Alors que la série The Legend of Zelda fête ses 35 ans, et qu’on attend encore de découvrir les hypothétiques surprises de Nintendo à ce sujet, le petit elfe est revenu cet été dans un remake qui a fait couler beaucoup d’encre. En effet, Skyward Sword est sans l’un des épisodes qui divisent le plus. Sorti initialement sur Wii, il a été une vitrine pour le Wii Motion Plus, ce module additionnel venant se greffer à une Wiimote pour améliorer la détection des mouvements. Le hic, c’est que cette approche était loin de convenir aux joueurs qui n’aiment pas gesticuler devant leur télé – surtout que la détection n’était pas toujours optimale. Avec cette itération HD, Big-N tente de rectifier le tir en utilisant, au bon vouloir de chacun, les fonctions gyroscopiques des Joy-Con ou la simple utilisation des boutons standards. Un revival gagnant ?
Il y a quelque chose d’Avatar dans ce Skyward Sword. Le joueur évolue, au départ, dans un royaume caché dans les cieux où les habitants se déplacent sur des volatiles appelés célestriers. Ces créatures font partie intégrante de la vie des autochtones, mais ce qui fait la particularité de cet épisode, c’est assurément sa temporalité et sa place dans la saga. Skyward Sword pose ainsi la genèse de l’histoire du tout premier Link et de la toute première princesse Zelda. Au cours du récit, on découvre ainsi les origines du royaume d’Hyrule, de l’épée divine, etc. Si le scénario débute à Célesbourg, on comprend rapidement que notre cher héros va être amené à quitter son monde fait de volupté pour voyager sous les nuages et découvrir la terre ferme, ses différentes régions et ses donjons. Une nouvelle fois, Nintendo interpelle en mettant en avant, bien que plus que dans certains épisodes de la série, les relations entre les personnages. Et son humour, par exemple, n’a rien à envier aux situations loufoques de The Wind Waker. Indéniablement, les développeurs avaient envie de revenir à plus de légèreté après le côté sombre et mélancolique de The Twilight Princess. Mais sous ces intentions se cache l’envie irrépressible de téléporter le joueur dans une aventure modernisée de l’original sur NES.
UNE ŒUVRE ASSUMÉE
En découvrant Skyward Sword, et si l’on excepte son parti pris visuel (on y reviendra), on peut comprendre que certains fans aient été décontenancés. C’est simple, le jeu puise dans la tradition old school des premiers épisodes de la saga et se veut extrêmement linéaire. De donjon en donjon, Link accède à de nouveaux objets et peut ainsi progresser jusqu’au dénouement de l’histoire. Mais à l’inverse de titres comme Link to the Past, Breath of the Wild ou The Wind Waker, l’aventure ne repose que sur trois véritables environnements et multiplie les allers-retours. En termes de liberté et de variété, Skyward Sword est beaucoup plus répétitif que ses prédécesseurs. Alors, forcément, pour celles et ceux qui aspirent au voyage, la déception peut être de taille. Nintendo a ainsi fait un choix ambitieux, mais ça serait aller un peu vite en besogne pour dire que le jeu n’est pas un Zelda digne de ce nom. Il est tout simplement plus porté sur les donjons que sur l’exploration pure, surtout quand on compare l’espace céleste, assez vide et sans grande inspiration, à l’océan plein de surprises et de vie de The Wind Waker. Et en matière de donjons, de boss et d’utilisation d’objets, Skyward Sword est sans doute l’un des épisodes qui s’en sort le mieux.
