandonnée, car le jeu devenait trop passif. De même, les premiers prototypes adoptèrent une carte divisée en cases carrées plutôt qu’hexagonales pour ne pas effrayer le public qui aurait assimilé le jeu à un wargame !
Heureusement, les limitations des PC de cette époque (et notamment de la mémoire vive bloquée à 640ko) permirent de s’arrêter sur une itération du jeu au moment où il n’était plus possible d’y rajouter quoique ce soit.
Quelle fut l’influence réelle du jeu de plateau sur le jeu vidéo ? Difficile à dire. De son coté, Sid Meier la minimise. Il dit certes avoir eu connaissance du jeu et s’en être inspiré notamment pour le nom des technologies. Mais pour lui, il était très limité et se contentait d’une courte période. De son coté, Bil Stealay étant un ancien d’Avalon Hill et ne pouvait pas ignorer la proximité entre les deux. D’ailleurs, pour éviter tout souci juridique, il négocie avec son ancien employeur la possibilité d’utiliser le nom Civilization.
Le jeu sort en 1991 d’abord sur MS-DOS (PC), Amiga 500 et Atari ST. Faute d’Internet dans toutes les chaumières, le jeu mettra quelques mois à se faire connaître et rencontrer son public. Ce qu’il fera massivement avec près de 800 000 copies, un chiffre colossal pour l’époque.
La saga civilisation ne faisait que commencer. Car se posait la question d’une suite…
Bonus : 3 anecdotes sur Civilization 1
Sur MS-DOS, le jeu occupait 2,6 Mo, soit moins qu’un fichier MP3 moyen !
Le très pacifiste Gandhi, leader des Indiens, avait la détente facile dès qu’il s’agissait du bouton de l’arme nucléaire. En cause, un bug dans la gestion de la valeur pacifiste : à chaque fois que vous preniez des décisions qui allaient dans ce sens, celle de Gandhi montait. Mais au délà d’un certain niveau, elle redescendait à des valeurs abyssales qui en faisait un leader assoifé de sang…et de radiations !
Le jeu a souvent été associé à l’histoire de la légion romaine qui détruit un tank. C’était tout à fait possible et fort probable si la légion était retranchée dans une ville et le tank très malchanceux !