Outlast, sur PS4
Aurelie Knosp
Développé par le studio Red Barrels, Outlast est peut être la prochaine référence pour les jeux d’horreur et de survie nouvelle génération… En attendant The Evil Within ou Dying Light, entrainez votre coeur à avoir peur !
Outlast est le projet (un peu fou) de dix créateurs confirmés, qui se sont regroupés après quinze ans de loyaux services à Ubisoft. Tous se sont mis d’accord pour créer ensemble un jeu d’horreur. Leurs principales sources d’inspiration viennent du jeu Amnesia et surtout de l’inquiétante vision nocturne utilisée dans le clip « Rubber Johnny » de Chris Cunningham et Aphex Twin :
Sorti au mois de septembre 2013 sur PC, à 15 euros, le jeu d’horreur Outlast est disponible depuis le 5 février 2014, sur PlayStation 4. En effet, l’intérêt de Sony pour ce titre a permis de l’ajouter à la sélection des jeux offerts ce mois-ci, aux membres du PlayStation Plus. Cette démarche prouve que le constructeur fait confiance, à long terme, aux développeurs de Red Barrels. Est-ce pour autant, que le premier jeu de ce nouveau studio est un chef d’oeuvre? Pas tout à fait… Mais presque!
Cramponnez-vous à votre manette, ravalez toute fierté de ne jamais crier, préparez-vous à affronter votre peur du noir et surtout fuyez !
« Oh tiens, un asile… Et si j’allais y faire un tour, tout seul dans la nuit … » :
Vous êtes Miles Upshur, un journaliste d’investigation qui vient mettre son nez dans les terribles histoires de l’asile psychiatrique Mount Massive. Evidemment, vous devez entrer par de drôles de moyens. Et lorsque vous décidez de faire marche arrière, il est trop tard, vous êtes enfermés. Dans Outlast, c’est peut être la dernière fois que vous voyez la lumière du jour…
Ne vous plaignez pas, vous l’avez cherché. Profitez de la chance d’être en première ligne pour découvrir les horreurs qui se cachent derrière de nombreuses expériences, aussi bien scientifiques que religieuses. Cependant, l’envie d’enquêter laisse vite place au besoin de fuir. Vous n’êtes pas le bienvenue et ils (les habitants quelque peu dérangés de l’asile) vous le font bien sentir.
Pour comprendre la trame de cette terrible aventure, les brides de scénario se retrouvent dans des documents disséminés dans les salles de l’asile. Ceux-ci dévoilent les mystères de Mount Massive au compte gouttes. Donc, si vous ne les lisez pas, vous risquez de passer à côté du scénario principal. Et c’est, malheureusement, à double tranchant. En effet, c’est toujours intéressant de comprendre pourquoi vous êtes entourés de fous. Mais le jeu perd beaucoup de rythme et de mystère, si vous vous imposez une pause lecture.
« … Avec une caméra plutôt qu’un katana » :
Coincé entre quatre murs, démuni car sans arme ni autre moyen de défense, vous n’avez que vos aptitudes à courir et à vous cacher pour sauver votre peau (au sens propre bien sûr).
Heureusement, comme tout bon journaliste qui se respecte, vous disposez d’une caméra (de bons souvenirs pour ceux qui ont joué à Project Zero). Celle-ci permet de voir dans le noir (la vision nocturne est assez effrayante) et de zoomer pour découvrir un ennemi avant qu’il ne vous repère. Enfin, ne criez pas victoire, le nombre de piles est limité (surtout en mode difficile) et la batterie de votre appareil s’épuise vite. Ici, l’objectif n’est plus d’enquêter ou d’enregistrer quoi que ce soit, mais bien de survivre.
Une immersion à toute épreuve :
Enfin, pour vous rassurer un peu plus, vous êtes plongés dans l’histoire d’Outlast à la première personne. À ce propos, les développeurs de Red Barrels citent Mirror’s Edge, un très bon jeu de plateforme vu à la première personne. L’objectif, et il est réussi, est que vous vous sentiez dans la peau de Miles Upshur (à l’instar de Faith). Quand il court, se penche, saute, se cache, trébuche, se fait attaquer, etc, la vue à la première personne reprend les secousses de ses mouvements.
