MISE A JOUR DU SAMEDI
Nous vous proposons chaque semaine de participer aux débats animés qui sévissent dans la rédaction : chaque jour l’un des membres de Joypad va poser son avis sur la question de la semaine, mais vous êtes très largement encouragés à participer à notre débat en vous fendant de commentaires constructifs, ou tout simplement en nous soutenant les uns les autres sur nos points de vue (sachant que de toute façon j’ai raison !)
Cette semaine, une question assez symptomatique de l’état actuel du jeu vidéo :
Konami a-t’il raison de se retirer des jeux AAA sur consoles ?
Suite au départ de plusieurs de ses grands créateurs, et de nombreuses rumeurs sur une ambiance délétère au sein de la société, Konami se préparerait à stopper de développer de gros jeux sur consoles, les fameux AAA. Mis à part la franchise des PES, plus question de sortir des Metal Gear et autres Castlevania dans les prochaines idées, l’éditeur Japonais préférant miser sur les jeux sur mobile, plus rapides et rentables ainsi que sur des petits projets consoles pas trop ambitieux.
Samedi : Le point de vue de Johnny
La nouvelle stratégie de Konami ne m’étonne pas de leur part. C’est dans la continuité de ce qu’ils font depuis quelques années. Ne plus donner de suite à leurs licences. Terminé les Beatmania, Dance Dance Revolution, Gradius, Ganbare Goemon, Suidoken et Zone of the Enders, pour ne citer que ces séries. L’éditeur s’était concentré sur quatre jeux majeurs, Castlevania, Metal Gear Solid, Pro Evolution Soccer et Silent Hill. L’ensemble de leurs productions ne fonctionnait plus qu’autour de ces titres.
La vision de Konami semble s’arrêter au Japon, et effectivement, vu les changements du marché là bas, ils n’ont pas tort de s’y adapter. La précédente génération de consoles (PS3 et Xbox 360) a été très mal négociée par les éditeurs japonais. Machines difficiles à programmer (surtout la PlayStation 3) et chacun a essayé de faire leur propre moteur 3D (MT Framwork pour Capcom, Crystal Tools pour Square Enix et Fox Engine pour Konami), et cela leur a pris beaucoup trop de temps, pour un retour qui n’est finalement pas rentable pour ces sociétés.
Difficiles de survivre dans ces conditions et si certains ont réussi à s’ouvrir à l’Europe et aux USA, ça n’a pas été aussi simple pour tout le monde. Konami exporte très bien ses titres outre pacifique, mais reste très accroché a ses origines, sans regarder plus loin. C’est dommage pour ces belles sagas qui ne se verront que porter en machine à sous locales (Pachinko) ou en jeux mobiles. Il est vrai que le jeu sur console est coûteux à développer. Cependant nous le voyons bien maintenant, les PS4 et Xbox One malgré des prix loin d’être abordables, continuent de bien se vendre et les nouvelles licences comme les plus vieilles trouvent toujours leur public.
Vendredi : Spaghetti oups… point de vue d’Aurélie
Dans mon petit cœur de joueuse, Konami est déjà oublié. Castlevania et Silent Hill, les deux séries phares que je suivais depuis mon berceau, sont mortes. Après un début flamboyant, avec de nombreux jeux à la direction artistique incontournable et des enjeux scénaristiques inoubliables, le développeur et éditeur japonais s’essouffle. Ces deux titres ont donné des suites sans saveur où le développement se fait dans des studios tiers. Et ne noyez pas le poisson dans l’eau, ce n’est plus comme avant ! Les suites ne déchaînent plus la ferveur des fans et les ventes ne doublent pas. En revanche, les coûts de production ne font que s’accroître avec les nouvelles générations de consoles.
De plus, ils se sont lancés dans les portages PSN (la série Suikoden fait encore parler) et les jeux mobiles (Dragon Collection qui a très bien marché). Des coûts de production moindres pour des jeux qui cartonnent en convertissant un nouveau public (marché du mobile) et en gardant les plus nostalgiques (portages).
On pouvait encore espérer un bel avenir avec Silent Hills, renouveau de l’horreur avec Kojima et Del Torro. À croire que le célèbre réalisateur de films fantastiques n’a pas de chance avec le monde du jeu vidéo. En effet, ce n’était pas sa première tentative. À croire que le retrait de Kojima est un énorme pied de nez aux fans d’horreur et de fantastique.
Retrait qui signe aussi la fin d’un âge d’or pour MGS, mais de beaux jours pour PES ! L’éditeur aura peut être le bon goût de continuer à se pencher sur des productions indépendantes (comme Puddle) et redonner un souffle nouveau à sa proposition de jeux.
