Calqué sur la série des Ryu ga Gotoku, Judgment est la nouvelle œuvre de l’emblématique Toshihiro Nagoshi, figure historique de SEGA. Par conséquent, si vous vous attendiez à vivre une expérience totalement différente des Yakuza, il est probable que vous passiez votre chemin. Même si l’intrigue gravite autour de la loi et de la justice, les mécaniques de jeu restent très proches de ce qu’on a connu auparavant. Mâtiné de baston, d’exploration et d’interactions entre les personnages, Judgment conserve le feeling des aventures de Kazuma Kiryu tout en s’appuyant sur la mise en scène percutante à laquelle nous a habitué le Ryu ga Gotoku Studio. Par conséquent, difficile de rester insensible, surtout quand l’intrigue nous transporte. Il n’y a pas de doute, ils savent y faire ces talentueux Japonais !
Mise à jour : PS5/XSX/STADIA
Disponible pour une quarantaine d’euros, Judgment débarque sur les consoles du moment ainsi que Stadia. Si vous n’avez pas fait le jeu sur PlayStation 4, on vous invite à lire le test qui suit ce paragraphe. Ici, nous nous attarderons sur les changements et ajouts de cette mouture next-gen. C’est un détail mais qui n’est pas anodin. Il est impossible de transférer sa sauvegarde PS4 vers la PS5, ce qui oblige le joueur à refaire l’intégralité de l’aventure, même s’il a bien avancé ou terminé le jeu sur l’ancienne machine de Sony. C’est dommage mais ça n’empêche de profiter du confort apporté par cette version. Entièrement en 4K et en 60 images par seconde, ce Judgment 2.0 se veut également plus réaliste grâce à des textures affinées sur les visages. Les effets, notamment de lumière, ont été améliorés et l’immersion est encore plus poussée qu’il y a deux ans. À l’inverse, les couleurs semblent plus ternes et la ville n’a pas fait l’objet du même soin. Certaines textures sont moyennes et elles ressortent moins bien en 4K. Notons enfin que les chargements sont ultra rapides, ce qui est une vraie avancée pour ce type de jeu, et que tous les DLC (des mini-jeux supplémentaires, des figurines, des costumes…) sont dispos.
Judgment reste égal à lui-même. Il s’agit d’un excellent jeu, très prenant et bien réalisé. Son adaptation next-gen est globalement de qualité mais elle aurait mérité bien plus de surprises. Reste que son petit prix ravira celles et ceux qui n’ont pas fait l’original. Nul doute que beaucoup se feront un malin plaisir de passer du temps dans les salles d’arcade plutôt qu’enquêter.
On ne peut pas dire que la vie a épargné Takayuki Yagami. Alors qu’il n’est qu’un tout jeune avocat, il commet une erreur de jugement et acquitte un homme qui, à peine innocenté, assassine sa petite-amie. Pas le top pour débuter une carrière au barreau. Trois ans plus tard, le temps a passé mais les cicatrices sont toujours là. Yagami a créé une agence de détective et il fait équipe avec son vieux compère, un ancien yakuza du nom de Kaito. Les affaires – qui sont souvent des histoires d’adultère – ne sont guère passionnantes mais le duo survit. Jusqu’au jour où…
Mission Impossible
Sans révéler quoi que ce soit, sachez que leur petite vie « tranquille » va soudainement s’accélérer. Meurtres, conflits entre bandes rivales, affaires de gros sous… le quotidien de Yagami va voler en éclats. Ainsi, tout au long des 13 chapitres, vous allez tenter de faire toute la lumière sur des affaires, le tout sous la forme d’une série interactive exploitant différentes mécaniques de gameplay. Comme expliqué dans l’intro, Judgment reprend, dans les grandes lignes, toutes les ficelles de la licence Yakuza. La mise en scène est très cinématographique et les séquences jouables naviguent, pêle-mêle, entre de l’exploration, du combat, du pilotage de drone (pour repérer des individus) et de l’infiltration. Ainsi, cette œuvre a le mérite d’être plus variée, à notre sens, que la série dont elle s’inspire. Yagami est amené à crocheter des serrures, poursuivre un fuyard (avec les QTE à la Shenmue qui vont bien) ou encore analyser une scène de crime. Un peu comme si on avait transvasé la saga de Capcom, Phoenix Wright, dans les rues de Kamurocho. Ainsi, si l’intrigue prend son temps à démarrer, le rythme s’accélère et on ne décroche plus.
