En ce moment, je ne sais pas pour vous, mais j’ai la désagréable sensation que tout fout le camp. Baigné dans le jeu vidéo depuis mon plus jeune âge, ce dernier est en train de prendre un virage qui interpelle. Si l’on prend quelques exemples de places fortes qui ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes, ou presque, on peut citer SEGA ou encore Konami. La première n’est qu’une pâle copie de ce qu’elle était dans les années 1990 (je mets de côté le mobile qui est un marché qui n’existait pas autrefois) tandis que la seconde vient de flinguer sur la place publique sa licence footballistique phare. De ce fait, FIFA 22 se retrouve face à un boulevard pour s’imposer comme l’incontournable du moment pour les amoureux du ballon rond. Le monopole n’est jamais quelque chose de bon, mais si cet épisode ne révolutionne pas la série, il m’a semblé plus solide que son prédécesseur. Vamos !
En achetant FIFA 22, à moins de ne pas savoir où vous foutez les pieds, vous aurez à faire à 22 sportifs répartis en deux équipes qui luttent pour marquer des buts sur un pré vert. Pas de super frappes à la SEGA Soccer Slam, pas de retournés stratosphériques à la Nintendo World Cup, de ballon déformé façon Captain Tsubasa ou d’arbitre qui nage dans la pelouse (coucou eFootball 2022 !), FIFA reste à son image : une simulation qui lorgne furieusement vers l’arcade. Et cette édition s’inscrit pleinement dans cette vision du foot-spectacle, avec parfois des scores fleuves et une propension aux attaques de feu. FIFA est là pour en mettre plein la vue et il ne s’en cache pas. C’est un parti-pris comme un autre, que l’on aime ou pas. Mais c’est problématique quand la concurrence est inexistante – ou presque.
PARLEZ NE SERT À RIEN…
Alors que la plupart des jeux misent sur des cinématiques d’intro non interactives, Electronic Arts surprend en proposant un mini-scénario dans les rues de Paris. On passera rapidement sur le côté « too much » et les voix ne correspondant pas aux stars croisées (même Mbappé, alors qu’il est pourtant en tête d’affiche), mais c’est plutôt sympa de freestyler sur les pavés de la capitale en compagnie de Lisa Zimouche, plus connue sous le nom de Lisa Freestyle. On débarque ensuite au Parc des Princes pour taper la balle avec Kylian et Thierry Henry. Une manière originale de lancer ce FIFA 22, même si l’attitude légèrement détachée de l’avatar tranche avec ce qui se passerait en réalité (n’importe qui serait beaucoup plus impressionné en rencontrant de telles légendes). C’est en tout cas un bon moyen de s’essayer aux mécaniques de gameplay, que ce soit pour le contrôle du ballon, les appels, les demandes de soutien, etc. Par contre, je ne sais pas si ça vient de moi, mais je trouvais les exercices peu intuitifs. Il faut d’abord appuyer sur A avant de lancer l’exercice et il m’est arrivé, à de nombreuses reprises, de foirer le défi à cause de ça. Chose intéressante, la personnalisation de notre joueur est implantée dans cette intro interactive et il y a plein de petites idées bienvenues, comme la découverte de la boutique du club ou le paramétrage du niveau de difficulté. S’ensuit un match PSG – Chelsea, histoire de profiter du trio de folie Neymar, Mbappé, Messi et de voir ce que ce FIFA 22 a dans le ventre.
… LA RÉPONSE EST SUR LE TERRAIN
En découvrant le menu de cette nouvelle version, un constat s’impose : peu de choses ont changé. Oui, l’interface a été légèrement revue et un joueur (ou joueuse) vient aléatoirement nous faire coucou, mais le contenu reste dans la parfaite lignée des précédentes années. Outre le coup d’envoi rapide, on peut s’adonner à des amicaux en ligne, participer à des compétitions officielles personnalisées ou non (UEFA Champions League, Conmebol Libertadores, Coupe internationale féminine…), s’exercer sur des jeux techniques ou dans l’arène (comme à l’ancienne), se lancer dans du foot de rue avec le mode VOLTA, se frotter à l’inénarrable Ultimate Football Team et son système de cartes ou encore montrer ses talents online en saisons ou club pro. Bien évidemment, la carrière pro est toujours présente et plus complète que jamais. Côté formations et stades, FIFA 22 subit quelques pertes (4 équipes italiennes perdent leurs licences, 18 nations, comme la Turquie, le Cameroun ou l’Égypte, ne font plus partie du casting), mais ajoute à son compteur quelques teams et stades. En ce qui me concerne, je suis ravi de pouvoir jouer avec les équipes officielles de la ligue japonaise, mais je regrette, une nouvelle fois, que l’équipe des Samurai Blues (le Japon, quoi) ne soit pas de la partie. Bref, selon vos sensibilités et les équipes appréciées, ce FIFA 22 pourra vous décevoir ou vous satisfaire par le contenu qu’il propose.