EN MODE SPORT OU POSÉ
Pensé pour la Wiimote (et son Wii Motion Plus), Skyward Sword a dû être réadapté en arrivant sur Switch. Première constatation, si vous optez pour un gameplay gyroscopique, vous allez vous apercevoir que la précision est nettement plus au rendez-vous que sur Wii. Les joy-con répondent bien, on tranche avec facilité et l’expérience n’en est que plus gratifiante. En revanche, si vous voulez jouer peinard, sans vous enquiquiner avec le motion-gaming (tendance qui a totalement disparu), il suffit de passer dans les options afin d’opter pour une maniabilité standard. L’ensemble est là aussi plutôt convaincant, mais on ne peut s’empêcher de pester contre certains choix. Comme le jeu demande une certaine précision, les développeurs vous font utiliser le stick gauche pour vous déplacer… et le stick droit pour trancher. Le problème, c’est que vous perdez le contrôle de la caméra et la seule possibilité qu’il vous reste, c’est de la recentrer via l’une des touches latérales ou bien de passer par un combo improbable L + Stick Droit. Par ailleurs, il faut un certain temps pour se faire à l’idée que le stick droit sert à votre action et non à la focale. En même temps, les développeurs n’avaient sans doute pas d’autre choix, sous peine de perdre toute la substance du gameplay du jeu. Pour vaincre les ennemis, vous n’aurez ainsi pas d’autre option, que ce soit en gyroscopique ou non, de trancher de différentes façons. À la verticale, à l’horizontale, en diagonale… il faut constamment analyser les points faibles des entités adverses pour s’en défaire. En gesticulant, on s’aperçoit tout de même que ce n’est pas encore parfait, et il arrive que les membres de Link soient dans une position improbable. Clairement, pour nous, le motion-gaming a fait son temps et il est temps de passer à autre chose, mais ça, ça dépendra de chacun..
UN GAP VISUEL ?
Ce remake a pour mission d’embellir une direction artistique qui est assez particulière. À l’époque, cela avait d’ailleurs fait naître pas mal de débats, un peu comme à la sortie de Hercules de Disney qui avait pour designer la même personne que l’extraordinaire The Wall de Pink Floyd. Et là, si vous ne connaissez pas cet épisode, vous risquez d’être surpris par les proportions des personnages, leur attitude, leur look… surtout que le tout est baigné dans une espèce de mix entre textures incroyablement vides (merci la Wii) et couleurs pastel parfois de mauvais goût. Heureusement, on s’accommode vite à cet univers, à ces personnages attachants et ce volet HD a la bonne idée d’être en 60 images par seconde, là où l’original tournait moitié moins vite. Le studio en charge du portage a aussi eu la bonne idée de diminuer considérablement le bla-bla insupportable de Fay et de proposer des sauvegardes automatiques. C’était tellement chiant sur Wii qu’on accueille ces améliorations à bras ouverts ! En revanche, et on pèse nos mots, l’utilisation d’un Amiibo à 25 balles pour débloquer le voyage rapide (téléportation sur la map) est un énorme foutage de gueule ! Non seulement la pratique est minable, mais, en plus, l’Amiibo est quasi introuvable et il faut désormais débourser presque le double pour l’obtenir ! À l’heure où on parle de Matrix 4, la pilule a du mal à passer… Cela n’enlève en rien les qualités intrinsèques du titre.
Loin de faire l’unanimité à sa sortie, Skyward Sword ne restera pas dans le classement des meilleurs épisodes, mais cet épisode HD a le mérite de gommer les faiblesses de l’original. Pour les amoureux des donjons, cette aventure est une bénédiction, tant ils sont travaillés et très bien pensés. Si la bande sonore est réussie, on ne peut que regretter l’absence totale de réorchestration (le format MIDI s’entend un peu trop), ce qui laisse à penser que certains aspects ont été délaissés. C’est tout de même un jeu à faire, surtout si vous n’y avez pas touché à l’époque.
VERDICT DU RÉDACTEUR : BON
Points positifs :
- Un univers accrocheur
- Amélioration nette de la gyroscopie
- Le début de la saga avec des moments d’anthologie
- Un character design particulier, mais pas désagréable
- Les mélodies sont superbes
- On peut virer le motion-gaming !
- Le silence de Fay (par rapport à l’original)
Points négatifs :
- Commandes non personnalisables
- Ergonomie perfectible
- Le format MIDI des musiques s’entend
- Démarrage poussif
- Des textures floues et vides
- Exploration en retrait
Éditeur : Nintendo / Développeur : Nintendo / Genre : Action / Aventure / Date de sortie : 16 juillet 2021 / Nombre de joueurs : 1 / PEGI : +12 / Support : Nintendo Switch