Créée en 1996 par les pontes de Core Design, Lara Cruz, devenue Croft durant le développement, se mue en personnage culte. L’égérie, bien que virtuelle, est catapultée au rang d’icône en faisant la couverture de nombreux magazines à travers le monde. Le personnage apparaît dans des publicités et va même jusqu’à accompagner le groupe U2 lors de sa tournée. Aussi archéologue qu’intrépide, l’Anglaise prend alors les traits d’une femme expérimentée et redoutable. Cela en sera ainsi jusqu’en 2013, année où Crystal Dynamic décide de lui offrir – avec le support d’Eidos Montréal – un reboot remarquable reposant sur trois épisodes. Shadow of the Tomb Raider est justement ce troisième et dernier acte piloté par le studio québécois. L’intrigue prend place juste après Rise of the Tomb Raider et pose ses valises au cœur de la jungle péruvienne. Et encore une fois, Lara se retrouve en mauvaise posture…
Cette dernière a décidément le chic pour se mettre dans des situations pas possibles. L’avion qui les transporte, elle et Jonah, est pris au cœur d’une tempête et se fait déchirer par un vent meurtrier. Séparée de son ami, l’aventurière, restée à bord du poste de pilotage, s’écrase dans un fracas épouvantable. Le joueur reste alors suspendu à un écran noir… jusqu’à un flashback se déroulant deux jours plus tôt. Dès les premières séquences, les développeurs d’Eidos Montréal impriment leur rythme. Cinématiques spectaculaires, plans variés, expressions marquées, scènes hollywoodiennes (Michael Bay-sque, diront certains)… la demoiselle, jadis frêle et ordinaire, est devenue une pilleuse de tombes ne reculant devant rien. Désormais, la dame au piolet ne fait qu’un avec le danger. L’intrigue démarre au Mexique durant le fameux jour des Morts (dia des muertos) qui a été récemment mis en avant dans le film d’animation de Disney, Coco. Lara, capuchonnée, mène l’enquête et ne tarde pas à rencontrer des ennuis. Ah, qu’il est loin le temps où cette dernière usait d’une arme pour la première fois, restant pétrifiée à l’idée d’avoir éliminé un homme.
CATACLYSME
Cette fois, la soif de découverte de l’archéologue a causé des pertes bien plus importantes qu’elle ne pouvait imaginer. Se sentant coupable, Lara décide de réparer ce qui peut encore l’être. Avec son seul et unique indice, elle se rend au Pérou avec la ferme intention d’arrêter les Trinitaires. Jusqu’au moment où la tempête la sépare de Jonah. Si Uncharted 4 est passé par là, il faut bien admettre que la jungle de Shadow of the Tomb Raider est d’un réalisme assez stupéfiant. À la végétation touffue se mêlent les espèces animales hostiles comme pacifiques, le tout dans une ambiance sauvage du plus bel effet. Du triptyque récent, cet épisode est sans aucun doute le plus dépaysant. Forêts tropicales, grottes humides, terres inca, temples majestueux, villages de fortune… la destination péruvienne offre un large éventail d’environnements là où le précédent volet – bien qu’excellent – avait tendance à abuser de sa montagne enneigée. Et comme le jeu laisse beaucoup de place à la contemplation, on en profite pleinement. Cette impression est notamment renforcée par des cinématiques intimistes où Lara et Jonah s’ouvrent sur leur ressenti et la perte d’êtres chers. Le joueur s’immerge même dans la vie de l’héroïne lorsqu’elle n’était qu’une enfant (très casse-cou). La structure, la narration en français, la mise en scène… tout pousse à nous faire aimer ce Shadow of the Tomb Raider.
