Le jeu indépendant envahit la planète, jusqu’en Afrique. Voici un projet Kenyan passionnant qui fait de plus en plus de bruit, jusqu’à trouver sa place dans la tribune du site le Monde Afrique. Cet article nous parle du parcours de son unique créateur et de ses ambitions futures. Je vous conseille vivement de jeter un oeil, mais si vous préférez un bref résumé, voici les grandes lignes ainsi que deux vidéos du jeu en action.
Le Contributeur du Monde, Bruno Meyerfeld, commence par décrire ce que propose le jeu. Une race d’aliens belliqueux cherche à récupérer une arme de destruction interstellaire planquée sous le centre de conférence international de Nairobi. Débarquant en masse à travers un étrange vortex verdâtre, vous incarnez un membre de l’unité kényane d’élite du RECCE squad, équipé d’un AK-47 et de quelques armes futuristes. Ce FPS de type Battlefield est un croisement des inspirations de son développeur, amateur de boxe thaï, d’action à l’américaine et de robotique japonaise.
Son lancement au mois de juin dernier se fait tout de suite remarquer sur le continent et devient rapidement un succès local. À la mi-juillet, on dénombrait déjà plus de 21 000 téléchargements sur mobile. « Ça touche tout l’Est Africain, dépasse les frontières du Kenya : Tanzanie, Ouganda, Éthiopie… et même Soudan du Sud ! », s’étonne le créateur du jeu Andrew Kaggia.
Le parcours de ce jeune entrepreneur autodidacte de 27 ans est tout simplement prodigieux. Sa passion du jeu vidéo l’a mené à apprendre par lui même les joies du développement : « Je passais mes week-ends et mes vacances à apprendre le code et l’animation sur des tutoriels, raconte Andrew Kaggia. Mes amis et mes parents ne me comprenaient pas, ils voyaient ça comme un passe-temps et pas comme un métier, comme une lubie occidentale et pas comme un produit africain. On disait : « Andrew, il s’est trompé de continent » Je me suis senti exclu. »
Pourtant, rien n’arrête Andrew Kaggia, qui va même jusqu’à utiliser son propre argent pour financer son jeu : « J’ai créé Nairobi X tout seul. J’ai investi 5 000 dollars et perdu 15 kilos pour faire ces 6 heures de jeux », Pour devenir rentable, seul la publicité le permettait. Des cannettes de Red Bull géantes flottent en l’air, et permettent au personnage de recharger ses batteries. Le joueur monte dans des Land Rover rutilantes et slalome entre des panneaux publicitaires pour la Commercial Bank of Africa CBA.
Ce brillant développeur ne compte pas s’arrêter là, bourré d’ambition, il déclare : « Il est important que les jeux vidéos africains portent un message social sur l’Afrique : un message positif. Par exemple, j’aimerais développer un jeu sur la protection de l’environnement et des grands éléphants d’Afrique »
Fort de ce succès grandissant, l’équipe de Barack Obama a pris contact avec Andrew Kaggia et sa boîte de production Black Division, lors du passage du président au Kenya fin juillet. Malheureusement, le ministère de la culture Kényan ne prend pas conscience du potentiel économique du jeu vidéo et n’apporte aucun soutien à ce studio prometteur.
Source : Lemonde.fr