Au mitan des années 1990, des membres d’Eden Studio atterrissent à Londres afin de rencontrer des pontes de la branche européenne de Sony. Pour convaincre le constructeur de la PlayStation, les Français ont rapporté avec eux un prototype d’un jeu de formule 1. Pour la filiale d’Infogrames, ce projet intitulé V-F1 (pour Virtual F1) est très important car il doit être le premier jeu du genre à débarquer sur la console 32-bits en vogue. Mais en entrant dans le hall de l’aéroport, c’est la douche froide ! Une affiche de Formula One trône sur le mur et les développeurs comprennent que le rendez-vous avec Sony (qui avait sous-entendu qu’ils seraient les premiers) s’annonce houleux. Désormais confrontés au futur hit de Bizarre Creation, l’équipe abandonne le projet et décide d’utiliser d’adapter le prototype pour réaliser un jeu de rallye : V-Rally est né.
Au cours de sa carrière, la série V-Rally aura accouché de trois épisodes canoniques (et d’un formidable volet Game Boy Advance) avant de totalement disparaître de la circulation. Aussi, l’annonce d’un quatrième larron a été assez surprenante et on se demandait comment, Kylotonn, fort de son expérience avec les WRC, allait s’approprier l’esprit et le feeling arcade de la licence. On pouvait au moins espérer que V-Rally 4 soit un vrai V-Rally mais là, il faut le dire tout net : on est très loin, en termes de sensation, des bases arcade de la franchise. Pour du V-Rally, le studio aurait pu s’appuyer sur des physiques à la SEGA Rally ou sur ce qui faisait la force de la série auparavant. Là, il suffit de quelques secondes pour comprendre que le gameplay est un copier-coller de WRC 7 (très sympa au demeurant) et qu’il faut un temps d’adaptation. Les voitures partent en sucette au moindre virage et le titre demande d’être à la fois souple et réactif. Le mix arcade/simulation aurait pu être la bonne pioche mais on passe son temps à faire gaffe au lieu de se lâcher pleinement. Cela n’empêche pas les courses d’être à la fois rapides et fun mais ce n’est pas, à proprement parler, du V-Rally à l’ancienne et c’est un peu dommage après autant d’absence.
Vieux rallye ?
Pour autant, le jeu n’est pas mauvais. L’impression de vitesse est très correcte et le contenu ne manque pas d’idées. L’agent féminin, Nancy Labinsky, guide le joueur au cours du mode carrière et donne les indications nécessaires pour mener à bien ses choix. On peut ainsi, grâce à l’argent gagné en course, obtenir une synergie entre ses ingénieurs et mécaniciens (qu’il faut recruter et payer, les plus compétitifs étant évidemment les plus chers). Cela permet d’améliorer plus rapidement ses bolides et de profiter de meilleures performances. Ça, c’est pour le côté gestion. Car le reste ne s’apparente qu’à une succession de courses sans aucun scénario. On aurait pu espérer mieux que de petits mails déposées dans la boite aux lettres virtuelle du pilote. Heureusement, le titre se rattrape grâce à la multitude des disciplines proposées (Gymkhana, Buggy, Rallye cross…) et la diversité de ses environnements. Les différents tracés font voyager et proposent une conception assez remarquable, notamment en termes de level design. Les aspérités sur la route, les revêtements qui accrochent les pneus, les dénivelés très prononcés… tout a été étudié pour que les circuits fictifs soient représentatifs de véritables pistes. Ainsi, on a vraiment l’impression de foncer à travers le Japon rural, de glisser au fin fond de la Chine ou de braver des sommets enneigés au cœur de la Sibérie. C’est probablement sur cet aspect que V-Rally 4 peut s’appuyer pour conquérir le cœur des habitués de la licence WRC. Le jeu est très coloré, plutôt joli et tourne assez bien, avec des variations météorologiques bien rendues.
Même si on en fait le tour assez vite, V-Rally 4 est un jeu honorable. S’il n’a peu de choses en commun avec la série de 1997, il propose néanmoins de bonnes sensations. Maintenant, il manque clairement de personnalité pour se démarquer d’une concurrence toujours plus acharnée. La musique du menu, une sorte de rap ultra répétitif, est absolument insupportable passé la cinquième minute et le côté trop générique de l’œuvre de Kylotonn se fait sentir trop rapidement. Ce n’est assurément pas une mauvaise pioche mais le studio Kylotonn s’est peut-être trop appuyé sur WRC pour que V-Rally s’en démarque suffisamment.
Conclusion du rédacteur : MOYEN
V-Rally 4 n’est pas un mauvais jeu mais il n’a strictement rien à voir avec la licence dont il porte le nom. C’est un copier-coller de WRC 7 auquel on a ajouté des tracés assez arcade dans l’esprit mais avec une conduite qui peine à trouver son équilibre. Le mélange a un peu de mal à prendre et empêche le joueur de se lâcher véritablement, d’autant qu’il n’a pas une ambiance extraordinaire (la musique du menu !!) et ne propose rien de très personnel dans son approche. Générique, sans grande ambition, il manque de peu la sortie de route malgré un dépaysement vraiment agréable.
Points positifs :
Impression de vitesse convaincante
Plusieurs catégories
Tracés vraiment colorés et variés
Pilotage plaisant
Points négatifs :
Cela n’a rien à voir avec un V-Rally
Peine à trouver son équilibre
Carrière sans scénario
Musique de menu juste insupportable
Éditeur : Bigben Interactive – Développeur : Kylotonn – Genre : Course – Date de sortie : 6 septembre 2018 – Plateforme : PS4, Xbox One, PC
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