Par ailleurs, à la manière d’Half Life ou de Condemned, les cinématiques sont intégrées dans le jeu, et donc vues à la première personne. De cette manière, vous restez assis au premier rang de toutes les cruautés faîtes à Mount Massive. Ainsi, l’action n’est pas interrompue. Et même si l’histoire est linéaire et scénarisée, vous ne décrocherez pas facilement du corps de Miles.
L’immersion est aussi accentuée par une interface semi-diégétique. Hormis la lecture de documents qui passent par le menu pause, vous n’avez ni inventaire, ni barre de vie ou d’endurance. Lorsque notre téméraire mais pas très costaud journaliste s’apprête à mourir, l’écran devient flou, puis passe dans des tons saturés, entre le rouge et le vert.
Ces phases donnent d’ailleurs de bons moments de stress, où vous perdez de plus en plus vos repères. Et autant vous le dire tout de suite, n’espérez pas trouver une seule arme pour vous défendre dans Outlast. Mais rassurez-vous, les ennemis savent très bien se faire mal tout seul…
Un fou qui vous veut du bien : » No brain, no pain »…
Séquestrés, empalés, castrés, édentés, écervelés… Vos ennemis ne sont pas en grande forme et il semblerait que l’asile leur ai fait plus de mal que de bien…
Outlast utilise un minimum de moyens pour un maximum d’efficacités. En effet, les ennemis ne vont pas vous attaquer par millier, ils ne ressemblent pas à des insectes mutants et ne sont pas armés jusqu’aux dents. Au contraire, vos adversaires sont autant mis à nu que vous. Par contre, ils sont complètement instables et déboussolants.
Et c’est ce contraste réussi entre homme désarmé (autant physiquement que mentalement) et violence parfois bestiale qui vous fera sursauter plus d’une fois. En effet, les occupants de l’asile ont des comportements très différents et surtout incontrôlables. Certains sont brutaux et vous poursuivent, jusqu’à leur fermer assez de portes au nez. Retenez que quand un fou se jette sur vous, vous n’avez pas d’autre choix que de l’esquiver puis de fuir. Ne vous faîtes pas d’illusions, vous serez toujours plus faible qu’eux (de toute façon, l’option combat n’existe pas chez les journalistes).
D’autres malades restent amorphes, roulés en boule ou fixés sur un objet et ne vous remarquent même pas. C’est cette atmosphère très singulière entre chasse à l’homme, brutalité, et parfait dénie qui crée toute la tension d’Outlast.
D’autant plus que vous n’êtes jamais tranquille. Car le danger rode, une sorte d’épée de Damocles ou de vilain Hulk, qui est potentiellement caché derrière chaque porte. Evidemment, un coup et vous êtes mort, le cerveau arraché du corps. Notez qu’il fait ça pour votre bien, puisque « No brain, no pain ».
Dans un endroit charmant et bien éclairé :
Concernant l’environnement, l’action se passe principalement en intérieur, dans les deux bâtiments de l’asile psychiatrique de Mount Massive. Vous vous doutez bien, l’endroit n’est pas des plus accueillants. Plutôt insalubre, parsemé de cadavres et de taches de sang, vous n’y passeriez pas vos vacances. L’objectif principal étant d’en sortir vivant, ce ne sera une partie de plaisir… Enfin si, puisque vous aimez avoir peur. Et dans ce cas, vous allez être servis.
L’asile est divisé en zones toutes aussi rassurantes les unes que les autres. Cave, prison, laboratoire, égouts, … Tous les lieux les plus sombres et porteurs d’angoisses vous attendent. Les développeurs ont misé sur du très classique, avec de longs couloirs et de nombreuses portes fermées, des toilettes bien dégueulasses, de minuscules chambres et de grands laboratoires. L’ensemble est particulièrement sale avec un excellent travail sur les textures, les ombres et la lumière. Quant à la modélisation et au level design, c’est encore du classique mais efficace, avec des embranchements de couloirs et de portes sur plusieurs niveaux.
