Le nier serait malhonnête. Avant de me lancer dans cette aventure, je craignais de me retrouver avec un copier-copier sans saveur, la faute à un passé qui m’a poussé à être méfiant. Après un passage par la révolution française, la série s’est légèrement grippée dans les rouages de la révolution industrielle et beaucoup gardent en mémoire l’épisode Syndicate, plein de bonnes intentions mais décevant à plus d’un titre. Par ses contours, Assassin’s Creed Odyssey semblait reprendre toutes les bases d’un Origins magistral, jusqu’à l’interface, et on se demandait vraiment comment les développeurs allaient exploiter tous les mystères et la mythologie de la Grèce antique. Eh bien, on peut vous le dire, ça fait du bien de se planter de la sorte…
Pour la première fois dans la saga des assassins, le joueur doit opter entre un héros masculin ou féminin : Alexios ou Kassandra. Les deux étant liés, la progression ne subit pas de changements majeurs mais permet de profiter d’une expérience légèrement différente. C’est d’autant plus vrai que les personnages de la licence sont, en très grande majorité, des hommes. En sachant qu’il a fallu faire les doublages pour les deux protagonistes, l’effort est fort louable. C’est donc avec Alexios ou Kassandra que vous allez arpenter les sublimes paysages de l’extrémité sud de la Péninsule des Balkans. De la Grèce continentale à la presqu’île du Péloponnèse jusqu’aux îles, vous allez vivre un voyage riche en évènements et révélations.
UN RYTHME MIEUX MAITRISÉ
En s’attaquant à Odyssey, on comprend où les développeurs d’Ubisoft Québec sont allés puiser leurs inspirations. En réalité, cet épisode est un peu la réunion des meilleurs épisodes de la franchise. Par touches consécutives, le joueur retrouve ce qui faisait le charme de Origins, de Black Flag ou encore des aventures du latino et tant apprécié Ezio. C’est ce melting-pot qui rend cette dernière itération si attachante, d’autant qu’elle parvient à gommer les quelques défauts du jeu précédent. Ainsi, l’intrigue – qui débute de façon très spectaculaire – met beaucoup moins de temps à se mettre en place et il est possible de découvrir des contrées éloignées seulement quelques heures après avoir débuté. En revanche, et c’est sans doute l’une des très grandes forces du titre d’Ubi, on passe des heures à réaliser des défis, de petites missions, des quêtes annexes… sans réaliser que certains des actes peuvent avoir un véritable impact sur la suite des évènements.
Le titre d’Ubi a aussi l’excellente idée de récupérer et d’améliorer les fameux passages en navire. Les batailles navales sont vraiment épiques, l’embarcation réagit plutôt bien et on peut décider de détruire les bateaux ennemis (cela peut être une faction différente de la vôtre, des pirates, etc.) immédiatement ou de choisir de les accoster. Dans ce cas précis, un combat s’engage sur le pont du navire abordé et il est possible de piller les coffres pour s’emparer de trésors et autres équipements. Cette dualité entre les phases à pied et en mer apporte une vraie sensation de liberté à un jeu qui n’en finit pas de surprendre.
RÉFLÉCHIR AVANT D’AGIR
Développé en parallèle de Origins, Odyssey instaure une vraie notion de choix. Très souvent, les dialogues offrent plusieurs réponses et chacune de vos actions peut avoir une répercussion sur votre progression (même si les différences ne sont que légères). Sans trop en dévoiler, vous vous retrouverez à prendre des décisions très difficiles, et ce, dès vos premiers pas au sein de votre terre natale, la belle et rocailleuse Célaphonie. Quid entre sacrifier une famille infestée par la Peste ou la sauver au risque de mettre en péril votre contrée ? Quel camp choisir entre les Spartiates, peuple de votre père, ou les Athéniens ? Cela ne bouleverse pas le cours de l’histoire mais ce ne sont pas des décisions que l’on prend à la légère. Les développeurs ont vraiment cherché à toucher le joueur et ça fonctionne !