Yakuza Bis
Les missions sont découpées sous la forme d’objectifs principaux et annexes auxquelle vient s’ajouter une foule d’activités diverses et variées. En ville, au lieu de suivre les missions, vous pouvez tout à fait vous adonner aux jeux d’argent, aux fléchettes, à la course de drones (oui, oui) ou encore aux sempiternels jeux d’arcade. Et pour le coup, SEGA n’a vraiment pas pris les joueurs pour des imbéciles en offrant carrément, tenez-vous bien, Virtua Fighter 5, Space Harrier, Fighting Vipers ou encore Motor Raid ! Il existe même une parodie complètement déjantée de House of the Dead. D’ailleurs, en parlant de folie, sachez que ce Judgment n’a rien à envier à la série Yakuza. Le ton est mature, certaines séquences sont débiles à souhait et il est souvent très drôle de lire les pensées des gens qui se baladent dans la rue, surtout quand ça tourne autour du sexe. Le quartier de Kamurocho est d’ailleurs incroyablement vivant et prend une atmosphère toute particulière la nuit. L’occasion de parler de la réalisation du jeu.
Plus vrai que nature
Il n’y a pas de doute, Judgment est un titre absolument superbe. Se balader dans Kamurocho est un délice de tous les instants. Sans surprise, on reconnaît tous les lieux emblématiques de Kabukicho et la modélisation des personnages principaux séduit instantanément. D’ailleurs, Yagami a un certain charisme (son modèle n’est autre que Takuya Kimura, un chanteur, danseur et acteur très célèbre au Japon) et il est bien plus souple que Kiryu. Il peut d’ailleurs opter pour deux styles de combat, l’un très vif, et l’autre plus bourrin. En combat, le joueur peut ainsi choisir, à la volée, l’approche à adopter face à un tel ou tel adversaire. Cela donne lieu à des séquences ultra spectaculaires, comme lorsque Yagami s’aide d’un mur pour surprendre son vis-à-vis. Au bout d’un moment, le « Heat Actions » devient accessible et permet de passer dans une sorte de mode enragé à la Berserk.
VERDICT : TRÈS BON
Dépaysant et superbement réalisé, Judgment est l’une des bonnes surprises de 2019. Le personnage principal est attachant et la progression très cinématographique fait qu’on ne décroche pas. L’intrigue est bien amenée, la traduction française est vraiment réussie et on est happé par cet univers à la fois sombre, parfois très drôle et surtout libre. Nous n’en sommes qu’au début d’une nouvelle licence (la suite ayant été annoncée récemment) et ce n’est pas pour nous déplaire. Sur PlayStation 5 et Xbox Series X, le confort est optimal malgré des couleurs un peu plus ternes. On découvre Kamurocho 4K et 60 images par seconde, la fluidité est exemplaire et c’est sans hésiter la meilleure version. De là à repasser à la caisse si vous avez déjà l’original ? Tout dépendra de votre attachement à Yagami-san mais le jeu reste, grosso modo, le même.
Points positifs :
- Les personnages
- La traduction
- L’ambiance
- Un Kamurocho plus dépaysant que jamais
- Réalisation au top
- Intrigue et mise en scène réussies
- La liberté et les jeux d’arcade proposés
Points négatifs :
- Un peu long à démarrer
- Quelques phases de jeu moins intéressantes
- Pas de bar à hôtesses, ni de karaoké
- Courses poursuites un peu longuettes
- Ajouts et améliorations next-gen très légers
Éditeur : SEGA / Développeur : Studio Yakuza / Genre : Action/Aventure / Date de sortie : 23 avril 2021 / Nombre de joueurs : 1 / PEGI : 18 / Supports : PlayStation 5, Xbox Series X, Stadia