« Les Seigneurs d’Outre Monde » est un long métrage issu de 8 ans de travail par des passionnés qui ont souhaité combler un manque dans le paysage cinématographique français.
Armés au départ uniquement de leur passion et de leurs idées, ils ont su fédérer autour de ce projet associatif plus de 170 personnes. Afin de terminer le projet, ils ont eu recours également à un crowdfunding qui, nous le verrons, a su présenter énormément d’avantages.
C’est ainsi que je les ai connus, j’ai été contributeur de ce projet et comme ce genre d’aventures est rare, j’ai souhaité interviewer les cerveaux afin de vous faire partager leur passion et pourquoi pas donner à d’autres l’envie de se lancer.
1/ Rémi, Fenriss , tout d’abord qui êtes-vous et quel est votre parcours ?
Fenriss: Aujourd’hui scénariste et plein d’autres choses ! J’ai commencé en Bac Littéraire puis j’ai continué en BTS audiovisuel où j’ai rencontré Rémi. Ensuite, j’ai été technicien audiovisuel en tant qu’intermittent du spectacle, ce qui m’a permis d’avoir du temps pour travailler sur mes projets d’écritures (BD, jeux de rôle, romans). J’ai toujours été très impliqué dans le monde de l’imaginaire. J’ai commencé les jeux de rôle à 12 ans et, depuis, je n’ai jamais conçu pouvoir travailler dans un autre domaine que l’imaginaire.
Rémi Hoffman : J’ai toujours fait de l’écriture et du dessin puis de la vidéo en ayant également les mondes de l’imaginaire en tête (Médiéval Fantastique, Science-Fiction etc…). Nous nous sommes rencontrés effectivement en BTS, et nous avons commencé un premier projet, à savoir une plateforme de BD (RGK) mettant en relation des personnes qui pourraient avoir envie de travailler ensemble. Fenriss avait commencé une communauté de BD en 2001.
Cela a failli marché…mais non (Rires). Certains contacts travaillent aujourd’hui avec Delcourt par exemple. Ensuite je suis devenu Monteur Audiovisuel en pub, en clip, majoritairement entreprise. J’ai travaillé en parallèle sur un Fan-Film Star Wars qui a mis des années à se faire : L’Ordre Sith (http://ordresith.com/). J’ai aidé surtout sur la partie technique du tournage et la coordination de la post-production et bénéficiait de contacts car je travaillais chez Mikros Image. Fort de ces expériences, j’avais envie de revenir sur une idée qui me tenait à cœur et donc, avec Fenriss, nous avons commencé à écrire un scénario.
Actuellement je suis en statut intermittent en écriture, réalisation et montage.
2/ L’origine du projet LSOM et vos influences ?
R : Les influences viennent de l’Heroic Fantasy, jeux vidéo (Dragon’s Lair), jeux de plateau (Hero Quest) et surtout le ton humoristique du film Willow. Nous voulions un ton sombre et humoristique.
F : C’est la différence majeure entre Willow et Le Seigneur des Anneaux. Willow, c’est de l’Heroic Fantasy, là où le Seigneur des Anneaux est de la Dark Fantasy, plus tragique, plus réaliste qui emporte moins.
R : J’ai d’abord travaillé une première mouture du synopsis qu’on a travaillé ensuite avec Fenriss.
Nous avions fini le scénario et la structure en 2007. Il fallait recruter les gens, montrer ce que l’on pouvait faire. Nous avons donc monté le site internet, commencer à rechercher les décors. Nous avons également rencontré des gens spécialisés dans la reconstitution historique. (En Viking IXe siècle et Normands XIe siècle). Nous avions la chance d’avoir Fanny Petit (femme de Fenriss, costumière et blogueuse sur Temps d’Élégance) et Nathalie Danish (L’habit de la licorne). Nous avons commencé à tourner au Caves Saint Sabin (Paris) qui est un haut lieu de soirées costumées.
