Dans la catégorie des tests qui prennent leur temps, God of War se pose là. Formidable jeu d’action/aventure paru en avril dernier, cette exclusivité a reçu de telles louanges de la presse internationale qu’elle a fait chialer son talentueux créateur Cory Barlog. Portée par une réalisation hallucinante et un scénario haletant, cette itération nouvelle génération de la licence va assurément laisser des traces. Car God of War est bien plus qu’un simple beat’em all qu’on a enrobé dans des décors de soie, il est aussi la preuve qu’une série peut être renouvelée sans que soit dénaturé son socle originel. Grandiose.
Kratos a changé. Si le poids des années n’a pas eu d’emprise sur son corps d’esthète, l’homme est désormais barbu et doit veiller à l’éducation de son fils, Atreus. Durant cinq années, l’équipe de Santa Monica s’est efforcée de donner une âme à un protagoniste meurtri et rongé par la violence. En apportant un sidekick au héros, les développeurs jouent avec les émotions, passant allègrement de séquences meurtrières à des moments plus poignants ou humoristiques. SI Atreus a tout à apprendre, il est aussi un petit bonhomme qui ne se laisse pas faire, malgré l’attitude terriblement froide de son géniteur. Cette confrontation permanente dans les attitudes du duo est l’une des grandes forces de God of War. Portée par des dialogues réussis (encore plus en VO), l’aventure happe du début à la fin.
RITE INITIATIQUE
Kratos a changé. Dévoré par la vengeance, il est fatigué et ne laisse transparaître que de rares excès de colère. Son rôle n’est plus de tout défoncer sur son passage mais d’accompagner sa progéniture sur le long chemin de la vie. D’épreuves en épreuves, God of War impose son rythme et sa mise en scène à tomber à la renverse (à base, notamment, de plans-séquence stupéfiants de réalisme). Entre deux trolls et autre créature légendaires, Atreus tente, par tous les moyens, de rendre fier son père mais se heurte à un détachement total de son interlocuteur. Tel un étranger, Kratos juge bon d’appeler son propre fils « boy » tout en lui martelant de suivre une voie qui n’est celle qu’il a choisie jadis. Muni de sa hache et de son bouclier, le héros défie les dangers comme autrefois mais garde un œil averti sur l’évolution de son enfant. God of War relate une transmission entre deux êtres qu’a priori tout oppose.
UN COUP DE HACHE DANS L’IRIS
Au-delà de son propos et de sa mise en scène teintée de passages ultra spectaculaires, God of War est au jeu vidéo ce que les tableaux de maître sont à la peinture. On aurait pu penser qu’il serait difficile (voire impossible) d’atteindre la prestance visuelle d’un Uncharted 4 ou Horizon Zero Dawn mais il suffit de poser les yeux sur ce titre pour se prendre une tarte. Le niveau de détails est tout simplement sidérant. Que ce soit pour les personnages, les environnements, les lumières ou les différents effets, God of War est à ce jour l’un des plus beaux softs de la PlayStation 4. De quoi mettre une direction artistique magistrale inspirée par la mythologie nordique. L’immersion au cœur de Midgard est d’une telle intensité qu’elle décroche à de nombreuses reprises la mâchoire, surtout lorsque le joueur se retrouve face à des panoramas d’une beauté sans pareille. Beauté que l’on retrouve dans la façon que Kratos a de se mouvoir et de combattre.
LE POIDS DES ANNÉES
Car le « vieux » d’Atreus n’a plus la fougue d’antan et souffre de mouvements beaucoup plus lourds. Nous ne sommes pas non plus dans une approche à la Dark Souls ou Bloodborne mais il faut un peu de temps d’adaptation pour manier au mieux cette hache. Bien que le fiston soit dans les parages pour aider le paternel et bien utile quand il s’agit de faire diversion. Le duo pourra également compter sur deux nains forgerons qui ne seront pas de trop pour obtenir des armes toujours plus puissantes et ainsi braver les dangers du monde gigantesque de God of War. Agissant comme un hub autour duquel gravitent de multiples contrées, l’univers du jeu permet au joueur de se défaire de la trame principale pour participer à des quêtes annexes. L’approche à la Metroidvania (vous obtenez des pouvoirs qui donnent ensuite à de nouvelles zones) est intéressante, tout comme les QTE qui ne sont jamais envahissants. Malgré son dynamisme, God of War se veut plus intimiste comme le prouve la caméra toujours très proche des personnages. Et surtout, il est bien plus tactique que ses aînés. Foncer n’est pas la solution à adopter, sous peine d’aller au-devant de graves déconvenues. Il va falloir réfléchir, récupérer un max d’objets (argent, matériaux, soins…) et passer par la case upgrade de l’équipement pour résister des adversaires de plus en plus coriaces.
Conclusion du rédacteur : INDISPENSABLE
Pour un nouveau départ, God of War frappe fort et balance une tarte divine qui risque de laisser des traces. Plus humain que jamais, Kratos apparaît comme un père distant mais qui se rapproche peu à peu d’un fils en plein apprentissage. Portée par un gameplay efficace, à défaut d’être innovant, l’aventure est longue et d’une richesse incomparable. L’absence d’un véritable open world n’est pas un manque tant le monde, dans sa globalité, est immense. Cela impose un bon paquet d’allers-retours et l’utilisation de stéréotypes un peu faciles mais qu’importe, God of War est un grand jeu ! Passez à côté, ça serait faire une grave erreur, nom de Zeus !
Points positifs :
Ça défonce la rétine
Le duo père/fils
Un gameplay hyper efficace
Atreus est un môme qui a du cran
Des zones immenses
Ambiance magistrale
Les cinématiques en plan-séquence
Voix VO/VF au top
Points négatifs :
Les allers-retours
Des mécaniques parfois stéréotypées
L’écriture parfois un peu facile
Bestiaire qui manque un peu de variété
Éditeur : Sony Computer Entertainment – Développeur : Sony Santa Monica – Genre : Action / Aventure – Date de sortie : 20 avril 2018 – Plateforme : PlayStation 4
À propos de l'auteur
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