Crackdown 3 est une véritable arlésienne. Annoncé lors de la conférence Microsoft de l’E3 2014, le titre est le fruit d’un développement chaotique qui a trouvé son épilogue quasiment cinq années plus tard. Pétri de promesses, notamment pour son utilisation du Cloud, le jeu d’action était prévu initialement le 17 novembre 2017, a été repoussé à 2018 pour terminer sa course en février dernier. Inutile que cette accumulation de mauvais karma soit rarement le signe d’une œuvre qui se porte bien. C’est donc avec une réelle curiosité que nous nous sommes penchés sur le cas d’une licence qui peine à trouver son équilibre. Neuf ans après le second volet, Crackdown 3 a la lourde tâche de boucler une trilogie débutée sur Xbox 360. Inutile de dire, après les reboots et les changements qu’il a subis, que la marche s’annonce haute.
Nous mettrons à jour le texte avec la partie online un peu plus tard. Pour l’heure, nous avons été dans l’incapacité d’accéder à une partie en ligne.
Porté par Terry Crew, Crackdown 3 relate les péripéties d’un super-agent qui a pour mission de nettoyer une ville gangrénée par la criminalité et un conglomérat appelé Terranova et constitué d’affreux individus. Pour faire simple, il s’agit d’un GTA-Like avec un monde ouvert bac-à-sable où tous les coups sont permis. L’intro, bien que très patriotique, est plutôt classe et on se laisse guider par cette trame qui nous demande de foncer tête baissée en pétant tout ce qui passe à portée de notre carcasse, véhicules et armes. Pourtant, très vite, on sent que quelque chose déconne. On peut déjà mettre de côté l’apport du cloud puisqu’il n’est utilisé que dans le mode multijoueur. Disons-le tout net, Crackdown 3 est complètement à la ramasse en termes de réalisation. Le jeu accuse plusieurs années de retard, se farcit des couleurs criardes absolument ignobles et seule la modélisation des avatars rehausse un peu le niveau. Aussi talentueuse que soit l’équipe de Sumo Digital, elle ne pouvait pas faire de miracles sur une production très mal embarquée. C’est plat, aseptisé, sans identité, les animations affichent elles aussi plusieurs générations de retard et les modèles (PNJ, véhicules…) sont copiés/collés par cargos. Pour une exclusivité Xbox One, le constat est terrible : Crackdown 3 est totalement dépassé, la 4K n’apporte rien et la destruction des décors, qui devait être l’attraction du titre, est une vaste blague. Douloureux.
SANS ÂME
Pour autant, la réalisation dans un jeu vidéo ne fait pas tout. Nous avons tous aimé des titres moches mais qui avaient un gameplay génial, et on pouvait donc espérer que Crackdown 3 se rattrape par son côté défouloir. Mais là encore, difficile de s’extasier tant les collisions sont ratées. Alors oui, c’est dynamique, les premières heures font illusion, on s’amuse à libérer chaque zone de la ville et ça reste sympathique comme tout bac-à-sable. Le problème, c’est que sur la longueur, la monotonie pointe le bout de son nez, on répète les mêmes actions, l’IA est totalement larguée, la ville est assez compacte, les améliorations de l’agent n’apportent pas grand-chose et les bagnoles sont de véritables savonnettes. C’est dommage car il y a un certain potentiel, la mise en abîme est bien foutue et les voix françaises sont convaincantes. On a même certains panoramas qui flattent la rétine mais non, décidément, on peine à se passionner pour ce soft.
TOUT EST À JETER ?
Néanmoins, même s’il souffre de tares considérables, surtout à une époque où l’exigence est à un niveau élevé, Crackdown 3 peut facilement être l’un de ces jeux que l’on allume pour une demi-heure après une journée de travail éreintante. Comme un blockbuster qui ne fait pas appel à votre matière grise, l’œuvre de Microsoft offre une liberté totale. On se balade dans la métropole, on prend le contrôle des avant-postes, des dépôts de véhicules ou encore des gares, on peut s’éclater à prendre n’importe quel véhicule… et c’est fun ! Il y a des affrontements contre des boss et le jeu, heureusement, ne se passe pas que de nuit (même s’il reste assez sombre). Mais ça ne fonctionne que par petites sessions car l’action s’avère malheureusement redondante.
Conclusion du rédacteur : MOYEN
En récupérant une véritable patate bouillante, le studio anglais Sumo Digital ne s’est pas facilité la tâche. Pourtant, et même si Crackdown 3 demeure un jeu moyen, le travail réalisé (qu’on imagine avec une certaine pression et des délais serrés) est assez impressionnant. Le jeu tient la route, il est fun mais il souffre d’une réalisation datée et d’une progression incroyablement répétitive. Les graphismes ne sont pas moches pour autant mais on est loin des standards actuels. Par conséquent, le fait qu’il soit disponible sur Xbox Game Pass est une bonne chose, à la fois pour les joueurs abonnés et le jeu en lui-même. S’il n’avait été disponible que dans le commerce, au prix habituel, il serait sans doute passé totalement inaperçu. Là, c’est un défouloir accessible qui peut se pratiquer par petites sessions. Mais ce n’est certainement pas la catastrophe annoncée, il existe des jeux bien plus ignobles que celui-ci.
Points positifs :
Un bac-à-sable explosif
On peut incarner Terry Crew
Gameplay pas foufou mais dynamique
La DA est assez plaisante
Contrôles réactifs
Pas le naufrage annoncé
Points négatifs :
Réalisation datée
On fait toujours la même chose
Couleurs criardes
Les bugs
Interaction limitée
Animations et modèles physiques en retrait
Éditeur : Microsoft – Développeur : Sumo Digital – Genre : GTA Like – Date de sortie : 15 février 2019 – Plateforme : Xbox One, PC
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