F : Ce qui nous a aidé au départ, c’est d’avoir tourné un teaser de 2 minutes qui était un combat entre Jonathan Durieux (Jarwin de Kalméril) et moi-même (dans le rôle de l’Elfe Abhilash, qui a permis très tôt de montrer le niveau de qualité que nous visions à divers niveaux : image,son, style, musique,etc…). Ce qui a permis aux gens de nous prendre au sérieux, surtout que nous voulions réaliser un long métrage.
R : Effectivement, à cette époque, il y avait beaucoup de formats web-série en caméra fixe, mais pas « d’épopée » aussi importante. Après, nous avons commencé les tournages de manière irrégulière, entre 1 et 4 jours par mois, car il fallait jongler avec les disponibilités de chacun mais aussi des lieux et ne pas oublier que l’équipe n’est pas professionnelle.
F : Nous avions répondu aussi à un manque et c’est ce qui a permis aussi de fédérer autour du projet. La création de films de genre, et d’autant plus quand ils ne se basent pas sur une franchise existante, est assez rare et en France ce type de projet aurait paru trop cher et irréalisable dans le cadre d’une production classique
R : Nous ne souhaitions pas être dans la parodie ou le fanfilm et nous rattacher à une franchise ou un univers existant. Au contraire, comme Star Wars, dans notre cas, c’est le film qui donne lieu ensuite à des livres qui étendent l’univers.
F : Nous attendons d’ailleurs le rachat par Disney (Rires).
3/ Pourquoi le crowdfunding ?
R : D’abord à la base, pas de crowdfunding. En 2007, cela n’existait pas en dehors de la musique !
F : Il y a eu un long débat sur le fait de recourir à ce mode de financement. Personnellement, je n’étais pas pour, surtout que nous nous étions lancés sans l’aide de personne. Et j’avais envie de le finir par nous-même.
R : Moi aussi j’avais un avis négatif, car les gens payaient pour voir le projet. Or, déjà les gens faisaient un effort de temps, d’organisation etc… pour nous permettre de réaliser le projet. Après l’exemple de NOLIFE et l’aide de la communauté, puis NOOB, et finalement nous l’avons vu comme un acte militant et du mécénat. Et ça nous convenait mieux.
F : Finalement, nous l’avons utilisé qu’à partir de 2014, en phase de post-production.
R : Nous avons fait les tournages entre 2008 et 2012. 2013 a été une année compliquée parce que les tournages donnaient une dynamique de groupe, mais la phase immergée de l’iceberg qu’est la post-production (les graphistes travaillant chacun chez eux) ne permet pas de voir que le projet avance. Il fallait donc trouver une nouvelle énergie et de l’impulsion.
F : A la tête du projet il y a Cyril Hiard (absent ce jour), Rémi et moi, et chacun de notre côté nous travaillons. Et nous avons notre moment de doute. Le crowdfunding nous a permis de voir si ça valait le coup de se battre, s’il y avait une communauté. Et non seulement l’argent généré permettait de finir notre travail et d’envisager les produits dérivés, mais en plus cela nous confirmait que nous n’étions pas seul et que notre projet était attendu.
R : Cela a apporté pleins de choses. Déjà 35 000 €, sur 30 000 € demandés. Ensuite médiatiquement, avec le Parisien, Virgin Radio, France Inter, les Editions Michel Lafon, de nouveaux techniciens et également un nouveau compositeur Nicolas Dubut.
F : A l’origine, la musique était de de Guy-Roger Duvert (Compositeur professionnel et réalisateur de Virtual Révolution) qui nous a composé une dizaine de musique spécialement pour « Les Seigneurs d’Outre Monde » après lecture du scénario et nous avait laissé utiliser des musiques qu’il avait fait dans un album intitulé Fantasy. (une dizaine aussi.)
R : C’était super, mais il en fallait beaucoup plus, et les musiques n’étaient pas faites pour des scènes particulières. Et c’est là où Nicolas a fait un travail incroyable avec plus de 40 musiques. Le Crowdfunding a également permis d’être remarqué par Dailymotion qui nous ont permis d’aller faire l’étalonnage chez eux. Nolife nous a également aidé pour les ré-enregistrements de voix. En plus de tous ces contacts, cela nous a permis de faire la grande première au Gaumont Aquaboulevard (NDLR : un grand moment où j’ai eu la chance d’être présent). Et enfin 5 grands thèmes de Guy-Roger Duvert ont pu être enregistré et arrangé par un orchestre symphonique.
