Dans les années 90, le créateur japonais Tetsuya Mizuguchi s’est battu avec sa direction pour imposer sa vision du jeu de voiture. D’abord intéressé par un titre reprenant le concept du Paris Dakar, il se tourne vers le Championnat du monde de rallye et parvient, non sans mal, à réunir des partenaires de prestige avec Lancia et Toyota. SEGA Rally, salué de tous, que ce soit en arcade ou sur Saturn, devient l’un des meilleurs jeux du genre et permet à son géniteur de gagner des galons au sein de l’entreprise. Après SEGA Touring Car, l’homme a besoin d’un nouveau challenge et s’essaye à des jeux musicaux. Si Space Channel 5 sert de ressort, c’est véritablement Rez et son concept unique (entre stroboscopie et musique) qui agit comme un déclic. Dès lors, Mizuguchi devient le spécialiste du genre et forge sa renommée avec des œuvres aussi marquantes que Lumines, Meteos ou encore Child of Eden. Aujourd’hui, avec Tetris Effect, le génial producteur s’empare du classique d’Alexeï Pajitnov en le mariant à son amour pour la musique. Le tout saupoudré de VR… Une expérience inoubliable.
À moins d’avoir vécu dans une grotte sombre et humide, vous avez forcément entendu parler de Tetris. Classique incontournable de la Game Boy, le jeu repose sur ses tetrominos qui tombent du haut de l’écran jusqu’à ce qu’ils forment une ou plusieurs lignes qui s’éliminent d’elles-mêmes. Le concept a été pillé, copié à outrance et adapté sous différentes formes. Avec Tetris Effect, l’œuvre d’origine n’a pas été dénaturée mais juste enrichie d’une option de « zone » qui permet de figer la partie pour se sentir de situations tendues. Concrètement, le joueur tente, durant un laps de temps limité, de faire un maximum de lignes pour qu’elles soient toutes supprimées une fois le compte-à-rebours arrivant à son terme. C’est simple, ultra efficace et ça s’intègre parfaitement à l’option permettant de mettre de côté une pièce pour la reprendre plus tard. Un tutoriel est disponible pour s’habituer à ces quelques variantes. Pour le reste, c’est du Tetris dans son plus simple appareil. Enfin « simple appareil », pas vraiment.
UN PÉRIPLE UNIQUE
Si Tetris Effect propose plusieurs modes de jeu, il repose avant tout sur son mode « Périple » qui est composé de 27 niveaux imaginés par Tetsuya Mizuguchi. D’abord regroupé par lots (lors du premier passage), vous pouvez ensuite les enchaîner les uns à la suite des autres. On pourrait alors se dire qu’il ne faut pas s’attendre à grand-chose de ce casse-tête et de ses pièces de puzzle. Oui mais voilà, le studio Resonair (et Monstars Inc.) a eu l’intelligence d’utiliser la VR pour nous faire vivre des expériences inoubliables. De la lune aux profondeurs aquatiques en passant par un feu de camp jusqu’aux contrées asiatiques, Tetris Effect est d’une richesse phénoménale. Couplée à des thèmes d’une beauté hypnotique – et bien sûr, parfaitement adaptés – ces séquences sont agrémentées d’animations simples mais sublimes. On assiste à un feu d’artifices tout en faisant au mieux pour éclater le high score. Avec la réalité virtuelle, on a véritablement l’impression d’être sous l’eau avec les dauphins, de côtoyer des hommes à cheval ou de voler entouré de moulins à vent. En additionnant tout cela avec les bruitages adéquats et la musique évolutive, ce Tetris fait, sans jeu de mots, beaucoup d’effets.
UNE BANDE SON DIVINE
Impossible de ne pas dédier un paragraphe entier aux thèmes musicaux. Tetsuya Mizuguchi et son équipe ont sélectionné une bande son incroyablement variée et planante. On passe ainsi d’une mélodie à l’accent très aquatique à une chanson mêlant électro et rap. Il faut vraiment le vivre car l’expliquer ne sert à rien. Même la visualisation d’une séquence de gameplay n’est rien comparé à ce que l’on ressent une fois le casque PS VR visé sur la tête. Et quand la musique se met en retrait, c’est pour sublimer des percussions et des instruments du monde, jusqu’à ce que l’interaction du joueur commence à multiplier les effets sonores et que la mélodie reprenne son droit. Et quand les chœurs s’en mêlent, alors là, on entre vraiment dans une autre dimension. En fait, Tetris Effect, c’est ça, c’est un jeu qui possède un visuel et une ambiance qui subliment nos sens, nous transportent dans la « zone ». Mais encore une fois, il faut le vivre car le décrire ne peut singer ce que l’on ressent.
DES HEURES DANS UN AUTRE MONDE
Les développeurs ont eu la bonne idée d’offrir un contenu royal. Outre le mode Périple (que l’on peut revivre de façon théâtrale sans interaction du joueur), Tetris Effect propose un mode effets réunissant une ribambelle de modes plus ou moins connus : le Marathon avec ses 15 lignes, l’Ultra avec son temps limité à 3 minutes, son Sprint et les 40 lignes à atteindre le plus rapidement possible, Maître et sa vitesse la plus élevée, etc. On peut aussi revivre via une sorte de melting-pot les moments les plus planants du mode Périple. Et si vous n’en avez pas assez, le All Clear sera là pour vous challenger de fort belle manière avec ses pièces contaminées ou géantes ou encore ses obstacles selon le mode choisi. Finalement, on regrettera qu’aucun mode multi, que ce soit local ou online, ne soit de la partie. C’est un gros manque mais la qualité du titre est telle qu’on ne peut que lui pardonner ses oublis.
Conclusion du rédacteur : PLANANT ET HYPNOTIQUE
Indispensable, c’est tout ! Fantastique sur le téléviseur, Tetris Effect devient carrément un indispensable avec le PS VR ! Même sans adepte des jeux de réflexion (ce qui est mon cas), on plonge et on succombe en quelques secondes. Le titre de Mizuguchi a aussi le don de toucher à toutes les générations et tous les types de joueurs. Ma femme, qui n’est pas une férue de la manette, et c’est une histoire véridique, s’est emparée du casque et ne l’a pas lâché de toute la soirée. Et c’est désormais son petit plaisir coupable. Bref, Tetris Effect, c’est un immanquable de la gamme PS VR et l’assurance que Tetsuya Mizuguchi n’a rien perdu de son talent et de sa créativité.
Points positifs :
Réalisation impeccable
Conçu pour la VR
Ultra complet
Bande son démente
Concept toujours aussi prenant
L’option Zone
Points négatifs :
On aurait aimé un mode périple encore plus long
Gros point noir : aucun multi !
Éditeur : Enhance Games – Développeur : Resonair – Genre : Réflexe – Date de sortie : 9 novembre 2018 – Plateforme : Playstation 4, PS VR
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