.C’est peut-être un détail pour certains, mais fut un temps où les jeux de glisse, de sports extrêmes ou de disciplines saisonnières (type compét’ estivale de jet-skis) étaient omniprésents dans les rayons de jeux vidéo. Il suffit de reprendre l’historique de certaines machines pour découvrir dans leurs premiers mois d’existence des œuvres comme ESPN Extreme Games, SSX ou encore des titres liés aux J.O estivaux comme hivernaux. Certaines productions se sont d’ailleurs démarquées, au point de devenir indispensables. On pense par exemple à 1080° Snowboarding sur N64, à Coolboarders et Sled Storm sur PlayStation, à Steep Slope Sliders sur Saturn ou encore à Extreme Sports sur Dreamcast. Par la suite, la tendance s’est légèrement estompée et seules quelques œuvres ont réussi à marquer leur époque, notamment SSX. Aussi, quand Ubisoft a présenté une suite spirituelle de Steep, notre curiosité s’est fortement éveillée. Mais à vouloir chercher le fun à tout prix, ne sont-ils pas allés trop loin ?
Imaginez un immense de terrain de jeu où vous pouvez, au gré de votre désir, passer du vélo aux skis en passant par le scooter des neiges ou le wingsuit et vous obtenez Riders Republic. Profitant de l’expérience acquise avec Steep, les développeurs d’Ubisoft ont poussé le concept du sport extrême en gardant un seul et unique mot à l’esprit : fun. Volontairement arcade et grisant, le titre multiplie les clichés de la cool-attitude et invite à participer à toute une série d’épreuves dans un environnement aux multiples facettes. Maintenant qu’on a dit ça, on peut s’attaquer au contenu du jeu et surtout à son fond. Car il est bien connu que le fun débordant ne rime pas toujours avec plaisir de longue haleine.
MALAISE TV
Pour commencer, on va évacuer immédiatement la faute de mauvais goût dont souffre Riders Republic. À vouloir être trop « cool », le titre d’Ubi en fait (dix) mille fois trop dans ses dialogues et son ton général. Les voix sont rapidement agaçantes et l’overdose de mots comme « kiff », « ride », « coolos » est proprement ridicule. En optant pour cette approche, Ubisoft Annecy pensait peut-être toucher les ados, mais il est évident que les références utilisées ne parleront pas à ce public. Je mets peut-être les pieds dans le plat, mais je ne serais pas surpris que cette ambiance « too much » est une demande du département marketing – plus qu’un souhait des développeurs. Ce n’est pas possible autrement. Sans mentir, il m’est arrivé plusieurs fois de ressentir un certain malaise à l’élucubration du mec censé nous briefer. Et c’est vraiment dommage car pour le reste, Riders Republic assure vraiment le spectacle !
UN IMMENSE BAC-À-SABLE DE FUN
Dans la maîtrise des open worlds, Ubisoft s’y connaît et celui présenté dans ce titre n’a vraiment pas à rougir de ceux entrevus dans les autres productions de l’éditeur. Chaque secteur, qu’il s’agisse de la forêt, du canyon, de la montagne ou encore de la plaine verdoyante, est particulièrement réussi et les sensations, au cœur des rapides ou des descentes, sont grisantes. Visuellement, les graphistes ont vraiment fait un super boulot et le rendu global force le respect. Évidemment, lorsqu’on s’approche de certaines textures, on s’aperçoit qu’il n’y a rien d’exceptionnel par rapport à certaines productions du moment (comme l’expérience The Matrix Awakens), mais c’est franchement joli et il y a de magnifiques effets de lumière. Par conséquent, lorsqu’on découvre cette région pour la première fois, on n’a qu’une seule envie : tout explorer ! Et pour ce faire, il y a deux solutions, soit passer par le mode standard, soit s’adonner au mode libre. Ce dernier permet de se balader en s’essayant à toutes les disciplines, tandis que le mode principal s’apparente à une sorte de grande aventure à la Ubi. On passe ainsi de compétition en compétition en remportant des bonus et en glanant une foule d’étoiles et de points permettant d’accéder à des versions améliorées des véhicules ou des objets cosmétiques. On connaît désormais la formule et on ne peut pas dire que ce soit très original, mais Riders Republic a le mérite de proposer de nombreuses façons d’appréhender cette terre virtuelle, sur le sol comme dans les airs : vélo, skis, snowboards, motoneige, wingsuit ou encore rocket wing. À ces activités viennent ensuite s’ajouter des variantes complètement barjos comme des fusées aux skis ou encore du paramoteur (l’espèce de parapente avec un véhicule à grande hélice). Franchement, il y a largement de quoi s’amuser sans se prendre la tête, surtout qu’Ubi a eu la bonne idée d’intégrer des costumes délirants comme des têtes de pandas et d’ours ou carrément des costumes entiers de dinos ou de girafes ! Enfin, la bande-son regroupe de grands noms comme Green Day, The Offspring, Ice-T…) et les développeurs ont même ajouté des musiques de Noël façon grunge ou rock pour cette fin d’année 2021. En ce qui me concerne, j’ai surkiffé explorer les lieux en planant sur Moonlight Sonata de Beethoven, Air on a G String de Jean-Sébastien Bach ou Waterfall de Petit Biscuit.