Cedakin : Sans oublier créer une nouvelle communauté de gens grâce aux partages sur les réseaux sociaux qui ne vous connaissait pas encore.
4/ Qu’est ce qui vous a posé le plus de problème dans ce projet, au-delà du fait de rester amis si longtemps?
R : En réalité ce qui était prévu dès le départ c’était : 2-3 ans de tournage effectivement, et 2-3 ans de post-production …mais finalement ce fut 8 ans pour l’ensemble. Pour en revenir sur les problèmes, les décors ont pu poser certaines difficultés. Lorsque nous devions travailler avec des associations qui géraient un monument du patrimoine, c’était assez simple et ils sont assez compréhensifs.
Les châtelains, c’était plus compliqué à cause du rapport financier…il y avait souvent une toiture à refaire (Rires). Et les mairies, tu vois la maison des fous dans Astérix ? Et bien pareil, tout le monde est ok, mais il faut toujours aller voir quelqu’un d’autre ! Donc c’était très long.
Bien évidemment même si le format associatif nous a permis plus de liberté. Le côté financier a pu nous freiner. Par exemple dans un film normal, on va tourner en moyenne 15 plans par jour, alors que nous tournions en moyenne 30 plans par jour et même certaines grosses journées ont été à 60 plans.
L’autre difficulté a été d’être une locomotive et pouvoir remotiver les gens régulièrement malgré les coups de fatigue.
F : Pour en revenir sur les décors, les soucis étaient surtout d’y accéder facilement et à moindre coût, parce qu’il faut le dire, nous avons une chance incroyable en France en ce qui concerne la richesse des décors pour faire un projet médiéval fantastique.
5/ L’avenir du projet LSOM : le film?
R : Pendant un an et demi, nous avons fait la tournée de promotion du film (salons, festivals, concours). Il a également été traduit en Anglais, Espagnol, Néerlandais. Si c’est possible, un jour nous pourrions le doubler également dans une autre langue.
Dernièrement nous étions au Salon Fantastique et participons au TGS où il y a un concours également. Nous avons été à Trolls et Légendes, nous avons également projeté à Perpignan au Méga Castillet. Nous l’avons fait également en Bretagne avec un clin d’œil puisque Willow était projeté en première partie.
F : En gros, depuis un an, nous cherchons à donner de la visibilité au film. Il a été également projeté sur No Life sur 2 soirées avec une émission spéciale.
R : On ne l’avait pas mis sur youtube pour le côté long métrage. En revanche, nous fractionnons par épisode pour utiliser cette plateforme depuis peu.
C : Et avez-vous pensé aux plateformes de streaming type Netflix ?
R : Oui bien sûr, même si nous sommes un peu au four et au moulin, c’est quelque chose qui nous plairait que ce soit en VOD, ou sur des chaînes comme France 4 qui avait bien aidé HeroCorp par exemple.
C : J’ai vu le film et j’ai vraiment apprécié le ton et la réalisation, peut-on attendre un LSOM 2 ?
R : Oui mais sur une durée plus courte de création. Nous avons également une série en spin off en tête. Plein de projets comme tu le vois, mais là on ne parle que de la partie Film. Nous en gardons pour les prochaines questions (Rires)
6/ Vous m’avez parlé de vos influences et j’ai entendu parlé de jeux vidéo et jeux de rôle, vous êtes donc gamer vous-mêmes ?
F : Oui clairement, mais en fait j’ai la même problématique pour les 2, j’ai fini par arrêter en vieillissant par manque de temps. Donc sur la partie console, j’ai stoppé à la Wii. Avant cela, j’étais un gros gamer sur PC et consoles. J’ai essoré la Super Nintendo et la Mega Drive. Pour être franc, je surveille car ça m’intéresse énormément, mais je ne trouve jamais le temps… L’envie est là.
