Une jaquette maculée de blanc, un regard perçant, une crinière qui trahit l’âge et l’expérience… Geralt n’a rien perdu de sa superbe. Qu’on se le dise, il est tout à fait possible de s’adonner à The Witcher III sans être passé par les épisodes précédents, mais ce sera au détriment de multiples références. Après deux épisodes (dont un deuxième, canonique) tirée de l’oeuvre du polonais Andrzej Sapkowski, The Witcher III s’annonce comme l’un des titres les plus ambitieux de 2015. Ni plus, ni moins. Pour tout vous dire, le jeu de CD Projekt a eu le même impact sur moi que lors de ma découverte de Red Dead Redemption. D’un côté, un univers de western spaghetti, de l’autre un monde médiéval fantastique. Et pour les deux, une ambiance, une écriture, des personnages et un sentiment de liberté tout simplement démentiels. Pas de doute, The Witcher III fera date…
Dans un monde où se côtoient ogres, goules, vampires et autres noyeurs, les Sorceleurs sont des guerriers qui défendent les populations, en échange d’espèces sonnantes et trébuchantes. Sorte de mercenaires ne répondant à aucune règle, ils sont à la frontière de l’humain. Mi-hommes, mi-mutants ils parcourent les terres abîmées par une guerre qui n’en finit pas. Luttant pour les opprimés, ces êtres doués de magie n’hésitent pas à faire raquer les plus riches. Toujours en recherche de quêtes et autres contrats, ces individus sont respectés mais aussi craints par une population qui peine à leur faire confiance. The Witcher III n’échappe pas à la règle et reprend absolument tous les ingrédients qui ont fait le succès de l’œuvre originale et des jeux qui suivirent. Si ce nouveau volet est aussi spectaculaire et décrocheur de mâchoire, ce n’est pas pour rien. Les Polonais de CD Projekt ont mis le paquet comme rarement.
La patte des grands
On a presque envie de vous dire d’oublier la plupart des productions de ces derniers mois ou même années. The Witcher III est une plongée dans un univers d’une perturbante maturité. Rien ne vous sera épargné et le PEGI 18 de la jaquette n’est pas là pour faire joli. Les dialogues sont crus, les évènements sordides de la guerre sont montrés, les cadavres ne sont pas masqués… et le sang et les membres déchiquetés font partie de votre lot quotidien. En tant que Sorceleur, vous évoluez au beau milieu d’un conflit qui voit l’Empire de Nilfgaard affronter les troupes des Royaumes du Nord. Assoiffé de puissance, l’Empereur Emhyr Var Emreis n’hésite pas à envoyer ses troupes pour brûler les villages et mettre à genoux celles et ceux qui osent défier ses ordres. Et à moins d’avoir un cœur en pierre, difficile de ne pas être imprégné par cette atmosphère pesante, mais qui n’élude pas les moments de joie avec les enfants qui chantent et jouent dans la rue ou la populace qui vaque à ses occupations, malgré le joug des troupes armées. Après une séquence d’introduction que nous vous laissons découvrir, vous vous retrouvez aux côtés de ce bon vieux Vesemir, le plus ancien et expérimenté des Sorceleurs. A la manière de Red Dead Redemption, on retrouve ce sentiment de liberté dans des paysages naturels, avec le vent qui fait danser les arbres. Et puis, au détour d’une colline, l’horreur de la guerre vient briser les couleurs chatoyantes du ciel. Dans un coin, des hommes pendus sont là, comme si le temps s’était arrêté. Plus loin, les ruines fumantes d’une bâtisse n’étouffent pas les sanglots d’une femme qui a perdu l’un des siens. La guerre, la vraie… Preuve de la force irrépressible d’un jeu qui veut nous happer, The Witcher III nous pousse vers cette envie de parler aux gens, de les aider, de découvrir les alentours… Tant pis, ça sera pour plus tard. Vesemir n’est pas du genre patient et il faut atteindre le village de Blanchefleur au plus vite.
Loin du manichéisme
Depuis toujours, l’amour que vous portez à la magicienne Yennefer aveugle le Sorceleur. Mais qu’importe, il n’a qu’une obsession : retrouver sa trace. C’est par cette intrigue que débute The Witcher III. Simple, sobre et efficace, le scénario gagne en consistance au fil des minutes et nous empêche, littéralement, de lâcher la manette. C’est d’autant plus vrai que des protagonistes très importants font leur come-back, à commencer par Ciri, la fille adoptive de Geralt. C’est donc dans ce monde, absolument gigantesque, que « Loup Blanc » va évoluer. Lâchés en pleine nature, on rencontre des individus qui réclament de l’aide et c’est de ce « fil rouge » que la trame se nourrit. Jeu de rôle oblige, les PNJ sont omniprésents et donnent lieu à des quêtes secondaires d’une richesse inouïe. C’est bien simple, même la plus petite des quêtes peut vous surprendre. Dans The Witcher III, il n’y a pas le bien d’un côté et le mal de l’autre. Les évènements sont beaucoup plus complexes et chacun de vos choix aura une incidence sur ce qui peut arriver à la personne et son entourage. Dans le cas d’un forgeron dont la hutte vient d’être incendiée par un pyromane, que feriez-vous ? Trouver l’affreux et le livrer en pâture pour qu’il se fasse pendre au premier arbre venu (en obtenant ainsi des remises sur vos achats auprès de ce forgeron) ou au contraire, donner une bonne leçon à cet individu saoul qui est allé trop loin ? Ceci n’est qu’un exemple mais cela montre bien l’intelligence des situations (les humains ne sont pas tous bons et les monstres ne sont pas tous mauvais). C’est simple, la moindre des quêtes secondaires de The Witcher III fout la misère à la plupart des quêtes principales de certains blockbusters. Cette cohérence de l’univers de CD Projekt est à couper le souffle, on veut aider tout le monde, quitte à faire de mauvais choix. Certains PNJ n’hésitent d’ailleurs pas à vous interpeler. The Witcher III est probablement le monde ouvert le plus impressionnant jamais vu (au même rang que GTA V mais dans un tout autre univers). RPG oblige, on retrouve tous les aspects propres au genre, avec l’inventaire ou encore l’alchimie. Le Sorceleur ne porte pas ce nom pour rien, le loot est énorme et vous pourrez à loisir créer des potions, mélanger des ingrédients, améliorer votre équipement, réparer ce qui peut l’être et j’en passe. Et chose amusante, les objets vont même jusqu’à ne pas omettre la selle de votre noble destrier Ablette. En clair, c’est juste impossible de s’ennuyer tant il y a à faire (la durée de vie est monstrueuse). Difficile également de ne pas parler de la qualité des combats, bien améliorés par rapport à The Witcher II. On passe aisément des armes à la magie (plusieurs sorts sont disponibles et updradables via un arbre des compétences) et la souplesse des rixes font que les affrontements s’avèrent jouissifs. Coup puissant, esquive, roulade… les mouvements sont parfaitement décomposés.