TOUT SCHUSS
Maintenant qu’on a dit ça, que représente Riders Republic sur la longueur ? N’y a-t-il pas une lassitude à la longue ? C’est bien beau d’avoir un grand parc pour s’éclater, en s’adonnant à des compétitions, mais les développeurs ont-ils trouvé un moyen de prolonger l’intérêt de ce qui demeure un bac-à-sable ? Déjà, il est possible d’effectuer des figures en optant pour une approche très facile (en gros, deux boutons et atterrissage automatique) ou un peu plus réaliste (via les sticks). Cela apporte un plus dans le sens où chaque épreuve est complétée par des objectifs secondaires demandant de réaliser le tracé en un temps limité, de réaliser un certain nombre de points, etc. Par ailleurs, les compétitions étant assez basiques, les développeurs ont essayé d’innover en intégrant la Mass Race, une giga-épreuve regroupant pas moins de 64 participants ! Cette compét’ revient régulièrement et il suffit de rejoindre le point de ralliement, d’attendre la fin du compte-à-rebours et c’est parti ! Le seul bémol provient des collisions qui s’avèrent vite agaçantes. Il y a tellement de monde qu’il n’est pas rare d’être littéralement éjecté et il est ensuite quasiment impossible de rattraper le peloton de tête. Une erreur indépendante de la volonté du joueur suffit ainsi à flinguer la performance et il n’est pas rare que la moitié des joueurs quittent la compétition avant même la deuxième course. Mais bon, c’est tellement fun qu’on y revient sans cesse. Ubisoft a également eu la bonne idée d’ajouter plein de petites choses amusantes, comme des courses en noir et blanc ou des objets cachés (type un réacteur d’avion servant de rocket wing funky). En fait, Riders Republic est un jeu que l’on picore – parfois en y restant des heures – et qu’il est agréable de posséder dans sa ludothèque. Il ne change rien à l’univers du jeu vidéo, mais il est si fun et si exaltant qu’on s’amuse à explorer la zone pour tout débusquer, à participer aux compétitions en profitant de tout cet aspect social. On est constamment connecté aux autres joueurs et c’est plaisant de voir s’amuser tout ce petit monde en temps réel. La map instaure un réel sentiment de vie, y compris lors des courses où il n’est pas rare, en pleine descente, de croiser un groupe de cyclistes ou un rocket wing frôlant les arbres. Riders Republic, c’est tout ça à la fois : du fun, de la convivialité et une prise en main immédiate dans un univers ultra stylé et magnifiquement coloré (attention tout de même aux checkpoints jaunes avec des teintes orangées, c’est juste illisible). Dans son genre, et même si tout n’est pas parfait, on a tout simplement ce qui se fait de mieux. Oui, il y a encore quelques micro-transactions et Dieu sait à quel point je déteste tout ce monde parallèle du jeu vidéo (je ne parle pas de ces saloperies de NFT qui débarquent…), mais tant que ça ne vient pas perturber l’expérience, ça passe encore.
TRÈS BON
Riders Republic est un jeu d’arcade qui assume totalement ce qu’il représente, à savoir un bac-à-sable de disciplines sportives dans un monde ouvert grisant et magnifique. Frappé du sceau Ubisoft avec ses points d’intérêt et son côté « djeunz » qui en fait des tonnes, il aurait pu se gaufrer à la première pierre trouvée sur son chemin, mais s’en sort très bien grâce à des sensations tout bonnement extraordinaires (si on aime l’arcade), des idées amusantes, un aspect social prenant et des paysages aussi somptueux que variés. C’est bien simple, on dit qu’on commence une petite partie et trois heures après, on y est encore. Imparfait, mais généreux et accrocheur.
Points positifs :
Une prise en main intuitive et immédiate
Le monde ouvert varié et de toute beauté
Des tricks qui assurent le spectacle
Les diverses disciplines (vive le rocket wing)
Une bande-son éclectique
La Mass Race, pas parfaite, mais tellement fun
Une durée de vie conséquente
Plein d’idées rigolotes (les courses en noir et blanc, les costumes débiles…)
L’aspect social du jeu
Points négatifs :
Une ambiance « djeunz » malaisante par moments
Des colissions bizarres parfois et quelques bugs
Beaucoup d’épreuves reposent sur un système de checkpoints
Peu de modes de jeu
Certains checkpoints sont illisibles (du jaune en plein désert)
Éditeur : Ubisoft / Développeur : Ubisoft Annecy / Genre : Course / Date de sortie : 28 octobre 2021 / PEGI : / Supports : PC, PS4, PS5, One, Series X/S