CHASSER LE NATUREL…
Comme on pouvait s’y attendre, ce troisième volet reprend les solides bases de ses prédécesseurs. Si Lara sait manier les armes, elle passera la majeure partie de son temps à faire hurler ses flèches, que ce soit sur les ennemis, l’environnement (pour accrocher une corde ou faire chuter une palissade de bois) ou encore les différentes espèces animales. On retrouve ainsi la chasse ainsi que tout le système de loot, de crafting et d’expérience. Au fil de l’aventure, la demoiselle gagne en compétences et peut ainsi utiliser de multiples types de munitions (flèches empoisonnées ou encore terrorisantes faisant péter un câble aux ennemis qui se jettent alors sur leurs comparses). Mais le vrai changement de Shadow of the Tomb Raider se trouve dans les phases d’infiltration puisqu’il faudra régulièrement se faufiler derrière les ennemis, se planquer dans la végétation dense, descendre en rappel ou même carrément s’enduire de boue (attention, celle-ci disparaît au contact de l’eau). Lara traque littéralement ses proies et tous les moyens sont bons (ah, les bonnes vieilles diversions, les attaques par derrière, etc.) pour parvenir à ses fins. Et comme la difficulté est entièrement paramétrable, le joueur peut adapter le challenge. Dans les modes les plus ardus, l’apprentissage de nouvelles techniques est indispensable pour s’en sortir et il est primordial de se défaire de la trame principale pour aller visiter des tombeaux ou participer à des quêtes annexes. Comme les énigmes sont un peu plus fouillées et intéressantes qu’auparavant, ces explorations et missions sont les bienvenues. Contrairement aux jeux précédents, cette propension à l’infiltration est une vraie bouffée d’oxygène, d’autant que les bourre-pifs explosifs ont été atténués. Si vous avez été saoulés par les gunfights – parfois incessants – d’Uncharted, ce Shadow of the Tomb Raider pourrait bien vous convenir.
… IL REVIENT AVEC UN GAROT
Dans cette aventure, Lara gagne en maturité et expérience. Efficace comme jamais, elle n’est plus la jeune femme qui termine cassée dans le reboot. Shadow of the Tomb Raider est un véritable retour aux sources dans le sens où le périple fait la part belle aux explorations de temples, aux énigmes et à l’infiltration. SI le jeu ne réinvente pas la formule, il s’éloigne considérablement du côté très action du précédent volet. De toute la trilogie récente, c’est assurément ce titre qui se rapproche le plus de la base conçue par Core Design. Tout n’est pas parfait, comme des expressions parfois trop appuyées ou un mode immersif un peu bizarre (les autochtones parlent leur langue, vous répondez en français – ou une autre langue – et ils vous comprennent), mais on oublie vite ces petits défauts pour se concentrer sur une escapade périlleuse et inoubliable. Probablement l’un des meilleurs volets de toute la saga.
Conclusion du rédacteur : EXCELLENT
Fidèle à son socle ancestral sans s’éloigner de sa modernité, l’aristocrate se pare, une nouvelle fois, d’une épopée quatre étoiles. Sans que ce soit une révolution, Shadow of the Tomb Raider est une aventure remarquable, portée par des graphismes et un sound-design déments. Moins axé sur l’action, le jeu offre des séquences d’infiltration passionnantes et dessine peu à peu une héroïne qui ne recule devant rien, apprenant de ses erreurs et prêt à tout pour les réparer. Si le scénario n’est pas renversant, il est suffisamment bien écrit pour que la douzaine d’heures (voire bien plus pour le 100%) passe comme une flèche. Plus de vingt ans après, Lara Croft n’a absolument rien perdu de son charisme. Et c’est pour ça qu’on l’aime.
Points positifs :
Direction artistique de top niveau
L’ambiance au cœur de la jungle
La qualité de la modélisation
Voix françaises très réussies
Dépaysant, un vrai voyage !
Gameplay intelligent et prenant
Les options d’accessibilité
Lara reste Lara
Le retour aux sources de la série
Points négatifs :
Le mode immersif un peu loufoque
Une légère impression de déjà-vu
Mise en scène parfois surjouée
Non, ne cherchez pas, on tient là un des meilleurs épisodes de la série
Éditeur : Square-Enix – Développeur : Eidos Montréal – Genre : Action / Aventure – Date de sortie : 14 septembre 2018 – Plateformes : PlayStation 4, Xbox One, PC
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