1993. Alors que les fêtes de fin d’année battent leur plein, une bande de joyeux drilles, déjà responsables de l’excellent Wolfeinstein 3D, lancent leur tout nouveau jeu : Doom. Si le collectif d’id Software se doute du potentiel de son bébé, il est loin de s’imaginer ce qui va suivre. Véritable phénomène de la pop-culture, Doom va devenir l’un des jeux vidéo les plus influents de l’Histoire du média. Après le troisième épisode, la licence s’est endormie pendant de nombreuses années avant de revenir, en force, en 2016. Annoncé pendant l’E3 2018, Doom Eternal est la suite directe du reboot et débarque dans une période où les développeurs maîtrisent parfaitement les hardwares actuels. On était curieux de voir ce que ça allait donner : on a vu et on en a pris plein la gueule !
Alors que les démons ont dévasté plus de 60% de la Planète Bleue, le bon vieux marine à la gueule carrée est envoyé, une nouvelle fois, au casse-pipe pour éradiquer les créatures de l’enfer. Doublage percutant, graphismes détaillés, mise en scène digne d’un film… Doom Eternal s’annonce dès les premières secondes comme un jeu soigné. Et bien évidemment, le tout avec un gros metal en guise de bande sonore. Et comme on pouvait s’y attendre, le tutorial met tout de suite dans l’ambiance glauque et sanguinolente de la franchise : décors sales et rougeâtres, hémoglobine omniprésente, monstres hideux et redoutables, c’est du Doom craché ! Quelques affrontements suffisent pour retrouver la vivacité des épisodes précédentes, avec une approche très arcade où les grosses pétoires sont de sortie et où les chairs explosent en mille morceaux, que ce soit avec les armes ou via des GloryKill dévastateurs. Doom Eternal respecte ses pairs, que ce soit en matière de mort, de destruction ou tout simplement d’environnement. Mars n’a pas fini de nous surprendre !
Bienvenue en enfer
Ce n’est pas usurpé de dire que Doom Eternal fait suer. Même en mode « Fais-moi mal » qui correspond, grosso modo, à un mode normal, les premiers pas peuvent s’avérer douloureux. Même les ennemis de base, que l’on déglingue généralement avec une simple pichenette, peuvent se montrer redoutables. Ainsi, la première fois que l’on rencontre un arachnotron, on ne peut qu’être déstabilisé par sa vitesse et cette satanée tourelle qu’il transporte. Évidemment, comme tout jeu, on s’y fait et on adopte des techniques mais Doom Eternal n’épargne pas le joueur et on se retrouve d’ailleurs régulièrement à court de munition. Et c’est justement en souffrant que l’on parvient à gagner en dextérité, à comprendre l’importance de chaque nouvelle arme (ou le mod qui l’accompagne, que ce soit des missiles, bombes ou autres) et à glaner, petit à petit, une plus grande expérience des déplacements du personnage. Avec son habileté digne d’un spécialiste du Parkour, notre marine peut effectuer des double-sauts, s’accrocher pour grimper à des parfois, escalader certains types de matériaux, etc. Le tout est vif, bourrin et viscéral. On oscille quasi toujours entre la protection du tir à distance et l’importance d’utiliser le corps-à-corps pour récupérer des bonus, que ce soit aux mains nues ou avec la tronçonneuse – qui ne fonctionne qu’à l’aide d’essence, qui se fait rare elle-aussi. Doom Eternal, c’est tout ça ! Le jeu est ultra rythmé et ça ne s’arrête pratiquement jamais, le tout servi par un level design de qualité. Certes, on n’évite pas certains écueils comme les couloirs ou les zones à nettoyer pour ouvrir un passage mais un tel gameplay gomme un peu les défauts.
Une approche en monde ouvert
Dans cet univers teinté d’exploration mais surtout d’action, le jeu prend le pari pris de proposer quelques énigmes et s’appuie sur le principe du hub. Après chaque pérégrination, le joueur retourne au hub (qui n’est autre que le vaisseau surplombant la planète Terre) et profite d’un moment d’accalmie. Chaque retour au bercail est l’occasion de s’équiper avec un arsenal toujours plus puissant et d’utiliser les cristaux sentinelles récupérés sur les ennemis (qui s’obtiennent en répondant à certaines règles, comme l’utilisation de la tronçonneuse par exemple ou du cracheur ardent – un lance-flammes quoi) pour booster vos aptitudes de combat et corporelles. Doom Eternal est une vraie bénédiction pour les amatrices et amateurs de FPS nerveux. Tout est fait pour que l’on s’éclate et le jeu a cette faculté de ne pas se limiter à des décors aux tons ocres, cradingues ou tout simplement rouge vif. On profite aussi d’environnements, certes sombres, mais qui sont plutôt variés. Évidemment, il ne faut pas s’attendre à un Happy Tree Friends mais vous aurez compris l’idée. Riche en sensations, le jeu d’id Software est un bon gros défouloir des familles, même si c’est clairement une œuvre destinée à un public adulte et adepte de ces univers morbides. Un FPS qui tabasse donc et qui n’est pas avare en clins d’œil. À noter que l’ambiance, qu’il s’agisse des grognements et autres bruitages, est superbement rendue. Le multijoueur, quant à lui, propose du deux contre 1 assez efficace avec la possibilité d’incarner Doom Slayer (le héros) d’un côté et des démons de l’autre. Le but est bien évidemment de faire en sorte que le Marine en prenne pour son grade (ou que les démons qu’il a face à lui trépassent). C’est sympathique mais les six pauvres cartes et l’absence de différents modes de jeu font qu’on se lasse vite. Mais ça défoule et le solo représente clairement la friandise de cette production.
VERDICT DU RÉDACTEUR : TRÈS BON
Pour défourailler du monstre à tout-va, Doom Eternal apparaît comme le compagnon idéal. Ultra speed, bourrin à en retourner mamie et délicieusement viscéral, il a aussi l’audace d’optimiser la formule originale en intégrant un hub et toute une série de mécanismes que les joueurs d’aujourd’hui attendent. Entre exploration bondissante, combats par centaine et énigmes gentillettes, le challenge est au rendez-vous ! Oser une nouvelle approche était un pari, surtout quand on connaît le poids de la licence, mais ce Doom Eternal assure méchamment !
Points forts :
Incroyablement nerveux
Le mélange plate-forme/combat
L’ambiance globale
Points faibles :
Peut-être un peu trop de plate-forme
L’aspect couloir de certaines zones
Quelques passages moins inspirés
Éditeur : Bethesda Softworks – Développeur : id Software – Genre : FPS – Date de sortie : 20 mars 2020 – Plateforme : PS4, Xbox One, PC