Pour finir sur la direction artistique et le level design de l’asile, notez qu’Outlast joue aussi avec les éléments gore et la perte de repères. En effet, vous n’avez ni carte, radar, ou boussole pour vous repérer, c’est à dire que vous devez y aller à l’instinct. Enfin, plus ou moins, puisque les objectifs du jeu vous indiquent de suivre les traces de sang et qu’il n’existe qu’un seul chemin pour finir le jeu. Celui-ci vous faisant descendre toujours de plus en plus bas (rappelez-vous des trous dans Silent Hill 4). Alors, entre les visions nocturnes, les courses poursuites, les parties de cache-cache et quelques scènes bien gores ou haletantes, votre coeur fera plus d’un bond.
Avec une ambiance sonore de malade !
L’ensemble du jeu est volontairement très sombre, et ne pensez pas que l’obscurité aide en vous dissimulant. Au contraire, elle permet aussi à vos ennemis de passer plus inaperçus, et de vous surprendre plus facilement. Heureusement, dieu protecteur des taupes et des journalistes myopes sans fusil à lunette (situation cocasse) vous a ouvert les voies sacrées du son!
Les bruitage et la musique ont un rôle prioritaire pour se repérer et survivre dans Outlast. Effectivement, le son vous permet de situer où se trouve un ennemi au bruit de ses pas. De la même façon, votre souffle plus ou moins coupé et haletant vous indique s’il est proche et dangereux ou pas… Ce bruitage a aussi pour effet de vous immerger dans un moment de stress et de ressentir la peur du personnage.
De plus, la musique a beaucoup d’impact, puisque celle-ci se déclenche à chaque moment de course poursuite. Les moments les plus angoissants restent évidemment ceux dans le silence, alors que vous avancez timidement dans l’asile, et qu’une porte claque au loin. Ce silence lourd de sens est donc tout aussi flippant que les réactions instables de ceux qui veulent votre peau. Pas facile de ne pas finir dans le même état que vos tortionnaire… Juste fous !
Un jeu qui a ses limites …
Et oui… Outlast est presque la nouvelle référence du genre survival horror… L’univers est cohérent, que ce soit pour le design sonore, le visuel et le gameplay. Surtout l’ambiance est au rendez-vous avec de bons moments de panique. Mais d’une durée de vie de cinq à six heures, le jeu s’essouffle à sa seconde moitié!
En effet, les mécanismes du jeu sont très répétitifs et annulent ainsi l’effet de surprise. Pour avancer dans l’asile, vous devez trouver une clef (ou tout autre badge), ouvrir une porte, courir, vous cacher, attendre, trouver une clef, ouvrir une porte, etc… Quelques puissants ennemis vont rompre ce schéma, mais à de trop rares occasions. Ainsi, les premières courses vous donnent des sueurs froides (à vouloir en lâcher la manette) alors que les dernières seront plus proche d’un gentil un, deux, trois, soleil.
Par ailleurs, l’histoire est loin d’être parfaite, malgré les efforts de construire un important background sur l’asile. Les documents ramassés vous offrent de nombreuses entrées pour comprendre ce qui se trame derrière Mount Asile. Malheureusement, la fin arrive assez brusquement et retire beaucoup de mystères à l’univers. Surtout, la dernière partie du jeu tranche radicalement avec votre parcours dans l’asile et pourra en choquer plus d’un.
Avis de la rédactrice : EXCELLENT
Pour conclure, Outlast est à tout prix (offert ou à 15 euros) un jeu à essayer. Les développeurs de Red Barrels ont réussi le pari de prendre le meilleur des grands classiques, de secouer et d’en faire un titre à leur sauce (et plutôt ensanglantée). Angoissant, flippant, stressant, enivrant et marquant pour son ambiance, Outlast est une oeuvre inoubliable à plus d’un égard. Effaçons les dernières heures du jeu, et portons le au rang de jeu qui mérite vite une suite!