UN ASPECT RPG RENFORCÉ
L’autre avancée considérable, héritée de l’évolution aperçu dans Assassin’s Creed Origins, provient du gameplay. D’une richesse assez étonnante, il se matérialise sous différentes formes. Ainsi l’expérience, que ce soit pour l’avatar ou le navire, joue un rôle considérable dans la progression. En réalisant quêtes principales et missions secondaires, le personnage voit son niveau augmenté, ce qui lui permet de rejoindre des régions de plus en plus hostiles. Inutile de s’attaquer à un ennemi de niveau 20 si vous n’êtes qu’au niveau 5, vous vous ferez littéralement martyriser. De la même manière, la gestion de l’inventaire est primordiale dans le sens où certaines armes ou armures ne sont accessibles qu’à un certain niveau d’expérience. Il y a donc un vrai jeu du chat et de la souris avec l’ennemi et on passe pas mal de temps dans les menus à booster encore et encore Alexios ou Kassandra.
Leur évolution passe également par l’affrontement de mercenaires. Ces individus, de plus en plus redoutables à mesure que vous progressez, sont mis en alerte dès que vos actes dépassent la ligne rouge, surtout s’il y a de l’argent à se faire. En même temps, c’est un peu le principe des mercenaires qui agissent pour leur pomme. Quoiqu’il en soit, ces soldats sont redoutables et il faut donc être suffisamment équipé pour les affronter. Dans le cas contraire, la fuite est une bonne solution. Comme si cela ne suffit pas, ils ne sont pas seuls et sont rejoints, à un certain moment de l’aventure, par des membres d’un culte obscur qui vont avoir un rôle décisif dans le déroulement des évènements. Enfin, et parce que les phases en mer sont au moins aussi importantes que le reste, le joueur peut, grâce aux matériaux, améliorer l’arsenal de son embarcation, renforcer la coque ou encore personnaliser le tout (en ajoutant, par exemple, une figure de proue). Il est même possible de recruter des lieutenants spéciaux. Tous ces éléments, cette richesse, font d’Odyssey un jeu incroyablement prenant.
BELLE COMME UNE DÉESSE
Impossible de terminer cette critique sans dire tout le bien que l’on pense des graphismes et de l’ambiance sonore. Certains diront que ça ne fait pas tout… mais quelle claque ! En surplombant Athènes, on se rend compte du niveau visuel de l’ensemble. Encore une fois, la direction artistique fait mouche dès le premier coup d’œil. C’est sublime, c’est coloré, il y a des détails dans tous les sens et la reconstruction historique est remarquable. Les différences places sont pleines de vie, la mer est d’un réalisme saisissant (tout comme les batailles navales) et le rendu global coiffe au poteau Origins voire, pour certains, le surpasse. Oui, Assassin’s Creed Odyssey est une nouvelle merveille.
Conclusion du rédacteur : TRÈS BON
S’attendre à un copier-coller et être surpris de la sorte, ce n’est pas quelque chose qui arrive tous les jours. Bien que les deux titres aient été développés en parallèle, Odyssey se démarque suffisamment d’Origins pour imposer sa propre personnalité. On est très loin de l’épisode de trop ou du jeu à la Syndicate. D’une richesse surprenante, Odyssey parvient à allier terrain de jeu énorme, graphismes à tomber et aventure immersive. Si la mise en scène est parfois un peu trop expédiée et que l’intelligence artificielle des ennemis n’est pas optimale, l’ensemble force le respect et donne envie de passer des heures et des heures au cœur de la Grèce antique. Une aventure décidément inoubliable !
Points positifs :
Artistiquement, c’est encore un sans-faute
Le gameplay d’une grande richesse
Liberté enivrante
Terrain de jeu énorme
Les voyages en mer et les batailles navales
Kassandra et sa doubleuse originale
L’épisode le plus abouti à ce jour
Points négatifs :
Quelques bugs
Chargements un peu longuets (mais peu fréquents)
L’IA des ennemis pas optimale
Mise en scène parfois expédiée
Éditeur : Ubisoft – Développeur : Ubisoft – Genre : Action/Aventure – Date de sortie : 05 octobre 2018 – Plateforme : Xbox One, PS4, PC
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