Pour le côté jeux de rôle, également. J’avais moi-même développé mon jeu de rôle qui s’appelle Théorème qui découle de ma trilogie d’Urban Fantasy. (Carrousel Funeste). Je dois avouer que je joue un peu sur mobile comme Marvel’s Puzzle Game et je viens de commencer Southpark que je trouve très bien.
Historiquement sur PC, j’ai plus joué à des jeux type Fallout, Baldur’s gate, Diablo…
R : Mon grand frère m’a beaucoup initié ! J’ai commencé avec des jeux d’aventure comme Mandragore. (sur TO7 tout de même ^^ ). Il y a eu beaucoup de jeux d’aventure comme Mandragore. Ensuite, il y a eu l’Amstrad et l’Amiga ainsi que la Mega Drive avec des jeux comme Barbarian, Golden Axe sans oublier d’autres titres phares comme Dungeon Master, The Eye of The Beholder, Dungeon Keeper, Warcraft…et malheureusement après j’ai manqué de temps.
J’ai joué vaguement joué à la Playstation , avec Final Fantasy et je suis passé après direct à la PS3 avec les Assassin’s Creed, Red Dead Redemption, Uncharted….
Et j’ai oublié toutes la gamme Lucasart (Day of The Tentacle, Maniac Mansion, Indiana Jones, Monkey Island…) et dans cet esprit dernièrement Thimbleweed Park (PC)
7/ L’univers de LSOM est décliné en livre, avez-vous imaginé une plateforme vidéo ludique ?
R : Nous voulons développer effectivement l’univers du mieux que nous pouvons. Le roman « La Geste d’Ellowan » (contenant des nouvelles en préquelles au film) a été écrit par Fenriss en 2009 pendant le tournage. Tout d’abord publié en auto-édition puis édité par Michel Lafon en numérique en 2016 et, à présent, nous avons sorti une édition collector papier.
Nous envisageons bien sûr de pouvoir publier d’autres romans mais aussi du jeu. Des figurines devraient sortir sous peu et nous sommes très influencés par Hero Quest.
Sur la partie jeu vidéo, le souci est le coût ! mais nous pourrions faire un crowdfunding comme les Noob (Rires).
F : Tu peux avouer que tu avais les personnages en 3D pour un jeu de combat !
R : On a effectué des test pour, effectivement, du Beat’em All ou Runner en 3D , mais le pixel art type Mortal Kombat qu’on peut trouver sur notre page Facebook, je dois avouer c’était un montage de ma part (Rires).
Mais nous sommes ouvert aussi aux propositions des créateurs qui souhaiteraient nous proposer d’utiliser notre univers.
8/ La suite globale de vos projets nous amène où alors ?
R : Nous développons d’autres univers que ce soit plus sombre, science-fiction … Je suis en cours d’écriture d’une série policière fantastique, un dessin animé également. Plein de chantiers car j’ai toujours envie d’écrire.
F : J’ai commencé à bosser sur une série dérivée de LSOM pour voir si il y avait quelque chose de pertinent à faire et il y a moyen (Rires !). Plus personnellement j’ai ma trilogie de livres « Carroussel Funeste » dont je viens de réussir le crowdfunding pour sortir le 2e tome ! Donc, il me reste le 3e Tome à écrire.
R : Nous aimerions aussi mettre en place une sorte d’encyclopédie qui serait un making-of et art-book du projet et nous pourrions intégrer des nouvelles que la communauté aurait écrite. Nous souhaitons l’enrichir avec un appel à la communauté que ce soit professionnel ou non, donc comme tu le vois nous sommes très ouvert aux propositions !
La Page Facebook :
https://www.facebook.com/LesSeigneursdOutreMonde/
Contact :
contact@lesseigneursdoutremonde.com
Le site internet :
http://www.lesseigneursdoutremonde.com/
La boutique en ligne :
http://lesseigneursdoutremonde.com/index.php?id=laboutique
Chaine Youtube :
https://www.youtube.com/channel/UCT24m5h0plN4kFKg5HNe5pQ
Le twitter :
https://twitter.com/lsomlefilm
Commentaires