Un monde médiéval FANTASTIQUE
Comme déjà dit plus haut, l’univers de The Witcher III est absolument énorme. Mais vraiment MONS-TRUEUX. Le jeu est découpé en plusieurs régions. Ces zones sont incroyablement vastes et il est très facile de s’y perdre. Rester bouchée bée devant le jeu de CD Projekt n’a rien d’étonnant : on se prend une tarte dans la tronche toute les dix secondes, que ce soit par les animations, les badauds qui marchent, le vent qui souffle dans les plaines, le champ de profondeur, les diverses éclairages (à tomber à la renverse), les effets de brume, le cycle jour/nuit parfaitement rendu… C’est juste insensé une telle beauté ! Alors oui, par rapport à la présentation de 2013, ça n’a plus rien à voir mais The Witcher III est sans conteste une tuerie visuelle. Après, il y en aura toujours pour beugler mais c’était ça où bien se retrouver avec un jeu exclu PC qui n’aurait pas eu cette gueule et ce contenu (et oui, en élargissant le jeu aux consoles, ils ont eu accès à plus de moyens financiers, logique). En bref, il faut savoir ce qu’on veut. Quoiqu’il en soit, The Witcher III possède des graphismes ahurissants (et les versions consoles s’en sortent vraiment très bien !) avec des lieux d’une variété époustouflante. Plaines, lacs, grottes, montagnes, palais, villes, marécages, forêts, camps de fortune… le tout est vivant ! Les habitants parlent à votre passage, les animaux sauvages sont légion, les oiseaux zèbrent le ciel, ce n’est que du bonheur ! Les musiques de Marcin Przybylowicz ne sont pas en reste, avec des thèmes sublimes (très slaves dans le ton) et des voix qui vont de l’excellent au passable. Ainsi, même si la version française s’en tire pas trop mal, difficile d’y revenir une fois qu’on a goûté aux voix polonaises ou anglaises. Difficile de reprocher quelque chose à une telle production, mais il existe tout de même quelques soucis. On note quelques légers problèmes de clipping (apparition tardive des décors), surtout sur consoles ainsi que divers bugs et plantages. L’aliasing est également présent. Sur PC, le tout est atténué mais on retrouve certains problèmes des versions consoles, notamment le pathfinding perfectible (Ablette, le cheval, reste parfois coincé ou ne trouve pas son chemin quand on le siffle) ou l’intelligence artificielle qui déraille par moment. Mais bon, c’est bien pour dire qu’il y a des défauts, car The Witcher III, dans son ensemble, est une P….. de merveille. Rien que pour lui, 2015 sera une année réussie pour le jeu vidéo.
Conclusion du rédacteur : INDISPENSABLE
Je crois que tout est dit. The Witcher III, par son ambiance et sa réalisation démentielle, pose les bases des nouveaux jeux à mondes ouverts. Ceux qui vont suivre vont avoir fort à faire : le voyage qui attend le joueur est tout simplement incroyable et l’histoire, passionnante, est épaulée par des quêtes secondaires d’une richesse folle. Avec ses personnages charismatiques, son monde médiéval hypnotique et sa maturité, le jeu de CD Projekt nous colle au mur. Ceci dit, j’aimerais bien que quelqu’un me décolle, c’est que j’ai envie d’y retourner, moi ! Un chef d’œuvre ! (et si vous doutez encore, matez juste le trailer de lancement)
Points forts :
- Monde gigantesque et vivant
- L’impression d’y être
- Effets de lumière et d’éclairage à tomber à la renverse
- Histoire passionnante
- Qualité des quêtes secondaires
- Charisme de Geralt et des personnages principaux
- La durée de vie, monstrueuse
- Musiques fantastiques
- Les thèmes matures
Points faibles :
- Ablette est vraiment con par moment
- Quelques soucis de pathfinding
- De l’aliasing, du clipping, blabla…
- Menus (pour les ingrédients) à améliorer
Moyenne des notes de la presse française :
Interview sur le remake de Wonder Boy III – Dragon’s Trap
Vous devez vous connecter pour poster un commentaire
Sur one pour le moment ni cliping ni plantage et c’est meme plutot fluide en ce qui me concerne.