Depuis quelques années maintenant, le duel entre FIFA et PES tourne globalement à l’avantage du protégé d’Electronic Arts. Avec ses multiples licences, son habillage et son côté grand spectacle, FIFA demeure – si on excepte les années GTA – le produit culturel le plus vendu en France et il n’y a généralement pas grand-chose à redire. Pourtant, et on a déjà pu le voir avec la précédente édition, cette itération pourrait marquer une certaine rupture avec les vrais amoureux du football. En prônant le sensationnel au détriment de la construction du jeu, FIFA 19 prend une direction qui risque de faire débat pendant de longues semaines. S’il est toujours aussi prenant et complet, son côté arcade exacerbé pourrait bien faire fuir les puristes ou, en tout cas, celles et ceux qui n’aspirent pas à ce type de football.
Dans le couloir, avant de pénétrer sur le carré vert, les regards sont concentrés. Dans le stade, le public est en fusion et prêt à vivre une formidable rencontre de football. Oui, cette année, la Ligue des Champions, la compétition ultime (que certains estiment même devant la Coupe du Monde), a élu domicile du côté d’Electronic Arts. Drapeaux, tifos, joueurs ultra motivés… tout est mis en œuvre pour que le spectacle soit total. Sans surprise, l’éditeur américain a mis le paquet pour que l’habillage de sa nouvelle acquisition (qu’il a piqué à Konami) soit à la hauteur de l’évènement. Des partenaires à la musique officielle en passant par la présentation de la bâche avant le début du match, tout a été soigné dans les moindres détails. D’ailleurs, en parlant de partenaires, il y a de quoi être surpris mais la marque PlayStation trône fièrement sur les versions concurrentes de Sony, comme on a pu le constater sur Xbox One. C’est sans doute aussi cela la quête du réalisme. Avec son ambiance survoltée (on entend même le fameux clapping à l’Islandaise dans le public), FIFA fait du FIFA et il ne faut pas longtemps pour retrouver ses repères. Pourtant, très vite, une impression de partie « babyfoot » se fait sentir…
L’ARCADE QUE J’AIMAIS
Cette année, EA assume sa direction en prônant le football arcade, grand spectacle, rappelant l’orientation de la licence au début des années 2000. Sans atteindre le football champagne virtuel de cette époque, FIFA 19 montre clairement ses intentions : vitesse supersonique (même en choisissant « lente » dans les options), joueurs qui traversent le terrain en trois passes, gestes venus d’ailleurs omniprésents… cette édition mise sur le spectaculaire à outrance et ça ne plaira pas à tout le monde. Certes, les défenses ne sont plus des gruyères comme ce fut le cas l’an dernier mais on note toujours de gros problèmes de replacements, de gardiens et un laxisme assez aberrant sur le jeu aérien. Ainsi, là où PES accumule les petits scores, FIFA 19 a une certaine propension à multiplier les matchs à 5 ou 6 buts. Les trolls diront que ça vient de la capacité à défendre mais il est impossible de ne pas admettre que cette édition est là pour faire vibrer les filets et la foule. Le joueur ne prend pas le temps de construire, le gameplay le pousse au contraire à percer les lignes avec des passes longues ou des transversales sorties d’ailleurs. C’est une vision du football qui peut se comprendre et s’apprécier mais les amoureux de tactique ou qui souhaitent un football virtuel proche de la réalité auront sans doute beaucoup de mal à s’adapter. Et cette impression se confirme avec l’Aventure.
UN VRAI CHASSEUR
Alex Hunter est de retour pour une troisième et dernière fois. Comme pour les années précédentes, l’Aventure prend les traits d’une histoire scénarisée autour du football. Si certaines séquences sont clairement exagérées et que le « too much » est omniprésent, il faut reconnaître que la formule est plutôt efficace et qu’elle n’est pas avare en idées. On pense notamment à l’intro qui retrace un match (Coventry – Arsenal) se déroulant au cœur des années 60 avec le grand-père d’Alex en tête d’affiche. Difficile également de ne pas souligner la présence du génial Hans Zimmer, qui signe ici la bande originale. Entre les entraînements, les matchs, les rebondissements, le destin du jeune footballeur – et de sa sœur ou de son ami – est agréablement mis en scène mais mériterait un côté moins hollywoodien et surtout plus naturel, que ce soit dans les intonations ou même les expressions visuelles. Mais EA, après trois années, a vraiment une base intéressante pour améliorer tout ça. Et c’est toujours sympa de suivre le parcours d’un footballeur pro.
EN MODE CHAMPION
Si on peut tiquer sur la direction arcade prise par EA, FIFA 19 demeure en revanche le maître incontesté et incontestable en matière de contenu. Celui-ci est tout simplement gargantuesque : 64 jeux techniques, un FUT plus gonflé que jamais, un mode Coup d’envoi qui permet désormais l’utilisation de règles, des tournois, le retour de la carrière joueur ou entraîneur, du 11 contre 11 en ligne (chacun incarne son joueur) … ça n’arrête pas ! FIFA 19 a aussi la bonne idée de mettre en avant le football féminin qui ne cesse de gagner en visibilité (et c’est tant mieux !). Non, vraiment, il paraît difficile d’attaquer le contenu de cette édition. Même si les puristes risquent de faire une drôle de tête en découvrant la modélisation de certains joueurs. Il suffit de se pencher sur le cas de Aouar à Lyon pour s’en convaincre… et il est loin, très loin, d’être le seul. Heureusement, tous ces défauts sont en partie compensés par une réalisation très convaincante. Si l’utilisation du moteur Frostbite ne surprend pas, et qu’on sent que les développeurs sont un peu bloqués, la patte visuelle du titre force le respect. Que ce soit sur le terrain ou en tribunes, les graphismes sont très clean et la palette d’animation est tout simplement démentielle. Cela n’empêche le côté un peu « robot » de certains mouvements mais on se rapproche considérablement d’une retransmission télévisée. En tout cas pour celles et ceux qui aiment le spectacle… Et c’est peut-être cela que l’on retiendra avant tout de cette itération : FIFA 19 est un bon jeu mais un jeu qui est là pour le spectacle, quitte à casser les murs du réalisme. À vous de voir de quelle école vous faites partie…
Conclusion du rédacteur : BON
Si FIFA 19 demeure un bon jeu, il est avant tout là pour faire le show et on note, par rapport aux années précédentes, un laxisme des gardiens qui risque de faire voler pas mal de manettes. Inattaquable sur son contenu et ses licences, le titre d’EA ramène aux éditions du début du second millénaire. C’est arcade, ça va très vite et les buts s’enchaînent à la vitesse de l’éclair, le tout avec toute la panoplie des coups venus d’ailleurs. Cette approche, assumée, ne conviendra pas à tout le monde et les vrais puristes du football risquent de changer de direction. Mais pour les autres, cette accessibilité sera la bienvenue. Selon votre camp, ça sera plus que jamais FIFA ou PES.
Points positifs :
Pas dégueu graphiquement
Ambiance survoltée
Des animations variées et nombreuses
L’amélioration des contacts
Un menu gastronomique
La personnalisation du Coup d’envoi
Points négatifs :
C’est trop rapide, trop arcade
Les gardiens souvent fautifs
Laxisme des défenseurs sur le jeu aérien
La tronche de certains joueurs, ouch !
L’Aventure, sympa mais trop cliché
Absence totale de construction de jeu
Éditeur : Electronic Arts – Développeur : EA Sports – Genre : Sport – Date de sortie : 28 septembre 2018 – Plateforme : PS4, Xbox One, PC, Switch
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