Donc oui pour la diversité, autant profiter des beaux restes d’un cadavre (ouch non c’est moche). Donc, replantons de belles graines avec tout plein de sous dedans ! Pour le Konami Code ou Zone of the Enders 3, on repassera !
Jeudi : Le point de vue de Régis
À force de vouloir satisfaire ses actionnaires et financiers, la firme japonaise fait à mon sens une énorme erreur quant à son aura future. Gagner de l’argent est une chose, conserver ses trésors du passé en est une autre. Il suffit de voir à quel point les fans de SEGA, aujourd’hui, sont « bloqués » dans le passé (parce que nous y sommes, malheureusement, obligés). Si la nostalgie tape bien sûr à notre porte, c’est aussi parce que l’âge d’or de certains développeurs/constructeurs n’a jamais dépassé les années 90. Dans le cas de Konami, on parle tout de même de Castlevania, de Silent Hill, de Metal Gear, de Contra, de PES…. Alors certes, les deux dernières licences vont visiblement se poursuivre (enfin, selon nos informations, c’est surtout le cas pour PES) mais tout le reste ? Konami, en prenant une pareille décision, va tuer plus de trente ans de bons services dans l’univers du jeu vidéo ! Sincèrement, qu’est ce qu’on en a secoué des pachinko dédiés à MGS ou Silent ? Du côté japonais, cette décision est d’ailleurs loin de faire l’unanimité chez les joueurs. Dans nos cœurs de joueurs, Konami va tout simplement disparaître et je ne suis pas convaincu que d’envoyer tout bouler comme ils sont en train de le faire soit la meilleure soluce… On a vu des voltes-face pour moins que ça.
En bref, on verra bien mais je ferai toujours partie des gens qui voient d’un très mauvais œil l’omnipotence des actionnaires sur l’activité des entreprises, qu’il s’agisse du marché du jeu vidéo ou non…
Carton rouge à Konami en ce qui me concerne.
Mercredi : Le point de vue de Nicolas
Suite à une équipe réduite cette semaine, pas d’avis du mardi. Il faudra attendre samedi pour connaître le dénouement du dernier épisode de : Un pour tous ? (Quel suspens !)
Je suis d’accord avec le point de vue pragmatique de Ghislain, Konami voit le vent tourner et pense prendre la bonne direction pour ne pas couler.
D’un point de vue social, ce n’est peut-être pas une mauvaise chose si la société réduit son personnel. Quand on lit certains articles dénonçant les conditions de travail des employés, on peut se dire qu’ils seront mieux ailleurs…
Cependant, j’ai pour ma part autant d’affinité avec le jeu PC que celui des consoles (Pas de guerre des supports chez moi…). J’affectionne particulièrement Metal Gear Solid et Castlevania, cela me peine de les voir disparaître. Ceci dit, rien ne dit que ces grosses licences ne pourront pas être acquises par d’autres grands noms de l’industrie. A moins bien sûr que la firme les massacrent en créant des jeux débiles… De toute façon, nuls doutes que des talents tels que Hideo Kojima ou Julien Merceron ne s’arrêteront pas en si bon chemin. En définitive, hâte de voir la suite de tout ça, pas vous ?
Lundi : Le point de vue de Ghislain
Contrairement à beaucoup de monde, je pense que Konami a raison. Sans doute ma culture plus PC me rend moins sentimental et attaché aux grandes licences qui ont façonné cet éditeur, mais je pense qu’il fait tout simplement preuve de réalisme.
D’un coté il a perdu ses génies créatifs, ou n’a plus les moyens de payer leurs lubies. De l’autre le marché est sur mobiles, notamment au Japon. Mieux vaut vendre 10 millions de titres foireux qui ont pris 1 an à développer à dix personnes plutôt que la même quantité de Metal Gear qui vont coûter 100 fois plus cher en salaires, promo et en temps.
Il faut comprendre que le jeu sur mobile n’est plus forcément signe de régression. Bien sur il restera toujours l’image du kéké qui entâme le 357e niveau de Candy Crush dans le métro. Mais la puissance des portables est en progression constante et rapide. Ils sont sur le point de rivaliser avec les Vita et autres DS et ils ne tarderont pas à proposer des fonctions de diffusion sur la télé familiale à l’image de ce que semble vouloir faire des constructeurs comme Apple ou NVidia.
Le choix de Konami est donc rationnel, et peut-être même visionnaire. A moins bien sur qu’ils ne nous proposent que du Metal Castlevania Pro Evolution Crush Saga pour les années qui viennent…, on repassera