C’EST TOUJOURS LE MÊME GESTE
Pour cette édition next-gen, Electronic Arts a innové en implantant la technologie Hypermotion. Derrière ce mot se cache une nouvelle façon d’appréhender la capture de mouvements des joueurs. On ne demande plus à un joueur pro de reproduire en solo les gestes du football dans un studio, mais on capture l’ensemble d’un match lors d’une confrontation à 11 contre 11. Si l’on s’en tient au communiqué de presse de l’éditeur, FIFA 22 dispose ainsi de 4 000 animations inédites ! Si l’on a toujours tendance à se méfier de ces discours, force est de constater que cet épisode bénéficie bel et bien d’un réalisme accru. Qu’il s’agisse des contrôles, des courses, des déplacements latéraux, des sauts, d’un un-contre-un, des dribbles ou encore des frappes, tout est plus naturel ! Et comme la physique de la balle a été entièrement revue, cela donne un aspect global vraiment proche de ce qu’on peut vivre en live devant la télévision ou sur un terrain. Et ne croyez pas lobber les gardiens facilement, car pour certains, c’est comme si on avait fait un mix de Lloris, Neuer et Courtois ! Des murs ! FIFA 22 reste fortement centré sur l’attaque et le spectacle, mais il est moins perché qu’un FIFA 21 qui se permettait des choses totalement irréelles. En plus, il a pour lui une réalisation en béton !
D’ABORD LA JAMBE GAUCHE
Je vais faire mon chipoteur, mais j’espère qu’EA passera à un nouveau moteur 3D l’année prochaine. Même si celui qui fait tourner cette édition n’est pas très vieux, ce n’est pas la turbo-baffe à laquelle on pouvait s’attendre. Je fais souvent le parallèle entre les jeux de foot PlayStation/Saturn qu’on avait à l’époque et l’hallucinant Virtua Striker 2 sur Dreamcast. Là, on ne parlait pas de fossé, mais carrément de galaxie ! Le jeu de SEGA, issu de l’arcade et porté par la puissance de la console à la spirale, était juste dingue graphiquement et faisait passer les FIFA 98 et autres Worldwide Soccer pour des dessins d’enfants. FIFA 22 ne donne pas cette impression, mais il est tout de même super beau avec sa myriade d’effets et son côté ultra propre. Les enfants accompagnent désormais les joueurs sur la pelouse, le public est plus vivant que jamais et le jeu pétille grâce à une myriade d’effets. L’ambiance générale est excellente et Hervé Mathoux, désormais en solo après l’affaire Ménès, s’en sort plus que bien ! On espère juste qu’il sera accompagné l’an prochain.
BON
FIFA 22 est une belle entrée en matière pour celles et ceux qui n’ont pas touché à un épisode de la licence depuis longtemps. Indéniablement plus solide et plus réaliste que son prédécesseur, il fait le job comme on dit et profite de la puissance des consoles next-gen (à défaut de mettre une tarte visuelle). Pour les habitués de la série, il est possible que cette édition soit jugée insuffisante par rapport à ce qu’on pouvait en attendre, que ce soit graphiquement ou sur le plan du réalisme pur. C’est indéniablement un bon épisode. Agréable et globalement intuitif, il ne doit toutefois pas nous faire oublier que le monopole n’est jamais quelque chose de bon et il faut donc espérer que la série s’extirpera de l’immobilisme dans laquelle elle semble gentiment s’installer. En attendant un sursaut, il y a tout de même de quoi faire avec ce FIFA 22.
Points positifs :
L’ambiance des grands soirs
L’hypermotion n’est pas du pipeau
Un contenu vraiment consistant
La trajectoire retravaillée du ballon
Plus de temps de chargement
Points négatifs :
Tout pour l’attaque
Absence d’équipes (nationales comme locales)
On commence à tourner en rond
C’est beau, mais pas renversant
Éditeur : Electronic Arts / Développeur : EA Vancouver – EA Bucarest / Genre : Course / Date de sortie : 01 octobre 2021 / PEGI : 3 / Supports : PS5, PC, PS4, Xbox Series X/S, Xbox One X, Nintendo Switch, Stadia